ψ =
psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie.
Le NON
de ψ
[Psi]
LE TEMPS DU NON
s’adresse à l’idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance
délibérée,
est l’antonyme de la réflexion, de la raison,
de l’intelligence.
ø
©
Micheline Weinstein / 6 sept. 2010
«
Au-delà du principe de plaisir... »
• La qualité, le niveau
culturel de France-Inter,
station que nous avions délaissée
à la suite de slogans bruyamment assenés,
d’interviews orientées et de mauvaise foi
délibérée, dans la tranche
matinale 6/9, ont nettement grimpé depuis
l’été. Après 9 heures, quand
bien même nous en aurions le loisir, nous
fermerions les écoutilles - nous le faisions
déjà auparavant - pour ne pas entendre
les entretiens indélicats - cf. celui,
particulièrement, réservé
à Arlette Chabot par exemple - de Pascale
Clark, laquelle ne peut se retenir de surfer quasi
quotidiennement sur les termes “fantasmes”
et “parano” dont elle ne connaît
manifestement pas le sens. Nous avions déjà
écrit à la station à ce sujet,
sans aucun résultat cela va de soi, après
l’invitation par Pascale Clark d’un jeune auteur
avocat fanfaron, ouvertement indiscret, auquel
nous ne saurions que déconseiller de lui
confier des affaires, qui déballait ce
qu’il pensait de ses clientes, se prenant pour
un superchampion de l’écoute d’où,
déclarait-t-il, l’inutilité pour
lui-même de la psychanalyse.
Apparemment, Pascale Clark, à être
l’objet de ses boutades, elle non plus, n’a pas
compris que l’humour, dont
les auteurs de références reconnaissent
qu’il témoigne de l’élégance
d’une forme de désespoir, n’est
jamais méchant,
au contraire de l’ironie, la dérision,
le sarcasme, le persiflage vulgaire... , bref,
selon les aptitudes des locuteurs, de la cruauté
infantile, inutile...
• Annulation, pour la 2 ou 3e
fois, de notre abonnement à l’hebdomadaire
Marianne.
Mais, d’abord, pourquoi étions-nous
abonnés ?
C’est une longue histoire qui nous intéresse
en ce qu’elle croise la psychanalyse depuis une
quarantaine d’années - Le Nouvel Observateur
aussi d’ailleurs, mais nous ne sommes pas abonnés
-, avec l’avènement des 30 soixantuiteuses, qui succédèrent aux 30 glorieuses...
Du temps déjà de L’événement
du jeudi,
puis de Marianne, nous nous étions abonnés, désabonnés,
réabonnés, re-désabonnés,
cette fois définitivement. Quelles que
soient les volte-face ultérieures en forme
de pitreries, le langage n’y est pas suffisamment
de la première fraîcheur.
La résiliation flottait pourtant dans l’air du temps.
Trois numéros en ont sonné le glas,
non pas celui de l’hebdomadaire qui se félicite
d’une excellente santé financière
et populaire et n’a donc pas besoin de notre financière
sympathie.
En vrac et en 3 points.
1 • Marilyn Monroe.
Après l’annonce pour cet automne de
la parution des Fragments, poèmes, écrits
intimes posthumes, de Marilyn Monroe, Marianne nous offrait un encart signé Alexis Lacroix,
intitulé « L’autre Marilyn existe-t-elle
? ».
C’est l’article d’un homme aussi trivial
que le fut le signataire dont j’ai oublié
le nom de celui paru dans le Canard Enchaîné
à la mort de MM en août 1962. Jamais
une femme ne se serait exprimée de la sorte.
