ψ =
psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie. Le NON
deψ
[Psi] • LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.
ø
©
Micheline Weinstein
2
OPA
Journal
de Bord • Mars / Avril / Mai 2010
Je
m’autoriserai ici à mettre un terme à
mes informations autobiographiques. Du reste,
en ce qui concerne ma vie personnelle, mes luttes,
mes déceptions et mes succès, le
public n’a aucun droit d’en savoir davantage. C’est incroyable ce que l’on est capable de faire
quand on n’a pas le choix. Tony Curtis et Mark A. Veira Certains l’aiment chaud ! et Marilyn, traduit
par David Faquemberg, Le Serpent à plumes,
2010
1
Deux OPA
Qu’est-ce qu’une OPA ?
L’OPA,
ou Offre Publique d’Achat, est une proposition
d’achat faite par une société aux
titulaires d’actions d’une autre société
afin d’acquérir le contrôle de cette
dernière. En anglais “Takeover bid”,
ou prise de pouvoir à l’encan.
Nous allons donc essayer d’explorer
deux formes particulières d’OPA, l’une
sur la psychanalyse, l’autre sur la déportation
des Juifs, qui souvent se croisent.
Commençons par la psychanalyse,
à partir d’un entretien Onfray-Jacques-Alain
Miller paru dans Philosophie Magazine,
n° 36, de février 2010, dont le chapeau
s’intitule En finir avec Freud ?
“En
finir” ?
Décidément « La solution finale...
» n’est toujours pas résolue...
Nous ne résisterons
pas à rappeler ce mot de Mark Twain, que
Freud et Anna aimaient à citer, à l’annonce
réitérée de la mort de la
psychanalyse,
La
nouvelle de ma mort est fort exagérée...
Sur l’aspect plus précisément
de l’imminente publication d’une besogne que s’est
imposée Onfray, présentement fétiche
passager ou amusette des médias - un clou
chasse l’autre... -, consistant - un de plus -
à démolir Freud, il n’est peut-être
pas inopportun d’interroger la responsabilité
intellectuelle d’un monde de l’édition
peu regardant sur la qualité de ses publications.
Ah ! L’argent !
Sur Onfray, qui me sert
ici uniquement de prétexte, je ne m’attarderai
pas, il n’a, à ma connaissance, à
aucun moment exprimé une demande d’analyse
personnelle, d’où la question de sa légitimité
à parler, parfois même à brailler,
contre la psychanalyse. Si bien que son ouvrage,
comme tant d’autres, est édifié
sur un ramassis de “on-dit-on écrit”
recueillis dans les poubelles de la littérature
à ce sujet. Certes, comme nous l’observons
dans certains symptômes bien connus, tous
les arguments de l’auteur ne sont pas faux. Disons
que ce fatras de quérulence correspond
à ce que l’on désigne, en philosophie,
par “sophisme”, c’est-à-dire
qu’il est assis sur, je cite, la “manipulation
d’un raisonnement vicié à la base
reposant sur un argument séduisant mais
faux, destiné à induire l’interlocuteur
en erreur [...] de telle sorte que la persuasion
soit obtenue par effet charismatique de celui
qui sait manier la parole et non par la mise en
évidence de la vérité”
(GUL).
Bref, autrement dit, démarche
intellectuelle que nous pourrions appeler, doublement
ici, malhonnête, déloyale.
Je ne m’attarderai donc ni
sur le personnage de l’auteur ni sur sa production,
Élisabeth Roudinesco a pris soin d’en écrire
et d’en commenter l’essentiel que l’on peut, que
l’on doit, lire à l’adresse suivante,
http://psychanalyseactuelle.free.fr/
Rappelons tout de même
que, pour parler psychanalyse, il est conseillé
de s’être tout d’abord, dans tous les cas,
obligé/e, en toute confiance, à
une analyse personnelle. Et non “prêté”,
car ça n’engage pas.
