Psychanalyse et idéologie

L’Inventaire et micro-édition

ø

Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

ø

Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

ø
L’INVENTAIRE 1983-2015 et Micro-édition

Revue papier ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON

[N.B. - Tous les textes sont disponibles en copie / papier]


Il y a le fait que [...] la logique de l’engagement ne supporte aucune entorse à la vérité.
Henri Roth 1979

Ça n’est pas en mon nom que je réponds mais au nom de celui qui a manqué. C’est en cela que le désir de l’analyste est l’expression même de la fonction de la sublimation. François Perrier • L’amour 1970/1971

 

0 • Denise Baumann et la Mémoire des oubliés
D. Baumann • La Mémoire des Oubliés
M. Weinstein • Post-scriptum

« Et, au dernier moment, il y avait toujours le gosse qui criait “Comment je m’appelle, je m’en souviens plus !”, avec un soldat allemand qui rôdait dans les parages... Eh bien Fernand, il m’a écrit ! Comment ? Avec quels sous il avait trouvé le timbre ? Il m’a écrit pour me dire “Je voudrais bien te revoir et je voudrais un canif.” Ce furent les dernières nouvelles que j’ai eues de Fernand, il a eu la vie sauve, mais je n’ai jamais su ce qu’il était devenu après... » Denise Baumann • Décembre 1988 [lien]

1 • L’ABSOLUE SINGULARITE

M. Weinstein • Éditorial
G. Ralli • L’Absolue Singularité
S. Bellakhdar • Des Arabes chez les Nazis
« L’histoire nous enseigne qu’il faut veiller sans cesse sur la vérité que ses ennemis cherchent à précipiter au fond d’un cachot ; car il n’existe aucun peuple qui soit à l’abri du mensonge, comme du désastre moral et politique qui en est la conséquence. »

Georges Ralli • Mars 1989


2 • ENTRE L’AVANT ET L’APRÈS

M. Weinstein • Cinquante ans après
M. Dreyfus • Entre l’Avant et l’Après
G. Ralli • Céline, Sein Kampf

Juin 1989



3 • PSYCHO-ANALYSE DE L’ANTISEMITISME • 1943
[lien]
G. Ralli • Vladimir Jankélévitch résistant
Vladimir • Jankélévitch Psycho-analyse de l’antisémitisme • 1943
Postface • M. Weinstein
M. Lévy • Appauvrissement de la personnalité

Septembre 1989



4 • SOUVENIRS LOINTAINS DE BUCHENWALD ET DORA

J. C. Dreyfus • Souvenirs lointains de Buchenwald et Dora*

« Le texte qui va suivre est fait de souvenirs personnels datant de plus de 40 ans, et pour lesquels l’absence de recherches historiques peut être cause d’erreurs que j’espère sans gravité. Je rappelle que, médecin renvoyé de l’Internat des Hôpitaux de Paris par décret de l’Etat Français en 1942, je me trouvais lors de mon arrestation sans situation en zone libre. [...] Je me suis borné à relater, sans commentaires subjectifs autant que faire se peut, ce qui arrive à quelqu’un que rien ne destina à surmonter de tels périls, et à montrer l’importance les hasards qui vous jettent au sein de catastrophes imprévues ou qui vous en sortent miraculeusement. Ma seule particularité était d’être juif clandestin, non reconnu comme tel mais susceptible de l’être à tout moment dans des camps non juifs. »

Jean-Claude Dreyfus • Décembre 1991

* Le Pr. Jean-Claude Dreyfus est mort le 10 mai 1995. Il aurait eu quatre-vingt ans dans l’année. Le journal « Le Monde », s’il rend hommage au Professeur de biochimie médicale, au chercheur, au co-fondateur de la revue « Médecine-Sciences », au médecin faisant partie d’un groupe “dirigé par le Professeur Charles Richer”, dont le “dévouement avait sauvé nombre de déportés” à Buchenwald, a omis de préciser que Jean-Claude Dreyfus était l’un parmi les déportés.


5 • L’ISLAM, LA RELIGION DU PAUVRE
S. Bellakhdar L’Islam, la religion du pauvre
G. Ralli Gradiva III • Nouvelle

Mars 1990

6 - 7 • ŒDIPE ROI • ŒDIPE A COLONE
Sophocle • Œdipe Roi • Œdipe à Colone
Préface et traduction par Georges Ralli

PréfaceL’Œdipodie

I • Œdipe Roi

Œdipe a résolu l’énigme du Sphinx, il règne heureux à Thèbes. Mais après plusieurs années, la ville est ravagée par la peste. Le devin Tirésias, convoqué par Œdipe lui révèle que la peste est le châtiment du double crime commis par Œdipe : le parricide et l’inceste avec sa mère. [...] Que s’est-il passé ? Voilà : Œdipe paye la faute de son père. Laios avait désobéi à l’oracle d’Apollon [1] qui lui avait enjoint de ne pas avoir de fils, sous peine des pires malheurs. Sophocle, dans sa pièce, ne fait qu’exprimer cette doctrine archaïque qui admet que la faute d’un ancêtre pouvait peser sur tous les membres d’une famille. [...]
Ce récit dramatique témoigne du poids de la faute, transmise en héritage, qui pèse encore, au Vème siècle, sur l’individu ; celui-ci n’en sera libéré qu’au IVème siècle par le rationalisme grec, une réalisation dont le mérite revient à la démocratie grecque. [...]