Lacroix, pourtant chroniqueur au Magazine
Littéraire, s’est contenté, semblerait-il, pour le meilleur,
de piocher l’essentiel de ses informations dans
la presse ou sur Internet, négligeant de
se référer aux ouvrages, essais,
études, récits romanesques, le plus
souvent tendres et documentés, tels ceux
de Michel Schneider, Joyce Carol Oates, Tony Curtis,
Barbara Leaming... et combien d’autres, essentiellement
américains - cf. également sur notre
site en 2006, où j’essaie de donner un
aperçu de ce qu’est devenue, via l’analyste
de MM, la psychanalyse en tant que produit Hollywoodien,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/maryldernsean.html
et pour le pire, un Lacroix faisant montre de son viril mépris
sexiste émaillé d’un illettrisme
délibéré, qu’illustrent ces mots de fin d’article :
“Est-ce [que ce livre est ] une construction
de toutes pièces ?”
2 • Dans une lettre à la direction
de France-Culture,
http://www.ipetitions.com/petition/nonaonfraysurfranceculture
- à ce jour 1447 signataires -, psychanalystes, apprentis et professionnels,
psychologues, universitaires, auteurs, artistes,
médecins, et sympathisants de toutes conditions,
s’étonnaient de la place privilégiée
accordée à Michel Onfray sur ses
ondes, à la suite de la publication de
sa fiction plutôt rance sur Freud.
De mon côté,
dans cette affaire, j’avais témoigné
à mon modeste niveau qu’Onfray n’avait
pas davantage lu sérieusement, attentivement,
Freud que Nietzsche. Cf. sur notre site mon journal
de bord, suite à l’entretien de Jacques-Alain
Miller avec Onfray, dans Philosophie Magazine,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/2opa.j.debord.html
Je ne prendrai
qu’un exemple de son inculture délibérée,
priant les lecteurs et lectrices éventuels
d’excuser la crudité de l’argument. Onfray
étale, matamore, combien sa masturbation
mécanique accompagnait sa lecture de Freud.
Si Onfray avait la moindre connaissance des bases
de la psychanalyse, il saurait que la masturbation
intensive, prenant ou non la lecture comme support,
étayée ou non de fantasmes érotiques
(non, chez les schizophrènes), est une
activité absolument incompatible avec l’exercice
de penser, en ce qu’elle disperse l’attention,
vidant radicalement l’esprit de toute potentialité
de réflexion. C’est le b-a-ba ou encore
l’a-b-c de l’influence de l’autoérotisme
non-contrôlé sur les limites des
facultés de l’intellect. Par contre, pour
ce qu’il en est de rédiger, en philosophie,
les images érotiques, le virtuel, qui accompagnent
l’exercice masturbatoire réitéré
entraînent le plus souvent l’auteur du côté
d’une écriture à caractère,
sinon directement obscène, du moins exhibitionniste,
toujours menacée de xénophobie,
de sexisme, d’inspirations cancanières,
puisque suscités par des fantasmes qui,
faut-il le rappeler, pour la psychanalyse, sont
toujours sexuels. Se reporter pour exemple, hélas,
à certains écrits de Voltaire, Céline,
Hegel [cf. De l’Allemagne]... , au Livre
noir de la psychanalyse, dont Onfray, qui
ne s’est jamais, ne serait-ce que prêté,
à l’expérience psychanalytique individuelle,
s’est, à ses dires, régalé.
En tout état de cause, s’il s’était
intéressé à la psychanalyse,
il aurait appris l’un de ses principes fondamentaux
: la vie et les pratiques intimes de l’analysant/e
tout comme celles des psychanalystes ne s’exhibent
pas, elles doivent rester une affaire privée,
privative.
Freud notait, dans
Totem et Tabou,
qu’un discours philosophique non maîtrisé
s’apparentait au discours du délirant...
J’avais déjà
relevé les thèses d’Onfray en 2007,
lors qu’il essayait de flirter avec Nicolas Sarkozy
pendant la campagne électorale, et les
avais qualifiés de révisionnistes.
Ce texte figure sur notre site, je ne sais plus
où, c’est un peu ancien, il n’a pas intéressé
grand’monde comme d’habitude... excepté
à l’époque, en réponse, la
réception de quelques lettres indignées
d’extrêmes-gauches au pluriel.
Et voilà qu’à la suite de notre
interrogation auprès de France-Culture,
Marianne, qui s’est médiatiquement repue pendant des
semaines de la polémique, publie sur deux
pages un entretien du même Alexis Lacroix
à la gloire de Michel Onfray.