Dans cette perspective, les médias, salons, cafés
littéraires, sauteries de toutes extraces
pourront consulter à l’adresse ci-dessous
le texte de Freud dont je reproduis ici un extrait,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/freudlumieres.html
Précisions, applications, orientations* XXXIVe Conférence sur la psychanalyse
/ 1932 Mesdames, Messieurs ! Puis-je
exceptionnellement, pour adoucir le ton un peu
aride de ces conférences, vous parler de
choses qui ont très peu de portée
théorique, mais qui cependant vous concernent
de près, pour autant que vous soyez favorablement
disposés envers la psychanalyse ? Supposons,
par exemple, qu’à vos heures de loisir,
vous attrapiez un roman allemand, anglais ou américain,
dans lequel vous vous attendez à trouver
une description de l’être humain de même
qu’un état des conditions de vie propres
à notre temps. À peine quelques
pages, et vous tombez comme par hasard sur une
première critique de la psychanalyse, suivies
d’une kyrielle d’autres, alors que le contexte
ne semble pas les rendre indispensables. N’allez
pas imaginer qu’il s’agit-là d’applications
de la psychologie des profondeurs destinées
à mieux comprendre les personnages du texte,
ou leurs actes - soit dit en passant, quantité
d’ouvrages autrement plus sérieux s’y emploient
incontestablement. Non, ce sont pour la plupart
des réflexions destinées à
tourner la psychanalyse en dérision, par
lesquelles l’auteur du roman se propose d’étaler
l’étendue de ses lectures autant que sa
supériorité intellectuelle. Dès
lors, vous avez rarement l’impression qu’il sait
réellement de quoi il parle. Ou encore, pour vous détendre,
vous allez passer une agréable soirée
en société, pas nécessairement
dans Vienne. En un tournemain, la psychanalyse
surgit de la conversation, vous entendez alors
les gens les plus dissemblables proférer
leur jugement avec, le plus souvent, un aplomb
imperturbable. Ce jugement est très régulièrement
des plus péjoratif, méprisant, injurieux,
et pour le moins, toujours caricatural. Si vous
êtes assez imprudents pour laisser filtrer
que vous savez un petit quelque chose sur ce sujet,
d’un commun accord tout le monde vous tombe dessus,
réclame renseignements et explications,
et vous donne très vite la ferme certitude
que tous ces jugements édictés à
l’emporte-pièce n’ont été
étayés d’aucune information préalable,
que pratiquement aucun de ces contradicteurs n’a
une seule fois pris en main un livre de psychanalyse
ou, s’il l’a fait, qu’il n’a pas surmonté
la toute première résistance, suscitée
par sa rencontre avec ce nouveau matériau. Peut-être attendez-vous
d’une introduction à la psychanalyse qu’elle
vous fournisse aussi des pistes quant aux arguments
à utiliser pour rectifier les erreurs manifestes
portant sur l’analyse, ainsi qu’aux livres à
recommander pour acquérir une information
plus juste ; ou même, quels exemples, émanant
de vos lectures ou de votre expérience,
faire valoir dans une discussion susceptible de
modifier la place que la société
lui confère. De grâce, ne faites
rien de tout cela. Ce serait inutile ; le mieux
pour vous serait de taire votre savoir en la matière.
Mais au cas où cela ne s’avèrerait
plus possible, limitez-vous alors à dire
autant que vous y parveniez, que la psychanalyse
est une branche particulière du savoir,
très difficile à appréhender
et à décomposer*. Dîtes qu’elle s’occupe de choses autrement sérieuses,
que ce n’est pas à coups de galéjades
dérisoires qu’on y aura accès, et
enfin qu’en guise de divertissement social, il
serait préférable de se trouver
un autre hochet à agiter. Naturellement,
gardez-vous de vous commettre avec tout exercice
d’interprétation, pour peu que des gens
malavisés vous exposent leurs rêves,
et ne vous laissez pas aller à la tentation
de faire de la propagande pour l’analyse, en rapportant
des cas de guérison. Vous pouvez néanmoins
vous demander pourquoi ces gens, ceux-là
mêmes qui écrivent des livres ou
qui font conversation, se comportent avec autant
d’inélégance, et vous serez porté
à attribuer cela, non seulement aux gens,
mais également à la psychanalyse.
C’est d’ailleurs ce que je pense ; ce que vous
avez perçu, dans la littérature
et le social, comme étant un jugement hâtif
et préfabriqué, n’est que l’écho
d’un verdict plus ancien -, celui-là même
que les représentants de la science officielle
ont rendu devant la psychanalyse naissante. Je
l’ai déjà déploré
dans une description historique [1] et ne vais pas recommencer - peut-être cette fois-là
était-elle déjà de trop -,
mais franchement, il n’y a pas atteinte à
toute logique, à la décence et au
bon goût, que les adversaires de la psychanalyse,
au nom de la science, ne se soient alors permis.
Ce fut une conjoncture qui rappelait le Moyen-Âge,
quand l’on assistait à la mise au pilori
et aux brutalités infligées à
un malfaiteur ou plus simplement à un adversaire
politique, jetés en pâture à
la plèbe. Il vous est sans doute difficile
de vous représenter le degré de
vulgarité que le peuple peut atteindre,
les manquements que les humains s’autorisent dans
cette société, quand ils se perçoivent
comme partie intégrante d’une masse compacte,
et de ce fait, dispensés de toute responsabilité
individuelle. À l’aube de ces temps-là
de la psychanalyse où j’étais passablement
seul, je réalisai assez vite que toute
forme de controverse n’aurait aucun avenir, pas
plus que n’aurait de sens se lamenter et en appeler
à des esprits meilleurs, puisqu’il n’existait
alors aucune instance auprès de laquelle
la plainte aurait pu être déposée.