II • Œdipe à Colone


Dans Œdipe à Colone, nous retrouvons Œdipe exilé et accompagné de ses filles Antigone et Ismène, alors que ses fils, Eteocle et Polynice, refusent d’aider leur père aveugle. Les deux frères commencent à lutter pour la possession du trône de leur père. Eteocle l’emporte, mais Polynice ne s’incline pas et va chercher une aide extérieure à Argos, puis vient demander la bénédiction de son père afin de vaincre son frère. Œdipe, non seulement s’y oppose, mais de plus, il maudit son fils.
Pourquoi Œdipe s’est-il retiré à Colone, dans le bois sacré des Eumenides [2] ? Parce qu’Apollon lui avait révélé que dans ce lieu sacré, il bénéficierait, à la fin de sa vie, de la protection des dieux.
[...]
Finalement, Œdipe à Colone traverse lui aussi un seuil - le seuil avec les marches de zinc (Vers 1591) - pour pénétrer dans le domaine du Mysterium Tremendum. Là, Œdipe disparaît dans un abîme tandis que Thésée se couvre les yeux devant l’apparition terrifiante de Zeus. N’oublions pas la présence de Créon. Il n’a pas tardé à venir de Thèbes en accusateur (Vers 728 et suiv.). Œdipe lui répond en plaidant son innocence : il invoque le caractère involontaire des crimes qui lui sont reprochés, et le fait qu’il y fut conduit malgré lui par les dieux (V. 965 à 1000). Mais le thème essentiel de la pièce est la marche vers la mort d’Œdipe. La mort, qui va apparaître comme la dernière étape, est le moment de la réhabilitation sous le regard des dieux. Elle est l’ultime manifestation de la réintégration dans un ordre jugé supérieur à ceux de la famille et de la patrie, et qui se trouve être celui d’Apollon et des autres dieux.
L’errance d’Œdipe s’achève dans une apothéose sacrée, qui n’inverse pas le sens de son expérience passée. [...]


III • Le mythe

Pour notre culture, le mythe d’Œdipe s’est confondu avec les deux tragédies de Sophocle, qui en ont assuré la perennité grâce à leur ambiguïté fascinante.
Ainsi Nietzsche, dans La naissance de la tragédie, inspiré par son démon souterrain, se livre à une analyse originale du personnage d’Œdipe, qui laisse pressentir ce que Freud allait saisir plus profondément.
[...]
Freud, pour sa part, rejoint Sophocle en présentant du mythe d’Œdipe une version suffisamment créatrice pour engendrer une nouvelle lecture du mythe. C’est ainsi qu’il nous a semblé utile de citer le texte de l’ouvrage de Freud qui marque le mieux le passage du mythe d’Œdipe à l’Œdipe. Il prend appui sur la tragédie grecque : Si Œdipe/Roi émeut autant le lecteur ou l’auditeur moderne que le contemporain de Sophocle, ne peut-on admettre que l’accent poignant de la tragédie grecque ne dépend pas de la lutte de l’homme contre le destin, mais de la nature même de l’homme en qui se livre ce combat ? Sans doute une voix en nous nous prédispose à reconnaître chez Œdipe la force contraignante du destin. En réalité, il est un thème de l’histoire du Roi Œdipe qui explique la sentence de cette voix intérieure. Sa destinée nous émeut seulement parce qu’elle aurait pu être nôtre, parce que l’oracle qui a présidé à notre naissance fait peser sur nous et sur lui la même malédiction [3].
Pour ce qui est enfin de la théorie du Complexe d’Œdipe, nous ne pouvons que renvoyer à la suite de ce texte et à l’oeuvre de Freud.
Et pour conclure, nous pouvons dire que le mythe d’Œdipe ne cessera de nous solliciter, puisque les réponses à l’énigme qu’il nous pose se retournent indéfiniment en questions.»
Georges Ralli

[1] Dans sa pièce, Les Phéniciennes, Euripide charge Laios d’une faute ancienne. Laios, venant de Thèbes, vit en chemin Chrysippe, fils du roi Pélops. Il s’éprit de lui et l’enleva de force, ce qui entraîna le suicide du jeune homme. Pélops, en apprenant sa mort, maudit Laios en le condamnant à n’avoir jamais d’enfant et, s’il en avait, à mourir de la main de son fils. Désormais, Laios portera sur lui la malédiction de Pélops.
[2] Dans Électre, le Pédagogue montre à Oreste le bois sacré d’Io, dans la plaine de l’Argolide (vers 5).
[3] Freud - Die Traumdeutung (1900). L’interprétation des rêves. Traduction de I. Meyerson, revue par le Dr. Berger, PUF, 1967.