Las ! Michel Onfray est aujourd’hui rassuré,
il a trouvé son tuteur philosophique en
la personne de Jean-Luc Mélanchon, lequel
prône haut et clair la liberté de
penser et de s’exprimer tout en fustigeant qui
ne pense pas comme lui au prétexte de voler
dans les plumes d’Alain Minc, avec une mauvaise
foi assez stalinienne issue d’une lecture approximative.
Nous ne concevons aucune velléité
d’attentat à la liberté de penser,
d’écrire, de s’exprimer. Par contre si
certains auteurs avaient l’urbanité de
bien vouloir ne pas emprunter, ni à la
psychanalyse ni à sa terminologie, devant
lesquelles ils manifestent une résistance
aussi obscurantiste que l’âge de sa création
par Freud, qu’ils décrient sans même
chercher à savoir de quoi ils parlent,
nous leur en saurions, modestement, gré.
3 • Simone Veil a-t-elle répondu
à la “supplique” de Maurice
Szafran, parue en éditorial dans Marianne,
au sujet des Roms, afin qu’elle intercède
amicalement auprès de Nicolas Sarkozy ?
En 1994, Maurice Szafran publiait Simone
Veil - Destin,
réédité récemment,
que j’avais trouvé plus que médiocre,
en ce que les informations qu’il avait collectées
n’émanaient, exclusivement, que de propos
oraux, échangés avec son égérie
psychanalyste ainsi qu’avec l’intéressée,
à l’époque où, depuis les
années 68 / 70, l’auteur croisait avec
un “Labo / psy” lacanien alors centré
sur la déportation. L’ouvrage hagiographique
de Szafran sur Simone Veil, émaillé
d’erreurs aussi bien historiques que personnelles,
notamment celles portant sur la vie dans les camps,
plus précisément celui de Birkenau,
aurait pu être qualifié de “transférentiel”.
Toute recherche, toute documentation, toutes vérifications
des dires, en étaient absentes.
Simone Veil a-t-elle répondu à
la “supplique” de Maurice Szafran
ou s’est-elle désistée, comme elle
le fît, par écrit, en 1979, au prétexte
que “Je n’ai plus aucune activité
politique” lorsque je l’ai sollicitée
pour nous aider à promouvoir Histoire
de Louise
? C’était au temps où Papon était,
une fois encore, co-Ministre ; plusieurs semaines
auparavant, L’Express
avait publié l’entretien avec Darquier
de Pellepoix ; bientôt allait jaillir également
de sa boîte l’affaire Bousquet...
Seulement voilà, l’Histoire
de Louise était
préfacée par Françoise Dolto.
En 1974, j’avais trouvé dommage que
Simone Veil, lors de la première séance
du 26 novembre devant l’Assemblée Nationale
au sujet de la loi en faveur de l’avortement,
qu’elle a superbement remporté de haute
lutte, ait certes, salué “ceux d’entre
vous - et ils sont nombreux et de tous horizons
- qui, depuis plusieurs années, se sont
efforcés de proposer une nouvelle législation,
mieux adaptée au consensus social et à
la situation de fait que connaît notre pays”
- excepté Lucien Neuwirth et son entour
politique favorable, à considérer
la suite des débats, nous nous demandons
encore s’ils étaient aussi nombreux qu’elle
l’a bien voulu espérer -, n’ait pas témoigné
au passage, justement à la tribune de l’Assemblée
Nationale - c’était l’occasion ou jamais
devant un aréopage quasiment exclusif d’hommes
politiques responsables - d’un petit mot de reconnaissance
envers celles qui, depuis des décennies,
intellectuelles ou non, avaient, avec ténacité,
sans concessions, patiemment, fait en sorte que
ce terrain explosif soit amendé, au prix
de railleries sexistes, voire d’humiliations verbales
d’une grossièreté consternante,
dont elle-même fut également la cible,
parfois même de la part de psychanalystes
éminents.