J’empruntai donc une autre voie ; je commençai
à appliquer la psychanalyse à la
lumière du comportement des masses, en
tant que phénomène de cette même
résistance à laquelle je devais
me mesurer auprès de chacun des patients
pris isolément ; je réfrénai
toute controverse personnelle et engageai à
procéder ainsi ceux qui, à mesure
qu’ils me rejoignaient, voulurent bien me faire
confiance. Le procédé était
bon, l’anathème dont l’analyse avait fait
l’objet jusqu’alors s’est dissipé depuis,
mais de même qu’une croyance délaissée
persévère sous forme de superstition,
qu’une théorie abandonnée par la
science se maintient, vivace, dans l’opinion publique
populaire, de même ce bannissement initial
de la psychanalyse par les milieux scientifiques
se perpétue aujourd’hui, dans la dérision
méprisante d’écriveurs de livres
et d’échangeurs de conversations, incompétents
en la matière. Cet état de fait
n’aura donc plus lieu de vous surprendre. Mais n’espérez surtout
pas maintenant entendre cette bonne nouvelle,
selon laquelle la lutte pour l’existence de la
psychanalyse serait achevée, qu’elle aurait
pris fin par une homologation de la psychanalyse
en tant que science autorisée à
figurer parmi les matières d’enseignement
à l’Université. Il n’en est rien,
la lutte se poursuit, simplement elle prend des
formes plus policées. Nouvelle également
dans le monde des sciences, l’apparition d’une
sorte de zone tampon entre l’analyse et ses adversaires,
composée de gens qui accordent une certaine
crédibilité à quelque chose
de l’analyse et le confessent pour autant que
leurs clauses de style sur le sujet les divertissent
; par contre, ils en récusent d’autres
aspects, ceux-là mêmes qu’ils ne
peuvent avouer ouvertement et publiquement. Ce
qui les détermine dans ce tri sélectif
n’est pas facile à déceler. Cela
semble relever d’affinités personnelles.
Une personne sera heurtée par la sexualité,
une autre par l’inconscient ; particulièrement
impopulaire semblerait être le fait réel
du symbolique. Que l’édifice de la psychanalyse,
bien qu’imparfait, constitue néanmoins
aujourd’hui un ensemble homogène, que l’on
ne saurait, selon son bon plaisir, amputer de
l’un de ses éléments, semble n’avoir
aucune valeur pour ces éclectiques. À
aucun moment, je n’ai eu l’impression qu’un seul
parmi ces demi ou quart d’adeptes n’ait établi
sa récusation sur un examen des faits.
Plusieurs personnalités éminentes
appartiennent également à cette
catégorie. À vrai dire, elles sont
disculpées du fait que leur temps et leur
intérêt se portent sur d’autres choses,
celles-là mêmes dans l’accomplissement
desquelles ils ont obtenu de si remarquables résultats.
Mais alors n’auraient-elles pas avantage à
réserver leur jugement plutôt que
de prendre parti de façon aussi péremptoire
? Il m’est arrivé une fois tout de même
de réussir à convaincre en un tournemain
l’une de ces éminences. Il s’agissait d’un
critique, célèbre dans le monde
entier, qui avait suivi les courants intellectuels
de ce temps avec une oreille bienveillante et
une perspicacité prophétique. Je
fus amené à le rencontrer alors
qu’il comptait déjà 80 ans passés,
mais dialoguer avec lui était toujours
aussi captivant.
* Il n’était pas
possible de restituer la clarté lumineuse
des Aufklärungen en français. * Décomposer
• Au sens chimique du terme, analyser, élément par élément. [1] « Sur l’histoire du mouvement analytique » (1914 d).
Essayons de revenir au début
des choses. Nous entendons presque chaque jour
depuis 3 ans, par l’un ou l’autre politique, peut-être
sur le conseil de l’une ou l’autre tête
pensante, et récemment lors de l’accident
mortel du Président polonais Kaczynski
venu faire la paix avec la Russie lors de la reconnaissance
par celle-ci du massacre de Katyn, “fini
la repentance, il faut tourner la page”.
Résonne
alors, lancinant, l’avertissement ultime de Primo
Levi - que les “élites” intellectuelles
ont vidé de sa substance en le rabâchant
jusqu’à l’érosion comme un tube
sans aucun respect pour la désespérance
de l’auteur, tant qu’il a contribué à
apaiser leur bonne conscience et qui, naturellement,
n’a servi à rien.
Quiconque
oublie son passé est condamné à
le revivre.
Dans les années 50,
juste après la 2e Guerre Mondiale,
il ne restait plus de Juifs à l’Institut
de Psychanalyse français, encore moins
de Juifs étrangers, qui une première
fois, sur 3 générations, avaient
dû fuir l’antisémitisme de leurs
pays. Presque tous, quand ils l’avaient pu, s’étaient
exilés en urgence, d’autres avaient disparu,
déportés, fusillés, quelques
parmi les plus jeunes avaient trouvé refuge
auprès des Justes...
