L’Inventaire et micro-édition
ø
Il est plus facile
d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet
du culte
Samuel Beckett • L’innommable
Cité
en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit »
par T. W. Adorno • 1964
It
is easier to raise a temple than to bring down there
the worship object
Samuel
Beckett • « The
Unspeakable one »
Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964
ø
Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse. Nobody
has the right to remain quiet if he knows that something
of evil is made somewhere. Neither the sex or the age,
nor the religion or the political party can be an excuse.
Bertha
Pappenheim
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ψ = psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie.
Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS
DU NON s’adresse à l’idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance
délibérée,
est l’antonyme de la réflexion, de la raison,
de l’intelligence.
ø
L’INVENTAIRE 1983-2015 et Micro-édition
Revue papier ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON
[N.B.
- Tous les textes sont disponibles en copie
/ papier]
Il y a le fait que [...]
la logique de l’engagement ne supporte
aucune entorse à la vérité. Henri
Roth • 1979
Ça n’est
pas en mon nom que je réponds mais
au nom de celui qui a manqué. C’est
en cela que le désir de l’analyste
est l’expression même de la
fonction de la sublimation. François Perrier • L’amour 1970/1971
0 • Denise Baumann et la Mémoire
des oubliés
D. Baumann • La Mémoire
des Oubliés
M. Weinstein • Post-scriptum
« Et, au dernier moment,
il y avait toujours le gosse qui criait “Comment
je m’appelle, je m’en souviens plus
!”, avec un soldat allemand qui rôdait
dans les parages... Eh bien Fernand, il m’a
écrit ! Comment ? Avec quels sous il
avait trouvé le timbre ? Il m’a
écrit pour me dire “Je voudrais
bien te revoir et je voudrais un canif.”
Ce furent les dernières nouvelles que
j’ai eues de Fernand, il a eu la vie sauve,
mais je n’ai jamais su ce qu’il
était devenu après... » Denise Baumann • Décembre 1988 [lien]
1 • L’ABSOLUE
SINGULARITE
M. Weinstein • Éditorial
G. Ralli • L’Absolue Singularité
S. Bellakhdar • Des Arabes chez les
Nazis
« L’histoire nous
enseigne qu’il faut veiller sans cesse
sur la vérité que ses ennemis
cherchent à précipiter au fond
d’un cachot ; car il n’existe
aucun peuple qui soit à l’abri
du mensonge, comme du désastre moral
et politique qui en est la conséquence.
»
Georges Ralli • Mars 1989
2 • ENTRE L’AVANT
ET L’APRÈS
M. Weinstein • Cinquante ans après
M. Dreyfus • Entre l’Avant et l’Après
G. Ralli • Céline, Sein Kampf
Juin 1989
3 • PSYCHO-ANALYSE
DE L’ANTISEMITISME • 1943[lien]
G. Ralli • Vladimir
Jankélévitch résistant
Vladimir • Jankélévitch Psycho-analyse
de l’antisémitisme • 1943
Postface • M. Weinstein
M. Lévy • Appauvrissement de
la personnalité
Septembre 1989
4
• SOUVENIRS LOINTAINS DE BUCHENWALD
ET DORA
J. C. Dreyfus
• Souvenirs lointains de Buchenwald
et Dora*
«
Le texte qui va suivre est fait de souvenirs
personnels datant de plus de 40 ans, et pour
lesquels l’absence de recherches historiques
peut être cause d’erreurs que j’espère
sans gravité. Je rappelle que, médecin
renvoyé de l’Internat des Hôpitaux
de Paris par décret de l’Etat Français
en 1942, je me trouvais lors de mon arrestation
sans situation en zone libre. [...] Je me
suis borné à relater, sans commentaires
subjectifs autant que faire se peut, ce qui
arrive à quelqu’un que rien ne destina
à surmonter de tels périls,
et à montrer l’importance les hasards
qui vous jettent au sein de catastrophes imprévues
ou qui vous en sortent miraculeusement. Ma
seule particularité était d’être
juif clandestin, non reconnu comme tel mais susceptible de
l’être à tout moment dans des camps non juifs. »
Jean-Claude Dreyfus • Décembre 1991
*
Le Pr. Jean-Claude Dreyfus est mort le 10
mai 1995. Il aurait eu quatre-vingt ans dans
l’année. Le journal « Le
Monde », s’il rend hommage au
Professeur de biochimie médicale, au
chercheur, au co-fondateur de la revue «
Médecine-Sciences », au médecin
faisant partie d’un groupe “dirigé
par le Professeur Charles Richer”, dont
le “dévouement avait sauvé
nombre de déportés” à
Buchenwald, a omis de préciser que
Jean-Claude Dreyfus était l’un
parmi les déportés.