Septembre 1990


8 • 1983 • LA LIBIDO CHEZ FREUD ET L’ÉROS CHEZ PLATON, UNE COMPARAISON
M. Nachmansohn • La Libido chez Freud et l’Eros chez Platon
Préface de M. Weinstein.
Traduit de l’allemand par M. Weinstein et P. Menzel • 1983


9 • AINSI VA L’ÉPOQUE...
T. Peyrard • Retour du religieux retour de l’Église
G. Ralli • Le 27 (Nouvelle)
A-M. Houdebine • Ainsi va l’époque...
Schwartze FON • “Révisionnisme” : Le nouvel antisémitisme

Janvier 1991

10 - 11 • QU’EST-CE QUI SE PASSE... TRAUMATISME, ÉVÉNEMENT, TRANSMISSION
Premier Colloque de Psychanalyse Actuelle. 25-26 mai 1991 à Paris
« La tentative d’analogie - et peut-être même, d’homologie - est esquissée sans “insistance”, afin qu’il soit possible de la laisser parler et insister d’elle-même. Il m’est arrivé d’intituler Analogues un livre où se rejoignent ainsi trois autres récits antérieurs, pour laisser percevoir comment ils agissaient l’un sur l’autre à distance - ou plutôt, afin d’explorer et de toucher du doigt ce point de réel qui peut survenir, à l’intersection de lignes narratives ou de champs de récit. L’irruption du réel : voici la question - comment son fer vient pointer dans l’étoffe de langage qui nous relie. »

Jean-Pierre Faye • Avril-Septembre 1991

12 - 13 • À LA BONNE ADRESSE, par BERT KOK
Traduit par M. Weinstein.
Postface de M. Arian • Encres de Dà Vùong

Écrit par l’auteur hollandais, Bert Kok, né en 1949, ce récit retrace l’histoire dans Amsterdam occupé par les nazis, d’un groupe de jeunes hommes et de femmes qui, sous le nom de « Société Anonyme », s’est spontanément formé pour sauver 250 enfants de l’extermination. Seule une fillette mourut de maladie. Tous les enfants, échappèrent à la déportation.

1er trimestre 1992

 

 

14 • MONTÉE AU STRUTHOF
S. Bellakhdar • Si mère Dass m’était comptée...
F. Dolto • Autour du miroir
T. Peyrard • Montée au Struthof
S. Bellakhdar • La littérature “immigrée”
A-M. Houdebine • Freud/Saussure/Lacan et quelques autres

« Au Struthof, la transcendance n’est, par principe, pas envisagée. Toutefois, la visite n’a pas été conçue, coordonnée par des hommes capables de se résoudre à limiter ce lieu à la présentation de l’activité du mal, de la rationalité destructrice. La référence au sacrifice pour la liberté - l’invocation - sert de réponse, de nouveau départ. Le recueillement demandé n’est pas seule contemplation, mais rencontre, non avec une personne transcendante, mais avec ceux dont la mort - le sacrifice - sert leurs successeurs. Nulle part dans le Mémorial - est-ce une intention rédemptrice - il n’est fait allusion, dans mon souvenir, à la Collaboration. Il s’agit plutôt de créer la filiation, le rassemblement autour de sacrifices qui ne sauraient avoir été vains. »

Thierry Peyrard • Juin 1992



15 - 16 • PSYCHANALYSTES, SI VOUS SAVIEZ... Histoire, Remémoration, Répétition
Textes écrits des communications présentées au Deuxième Colloque de Psychanalyse Actuelle. 16-17 Juin 1992 à Paris

Juillet - Décembre 1992

 

17 - 18 • LA PSYCHANALYSE A-T-ELLE TOUJOURS VINGT ANS ? + CASSETTE
*** Audit du public
S. Bellakhdar • La psychanalyse a-t-elle toujours vingt ans ?
W. Borchert • alors, dis NON !
S. Bellakhdar • Le pervers et son image
T. Peyrard • Venise
B. Brecht • Ballade de Marie Sanders “Putain aux juifs”
M. Weinstein • “Ce serait merveilleux...”
Poèmes dits par E. Schegel et R Meigney
Prise de son et réalisation sonore • S. Noly

Janvier - Juin 1993

 

19 • LE PASSEUR EST MERVEILLEUX

SHOAH, CHEF-D’OEUVRE D’UN ETERNEL AUJOURD’HUI
Extraits du discours de remise du prix « La Résistance en Art » à Claude Lanzmann, par Etty Mulder - Amsterdam, le 4 mai 1993. Traduit du hollandais par M. W.
1942. « LE PASSEUR EST MERVEILLEUX » • Siméon Kass
Mémoire d’un petit garçon de Belleville

Mars 1995

 


20 • LE PLATEAU DE REPETITIONS
Le Plateau de répétitions
R. Wolfin • Cendres et remords
F. Saldès •
Pour Joss

Février 1994



21 - 22 • FREUD ET LA GRANDE CATASTROPHE
S. Bellakhdar • Freud et la grande catastrophe
F. Saldès • Un récit d’origine
M. Weinstein • Sans titre
S. Kass • Minutes d’un cauchemar

Juillet 1994

 

24 • TABOO
M. Weinstein • Éditorial
S. Bellakhdar • Kateb Yacine
F. Reznik • Un Infanticide
T. Peyrard • Couples mixtes
K. Rachedi • Psychanalystes d’État
J-P. Faye • Rêve Exode

 

Micheline WeinsteinNON, cela ne va pas, sans dire
Chaque texte est signé puisque ψ [Psi] LE TEMPS DU NON persiste à dire NON à Scilicet, intitulé par Lacan, seul signataire de la revue anonyme de son École, et qui signifie en latin : cela va sans dire.

