Psychanalyse et idéologie

Micheline Weinstein • Réponse au courrier précédent

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

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ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© Micheline Weinstein / 7 Octobre 2007

Réponses au courrier précédent

Paris, le 7 octobre 2007

Cher Monsieur C. G.,

 

Veuillez remercier Monsieur Nicolas Sarkozy de vous avoir chargé de me répondre.

Je ne mets aucunement en doute “sa détermination à lutter contre toutes formes de racisme et discrimination.”

J'ai cependant été peinée que ne figure pas l'antisémitisme dans ce courrier. Mais peut-être est-ce dû à ce que, dans le “cas” que je lui décrivais, vocabulaire et agissements scrupuleusement reproduits, après qu'ils aient été entendus et vus, notamment par des membres - non-Juifs - du bureau de notre association, dont plusieurs fonctionnaires de l'État, il s'agit d'antisémitisme bien français. C'est pourquoi j'en ai également informé la responsable du cinéma de l'Archevêché, à qui j'avais proposé une copie du DVD du dîner présidé par Mgr Lustiger lors d'une rencontre annuelle de notre association. C'est un document très roboratif, accompagné de musique judéo-tzigane, mais certes imparfait car réalisé par l'un des participants, Israélien de passage à Paris ce soir-là. Il n'est donc destiné qu'aux Archives de qui sera intéressé.

Je n'ai pas bien saisi ce qu'il pouvait y avoir d'embarrassant dans ce relevé d'un fait non isolé d'antisémitisme autochtone. ADL - Anti-Defamation League - [lien] rend compte de ce genre de phénomène courant dans chacun de ses courriers bi-mensuels, pays par pays et cela ne semble pas choquer ses lecteurs.

Dans une note ajoutée à mon dernier courrier, je me demandais si cette xénophobie récurrente n'était pas la cause d'une émigration grandissante vers Israël, de familles entières et par ceux et celles, notamment les anciens et moins anciens issus de la déportation, qui en ont les moyens matériels. Pour ceux qui en sont dépourvus, beaucoup finissent leur vie dans le silence, la misère ou quelques mouroirs que j'ai eu l'occasion de fréquenter. Et enfin, sur 3 générations, il y a des suicides, notamment mais pas seulement, d'anciens résistants français, d'artistes et d'intellectuels éminents.

Plus préoccupant encore et plus largement, ce fait de xénophobie, d'ostracisme franco-français, ne concerne pas uniquement la population juive de France, les amis et connaissances de chacun/e d'entre nous, issus sans y être pour rien - comme tous les enfants de la terre -, du monde dit musulman, les “étrangers sans papiers”, en pâtissent durement et s'en effraient quotidiennement. Là encore, il y a augmentation des suicides.

Plus près de mon métier, je m'étonne aussi que les psychanalystes lacaniens, férus sur 3 générations de sémiotique, ainsi que les spécialistes des sciences du langage, n'aient pas encore réagi collectivement et publiquement à la terminologie qui sous-tend les dispositions officielles en faveur de l'introduction de données biologiques, génétiques, aussi bien que simplement humanitaires - accès des sans-papiers aux hébergements d'urgence par exemple, et dans le langage courant.

Un exemple, qui n'engage que mon point de vue : on a lu, dans la presse, lors de la disparition de Jacques Martin, que l'une des ses ex-épouses assisterait aux obsèques. N'aurait-il pas été plus apaisant de lire “la mère de deux de ses enfants” ?

Moins anecdotique : par les lois et décrets en cours d'adoption précités, voici que les mères, prétendument “volontaires”, sont stigmatisées. Ah les mères, les femmes ! Quand par malheur l'Histoire en vient - c'est arrivé - à les suspecter d'être engendreuses de “vies indignes d'être vécues” et de potentiels délinquants dès le berceau.

Nous assistons également, et tant pis pour ceux et celles que cela indiffère, à une survalorisation du Sport, à l'approche des Jeux Olympiques de 2008, lesquels nous en rappellent d'autres, il n'y a pas si longtemps, il y a 70 ans.

La presse, les médias, relèvent aujourd'hui les propos d'un député d'extrême-droite, selon lequel l'indignation de journalistes, d'intellectuels, de la plèbe autant que des “élites”, devant les dispositions officielles précitées, ne serait que “fantasmes”. Quelle étrange et abusive appellation, issue d'un vocabulaire à usage professionnel... Que connaît ce respectable politique des fantasmes de chacun/e ? Je n'irais pas jusqu'à dire “et des siens ?”, qui, vraiment, ne nous intéressent pas. Les citoyens, les personnalités, indignés, seraient-ils des malades mentaux, des délirants potentiels ?

Si, dans la lettre que j'ai publiée sur notre site, j'ai “sauté” par-dessus la comparaison avec Napoléon et son basculement dans la mégalomanie, c'est pour une raison très simple : Napoléon n'a jamais renié tout ou partie de ses origines.

Les Chefs d'État, à de rares et précieuses exceptions près, oublient instantanément, sitôt qu'ils sont élus, qu'ils sont mortels ou qu'un accident de l'Histoire, la misère par exemple, peut les renverser d'un moment à l'autre, avec l'arrivée plus ou moins putschiste d'un dictateur, hypnotiseur des foules. Les lois, les décrets, restent, ne sont alors pas maintenus en jachère... ils sont raidis au contraire et sauvagement appliqués - sauvagement, comme on dit, dans notre métier “interprétations sauvages” avec leurs conséquences catastrophiques.

Comme je l'ai écrit depuis fort longtemps, les injures à la personne, sous toutes leurs formes, selon pas mal de vocabulaires, je les ai entendues depuis la naissance, elles ont accompagné de l'extérieur ce que les linguistes nomment, de l'intérieur, pour l'enfant, la langue source.

De la part des instances officielles plus ou moins importantes, elles se sont fait discrètes quand, lors des mois qui ont précédé l'élection présidentielle, j'ai transmis mon carnet d'adresses individuelles, peu nombreuses, mais de qualité incontestée jusqu'à présent, en même temps que la page d'accueil de notre site [lien]ce qui, m'a-t-il semblé, n'a pas été inutile.

Veuillez recevoir, Monsieur C. G. et transmettre si cela vous paraît pertinent, l'assurance de ma haute considération.

M. W.

P. S. Pour mon “pedigree” complet, s'il est vraiment nécessaire d'en témoigner, il figure dans l'un de mes textes sur le site.

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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