Ainsi place était libre
en France pour, dès cette époque,
enterrer Freud, c’est-à-dire promouvoir
une psychanalyse “à la française”,
comme l’avait fait Jung pour la Suisse dès
1933 où il s’était illustré
par ses articles antisémites. En France
donc, le processus, quoique bien antérieur
mais plus discret, fut enclenché activement
en 1936 (cf. “La Famille”, de Lacan
et travaux d’auteurs divers, documents d’archives
etc., de 1967 à 2010, reproduits sur notre
site depuis l’avènement des ordinateurs,
antérieurement publications / papier).
Ce premier “pour en
finir avec Freud” était si grave,
si alarmant, que Rudolph Lowenstein, ami de Marie
Bonaparte, psychanalyste didacticien, de son exil
aux États-Unis, lui écrivait,
« Désormais le règlement
de l’Institut (prévaudra) : au moins trois
quart d’heure et quatre fois par semaine mais
les cas déjà analysés par
sa méthode de “l’acte bref”
il veut les imposer. Les élèves
de Laforgue, Boutonnier, Dolto, Berge, Parcheminey
(votre élève) sont du côté
de Lacan, ainsi que Schlumberger... Il faut essayer
de garder la majorité malgré les
candidats formés par Lacan à la
va vite. »
« Ce que vous me dîtes de Lacan est navrant.
Il a toujours présenté pour moi
une source de conflit, d’une part par son manque
de qualités de caractère, d’autre
part, sa valeur intellectuelle que j’estime hautement,
non sans désaccord violent, cependant le
malheur est que quoi que nous soyons convenus
qu’il continuerait son analyse après son
élection, il n’est pas revenu. On ne triche
pas sur un point aussi important impunément
(ceci entre nous). J’espère bien que ses
poulains analysés à la va vite,
c’est-à-dire pas analysés du tout,
ne seront pas admis. »
Lettres de Rudolph Lowenstein à Marie Bonaparte [Extraits de La dernière
des Bonaparte
par Célia Bertin]
Naturellement, ce fut en vain.
Lacan donc, c’est de notoriété
publique, avait refusé de s’obliger à
une psychanalyse personnelle, tout en s’autorisant
“de lui-même”, ce que dans le
métier on nomme un “acting-out”.
Il exerçait donc en tant que didacticien
/ professeur. Son gendre, “lepsychanalysteJacques-AlainMiller”, quoiqu’il s’en réclame, se fit décalcomanie
du Maître. Je me rappelle en 1971 avoir
dit alors ingénument à une analyste
[AE de l’École Freudienne] qui quelque
temps avait occupé la droite dudit Maître,
“qu’est-ce qu’il fabrique Lacan à
démolir Freud avec la place qu’il accorde
au signifiant de la non-analyse, i. e. Jacques-Alain
Miller lequel, par un tour de passe-passe, en
épousant sa fille, s’économise une
analyse ?”
En vain, j’eus droit, dans
un silence d’airain, à un regard condescendant.
C’était en ces temps
mémorables où Jacques-Alain Miller
scandait avec emphase, “maintenant que Lacan
existe, plus besoin de lire Freud”, ce qui
eut, et rencontre, jusqu’à présent
encore, un grand succès.
D’ailleurs Jacques-Alain Miller
ne le conteste pas dans Philosophie Magazine,
qui, jeune philosophe censé réfléchir
avant de parler, recevait le texte freudien comme
de “la bouillie pour chats”,
dont “le corpus est assez kitsch
[sic]”.
Et cela, il y a près
d’un demi-siècle.
Dans l’hebdomadaire Marianne
n° 676 du 3 au 9 avril 2010, Nicolas Domenach,
pour nous éclairer sur la notion de pouvoir,
se réfère à la parole du“
lepsychanalysteJacques-AlainMiller”,
je le cite,
Le
pouvoir, c’est un certain savoir-faire avec l’impossible,
l’irrémédiable.
Nous apprécions cet
impayable jargon, encore que nous souhaiterions
savoir ce qu’il signifie ? Après ça,
qu’est-ce qu’on fait ?
Continuons notre exploration.
Un fragment de l’entretien, paru dans Philosophie
Magazine de février 2010, entre “lepsychanalysteJacques-AlainMiller” et Michel Onfray, auquel la mode en cours attribue
une place considérable dans les médias,
est reproduit en audio / vidéo sur le Net.