Mars 1995


25 • QUELLE PSYCHANALYSE APRÈS LA SHOAH ?
M. Weinstein •
Éditorial, ThomasMann • Appels aux Allemands, F. Dolto, entretien avec J-J. Moscovitz • La Psychanalyse nous enseigne...


Juin 1995

26 - 27 • L’INVENTAIRE
...pour les cent ans d’Anna
Micheline Weinstein • Présentation
Les textes • Les auteurs • La revue • Les éditions

Oct. - Déc. 1995

30 - 31 - 32 • COURRIERS

Micheline Weinstein • Courriers juin 1996, novembre 1996, février 1997

 


33 • CELA NE VA PAS SANS DIRE

Paul Macho • Appel de « Pratiques de la folie »
Charles Benqué, Michel Guibal • De la focalisation du symptôme
Colette Rouy • À propos de « Mémoire freudienne, mémoire citoyenne »
Alegrina Escojido • Mechlen/Malines, Belgique 1944
Georges Federman • Le cercle Menachem Taffel
Micheline Weinstein • De la vulgarité • De la bévue • Des droits de l’homme

Mai 1997

Micro-édition

ANTOINETTE BERVEILLER
La vie quotidienne d’une famille française juive pendant la guerre
Bretagne • Lot • Haute-Savoie1939-1944

1939-1944 : l’exil, en France, d’une famille dispersée, puis réunie. Cinquante ans après, la narratrice se souvient. Souvenirs contrastés où s’entremêlent situations humiliantes et dramatiques, mais aussi pleines de cocasserie, où une vie simple, voire monotone, bascule soudain et devient cauchemar, avec ses rumeurs et ses peurs incessantes. mais aussi un paysage de montagnes inoubliable, des amis chaleureux, et, suprême réconfort, la présence ensoleillée de deux enfants
.
ISBN 2-9506438-5-X • mars 1996



RENE WOLFIN
Nouvelles

Dans ces quelques pages qui n’ont pas la prétention d’être littéraires, j’ai essayé de faire vivre quelques êtres particulièrement hors du commun, que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de mes longues années de médecine en banlieue parisienne. Y figurent également certains souvenirs personnels de l’un d’entre eux, qui m’est cher.
Je n’ai introduit, dans ces courts récits, rien de vraiment personnel. J’ai relaté, par ailleurs, mes aventures au cours de la guerre 1939-1940, dite drôle de guerre. Mais, ma vie entière, j’ai trop souffert de la folie meurtrière des hommes pour qu’il me soit possible, sans de bien pénibles souffrances, d’évoquer la mémoire de ce qui vient hanter mes nuits d’insomnie.
C’est donc d’un ordre de souvenirs que, obligé du fait de la pesanteur des années, d’interrompre une activité médicale qui m’était, chère, je vais essayer, en ces quelques récits, d’évoquer pour vous. Nous sommes, dans notre profession, très près de nos patients et à même de les observer physiquement et moralement, d’où une certaine connaissance de l’homme et de ses comportements.
J’ai entrepris ce travail d’écriture pour meubler les loisirs forcés et interminables d’une retraite obligatoire et non souhaitée.
Peut-être vais-je être taxé d’outrecuidance, pour avoir osé aborder un genre aussi difficile que la nouvelle, dans lesquels des auteurs anglo-saxons, entre autres, se sont essayés avec plus ou moins de bonheur et où seul Guy de Maupassant a excellé mais, je le répète, ces récits sont sans prétention, comme je n’ai pas celle d’être un écrivain.

ISBN 2-9506438-8-4 • janvier 1997



MICHELINE WEINSTEIN
La nuit tombe aux environs de 16 heures 30
Travaux • 1967 - 1997

ISBN 2-9512542-3-7 • septembre 1998

 

JACQUES SÉDAT La première analyse d’hystérique • Élisabeth von R
ISBN2-9506438-8-4 • Mars 1998


MICHEL GUIBAL
Événement psychique
ou Lacan comme le gentil Loing-près


ISBN 2-9512542-4-5 • Septembre 1998



MICHELINE WEINSTEIN
Commentaire

La publication en France de La Famille, de Lacan, est exactement contemporaine de l’entrée des nazis dans Vienne en mars 1938. Ce texte en est le commentaire.