5 • L’ISLAM, LA RELIGION DU
PAUVRE
S. Bellakhdar L’Islam, la religion du
pauvre
G. Ralli Gradiva III • Nouvelle
Mars 1990
6 - 7 • ŒDIPE ROI
• ŒDIPE A COLONE
Sophocle • Œdipe Roi •
Œdipe à Colone
Préface et traduction par Georges Ralli
Préface • L’Œdipodie
I
• Œdipe Roi
Œdipe a résolu
l’énigme du Sphinx, il règne
heureux à Thèbes. Mais après
plusieurs années, la ville est ravagée
par la peste. Le devin Tirésias, convoqué
par Œdipe lui révèle que
la peste est le châtiment du double
crime commis par Œdipe : le parricide
et l’inceste avec sa mère. [...] Que
s’est-il passé ? Voilà : Œdipe
paye la faute de son père. Laios avait
désobéi à l’oracle d’Apollon [1] qui lui avait
enjoint de ne pas avoir de fils, sous peine
des pires malheurs. Sophocle, dans sa pièce,
ne fait qu’exprimer cette doctrine archaïque
qui admet que la faute d’un ancêtre
pouvait peser sur tous les membres d’une famille.
[...]
Ce récit dramatique témoigne
du poids de la faute, transmise en héritage,
qui pèse encore, au Vème siècle,
sur l’individu ; celui-ci n’en sera libéré
qu’au IVème siècle par le rationalisme
grec, une réalisation dont le mérite
revient à la démocratie grecque. [...]
II • Œdipe
à Colone
Dans Œdipe à Colone, nous retrouvons
Œdipe exilé et accompagné
de ses filles Antigone et Ismène, alors
que ses fils, Eteocle et Polynice, refusent
d’aider leur père aveugle. Les deux
frères commencent à lutter pour
la possession du trône de leur père.
Eteocle l’emporte, mais Polynice ne s’incline
pas et va chercher une aide extérieure
à Argos, puis vient demander la bénédiction
de son père afin de vaincre son frère.
Œdipe, non seulement s’y oppose, mais
de plus, il maudit son fils.
Pourquoi Œdipe s’est-il retiré
à Colone, dans le bois sacré
des Eumenides [2] ?
Parce qu’Apollon lui avait révélé
que dans ce lieu sacré, il bénéficierait,
à la fin de sa vie, de la protection
des dieux.
[...]
Finalement, Œdipe à Colone traverse
lui aussi un seuil - le seuil avec les marches
de zinc (Vers 1591) - pour pénétrer
dans le domaine du Mysterium Tremendum. Là,
Œdipe disparaît dans un abîme
tandis que Thésée se couvre
les yeux devant l’apparition terrifiante de
Zeus. N’oublions pas la présence de
Créon. Il n’a pas tardé à
venir de Thèbes en accusateur (Vers
728 et suiv.). Œdipe lui répond
en plaidant son innocence : il invoque le
caractère involontaire des crimes qui
lui sont reprochés, et le fait qu’il
y fut conduit malgré lui par les dieux
(V. 965 à 1000). Mais le thème
essentiel de la pièce est la marche
vers la mort d’Œdipe. La mort, qui va
apparaître comme la dernière
étape, est le moment de la réhabilitation
sous le regard des dieux. Elle est l’ultime
manifestation de la réintégration
dans un ordre jugé supérieur
à ceux de la famille et de la patrie,
et qui se trouve être celui d’Apollon
et des autres dieux.
L’errance d’Œdipe s’achève dans
une apothéose sacrée, qui n’inverse
pas le sens de son expérience passée. [...]
III • Le mythe
Pour notre culture, le mythe d’Œdipe
s’est confondu avec les deux tragédies
de Sophocle, qui en ont assuré la perennité
grâce à leur ambiguïté
fascinante.
Ainsi Nietzsche, dans La naissance de
la tragédie, inspiré par
son démon souterrain, se livre à
une analyse originale du personnage d’Œdipe,
qui laisse pressentir ce que Freud allait
saisir plus profondément.
[...]
Freud, pour sa part, rejoint Sophocle en présentant
du mythe d’Œdipe une version suffisamment
créatrice pour engendrer une nouvelle
lecture du mythe. C’est ainsi qu’il nous a
semblé utile de citer le texte de l’ouvrage
de Freud qui marque le mieux le passage du
mythe d’Œdipe à l’Œdipe.
Il prend appui sur la tragédie grecque
: Si Œdipe/Roi émeut autant le
lecteur ou l’auditeur moderne que le contemporain
de Sophocle, ne peut-on admettre que l’accent
poignant de la tragédie grecque ne
dépend pas de la lutte de l’homme contre
le destin, mais de la nature même de
l’homme en qui se livre ce combat ? Sans doute
une voix en nous nous prédispose à
reconnaître chez Œdipe la force
contraignante du destin. En réalité,
il est un thème de l’histoire du Roi
Œdipe qui explique la sentence de cette
voix intérieure. Sa destinée
nous émeut seulement parce qu’elle
aurait pu être nôtre, parce que
l’oracle qui a présidé à
notre naissance fait peser sur nous et sur
lui la même malédiction [3].
Pour ce qui est enfin de la théorie
du Complexe d’Œdipe, nous ne pouvons
que renvoyer à la suite de ce texte
et à l’oeuvre de Freud.
Et pour conclure, nous pouvons dire que le
mythe d’Œdipe ne cessera de nous solliciter,
puisque les réponses à l’énigme
qu’il nous pose se retournent indéfiniment
en questions.»
Georges Ralli
[1]
Dans sa pièce, Les Phéniciennes,
Euripide charge Laios d’une faute ancienne.