Voilà que réapparût ce à
quoi, depuis une quarantaine d’années nous,
les vieux analystes, assistons, une bouffonnerie
récurrente, plus encore qu’une caricature,
par un véritable clone de Lacan, “lepsychanalysteJacques-AlainMiller”. Dans le “milieu” des gangsters on appelait
autrefois le patron “Le Singe”. Après
s’être philosophiquement et bassement aplati devant les éructations anti-freudiennes d’Onfray, faisant soudain
mine de se fâcher sévère,
voilà que le singe imite Le Singe, se mettant
à tonitruer, parodiant sont feu mentor,
le Maître Absolu, s’abîmant en gesticulations
enflées, sa voix de “lepsychanalysteJacques-AlainMiller” trépignant sur un rythme en saccades progressives
dans une piaillante tessiture s’élevant
jusqu’aux aigus du fausset le plus comique.
Il y a un peu plus de 3 ans,
lors de la campagne pour les présidentielles,
dans un texte, j’avais qualifié Onfray
de philosophe négationniste, argumentation
à l’appui (sur notre site). Je maintiens,
au vu du chapeau de l’entretien Onfray-Miller,
En finir [sic
!] avec Freud ?
Onfray est très prisé
à gauche et plus encore, probablement de
par son ascension au statut de philosophe alors
qu’il est issu de parents d’origines très
modestes, ce qui excite l’appétit d’anecdotes
salaces où elle semble aimer à se
complaire d’une assez vaste intelligenzia, située
notamment dans les milieux de l’édition,
de la politique et des médias, d’anciens,
pour la plupart, nos condescendants “maos-bobos”.
L’origine modeste ne délivre
pas automatiquement un blang-seing pour un statut
de philosophe, pas plus que pour celui d’écrivain,
ni même de simple penseur honnête. Onfray n’est pas Jules Vallès qui, bien que
de filiation un peu plus lettrée - son
père avait accédé au titre
d’instituteur -, vécut sous le coup de
la censure permanente tout en écrivant
et transmettant son œuvre dans la pauvreté
la plus crue, parmi un foisonnement de figures
intellectuelles, scientifiques, artistiques, politiques,
majeures du temps de l’Affaire Dreyfus, les deux
Reclus, Élie Faure, Zola, Clemenceau...
La démarche intellectuelle,
les laides intentions , avoisinant celles d’un
Céline sans le talent, rappellent quasi
à l’identique l’entreprise négationniste
de Faurisson qui, s’étant présenté
comme homme de gauche façon “Vieille
Taupe” et historien/chercheur en cours
de rédaction de sa thèse dont le
sujet était les chambres à gaz,
trompa la confiance de la bibliothécaire
du Centre de Documentation Juive Contemporaine,
ancienne communiste, et effectua ainsi ses obssesives
recherches comptables qu’il falsifia en toute
aisance.
Onfray se vante en braillant
d’avoir lu “tout Freud, 5000 pages”
! L’“Ulmien” Jacques-Alain Miller,
comme le nommait Perrier, aussi. Bravo pour la
performance ! Curieusement, les yeux de ces deux
philosophes, qui reprochent à Freud d’avoir
négligé Nietzsche, lequel apparaît
déjà dans la correspondance du jeune
Freud [lettre à Silberstein du 13 mars
1875], dont fut retrouvé un exemplaire
de Nietzsche annoté de sa main, ont escamoté
des passages importants dans ces 5000 pages. En
voici, à vue, quelques extraits épars,
où Nietzsche croise la vie de Freud,
Lettre à Fliess
du 1er février 1900 Je viens juste d’acquérir Nietzsche,
où je m’attends à trouver des éléments
de langage en faveur de ce qui me reste assez
obscur, mais ne l’ai pas encore ouvert.
Quelques années plus
tard,
Sur l’histoire du mouvement
analytique 1914 Je me suis refusé, de propos délibéré,
le très grand plaisir que procure la lecture
de Nietzsche, dans le but de n’être entravé
par aucune sorte d’influence extérieure,
lors du cheminement analytique des impressions
reçues. Aussi devais-je être prêt
- et le suis volontiers resté - à
renoncer à toute espèce de revendication
de priorité, dans chaque circonstance où
la laborieuse investigation psychanalytique ne
pouvait qu’entériner la vérité
que le philosophe découvre par sa seule
intuition. Quant à Nietzsche [...] dont les
intuitions et le discernement coïncident
fréquemment et de façon étonnante
avec les découvertes laborieuses de la
psychanalyse, je l’ai longtemps évité
en raison, justement, de cela ; j’étais
peu concerné par les questions de priorité,
ce qui m’importait par contre, c’était
de garder mon entière disponibilité
d’esprit.
Enfin,
un apport majeur à la théorie freudienne
par Nietzsche, chez qui le terme de “ça”
- “ ...ce qu’il y a de non-personnel et
ce qui est soumis dans notre être à
la nécessité de la nature”
- était courant fut, en réponse
à la publication du Livre du Ça
de Groddeck - lequel, hélas, finit, lui
aussi, par tourner antisémite -, l’introduction
par Freud, entre 1921 et 1923, dans sa deuxième
topique, de son propre concept de “ça”,
cette outre à pulsions démoniaques,
...G. Groddeck [...] ne cesse de
mettre l’accent sur le fait que ce que nous appelons
notre Moi - Ich - se conduit dans la vie de façon fondamentalement
passive et que, selon son expression, nous sommes
“vécus” [“animés”]
par des forces inconnues, et impossibles à
maîtriser [unbeherrschbaren -
rappelons que le “un”
pour Freud, est la marque du refoulé].