ISBN 2-9512542-5-3 • Octobre 1998

 


WILLIAM A. KŒLSCH
« Une incroyable rêverie »

Freud et Jung à Clark, 1909 • Conférence prononcée en 1984, par W. A. Kœlsch, Historien de l’Université Clark, pour le 75ème anniversaire de la venue de Freud, sur invitation de Clark, aux U.S.A.
Traduction Micheline Weinstein

ISBN 2-9512542-8-8 • Juin 1999

JEAN-JACQUES MOSCOVITZRêver de réparer l’histoire

ISBN 2-9512542-9-6 • Septembre 1999


COLETTE ROUY
Folie d’être entendu

ISBN 2-913957-00-5 • Janvier 2000



SIEGFRIED BERNFELD
De la formation analytique

Introduction de Rudolph Ekstein • Postface de Micheline Weinstein Psychoanalytic Quaterly, Vol. 31, n° 4, 1962, pp. 453-482

Alors ? Chaque analyste doit-il être analysé ? Je pense qu’une analyse personnelle est indispensable pour chaque psychothérapeute, qui devrait renouveler la chose chaque fois qu’il pense en avoir besoin.

Traduction Micheline Weinstein

ISBN 2-913957-01-4 • Avril 2000

 

Petit glossaire des concepts freudiens selon François Perrier Établi par Micheline Weinstein

ISBN 2-913957-03-X / ISSN 0995 1547 • Octobre 2000

 

MICHELINE WEINSTEIN

Préface à « Freud • L’hystérie, la psychanalyse et l’histoire », précédée de « Forum avril - mai 2002 » (élections présidentielles)

 

LE FORUM, couvrant la période des élections présidentielles 2002, est paru en temps réel sur le site

ISBN 2-913957-05-6 • Août 2002

Aperçu non exhaustif de quelques auteurs de travaux individuels et collectifs, édités jusqu’en 2002 en publications papier

 


Un petit enfant de Terezin, assassiné à Auschwitz • Denise Baumann • Saïd Bellakhdar • Wolfgang Borchert • Joël Bernat • Antoinette Berveiller • Bertolt Brecht • Hélène Brunschwig • Catherine Debeugny • Michèle Dolin • Françoise Dolto • Martine Dreyfus • Jean-Claude Dreyfus • Yona Dureau • Alégrina Escojido • Délia Esquibel • Jean-Pierre Faye • Suzanne Ginestet-Delbreil • Michel Guibal • Marcel Hanoun • Susan Heenen-Wolf • Anne-Marie Houdebine • Pierre Ickowicz • Vladimir Jankelevitch • Norbert Jessen • Nathalie Jungerman • Anna-Patricia Kahn • Siméon Kass • Bert Kok • Maria Landau • Marcel Lévy • Claude Maillard • Françoise Mandelbaum-Reiner •Thomas Mann • Roger Meigney • Jean-Jacques Moscovitz • Nino Mucci • Etty Mulder • Max Nachmansohn • Fernand Niderman • François Perrier • Thierry Peyrard • Claude Rabant • Kadia Rachedi • Georges Ralli • Florence Reznik • Nicolas Rochetin • Élisabeth Roudinesco • Colette Rouy • Frédérique Saldès • Gricelda Sarmiento • Erika Schegel • Jacques Sédat • Louis Sénéchaut • Guy Sizaret • Sophocle • Anne-Lise Stern • Laure Trainini • Annie Vacelet • Micheline Weinstein • René Wolfin • Petit billet de Freud...

 

 

MICHELINE WEINSTEIN

Postface

Comme je tournais autour de mon ombre pour retarder le fait d’écrire, depuis la veille interrogeant bêtement la prévalence de la théorie des noeuds sur celle de l’engrenage, l’oeil, porté au-delà des lettres et définitions, tomba dans Le petit ROBERT - Édition revue, corrigée et mise à jour, entre enjouement et enlacement sur,

ENJUIVER. v. tr. (1948 ; de en-, et juif). Péj. Pénétrer de l’influence juive.

ENKYSTÉ, ÉE. adj. (1707 ; de en- et kyste). Se dit d’une tumeur ou d’un corps étranger qui reste isolé dans l’organisme par suite d’un enkystement.

ENKYSTEMENT. n. m. (1864 ; de enkyster). Formation d’une couche de tissus conjonctif dense autour d’un corps étranger (ou d’une tumeur) qui se trouve ainsi isolé du tissu environnant.

À juif, revelons seulement, dans ce même dictionnaire, mis à part les synonymes injurieux qui ne cessent de se déballer, que c’est un peuple répandu dans le monde entier et demeuré généralement fidèle à la religion et aux traditions judaïques.