Ménie Grégoire, qui s’est “assujettie”,
comme disait Freud, à une longue psychanalyse
pour rester en mesure de faire face à la
détresse humaine, l’a rappelé, lors
de la diffusion sur France 5 du documentaire réalisé
par Marie-Christine Gambart,
Je suis allée
auprès de la Commission des Lois au Parlement
pour dire ce qu’était l’avortement, comment
ça se passait. Il n’y avait que des hommes.
Je suis allée leur raconter les plus horribles
histoires pour qu’ils sachent ce qui était
vraiment vécu. J’ai vu changer leur regard,
leur visage, brusquement, ils sentaient que l’avortement
était leur affaire à eux, qu’ils étaient
responsables, ils étaient dans le coup.
Les noms de ces femmes de tous les
pays et générations figurent dans
le n° double 75 / 76 de Femmes-info, printemps 1996, dont on peut se procurer le texte
intégral via
Internet.
Pour ce qui nous intéresse professionnellement,
que Simone Veil ait conçu une antipathie
envers Françoise Dolto et d’autres femmes
catholiques, qu’elle ait ignoré leurs propositions,
reposait, semblerait-t-il, sur un malentendu.
S’il fut des personnalités
témoignant par leur engagement qu’elles
n’étaient pas hostiles à l’interruption
volontaire de grossesse, c’étaient elles.
Mais d’une part, ce qu’elles préconisaient
d’abord d’urgence, c’était la dépénalisation de ceux parmi les médecins favorables à l’IVG, par l’admission
officielle de cette pratique médicale,
de sorte de mettre fin aux sordides charcuteries
clandestines, avec leurs nombreuses conséquences
autant psychiques que physiques ; d’autre part,
elles estimaient qu’une application sans nuances
d’une loi n’aiderait pas les jeunes filles et
les femmes à résoudre les effets
sur leur psyché d’avortements qui demeureraient
secrets dans la plupart des cas, qu’une approche
terminologique, une préparation pédagogique,
un accompagnement psychique, une parole, étaient
nécessaires, ce que les centres de planning
plus ou moins légaux et, individuellement,
des psychanalystes, dont Françoise Dolto
elle-même, protégés par la
garantie du secret professionnel, avaient déjà
mis en œuvre depuis quelques lunes sans attendre
l’autorisation des instances juridiques.
Voici ce que répondait Françoise
Dolto à l’interrogation de Jean-Jacques
Moscovitz le 30 décembre 1987 dans l’entretien
La psychanalyse nous enseigne qu’il n’y
a ni bien ni mal pour l’inconscient, auquel il est possible de se référer
à l’adresse suivante,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/jjmdolto.html
D’ailleurs
le fait même [...] qu’on justifie,
qu’on justicie, l’avortement, qu’on
légalise l’avortement, on le dit,
on dit ce mot-là, alors qu’on devrait
dire qu’on dépénalise,
on devrait dire dépénaliser l’aide
à une mère qui veut avorter. Légaliser l’avortement, c’est incroyable qu’une
société puisse dire ce mot-là.
Avec ce mot-là, ça devient la loi,
que la vie, c’est avec le conscient qu’on
la régit. Alors que la vie est sourcée
dans l’inconscient et n’est pas régissable
par le conscient. Il ne faut pas la régir.
Dans régir, il y a le mot roi. Le roi lui-même,
s’il vit, s’il survit, c’est
par son inconscient. Et tout ce qui peut jaspiner
et ordonner et déclarer, c’est par
le conscient, et encore par une partie tout à
fait, enfin, obscène, obscène dans
le sens très lourd du terme. Le conscient
règle les questions des comportements d’apparence,
les corps de mammifères debout que nous
sommes et qui circulent les uns avec les autres.
Pour qu’il y ait une relative harmonie,
on établit des lois et, soi-disant, si
on n’est pas dans ces lois, alors on est
fautif.
Que l’on soit ou
non en accord avec ce point de vue, il n’est pas
à négliger pour autant et mérite
pour le moins d’être pris en considération
et discuté.
C’était une petite ballade dans l’histoire
de l’utilisation des idées en forme d’adieu
à Marianne...