Laios, venant de Thèbes, vit en chemin
Chrysippe, fils du roi Pélops. Il s’éprit
de lui et l’enleva de force, ce qui entraîna
le suicide du jeune homme. Pélops,
en apprenant sa mort, maudit Laios en le condamnant
à n’avoir jamais d’enfant et, s’il
en avait, à mourir de la main de son
fils. Désormais, Laios portera sur
lui la malédiction de Pélops.
[2] Dans Électre, le Pédagogue
montre à Oreste le bois sacré
d’Io, dans la plaine de l’Argolide (vers 5).
[3] Freud - Die Traumdeutung (1900).
L’interprétation des rêves. Traduction
de I. Meyerson, revue par le Dr. Berger, PUF,
1967.
Septembre 1990
8
• 1983 • LA LIBIDO CHEZ FREUD ET L’ÉROS
CHEZ PLATON, UNE COMPARAISON
M. Nachmansohn • La Libido chez
Freud et l’Eros chez Platon
Préface de M. Weinstein. Traduit
de l’allemand par M. Weinstein et P. Menzel • 1983
9 • AINSI VA
L’ÉPOQUE...
T. Peyrard • Retour du religieux
retour de l’Église
G. Ralli • Le 27 (Nouvelle)
A-M. Houdebine • Ainsi va l’époque...
Schwartze FON • “Révisionnisme”
: Le nouvel antisémitisme
Janvier 1991
10 - 11 • QU’EST-CE
QUI SE PASSE... TRAUMATISME, ÉVÉNEMENT,
TRANSMISSION
Premier Colloque de Psychanalyse
Actuelle. 25-26 mai 1991 à Paris
« La tentative d’analogie
- et peut-être même, d’homologie
- est esquissée sans “insistance”,
afin qu’il soit possible de la laisser parler
et insister d’elle-même. Il m’est arrivé
d’intituler Analogues un livre où se
rejoignent ainsi trois autres récits
antérieurs, pour laisser percevoir
comment ils agissaient l’un sur l’autre à
distance - ou plutôt, afin d’explorer
et de toucher du doigt ce point de réel
qui peut survenir, à l’intersection
de lignes narratives ou de champs de récit.
L’irruption du réel : voici la question
- comment son fer vient pointer dans l’étoffe
de langage qui nous relie. »
Jean-Pierre Faye • Avril-Septembre 1991
12 - 13 • À
LA BONNE ADRESSE, par BERT KOK
Traduit par M. Weinstein.
Postface de M. Arian • Encres de Dà
Vùong
Écrit par l’auteur hollandais,
Bert Kok, né en 1949, ce récit
retrace l’histoire dans Amsterdam occupé
par les nazis, d’un groupe de jeunes hommes
et de femmes qui, sous le nom de « Société
Anonyme », s’est spontanément
formé pour sauver 250 enfants de l’extermination.
Seule une fillette mourut de maladie. Tous
les enfants, échappèrent à
la déportation.
1er trimestre 1992
14 • MONTÉE AU
STRUTHOF
S. Bellakhdar • Si mère Dass
m’était comptée...
F. Dolto • Autour du miroir
T. Peyrard • Montée au Struthof
S. Bellakhdar • La littérature
“immigrée”
A-M. Houdebine • Freud/Saussure/Lacan
et quelques autres
« Au Struthof, la transcendance
n’est, par principe, pas envisagée.
Toutefois, la visite n’a pas été
conçue, coordonnée par des hommes
capables de se résoudre à limiter
ce lieu à la présentation de
l’activité du mal, de la rationalité
destructrice. La référence au
sacrifice pour la liberté - l’invocation
- sert de réponse, de nouveau départ.
Le recueillement demandé n’est pas
seule contemplation, mais rencontre, non avec
une personne transcendante, mais avec ceux
dont la mort - le sacrifice - sert leurs successeurs.
Nulle part dans le Mémorial - est-ce
une intention rédemptrice - il n’est
fait allusion, dans mon souvenir, à
la Collaboration. Il s’agit plutôt de
créer la filiation, le rassemblement
autour de sacrifices qui ne sauraient avoir
été vains. »
Thierry Peyrard • Juin 1992
15 - 16 • PSYCHANALYSTES,
SI VOUS SAVIEZ... Histoire, Remémoration,
Répétition
Textes écrits des
communications présentées au
Deuxième Colloque de Psychanalyse Actuelle.
16-17 Juin 1992 à Paris
Juillet - Décembre 1992
17 - 18 • LA PSYCHANALYSE
A-T-ELLE TOUJOURS VINGT ANS ? + CASSETTE
*** Audit du public
S. Bellakhdar • La psychanalyse a-t-elle
toujours vingt ans ?
W. Borchert • alors, dis NON !
S. Bellakhdar • Le pervers et son image
T. Peyrard • Venise
B. Brecht • Ballade de Marie Sanders
“Putain aux juifs”
M. Weinstein • “Ce serait merveilleux...”
Poèmes dits par E. Schegel et R Meigney
Prise de son et réalisation sonore
• S. Noly
Janvier - Juin 1993
19
• LE PASSEUR EST MERVEILLEUX
SHOAH,
CHEF-D’OEUVRE D’UN ETERNEL AUJOURD’HUI
Extraits du discours de remise du prix «
La Résistance en Art » à
Claude Lanzmann, par Etty Mulder - Amsterdam,
le 4 mai 1993. Traduit du hollandais par M.
W.