[Sic ! 0,002 %, qui mènent le monde c’est bien connu, de la population mondiale avant l’extermination quasi totale des ashkenazes dont nous sommes les avant-derniers représentants, et de nouveau actuellement, depuis le milieu des années soixante, puisque survivants et revenants de la dernière guerre ont malgré ça réussi à enfanter]

Et merci encore pour la fidélité à la religion et ses traditions - constitutionnellement antipathiques à la psychanalyse, faut-il le rabâcher ou jeter en mer la bouteille contenant le message - de ce peuple, qui pullule comme l’observait Lacan à propos de l’attribution d’un prix Nobel de biologie, lors de son séminaire « Les non-dupes... » l’année universitaire 1973/1974, celle également de “la chiure de mouche”, qualificatif “chiure” par lui attribuée à la personne d’Anna Freud, excrément de sa “mouche” de père. C’était en ce temps où je disais à Perrier, qui résistait à l’entendre, que Lacan était passé par-dessus bord, il était devenu gaga. Alors que jusque là, je le considérais, malgré ses affinités avec Heidegger et Konrad Lorenz, comme un minotauresque psychiatre.

Usons donc d’humour qui permet non pas de savoir compter en peuple, mais d’égrener de zéro virgule zéro zéro deux jusqu’à un.

Humour dont de fréquentes pannes handicapent des psychanalystes, affectés, non sans un certain amphigouri, d’avoir lu dans Jones des remarques, telle celle d’un Freud ayant recommandé avec chaleur la Gestapo, et qui contribuent ainsi à perpétuer l’ignorance de ce qu’est un Witz, fut-il féroce et étoilé. De même, des écoliers-psychanalystes, définitivement crédules, gobent-ils encore de nos jours le dire apocryphe - et crypto-antisémite - selon lequel Freud aurait exporté la peste, épidémie causée par les [le peuple des] rats, aux U.S.A.

Mais revenons au dictionnaire, dépourvu d’inconscient qu’il est de ne pas connaître le lapsus. Par chance, dans le LAROUSSE en couleurs, ancien et moderne, grand et petit, entre enjouement et enlacement, juste avant enkysté, apparaissent seulement enjuguer puis enjuponner.

Ainsi, selon le ROBERT, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, le verbe enjuiver et par voie de conséquence son adjectif enjuivé(e), auraient-ils été admis à y figurer en 1948, précédant cette tumeur étrangère que l’on appelle un kyste, au lendemain du procès de Nuremberg, après la sordide épuration pendant laquelle, fut-ce identification primaire ou bien même primate, les cocardassiers du Bon-Beurre rasaient analogiquement les cheveux des amoureuses comme on rasait les juives au camp.

Une radio culturelle diffusa récemment sa série à-peu-près bi-annuelle, intéressant une psychanalyse prête à l’emploi, prononcée par des poseurs qui s’écoutent et se regardent comme s’ils se plaisaient à s’imaginer être entendus et vus in vitro, au parler sépulcral ou maniéré - follement rendu par un épigone qui se produit “à l’ouest” sur M 6 le samedi soir vers 23 h 15 - à la manière des auteurs maurassiens cultivés de la N.R.F. Ces gens-là, selon le sobriquet de Saïd, pontifient scolairement les trois tomes de la biographie officielle de Freud par Jones [1957, traduite en français en 1969] répétant ses mêmes erreurs et ses quelques maquillages, lesquels portent aussi bien sur les concepts que sur les faits, Anna O. etc. Quant à l’intitulé professionnel de ces gens-là, voilà ce que ça donne  :      

       “Aujourd’hui - [sous-titre de l’émission] - par

       • Un ou Unetel     psychiatre et psychanalyste

           d°                psychothérapeute et psychanalyste

           d°                psychologue et psychanalyste

           d°                professeur de... à l’Université de... et psychanalyste

           d°                etc. et psychanalyste...” 

Las ! Cela résonne comme un bizarre écho de parenté avec ce que l’on appelait, en 1907, révisionnisme. À part la peur d’être épinglés par le fisc pour revenus non-déclarés, on peut se demander ce qui motive le titre de psychanalyste-accessoire, cacique officiellement inscrit de profession à un Ordre médical, psydivers, universitaire, sauf, tout en étant praticien, théoricien et prosélyte d’une doctrine bien particulière, à être non-passible d’acquitter le surplus, lequel surplus est incarné sous le vocable d’analysant, payeur de sa personne autant, et parfois davantage, que d’argent.       

On rencontre, dans l’annuaire, un autre genre d’exhibition, en gras et en encadré - pour 5000 F l’encadré, quel que soit le texte y inclus, le service de publicité des télécoms m’en a fait l’offre, ce pour quoi je l’ai gracieusement remercié - « Docteur Piraya, psychanalyste conventionné ». Alors là, déclarerait Schreber, tout  non-sens s’annule.

Vivre, souvent plus que moins en ascète, de l’exercice de son métier, c’est en tous cas exactement ce que désirait Freud, ayant essayé jusqu’à l’échec d’affranchir sa “méthode de traitement” de la psychiatrie et autres “sciences” voisines, et sans recourir à la discussion de 1925 sur la question de l’analyse par les non-médecins qui eut le mérite d’isoler les enjeux, toujours actuels, politiques, de prestance et de pouvoir, est-ce inepte à valider l’existence de la psychanalyse elle-même ?