ø
Je ne commenterai pas ce qui se passe aujourd’hui,
les médias s’en chargent, à ceci
près que les manifestations de bonne conscience
au sujet des campements Roms semblerait servir de support à la mobilisation
contre le projet de réforme des retraites,
malencontreusement mené par un responsable
politique englué dans le marigot du Règne
/ Argent, avec tous les commerces d’influence
que cela implique auprès de nos zélites.
Du moment qu’il ne s’agit pas des Juifs,
quel consensus !
Par ailleurs, je ne vois pas en quoi chanter
Les petits papiers,
excepté le mot “papiers”, a
à faire avec le soutien aux sans-papiers
et aux Roms.
Je ne reviendrai pas non plus sur l’obscénité
qui consiste à emprunter la terminologie,
les slogans, les insignes, de la déportation
et de l’extermination des Juifs et des Tziganes
pour flétrir les auteurs de la récente
opération gouvernementale, ça se
pratique depuis 60 ans, Israël, et pas seulement
Israël, en savent quelque chose, ils ont
l’habitude de ces retournements infantiles idéologiques, terminologiques [cf. la notion de “sécuritaire”
par ex.], et toutes les tentatives pédagogiques
pour tâcher de faire appel à une
analyse intelligence des situations réelles
furent et restent vaines.
Il est vrai que les Roms sont ghettoïsés
en Roumanie, en Bulgarie, en Transnitrie, dans
des conditions assez proches de celles du Juif
errant est arrivé, décrites par Albert Londres en 1929. Cependant
s’ils sont négligés, ségrégués,
laissés pour compte, ils ne sont, dans
leurs pays, ni expulsés ni pourchassés
en vue d’une “solution finale de la question
Rom”.
Et en l’occurrence, d’après ce que
j’ai lu, il n’a jamais été question
d’expulser en bloc les Roms, les Tziganes, les
Gitans, ni autres gens du voyage, mais de dissoudre
les campements spontanés et de reconduire leurs résidents,
avec l’aval
ou le soulagement implicite de la plupart des
Maires de France, quelle que soit leur “sensibilité”
politique, ainsi que de leurs administrés,
dont - j’en ai, avec surprise, entendu en Île
de France, à Bordeaux, dans le Jura, le
Luberon, dans les rues... -, pas mal d’intellectuels,
anciens “maos” qui, exaspérés
par des délits, les globalisent sous l’appellation
de “voleurs gitans”.
Par contre en effet, le tapage médiatique
organisé rendant compte de la façon
de procéder aux expulsions à coups
de tombereaux était pour le moins indélicat,
malavisé, inutile, sauf pour le FN.
Et voilà que, exactement comme lors
de la campagne présidentielle de 2006 /
2007, Nicolas Sarkozy, dont une partie juive de
la branche grand-maternelle de Salonique fut exterminée,
est de nouveau, publiquement ou plus sournoisement,
via insignes, caricatures, slogans, basses allusions, désigné
comme nazi...
Cela plonge dans l’embarras, car si les façons
de faire et de dire de ses détracteurs
sont irrecevables, il est difficile de ne pas
penser que Nicolas Sarkozy, pourtant intelligent
mais imprudent, s’il s’est démené
pour être élu en étant de
surcroît aimé, n’aime, lui, pas grand’monde,
en tous cas n’aide
pas grand’monde, et qu’il a bien cherché
ce qu’il trouve aujourd’hui. L’indécence
publique de ses éloges en faveur de l’argent,
prôné comme une qualité morale
de premier plan, l’énorme fossé
qu’il a incité à creuser jusqu’à
réduire la notion de “classes sociales”
à une étanche bipolaire répartition
entre les riches et les autres, des paroles à
la limite de la déconsidération
pour ceux de la plèbe aussi bien que ceux,
de toutes conditions, qui ne figurent pas dans
le Bottin Mondain ou n’appartiennent pas à
des “lobbies”, l’exposition de ses
déboires conjugaux aussi bien que de ses
conquêtes, le nivellement de la pensée
vers le bas, les attributions de postes et locaux
de complaisance, bref toute cette quincaillerie
publicitaire, ont contribué à supplanter,
dans l’esprit des citoyennes et des citoyens,
ses actions positives réelles.