1942. « LE PASSEUR EST MERVEILLEUX »
• Siméon Kass
Mémoire d’un petit garçon
de Belleville
Mars
1995
20 • LE PLATEAU
DE REPETITIONS
Le Plateau de répétitions
R. Wolfin • Cendres et remords
F. Saldès • Pour Joss
Février 1994
21 - 22 • FREUD
ET LA GRANDE CATASTROPHE
S. Bellakhdar • Freud et la grande
catastrophe
F. Saldès • Un récit d’origine
M. Weinstein • Sans titre
S. Kass • Minutes d’un cauchemar
Juillet 1994
24 • TABOO
M. Weinstein • Éditorial
S. Bellakhdar • Kateb Yacine
F. Reznik • Un Infanticide
T. Peyrard • Couples mixtes
K. Rachedi • Psychanalystes d’État
J-P. Faye • Rêve Exode
Micheline Weinstein • NON, cela ne va pas, sans dire
Chaque texte est signé
puisque ψ [Psi] • LE TEMPS
DU NON persiste à dire NON à Scilicet, intitulé
par Lacan, seul signataire de la revue anonyme
de son École, et qui signifie en latin
: cela va sans dire.
Mars 1995
25 • QUELLE PSYCHANALYSE APRÈS LA SHOAH ?
M. Weinstein • Éditorial, ThomasMann
• Appels aux Allemands, F.
Dolto, entretien avec J-J. Moscovitz • La Psychanalyse nous enseigne...
Juin 1995
26 - 27 • L’INVENTAIRE
...pour les cent ans d’Anna
Micheline Weinstein • Présentation
Les textes • Les auteurs • La
revue • Les éditions
Oct. - Déc. 1995
30 - 31 - 32 • COURRIERS
Micheline
Weinstein • Courriers juin 1996,
novembre 1996, février 1997
33 • CELA NE
VA PAS SANS DIRE
Paul Macho • Appel
de « Pratiques de la folie »
Charles Benqué, Michel Guibal •
De la focalisation du symptôme
Colette Rouy • À propos
de « Mémoire freudienne, mémoire
citoyenne »
Alegrina Escojido • Mechlen/Malines,
Belgique 1944
Georges Federman • Le cercle Menachem
Taffel
Micheline Weinstein • De la vulgarité
• De la bévue • Des droits
de l’homme
Mai 1997
Micro-édition
ANTOINETTE
BERVEILLER
La vie quotidienne d’une famille
française juive pendant la guerre
Bretagne • Lot • Haute-Savoie1939-1944
1939-1944 : l’exil,
en France, d’une famille dispersée,
puis réunie. Cinquante ans après,
la narratrice se souvient. Souvenirs contrastés
où s’entremêlent situations
humiliantes et dramatiques, mais aussi pleines
de cocasserie, où une vie simple, voire
monotone, bascule soudain et devient cauchemar,
avec ses rumeurs et ses peurs incessantes.
mais aussi un paysage de montagnes inoubliable,
des amis chaleureux, et, suprême réconfort,
la présence ensoleillée de deux
enfants.
ISBN 2-9506438-5-X • mars
1996
RENE WOLFIN
Nouvelles
Dans ces quelques pages qui n’ont pas
la prétention d’être littéraires,
j’ai essayé de faire vivre quelques
êtres particulièrement hors du
commun, que j’ai eu l’occasion
de rencontrer au cours de mes longues années
de médecine en banlieue parisienne.
Y figurent également certains souvenirs
personnels de l’un d’entre eux,
qui m’est cher.
Je n’ai introduit, dans ces courts récits,
rien de vraiment personnel. J’ai relaté,
par ailleurs, mes aventures au cours de la
guerre 1939-1940, dite drôle de guerre.
Mais, ma vie entière, j’ai trop
souffert de la folie meurtrière des
hommes pour qu’il me soit possible,
sans de bien pénibles souffrances,
d’évoquer la mémoire de
ce qui vient hanter mes nuits d’insomnie.
C’est donc d’un ordre de souvenirs
que, obligé du fait de la pesanteur
des années, d’interrompre une
activité médicale qui m’était,
chère, je vais essayer, en ces quelques
récits, d’évoquer pour
vous. Nous sommes, dans notre profession,
très près de nos patients et
à même de les observer physiquement
et moralement, d’où une certaine
connaissance de l’homme et de ses comportements.
J’ai entrepris ce travail d’écriture
pour meubler les loisirs forcés et
interminables d’une retraite obligatoire
et non souhaitée.
Peut-être vais-je être taxé
d’outrecuidance, pour avoir osé
aborder un genre aussi difficile que la nouvelle,
dans lesquels des auteurs anglo-saxons, entre
autres, se sont essayés avec plus ou
moins de bonheur et où seul Guy de
Maupassant a excellé mais, je le répète,
ces récits sont sans prétention,
comme je n’ai pas celle d’être
un écrivain.
ISBN 2-9506438-8-4 •
janvier 1997
MICHELINE WEINSTEIN
La nuit tombe aux environs de 16 heures
30
Travaux • 1967 - 1997
ISBN 2-9512542-3-7 • septembre 1998
JACQUES SÉDAT La première analyse
d’hystérique • Élisabeth
von R
ISBN2-9506438-8-4 •
Mars 1998
MICHEL GUIBAL
Événement psychique
ou Lacan comme le gentil Loing-près
ISBN 2-9512542-4-5 • Septembre
1998
MICHELINE WEINSTEIN
Commentaire
La publication en France de La Famille,
de Lacan, est exactement contemporaine de
l’entrée des nazis dans Vienne
en mars 1938. Ce texte en est le commentaire.