Nous avons tous éprouvé de telles
impressions, même si elles ne nous ont pas
dominés au point d’exclure toutes les autres,
et nous n’hésitons pas à intégrer
le point de vue de Groddeck au corpus de la science.
Je propose d’en tenir compte en appelant le
Moi - das Ich -,
l’entité qui part du système Cs
- Conscient -, et qui est d’abord Pcs - Préconscient
-, qui précède
le conscient - et en nommant le Ça,
comme le fait Groddeck, l’un des phénomènes
psychiques dans lesquels le Moi se prolonge et qui agit en tant que; qui est, Ics - Inconscient. Le Moi n’est pas nettement séparé du Ça, il flue de concert et souterrainement avec lui, dans
sa partie inférieure. De même, le refoulé,
comme partie intégrante du Ça, flue de concert avec celui-ci. La perception joue pour le Moi
le rôle qui, dans le Ça,
échoit à la pulsion. Le Moi représente ce que l’on peut nommer raison et pondération,
par opposition au Ça qui a pour contenu les passions.
Sur la psychanalyse comme méthode de traitement Mesdames, Messieurs, je me propose d’ajouter
quelques mots sur la psychanalyse en tant que
méthode de traitement. J’ai exposé
ses principes théoriques voici 15 ans déjà
et ne pourrais aujourd’hui les formuler différemment...
Vous le savez, si, à l’origine,
la psychanalyse fut conçue en tant que
méthode de traitement, elle s’est développée
largement au-delà, sans toutefois renoncer
à son terreau natal et, pour ce qui est
de son approfondissement et de ses progrès
ultérieurs, elle n’a cessé d’être
associée à la pratique auprès
des névrosés. Vous n’ignorez sans doute pas que je ne
n’ai jamais été un exalté
de la thérapie ; il n’y a aucun risque
que je fasse mauvais usage de cette conférence
pour la porter aux nues. Je préfère
vous en dire trop peu que trop. À l’époque
où j’étais encore le seul analyste,
j’avais l’habitude d’entendre, par ceux qui se
disaient prétendument bien disposés
à ma cause : “Tout cela est fort
juste et assez génial, mais décrivez-moi
un cas que vous avez guéri par la psychanalyse.”
C’était l’une de ces nombreuses formules
qui se sont relayées au cours du temps
et qui avaient pour fonction de pousser, le plus
à l’écart possible, l’inconfortable
innovation. La psychanalyse est sans conteste une
méthode de traitement comme il y en a d’autres.
Elle connaît ses triomphes et ses échecs,
ses difficultés, ses limites, ses prescriptions
thérapeutiques. L’activité psychanalytique est
ardue, exigeante, elle ne se laisse pas manier
aussi aisément que des lunettes que l’on
met pour lire, puis que l’on ôte pour aller
promener. Dans la majorité des cas, la
psychanalyse investit entièrement le psychanalyste,
s’en empare ou, au contraire, n’a aucune prise.
De sorte que les psychothérapeutes qui,
à l’occasion, empruntent à la psychanalyse,
ne travaillent pas - du moins à ma connaissance
- sur un terrain analytique garanti ; ne s’étant
approprié l’analyse que très partiellement,
ils l’ont délayée, affadie, voire
“désintoxiquée” [lavée
de ses toxines en tant que “drogue”,
au double sens du terme], nous ne pouvons les compter parmi les analystes. Comparée aux autres méthodes
thérapeutiques, la psychanalyse est, de
loin, la plus efficace. Et cela à juste
titre, puisque c’est la méthode qui exige
le plus d’effort et absorbe le plus de temps.
On ne l’appliquera pas dans les cas bénins
; par contre, dans les circonstances adéquates,
l’analyse peut dissoudre des altérations
graves et entraîner des modifications que
l’on n’osait espérer aux temps pré-analytiques.
Mais la psychanalyse a aussi ses limites, bien
tracées. Imaginer que l’analyse serait apte à
guérir tous les phénomènes
névrotiques émane, me semble-t-il,
d’une croyance initiale de néophytes, selon
laquelle les névroses seraient des affections
tout à fait oiseuses, qui n’auraient pas
la moindre légitimité. En réalité,
les névroses sont des affections graves,
structurellement fixées, qui se réduisent
rarement à quelques crises, mais persistent
le plus souvent pendant de longues périodes
de la vie, voire pendant la vie entière.