Enfin ! Aussi longtemps que les Juifs, malgré
eux et malgré la douleur que cela leur
inflige, ne sont concernés qu’à
travers les emprunts à la terminologie
antisémite de tous les siècles,
tout finit toujours par s’arranger, grâce
notamment aux exhortations langagières
qui contribue sérieusement à fleurir
l’extrême-droite !
ø
Il y a donc toujours plus Juifs que les Juifs
eux-mêmes, plus génocidés,
en vrais coupables universels, on ne sait pas
très bien de quoi, comme si d’autres analogies
étaient, avant même la Chrétienté,
impossibles, voire tabou.
Mais pourquoi ne flanque-t-on pas la paix
aux Juifs et à la psychanalyse !
Que Freud n’ait cessé de démontrer
que les Juifs sont simplement des êtres
humains parlant dotés des qualités
et turpitudes propres à tous les êtres
humains parlant, n’a eu comme portée que
le soulèvement de résistances d’airain
- y compris par des Juifs - à cette évidence.
La pratique de la psychanalyse nous enseigne
pourtant que pas plus les Juifs que les non-Juifs
ne souffrent d’inconscient collectif et de mémoire
collective, mais qu’il y a des représentations
collectives
qui soudent les identifications des
masses à la quête, dans chaque
domaine public, d’un meneur idéologique
- cf. Massenpsychologie
und Ich-Analyse
de Freud - capable de faire se dresser les humains
les uns contre les autres et s’exterminer mutuellement,
dans les familles, les groupes, les populations,
étayés du narcissisme des petites
différences... C’est, semble-t-il, en biologie
seulement que la sauvagerie humaine, héritée
de l’espèce animale, peut évoquer
un patrimoine collectif, désigné
par Freud comme “générique”.
La psychanalyse est, depuis un siècle,
manipulée de telle sorte que, sans le plus
souvent en avoir étudié les fondements,
nombre parmi ceux qui s’en réclament, tout
en établissant des théories personnelles
qui la contestent, se déclarent plus psychanalystes
que Freud lui-même ou, pour être modernes,
s’en vont puiser des concepts empruntés
aux sciences physiques et mathématiques
qui instaureront de nouvelles phraséologies,
de nouvelles pratiques, lesquelles rencontrent
un beau succès.
Sur le plan clinique par exemple, Lacan,
qui avait le culot de se comparer à Spinoza,
ne s’est jamais préoccupé de l’analyse des rêves
de ses analysants, cela demandait sans doute beaucoup
trop de travail, alors que, selon Freud, l’analyse
de l’hystérie, des rêves, la psychanalyse
en soi, sont une seule et même chose, ils
sont de même structure.
C’est ainsi - notamment - que Lacan a transmis
à ses analysants et élèves
sa propre consigne, celle de “dé-parler”.
“Dé-parler” est une expression
régionale de la Loire qui m’a été
passée par Thierry Peyrard, elle s’applique
aux personnes auxquelles l’usure du temps fait
“perdre la tête”, soit à
“La maladie d’Alzheimer”, dont Freud
cite déjà les travaux.
Sur le plan des concepts, la mode est à
celui de “résilience”, qui
rendrait compte de la faculté de rebondir
qu’auraient, après y avoir résisté,
les sujets marqués par un trauma - pour
Cyrulnik, les enfants, comme lui, de déportés
non-revenus.