Alors qui témoigne de l’exercice de ce métier, sinon les patients quand ils ne sont pas déjà morts ou par trop détruits et qui aboutissent chez l’un(e) ou l’autre d’entre nous, après tant d’années d’analyse, de 7 à 22 ans pour ce que j’en sais, 2 à 4 analystes de tels institution ou groupuscule, patients et patientes qui disent s’être faits baiser, au figuré comme assez souvent au propre si l’on ose la locution, et qui persistent malgré cela à reprendre l’aventure car “ Je ne peu[t] plus faire autrement”, Je ne peu[t] plus vivre comme ça”. On n’est pas là, ripostai-je dernièrement à quelqu’un, pour se rouler des pelles entre vieux mais pour entrouvrir au présent, vers un possible avenir, qui est sans l’illusion, nous ne “croyons” pas, ce qui n’empêche pas ce que seule la dictature empêche de rêver.

Le glissement qui fait que l’on amalgame le concept d’économie libidinale à celui d’économie de marché n’est pas neuf, quoique depuis plus d’une trentaine d’années en France, dans certain milieu analytique, ça fait très chic de passer l’adage entre soi et aux patients, selon lequel “Les analystes sont des gens comme tout le monde”.

De Bidochon à Sade, des demi-mondaines aux hypocondriaques, des emprunteurs aux avaricieux, des snobs [sine nobilitate] aux sci [sine civilitate], ça s’auto-dédouane des excès qu’entraîne la non-régulation de ses pulsions.

Alors quel analysant est ou serait suffisamment masochiste, une perversion, pour se faire refaire de sommes considérables et d’un interminable temps pris à sa vie sans qu’aucune reconnaissance, aucun respect jamais de sa parole ne lui soient témoignés ? Et si “les analystes sont des gens comme tout le monde”, l’analysant est-il ou n’est-il pas, en analyse ?  

Il est vrai, pour rester un instant dans le champ de la perversité, donc de l’avarice, qu’un personnage annexe est apparu depuis un peu plus d’un quart de siècle, il est modern style, sophistique, et se “prêtera” à l’analyse à condition de la contourner, la calculera d’un certain prix, tablant sur la perspective d’un bénéfice dans le futur, histoire d’ajouter un “et psychanalyste” sur son curriculum occulte et de récupérer au centuple, s’il s’autorise de lui-même, c’est-à-dire s’il agit par transgression, sa mise de fonds.     

Autre chose. Les diplomates et les dictateurs, des psychanalystes aussi, font montre d’une prudence phobique et manient l’oral au détriment de l’écrire, de telle sorte que les propos tenus puissent toujours êtres aménagés dans le sens de la pente opportuniste - ce n’est pas ce que j’ai, ce qu’il a, voulu dire, vous avez mal compris sa, ma pensée, son, mon style, son, mon intention.

Alors laissons traces écrites de nos dires, parlons cru, et aussi bien d’argent.

La formation d’analystes s’est, dans certains milieux d’après-guerre, complètement délitée, le mot d’école par exemple s’étant substitué à la chose, l’instruction ou si l’on préfère, l’enseignement, au profit du paraître, par identification au narcisse de tel maître, dont l’un posait comme axiome ceci que “tout” élève-analysant-futur analyste, “dans [mon] école, doit passer par [mes] signifiants”, lors même qu’il fustigeait le tant haïssable Moi.

Cela conduisit à un étrange patouillage d’indiscrétions, de ravages, de domination, qui est toujours politique, dans et du transfert, à un mépris de la souffrance, de son symptôme et de sa parole.

Cela conçut trois générations d’indigents de la culture qui, s’ils s’autorisent praticiens, érigeant le silence en théorie de l’interprétation, se dispensent d’écouter - n’ayant pas été entendus ils ne savent pas - car et l’être parlant et l’inconscient ne les intéressent pas.

À constater, ce qui n’excuse pas l’“innocence”, que dans certaine école, l’enseignement n’allait pas au-delà des programmes de terminale de philo avec, à la ressemblance des meilleurs temps de la scolastique, une touche de maths une autre de physique. Ceci pour autant que l’on se reporte aux noms d’auteurs de référence proposés par le maître. Résultat, les élèves et les élèves des élèves d’icelui se manifestent à coups de slogans, sans avoir jamais eu le goût de lire Freud, et s’ils y prennent, c’est pour appliquer ces slogans à de pénibles traductions des concepts, lesquelles ne sont pas sans évoquer ce que les parangons réactionnaires de l’interprétation en musique ancienne jouent sur des instruments anciens, sans timbre et sans voix, sans amour et sans joie, et qui ne tiennent ni la justesse ni l’accord. Enseignement pour une formation aux tâches d’employé funéraire.