ISBN 2-9512542-5-3 • Octobre
1998
WILLIAM A. KŒLSCH
« Une incroyable rêverie »
Freud et Jung à Clark, 1909 • Conférence prononcée en 1984,
par W. A. Kœlsch, Historien de l’Université
Clark, pour le 75ème anniversaire de
la venue de Freud, sur invitation de Clark,
aux U.S.A. Traduction Micheline Weinstein
ISBN 2-9512542-8-8 • Juin 1999
JEAN-JACQUES
MOSCOVITZ • Rêver
de réparer l’histoire
ISBN
2-9512542-9-6 • Septembre 1999
COLETTE ROUY
Folie d’être entendu
ISBN 2-913957-00-5 • Janvier
2000
SIEGFRIED BERNFELD
De la formation analytique
Introduction de Rudolph Ekstein •
Postface de Micheline Weinstein Psychoanalytic Quaterly, Vol. 31, n° 4,
1962, pp. 453-482
Alors ? Chaque analyste doit-il être
analysé ? Je pense qu’une analyse
personnelle est indispensable pour chaque psychothérapeute, qui devrait
renouveler la chose chaque fois qu’il
pense en avoir besoin.
Traduction Micheline Weinstein
ISBN 2-913957-01-4 • Avril 2000
Petit glossaire des concepts freudiens selon
François Perrier
• Établi par Micheline Weinstein
ISBN 2-913957-03-X / ISSN 0995 1547 • Octobre 2000
MICHELINE WEINSTEIN
Préface
à « Freud • L’hystérie,
la psychanalyse et l’histoire », précédée
de « Forum avril - mai 2002
» (élections présidentielles)
LE FORUM, couvrant la période des élections
présidentielles 2002, est paru en temps
réel sur le site
ISBN
2-913957-05-6 • Août 2002
Aperçu non
exhaustif de quelques auteurs de travaux individuels et collectifs, édités
jusqu’en 2002 en publications papier
Un petit enfant de Terezin, assassiné
à Auschwitz • Denise Baumann
• Saïd Bellakhdar • Wolfgang
Borchert • Joël Bernat • Antoinette
Berveiller • Bertolt Brecht • Hélène
Brunschwig • Catherine Debeugny •
Michèle Dolin • Françoise
Dolto • Martine Dreyfus • Jean-Claude
Dreyfus • Yona Dureau • Alégrina
Escojido • Délia Esquibel •
Jean-Pierre Faye • Suzanne Ginestet-Delbreil
• Michel Guibal • Marcel Hanoun
• Susan Heenen-Wolf • Anne-Marie
Houdebine • Pierre Ickowicz • Vladimir
Jankelevitch • Norbert Jessen •
Nathalie Jungerman • Anna-Patricia Kahn
• Siméon Kass • Bert Kok
• Maria Landau • Marcel Lévy
• Claude Maillard • Françoise
Mandelbaum-Reiner •Thomas Mann •
Roger Meigney • Jean-Jacques Moscovitz
• Nino Mucci • Etty Mulder •
Max Nachmansohn • Fernand Niderman •
François Perrier • Thierry Peyrard
• Claude Rabant • Kadia Rachedi
• Georges Ralli • Florence Reznik
• Nicolas Rochetin • Élisabeth
Roudinesco • Colette Rouy • Frédérique
Saldès • Gricelda Sarmiento •
Erika Schegel • Jacques Sédat •
Louis Sénéchaut • Guy Sizaret
• Sophocle • Anne-Lise Stern •
Laure Trainini • Annie Vacelet •
Micheline Weinstein • René Wolfin
• Petit billet de Freud...
MICHELINE WEINSTEIN
Postface
Comme je tournais autour de mon ombre pour retarder le fait d’écrire,
depuis la veille interrogeant bêtement la prévalence de la théorie
des noeuds sur celle de l’engrenage, l’oeil, porté au-delà
des lettres et définitions, tomba dans Le petit ROBERT - Édition revue, corrigée et mise à
jour, entre enjouement et enlacement sur,
ENJUIVER. v. tr. (1948 ; de en-, et juif). Péj. Pénétrer de l’influence juive.
ENKYSTÉ, ÉE. adj. (1707 ; de en- et kyste). Se dit d’une tumeur ou d’un corps étranger qui reste
isolé dans l’organisme par suite d’un enkystement.
ENKYSTEMENT. n. m. (1864 ; de enkyster).
Formation d’une couche de tissus conjonctif dense autour d’un
corps étranger (ou d’une tumeur) qui se trouve ainsi isolé du tissu environnant.
À juif, revelons seulement,
dans ce même dictionnaire, mis à part les synonymes injurieux qui
ne cessent de se déballer, que c’est un peuple répandu
dans le monde entier et demeuré généralement fidèle
à la religion et aux traditions judaïques.