Résilience est un terme anglais des débuts du XIXe
siècle, qui signifie, d’après le
Grand Usuel Larousse, je souligne en italiques,
« ...la caractéristique mécanique définissant la résistance [et le rebondissement]
aux chocs d’un matériau. (La résilience
des métaux qui varie avec la température est déterminée en provoquant la rupture
par choc d’une éprouvette normalisée). »
Étant moi-même directement concernée
au double titre de la déportation et de
la psychanalyse, et n’appréciant pas énormément
que l’on se serve de la déportation et
de la psychanalyse sans être dûment
documenté sur ce qu’il en est du trauma,
j’ai repris attentivement mes classiques, et me
suis interrogée sur la nécessité
de remplacer par résilience qui consisterait en, je cite, “la capacité à bien vivre et à
se reconstruire après un traumatisme”,
la résistance
de la psyché à surmonter un trauma,
grâce aux forces de l’instinct
de vie, et
à pondérer ses effets potentiels
dépressifs, à l’aide cette fois
de ce qui fut nommé, plus ou moins pertinemment,
car absolument réducteur, encore que cela
conviendrait ici, un “Moi fort”.
Les choses ne sont pas si élémentaires.
Avant de parler de résilience, il
serait peut-être utile de reprendre sérieusement
les concepts de refoulement, de réminiscences,
d’angoisse comme mécanisme de défense.
Le trauma est un choc brut par effraction,
imprévisible, lors duquel se produit un
évanouissement de l’inconscient qui barrera
à sa suite l’accès rétroactif
aussi bien aux réminiscences qu’à
ce qui est refoulé. Seule l’analyse du
rêve [Traumdeutung]
traumatique répétitif permet de faire se convertir progressivement
l’effroi en angoisse, c’est-à-dire en processus
de défense. C’est ensuite seulement que
la psychanalyse pourra procéder à
l’étude des mécanismes de défense,
qui pourra permettre d’ouvrir à une possibilité
d’accès au refoulement, par déblocage
de la parole, et à l’espérance,
dans l’avenir, de ce que l’on désigne par
“retour du refoulé”. Mais ce,
à condition que le “principe de plaisir”
de la pulsion, non pas du sujet, s’il maintient le sujet sous son emprise dans une
profonde passivité, allant quelquefois
jusqu’à la schizophrénie, puisse
être maîtrisé. À cette
étape du travail seulement, pourra commencer,
non pas “mécaniquement” ni
par la “rupture d’une éprouvette”,
l’œuvre de reconstruction par l’analyse.
Ce n’est pas toujours possible quand le “principe
de plaisir” de la pulsion, non pas du
sujet, persiste à tirer le sujet vers le bas, vers
une dépense d’énergie minimale afin
que ce processus retarde l’échéance
de la mort. La fonction sublimatoire [équivalent
approximatif pour les philosophes, car délesté
de la charge pulsionnelle, de “transcendantale”]
s’en trouve mise en échec. La psyché,
si elle est restée fixée à
la phase infantile perverse-polymorphe, peut alors
recourir, comme “rebondissement” non
morbide, aux perversions, mais en ce cas nous sortons des compétences de
la psychanalyse.
Laissons plutôt à Freud le soin de recadrer ce qu’il en
est du trauma,
Quand les
rêves des patients affectés de névrose
traumatique [causée par un accident]
les renvoient avec une régularité
quasi systématique à l’occurrence
de leur trauma [réel],
ils ne sont alors assurément pas au service
d’une réalisation [hallucinatoire] de désir, même si ce qui cause le phénomène
hallucinatoire occupe cette fonction [d’accomplissement
de désir]
sous l’autorité du principe de plaisir.
Nous pouvons donc admettre que ces rêves
répétitifs s’acquittent d’une autre
mission, dont les conditions doivent être
d’abord remplies avant que puisse commencer à
agir la domination du principe de plaisir. Ces
rêves cherchent à maîtriser
rétroactivement les stimuli, en développant
l’angoisse dont le manque fut la cause de la névrose
traumatique.
Freud
• Au-delà du principe de plaisir
Assez souvent,
lorsqu’un état d’angoisse fait pressentir
[au névrosé] que
quelque chose d’horrible va se produire, il est
simplement sous l’influence d’un souvenir refoulé
qui voudrait accéder à la conscience
mais ne parvient pas à devenir conscient,
celui d’un effroi qui eut lieu réellement.
Freud
• Constructions dans l’analyse
M.
W. 6
septembre 2010
ø
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