Je terminerai, ou presque, sur les injures traditionnelles qui fusent dès que l’analyste écrit ce à quoi l’a mené sa réflexion quand elle est vivace. La gamme est relativement pauvre. Tous les signifiants peuvent lui être plaqués à l’exception d’un seul, celui d’analyste. Ce qui est écrit est taxé ainsi ce n’est pas de LA psychanalyse, entendre LA majuscule comme étant la seule qui soit celle de Lacan, c’est de la “polémique”, de l’“histoire”, de la poétrie etc. Il y a plus ordurier, c’est l’injure “diagnostique”, c’est-à-dire l’injure sauvage, comme on dit de l’interprétation, dont j’aurais honte de faire ici état. Mais alors, demandons-nous qui les produit et les profère, de qui ça vient, d’où ça éructe ? Sont-ce des Professeurs d’Université Privée et psychanalystes, sont-ce des courtisans et courtisanes et psychanalystes et de quel souverain et psychanalyste ? Est-ce de Monsieur Lapipelette, journaliste et psychanalyste presseradiotélévisé, porte-voix des ganguinets et des ganguinettes ? Est-ce de Madame Lacancaneuse ? En quelle qualité débattent ceux-ci et ceux-là, et sur la place publique de préférence, de qui est analyste et de qui ne l’est pas ?

On s’en fout. C’est à Perrier d’avoir repéré l’angle mort.

« De fait, l’enjeu de cette procédure se trouvait, du côté de Lacan, au service de sa formidable volonté de scruter les secrets de l’analyse et d’aller plus loin que Freud dans l’élaboration de la doctrine. Dans cette logique, les élèves devaient nourrir la pensée du maître et la revigorer par leur apport : la Passe permettait de filtrer ce matériel, et fonctionnait comme une banque de sang pour un laboratoire extrêmement sophistiqué, indifférent à l’identité des donneurs. « Telle était l’économie de cette circulation de discours : elle alimentait la passion épistémologique de Lacan mobilisait la naïve ardeur des disciples, - et aussi la froide ambition des élèves. Par ailleurs, et réciproquement, il devenait possible de “voir” (sic) comment le discours de Lacan avait été digéré par ses patients - et par les patients de ses patients - et comment il était “restitué”. « Certains, dans leur analyse, soutenaient à leur insu cette jouissance-là, et ils fournirent à l’examen la “matière la plus louable”, leur propre langue abjurée en faveur de Sa parole.

« Ainsi l’institution dressée autour de Lacan avait-elle transformé ce travail démesuré en système de sélection ou de fixation des élèves à des fins politiques, sur des critères d’orthodoxie et de mimétisme pratique. Il s’agissait de constituer un corps de serviteurs de la doctrine, et non plus une élite d’audacieux chercheurs.

« Les membres du jury s’en rendaient compte, mais ils n’avaient pas la force de se soustraire à cette complicité. La jouissance du secret partagé, l’attente du pouvoir, la peur de contrarier Lacan, la dépossession de toute référence extérieure et le désespoir dont ils étaient imprégnés leur fournissaient assez d’arguments en forme de rationalisations pour qu’ils soutinssent le cynisme exigé d’eux. Ils animaient donc ce scénario tout entier ordonné à des jouissances de voir, de savoir et de pouvoir, qui procura, au dire de certains des “juges”, la révélation la moins avouable de toutes parmi les multiples secrets qui cimentaient ce pouvoir : nombre de candidats démontraient qu’il n’y avait pas eu d’analyse. Pas plus d’ouverture de l’inconscient que d’effets psychiques de la cure. Aucune chance de bénéfice thérapeutique, mais une vocation à l’endoctrinement qu’il suffisait ensuite de théoriser comme analyse posfreudienne. C’est pourquoi, peut-être, Lacan a parlé d’échec de la Passe : sa matière n’était pas louable.

« Bien sûr, d’autres vous diraient que cette épreuve leur a fait vivre des moments privilégiés, qu’elle les a relancés dans l’analyse, qu’elle a fondé des amitiés. D’autres vont réfléchissant et théorisant sur de futures institutions où cette Passe garderait son rôle de formation et de sélection. Leur nostalgie de ce partage indique peut-être la consistance du lien qui les voua au projet de Lacan. Plus il y avait d’amour et de désir d’être aimé dans cette démarche, plus un “passeur” risquait de donner sa vie, réellement, à son insu, ou symboliquement, en renonçant à lui-même, parce que ce scénario permettait d’aller jusqu’au bout d’une tendance masochiste, dont l’issue était la destruction de soi en offrande à l’Autre. »

Le dernier ψ [Psi] LE TEMPS DU NON portait l’intitulé du tout premier éditorial, daté de presque dix ans, lequel a d’abord circulé sous forme de feuilles volantes quand nous n’avions pas encore les moyens minima nécessaires à la fabrication, la diffusion et la publication de la revue. Les fonds de notre’existence sont restés extrêmement limités mais cela tient sans doute à notre intransigeance. Chaque auteur vit sa vie, il croise ψ [Psi]LE TEMPS DU NON, s’y joint pour une étape, la quitte lors d’une escale, recroise un peu plus loin. Il arrive que certains se débarquent volontairement en cours de route, il est arrivé que, pour cause de malversations ou de resquille, certains aient été carrément débarqués. L’inventaire qui précède témoigne seulement du travail effectué etqu’un sas est passé.

M. W.

Octobre 1995

 

 

                         

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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