Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Pour que “ça” s’arrête, par Micheline Weinstein

Ø

Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object.
Samuel Beckett • “The Unspeakable one”
Underlined in « Jargon of the Authenticity » by T. W. Adorno • 1964

Ø

Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.
Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point

©Micheline Weinstein / 9 Juillet 2009

Pour que “ça” s’arrête

À « Psychanalyse Actuelle », le 29 juin 2009

Jean-Jacques

Si j’ai bien compris l’incident récent, le boycott de « À la bonne adresse », de mon livre de traductions en 2004, les oukases sur mes et nos travaux, agrémentés de déclarations de non-existence et d’appréciations nosographiques diverses et indignes de psychanalystes, depuis plus de 25 ans, ressortiraient d’un serment d’allégeance aux désiderata de collègues qui grenouillent, à coup d’argent et de réseaux, dans les officines des pouvoirs ?

À ce degré-là, il m’aura fallu 1/4 de siècle pour y “croire” (verbe que je n’utilise pratiquement jamais) vraiment !

Je comprends cela de ta part, soucieux de ne pas griller ton association ni ton ou tes réseau/x.

À cet écart près : pourquoi ne me l’as-tu pas dit, simplement, franchement ? Quel mépris pour la parole en même temps que pour les petits et grands “autres” (à chacun le sien, de GrA !)... !

Nous avons vu que la home-page de notre site, claire et pratique, avait, très récemment, “inspiré" la nouvelle home-page du vôtre... tant mieux si nous vous avons été utiles.

Un petit “merci” de sa part, à votre home-page, n’aurait pas été de refus...

Je changerais bien le slogan “Liberté-Egalité-Fraternité” par “Liberté-Egalité-Solidarité”, tant nous savons d’expérience depuis Freud que la dite “fraternité”, concept religieux, plus près d’une garantie de “bonne conscience” dans l’au-delà, tel celui de “charité”, le plus souvent, n’est qu’une foire d’empoigne infantile, qui dure et qui dure, voguant, inénarrable, sur le flot des siècles !

Je t’embrasse,

Micheline W.

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Au directeur de publication de la revue “Che Vuoi”, le 9 Juillet 2009

 Serge

je te demanderai instamment de mettre une note dans le prochain numéro de “Che Vuoi” :

Maria Landau, dans son article du dernier “Che Vuoi” paru, reprend, sans citer sa source, un texte à elle que j’avais, non seulement publié, mais d’abord entièrement réécrit pour le n° 5 / papier de ψ [Psi] • Le temps du non, et que j’avais intitulé « Enfants de camp », paru en mars 1990.

5 • Enfants de camp

   A-L. Stern                                       Ei Warum, Ei Darum...

   S. Bellakhdar                                   L’Islam, la religion du pauvre

   G. Ralli                                            Gradiva III • Nouvelle

    M. Landau                                      Les enfants de Terezin

Il s’agit d’une expérience imposée par le destin... Elle est utile aux analystes car elle crée des impressions qui confirment ou infirment les hypothèses sur le développement des enfants.” Anna Freud

« Six enfants sans mère » - ni père - rescapés du camp de Terezin, dans la Moravie où naquit Freud et où transitèrent ses soeurs avant d’être assassinées à Auschwitz et à Treblinka, c’est le seul, parmi ses nombreux écrits, exclusivement en langue anglaise depuis l’exil, qu’Anna Freud traduisit elle-même en allemand. Ces enfants, nés à Vienne et à Berlin, avaient entendu la même langue première que la petite Anna, l’allemand, langue de la psychanalyse. M. W.

Plus écœurant encore :

dans son article, la traduction de “Blöder Ochs” par “Con de bœuf" est de mon invention. Elle est déposée au copyright du :

Centre  d’Argotologie

UFR de linguistique Paris V Sorbonne • Université René Descartes

Chapitre « Traduction », pp. 208-209

Malgré « Le camp », la vie des mots

Un  argot  enfantin

Le texte présenté ici est extrait d’un travail intitulé Les enfants de Terezin, à partir de l’observation de Anna Freud, Survie et développement d’un groupe d’enfants • Une expérience bien particulière, et paru dans  ψ [Psi] • Le temps du non n° 5, en mars 1990.

Ces enfants de trois à douze ans, sans père ni mère, rescapés du camp de Theresienstadt en Moravie [1], étaient arrivés au centre d’accueil de Windermere à Londres en 1945. La traduction de Blöder Ochs, par “espèce d’imbécile”, ou même, en raison de la violence encourue, “sale vache”, bien trop faible, ne me convenait pas [2].

Blöder Ochs, un hapax, était en effet la formule préférée de ces petits enfants-là, qu’ils adressaient... au choix... à n’importe qui ! Elle fonctionnait comme une sorte de marquage du destinataire.

Il est particulièrement émouvant de relever que Anna Freud traduisit elle-même son observation en langue allemande, sa langue d’enfant, d’enfance à Vienne, qu’elle ne parlait plus depuis son installation en Angleterre, qu’elle avait volontairement exclue. Elle lui redonne vie ici pour la première fois depuis l’Anschluss et l’exil, langue de « la petite Anna », langue de ces enfants-là.

Le problème de traduction de cet argot d’« Enfants de camp » s’est posé de telle sorte que j’ai dû créer une expression dans la langue cible pour transmettre, au plus près, le message des jeunes locuteurs.

La  seule façon de restituer la dimension vivante de cette adresse de nécessité était de trouver le passage d’un hapax à un autre.

C’est ainsi qu’est venu Con de Bœuf !

Micheline Weinstein

et figure sur notre site à cette adresse :

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/malgrelecamp.html

Je ne reviendrai pas, cela ne sert à rien, sur les méthodes de voyous des analystes et autres qui s’intitulent et s’exhibent spécialistes de la déportation, de l’enfance et du reste, empruntant de préférence sans vergogne aux écrits et dits  de leurs collègues héritiers directs, c’est-à-dire ceux de parents et familles entièrement exterminées, dans et de la Shoah.

Pour résumer : il est difficile de trouver plus bas et plus dégueulasse.

Micheline W.

 

© ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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