[Sic ! 0,002 %, qui mènent
le monde c’est bien connu, de la population mondiale avant l’extermination
quasi totale des ashkenazes dont nous sommes les avant-derniers représentants,
et de nouveau actuellement, depuis le milieu des années soixante, puisque
survivants et revenants de la dernière guerre ont malgré ça
réussi à enfanter]
Et merci encore pour la fidélité à la religion et
ses traditions - constitutionnellement antipathiques à la psychanalyse,
faut-il le rabâcher ou jeter en mer la bouteille contenant le message
- de ce peuple, qui pullule comme l’observait
Lacan à propos de l’attribution d’un prix Nobel de biologie,
lors de son séminaire « Les non-dupes... » l’année
universitaire 1973/1974, celle également de “la chiure de mouche”,
qualificatif “chiure” par lui attribuée à la personne
d’Anna Freud, excrément de sa “mouche” de père.
C’était en ce temps où je disais à Perrier, qui résistait
à l’entendre, que Lacan était passé par-dessus bord,
il était devenu gaga. Alors que jusque là, je le considérais,
malgré ses affinités avec Heidegger et Konrad Lorenz, comme un
minotauresque psychiatre.
Usons donc d’humour qui permet non pas de savoir compter en peuple, mais d’égrener de zéro virgule
zéro zéro deux jusqu’à un.
Humour dont de fréquentes pannes handicapent des psychanalystes, affectés, non sans un certain amphigouri, d’avoir
lu dans Jones des remarques, telle celle d’un Freud ayant recommandé
avec chaleur la Gestapo, et qui contribuent ainsi à perpétuer
l’ignorance de ce qu’est un Witz, fut-il féroce et étoilé.
De même, des écoliers-psychanalystes, définitivement
crédules, gobent-ils encore de nos jours le dire apocryphe - et crypto-antisémite
- selon lequel Freud aurait exporté la peste,
épidémie causée par les [le peuple des] rats,
aux U.S.A.
Mais revenons au dictionnaire, dépourvu d’inconscient qu’il
est de ne pas connaître le lapsus. Par
chance, dans le LAROUSSE en couleurs, ancien et moderne, grand et petit,
entre enjouement et enlacement, juste avant enkysté, apparaissent seulement enjuguer puis enjuponner.
Ainsi, selon le ROBERT, Dictionnaire alphabétique et analogique
de la langue française, le verbe enjuiver et par voie de conséquence son adjectif enjuivé(e), auraient-ils été admis à y figurer
en 1948, précédant cette tumeur étrangère que l’on
appelle un kyste, au lendemain
du procès de Nuremberg, après la sordide épuration pendant laquelle, fut-ce identification primaire ou bien même primate,
les cocardassiers du Bon-Beurre rasaient analogiquement les cheveux des amoureuses comme on rasait les juives
au camp.
Une radio culturelle diffusa récemment sa série à-peu-près
bi-annuelle, intéressant une psychanalyse prête à l’emploi,
prononcée par des poseurs qui s’écoutent et se regardent
comme s’ils se plaisaient à s’imaginer être entendus
et vus in vitro, au parler sépulcral ou maniéré - follement
rendu par un épigone qui se produit “à l’ouest”
sur M 6 le samedi soir vers 23 h 15 - à la manière des auteurs
maurassiens cultivés de la N.R.F. Ces gens-là, selon le sobriquet de Saïd, pontifient scolairement
les trois tomes de la biographie officielle de Freud par Jones [1957, traduite
en français en 1969] répétant ses mêmes erreurs et
ses quelques maquillages, lesquels portent aussi bien sur les concepts que sur
les faits, Anna O. etc. Quant à l’intitulé professionnel
de ces gens-là, voilà ce que ça donne
:
“Aujourd’hui - [sous-titre de l’émission] -
par
• Un ou Unetel
psychiatre et psychanalyste
d°
psychothérapeute et psychanalyste
d°
psychologue et psychanalyste
d°
professeur de... à l’Université de... et psychanalyste
d°
etc. et psychanalyste...”
Las ! Cela résonne comme un bizarre écho de parenté
avec ce que l’on appelait, en 1907, révisionnisme. À part
la peur d’être épinglés par le fisc pour revenus non-déclarés,
on peut se demander ce qui motive le titre de psychanalyste-accessoire, cacique
officiellement inscrit de profession à un Ordre médical, psydivers,
universitaire, sauf, tout en étant praticien, théoricien et prosélyte
d’une doctrine bien particulière, à être non-passible
d’acquitter le surplus, lequel surplus est incarné sous le vocable
d’analysant, payeur de sa personne autant, et parfois davantage, que d’argent.
On rencontre, dans l’annuaire, un autre genre d’exhibition,
en gras et en encadré - pour 5000 F l’encadré, quel que
soit le texte y inclus, le service de publicité des télécoms
m’en a fait l’offre, ce pour quoi je l’ai gracieusement remercié
- « Docteur Piraya, psychanalyste
conventionné ». Alors là,
déclarerait Schreber, tout non-sens s’annule.
Vivre, souvent plus que moins en ascète, de l’exercice de
son métier, c’est en tous cas exactement ce que désirait
Freud, ayant essayé jusqu’à l’échec d’affranchir
sa “méthode de traitement” de la psychiatrie et autres “sciences”
voisines, et sans recourir à la discussion de 1925 sur la question de
l’analyse par les non-médecins qui eut le mérite d’isoler
les enjeux, toujours actuels, politiques, de prestance et de pouvoir, est-ce
inepte à valider l’existence de la psychanalyse elle-même ?