L’expérience analytique, qui démontre
que l’on peut agir considérablement sur
ces affections si l’on parvient à maîtriser
les causes historiques du déclenchement
de la maladie ainsi que des facteurs auxiliaires
accidentels, a conduit notre pratique thérapeutique
à en négliger le facteur structurel,
sur lequel nous n’avons, en vérité,
aucune prise ; mais théoriquement nous
devrions toujours le garder présent à
l’esprit. Le fait que les psychoses s’avèrent
dans la plupart des cas inaccessibles à
la méthode de traitement analytique, devrait
assurément, malgré leur étroite
parenté, limiter nos prétentions
à l’égard des névroses. Beaucoup trop souvent, on s’imagine qu’il
ne manque à la méthode que la force
motrice indispensable pour mener à bien
une évolution favorable, alors qu’une interaction
particulière, une composante pulsionnelle
indéniable est trop puissante face aux
forces adverses que nous sommes aptes à
mobiliser. Il en est ainsi, presque toujours,
devant les psychoses. Nous comprenons suffisamment
[les psychoses] pour savoir où devraient
être placés les leviers, qui seraient
toutefois bien impuissants à ébranler
la charge [la composante pulsionnelle].
L’autre limite à la réussite
analytique relève de la forme de la maladie.
Vous savez déjà que le domaine d’application
de la méthode de traitement analytique
couvre les névroses de transfert - phobies,
hystéries, névroses obsessionnelles
- ainsi que les anomalies du caractère
qui ont pu se développer à leur
place. L’analyse est, dans une plus ou moins large
mesure, inadéquate devant tout ce qui en
diffère, c’est-à-dire états
narcissiques et psychotiques... Il serait dès
lors parfaitement légitime de se garantir
contre les échecs en excluant prudemment
de tels cas. Cette prudence entraînerait
une notable amélioration des statistiques
de l’analyse. Certes oui, mais c’est là
le piège. Nous ne pouvons porter une appréciation
sur le patient qui vient demander une cure, pas
plus que sur le candidat qui postule pour une
formation, avant de les avoir soumis à
l’analyse pendant quelques semaines ou quelques
mois. En fait, nous achetons “chat en poche”.
Le patient a apporté avec lui des plaintes
d’ordre général, indéterminées,
de telle sorte qu’il nous est impossible d’établir
un diagnostic solide. C’est au terme de cette
période probatoire seulement que l’analyse
peut se révéler ne pas convenir
à ce cas. Côté candidat, nous
l’éconduisons alors ; côté
patient, nous essayons de poursuive encore un
certain temps, pour tâcher de savoir s’il
est possible d’aborder la chose sous un meilleur
angle. C’est alors que le patient prend
sa revanche, car la liste de nos échecs
s’allonge ; quant au candidat recalé, il
est fort possible, pour peu qu’il soit paranoïde,
qu’il écrive lui-même ses propres
livres psychanalytiques. Vous le constatez, notre
prudence ne sert strictement à rien. [...] ...je me tourne maintenant vers
un autre point : le reproche selon lequel la
cure analytique exigerait un temps d’une longueur
excessive. À cela, il nous faut répondre
que les modifications psychiques ne s’effectuent
que très lentement ; qu’elles surviennent
trop vite, subitement, c’est alors mauvais signe.
Il est vrai que le traitement d’une névrose
grave peut aisément s’étendre sur
plusieurs années ; mais quand il réussit,
posez-vous la question : combien de temps aurait
duré la souffrance ? Probablement une décennie
pour chaque année de traitement, autrement
dit - comme on peut le constater si souvent chez
les malades non soignés - l’état
pathologique n’aurait assurément jamais
disparu. Je vous ai dit que la psychanalyse est
née en tant que méthode de traitement,
mais c’est moins comme méthode de traitement
que je souhaiterais la recommander à votre
intérêt, qu’à cause
de son contenu de vérité, pour les
lumières qu’elle nous apporte sur ce qu’il
en est, au plus profond, de la condition humaine,
de la nature singulière de l’être
humain, et à cause de l’interaction entre
les activités les plus diverses qu’elle
met en évidence. En tant que méthode
de traitement, elle n’est qu’une parmi beaucoup,
mais à coup sûr “prima inter
pares” [sans égale].
Sans sa valeur thérapeutique auprès
des malades, elle n’aurait pas été
découverte et ne se serait pas développée
pendant plus de trente ans.
L’ignorance délibérée, la hargne, furent à ce point entrées
dans les mœurs que circule depuis quelque
temps, et par tout un courant de psychanalystes
eux-mêmes, “lepsychanalysteJacques-AlainMiller”
en tête, le slogan selon lequel “la psychanalyse
n’est pas une science”.
Serait-ce pour dédouaner
Lacan de ses “mathémades”,
destinées à corseter, à l’aide
de formules mathématiques et de sigles
intouchables de son invention, la structure des
phénomènes psychiques, des symptômes
qu’ils produisent, des formations de l’Inconscient...