Alors qui témoigne de l’exercice de ce métier, sinon
les patients quand ils ne sont pas déjà morts ou par trop détruits
et qui aboutissent chez l’un(e) ou l’autre d’entre nous, après
tant d’années d’analyse, de 7 à 22 ans pour ce que
j’en sais, 2 à 4 analystes de tels institution ou groupuscule,
patients et patientes qui disent s’être faits baiser, au figuré
comme assez souvent au propre si l’on ose la locution, et qui persistent
malgré cela à reprendre l’aventure car “ Je ne peu[t] plus faire autrement”, “ Je ne peu[t] plus vivre comme ça”. On n’est pas là, ripostai-je
dernièrement à quelqu’un, pour se rouler des pelles entre
vieux mais pour entrouvrir au présent, vers un possible avenir, qui est
sans l’illusion, nous ne “croyons” pas, ce qui n’empêche
pas ce que seule la dictature empêche de rêver.
Le glissement qui fait que l’on amalgame le concept d’économie
libidinale à celui d’économie de marché n’est
pas neuf, quoique depuis plus d’une trentaine d’années en
France, dans certain milieu analytique, ça fait très chic de passer
l’adage entre soi et aux patients, selon lequel “Les analystes sont
des gens comme tout le monde”.
De Bidochon à Sade, des demi-mondaines aux hypocondriaques, des
emprunteurs aux avaricieux, des snobs [sine nobilitate] aux sci [sine civilitate], ça s’auto-dédouane des excès qu’entraîne
la non-régulation de ses pulsions.
Alors quel analysant est ou serait suffisamment masochiste, une perversion,
pour se faire refaire de sommes considérables et d’un interminable
temps pris à sa vie sans qu’aucune reconnaissance, aucun respect
jamais de sa parole ne lui soient témoignés ? Et si “les
analystes sont des gens comme tout le monde”, l’analysant est-il
ou n’est-il pas, en analyse ?
Il est vrai, pour rester un instant dans le champ de la perversité,
donc de l’avarice, qu’un personnage annexe est apparu depuis un
peu plus d’un quart de siècle, il est modern style, sophistique,
et se “prêtera” à l’analyse à condition
de la contourner, la calculera d’un certain prix, tablant sur la perspective
d’un bénéfice dans le futur, histoire d’ajouter un
“et psychanalyste” sur son
curriculum occulte et de récupérer au centuple, s’il s’autorise
de lui-même, c’est-à-dire s’il agit par transgression,
sa mise de fonds.
Autre chose. Les diplomates et les dictateurs, des psychanalystes aussi, font montre d’une prudence phobique et manient
l’oral au détriment de l’écrire, de telle sorte que
les propos tenus puissent toujours êtres aménagés dans le
sens de la pente opportuniste - ce n’est pas ce que j’ai, ce qu’il
a, voulu dire, vous avez mal compris sa, ma pensée, son, mon style, son,
mon intention.
Alors laissons traces écrites de nos dires, parlons cru, et aussi
bien d’argent.
La formation d’analystes s’est, dans certains milieux d’après-guerre, complètement délitée,
le mot d’école par exemple s’étant substitué
à la chose, l’instruction ou si l’on préfère,
l’enseignement, au profit du paraître, par identification au narcisse
de tel maître, dont l’un posait comme axiome ceci que “tout”
élève-analysant-futur analyste, “dans [mon] école,
doit passer par [mes] signifiants”, lors même qu’il fustigeait
le tant haïssable Moi.
Cela conduisit à un étrange patouillage d’indiscrétions,
de ravages, de domination, qui est toujours politique, dans et du transfert,
à un mépris de la souffrance, de son symptôme et de sa parole.
Cela conçut trois générations d’indigents
de la culture qui, s’ils s’autorisent praticiens, érigeant
le silence en théorie de l’interprétation, se dispensent
d’écouter - n’ayant pas été entendus ils ne
savent pas - car et l’être parlant et l’inconscient ne les
intéressent pas.
À constater, ce qui n’excuse pas l’“innocence”,
que dans certaine école, l’enseignement
n’allait pas au-delà des programmes de terminale de philo avec,
à la ressemblance des meilleurs temps de la scolastique, une touche de
maths une autre de physique. Ceci pour autant que l’on se reporte aux
noms d’auteurs de référence proposés par le maître.
Résultat, les élèves et les élèves des élèves
d’icelui se manifestent à coups de slogans, sans avoir jamais eu
le goût de lire Freud, et s’ils y prennent, c’est pour appliquer
ces slogans à de pénibles traductions des concepts, lesquelles
ne sont pas sans évoquer ce que les parangons réactionnaires de
l’interprétation en musique ancienne jouent sur des instruments
anciens, sans timbre et sans voix, sans amour et sans joie, et qui ne tiennent
ni la justesse ni l’accord. Enseignement pour une formation aux tâches
d’employé funéraire.
Je terminerai, ou presque, sur les injures traditionnelles qui fusent
dès que l’analyste écrit ce à quoi l’a mené
sa réflexion quand elle est vivace. La gamme est relativement pauvre.
Tous les signifiants peuvent lui être plaqués à l’exception
d’un seul, celui d’analyste. Ce qui est écrit est taxé
ainsi ce n’est
pas de LA psychanalyse, entendre LA majuscule
comme étant la seule qui soit celle de Lacan, c’est de la “polémique”,
de l’“histoire”, de la poétrie etc. Il y a plus ordurier,
c’est l’injure “diagnostique”, c’est-à-dire
l’injure sauvage, comme on dit de l’interprétation, dont
j’aurais honte de faire ici état. Mais alors, demandons-nous qui
les produit et les profère, de qui ça vient, d’où
ça éructe ? Sont-ce des Professeurs d’Université
Privée et psychanalystes, sont-ce
des courtisans et courtisanes et psychanalystes
et de quel souverain et psychanalyste
? Est-ce de Monsieur Lapipelette, journaliste et psychanalyste presseradiotélévisé,
porte-voix des ganguinets et des ganguinettes ? Est-ce de Madame Lacancaneuse ? En quelle qualité débattent ceux-ci
et ceux-là, et sur la place publique de préférence, de
qui est analyste et de qui ne l’est pas ?
On s’en fout. C’est à Perrier d’avoir repéré l’angle
mort.
« De fait, l’enjeu de cette procédure se trouvait,
du côté de Lacan, au service de sa formidable volonté de
scruter les secrets de l’analyse et d’aller plus loin que Freud
dans l’élaboration de la doctrine. Dans cette logique, les élèves
devaient nourrir la pensée du maître et la revigorer par leur apport
: la Passe permettait de filtrer ce matériel, et fonctionnait comme une
banque de sang pour un laboratoire extrêmement sophistiqué, indifférent
à l’identité des donneurs. « Telle était l’économie de cette circulation
de discours : elle alimentait la passion épistémologique de Lacan
mobilisait la naïve ardeur des disciples, - et aussi la froide ambition
des élèves. Par ailleurs, et réciproquement, il devenait
possible de “voir” (sic) comment le discours de Lacan avait
été digéré par ses patients - et par les patients
de ses patients - et comment il était “restitué”. « Certains, dans leur analyse, soutenaient à leur insu cette
jouissance-là, et ils fournirent à l’examen la “matière
la plus louable”, leur propre langue abjurée en faveur de Sa parole.
« Ainsi l’institution dressée autour de Lacan avait-elle
transformé ce travail démesuré en système de sélection
ou de fixation des élèves à des fins politiques, sur des
critères d’orthodoxie et de mimétisme pratique. Il s’agissait
de constituer un corps de serviteurs de la doctrine, et non plus une
élite d’audacieux chercheurs.
« Les membres du jury s’en rendaient compte, mais ils n’avaient
pas la force de se soustraire à cette complicité. La jouissance
du secret partagé, l’attente du pouvoir, la peur de contrarier
Lacan, la dépossession de toute référence extérieure
et le désespoir dont ils étaient imprégnés leur
fournissaient assez d’arguments en forme de rationalisations pour qu’ils
soutinssent le cynisme exigé d’eux. Ils animaient donc ce scénario
tout entier ordonné à des jouissances de voir, de savoir et de
pouvoir, qui procura, au dire de certains des “juges”, la révélation
la moins avouable de toutes parmi les multiples secrets qui cimentaient ce pouvoir
: nombre de candidats démontraient qu’il n’y avait
pas eu d’analyse. Pas plus d’ouverture de l’inconscient
que d’effets psychiques de la cure. Aucune chance de bénéfice
thérapeutique, mais une vocation à l’endoctrinement qu’il
suffisait ensuite de théoriser comme analyse posfreudienne. C’est
pourquoi, peut-être, Lacan a parlé d’échec de la Passe
: sa matière n’était pas louable.
« Bien sûr, d’autres vous diraient que cette épreuve
leur a fait vivre des moments privilégiés, qu’elle les a
relancés dans l’analyse, qu’elle a fondé des amitiés.
D’autres vont réfléchissant et théorisant sur de
futures institutions où cette Passe garderait son rôle de formation
et de sélection. Leur nostalgie de ce partage indique peut-être
la consistance du lien qui les voua au projet de Lacan. Plus il y avait d’amour
et de désir d’être aimé dans cette démarche,
plus un “passeur” risquait de donner sa vie, réellement,
à son insu, ou symboliquement, en renonçant à lui-même,
parce que ce scénario permettait d’aller jusqu’au bout d’une
tendance masochiste, dont l’issue était la destruction de soi en
offrande à l’Autre. »
Le dernier ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON portait l’intitulé du tout
premier éditorial, daté de presque dix ans, lequel a d’abord
circulé sous forme de feuilles volantes quand nous n’avions pas
encore les moyens minima nécessaires à la fabrication, la diffusion
et la publication de la revue. Les fonds de notre’existence sont restés
extrêmement limités mais cela tient sans doute à notre intransigeance.
Chaque auteur vit sa vie, il croise ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON, s’y
joint pour une étape, la quitte lors d’une escale, recroise un
peu plus loin. Il arrive que certains se débarquent volontairement en
cours de route, il est arrivé que, pour cause de malversations ou de
resquille, certains aient été carrément débarqués.
L’inventaire qui précède témoigne seulement du travail effectué
etqu’un sas est passé.
M.
W.
Octobre
1995
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ψ
[Psi] LE
TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
© 1989 / 2016 |
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