? Quoiqu’il en soit, cela aboutit à ce
que ses émules masculins, à force
de triturer les “nœuds” (!) lacaniens
ont tourné délirants, tandis que,
côté féminin, pour d’autres
motifs que j’ai essayé de commenter ailleurs
et souvent, la plupart de ses analysantes, exaltées
et tétanisées par le Maître
- sadien -, viraient érotomanes ?
Cette exécution de
la théorie freudienne manifeste un solide
mépris pour ceux des psychanalystes analysés,
eux, et ayant été supervisés,
par des analystes certifiés, cliniciens,
théoriciens, chercheurs, souvent auteurs,
dont nombre de femmes qui, dans l’histoire du
mouvement analytique, auront fait de l’analyse
une éthique de vie professionnelle
et personnelle. Les noms ne manquent pas.
Comment se fait-il qu’au XXIe
siècle, il soit encore nécessaire
de devoir, avec affliction, en référer
aux préceptes des - très - Anciens
pour démontrer ce qui est enseigné
dès l’école primaire, i. e. que
l’on ne parle, que l’on ne commente, qu’éventuellement,
avec des arguments solides, l’on en réfute
certains aspects, que de ce que l’on a soumis
à l’étude et mis à l’épreuve
de la pratique ?
Pourquoi suis-je allée
jusqu’à Brooklyn demander à Mira
Rothenberg, cf. site à,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/index.html
[2
plages sur l’index, extraits audio du livre et témoignage
audio de Mira]
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/index.html
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/enfantsdeplaces.html
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/mirarothenberg.html
qui,
aujourd’hui, a presque traversé le siècle,
de me confier son témoignage sur son travail
extraordinaire auprès des jeunes enfants
rescapés de la Shoah, devenus schizophrènes,
autistes, perdus, aujourd’hui oubliés ?
Justement parce que son expérience clinique
et le livre qu’elle a conçu (et que j’ai
retraduit) - «
Enfants aux Yeux d’Émeraude • Histoires
de mômes prodigieux » - sont uniques, intemporels, à portée
universelle. C’est alors, une fois sur place à
New-York seulement que j’ai su par elle que Paul
Federn avait été son analyste.
Pourquoi, dénigrant
Freud sans vergogne en toute ignorance délibérée,
le monde non-analysé des philosophes, qui semblerait jouir de ses propres
médisances en ravalant la doctrine freudienne
à un sous-produit littéraire, cavale-t-il
voracement après la psychanalyse ? Que
ces philosophes restent philosophes français,
férus de Heidegger, de Sartre et de Lacan,
nous n’irons pas les déranger sur leurs
terres. Pourquoi ce monde-là s’acharne-t-il
sur Freud avec une violence sauvage, morbide,
pourquoi,
selon l’expression d’Élisabeth Roudinesco,
tant de haine ?
Si, tout de même, ces
philosophes et “lepsychanalysteJacques-AlainMiller” souhaitent vraiment s’occuper de psychanalyse, laquelle pour l’instant
ne les regarde pas, pourquoi ne s’obligent-ils
pas, d’abord, à une psychanalyse personnelle
? Ensuite seulement, si cela est pertinent,
avec le minimum de considération exigible
envers Freud, ses concepts, son éthique, pourraient-ils approfondir leur savoir sur la
psychanalyse et se permettre alors d’en parler,
dans le désir véritable de transmettre.
Mais auprès de qui
entreprendre une analyse en France ? Les meilleurs
freudiens français nous ayant quittés
depuis une vingtaine d’années, il semblerait
que ce ne soit possible - à ma connaissance
(!?) - seulement dans un seul pays, l’Allemagne,
meurtrie par son histoire, et qui a réintégré
Freud - cela a pris du temps -, qui étudie,
pratique, maintient vivace, respecte, Freud et
la psychanalyse freudienne. Encore faut-il, à
défaut de comprendre l’allemand, la langue
de Freud, au moins pouvoir s’exprimer en anglais.
Ce n’est pas un effet du hasard
si une première tentative d’OPA, par les
États-Unis, sur une discipline réduite
à une psychologie comportementale, entreprise
déjà du temps de Freud, a si bien
réussi après guerre, on peut en
lire les prémisses dans les Rundbriefe 1934-1945 de Fenichel. L’attrait pour la facilité
de penser, la paresse intellectuelle, relayées
par le cinéma puis la culture de l’imagerie
qui ont aspiré le goût pour la recherche,
si l’appât du gain, les compromissions,
le snobisme, ont conquis peu à peu, au
long des années, les postulants analystes
de la terre entière.
De telle sorte qu’au fil du
temps, la psychanalyse a outrepassé la
caricature que Freud craignait, dès « Totem et Tabou
»,
que l’on en fît, en étant validée
que comme “danseuse” des snobs et
des médias et “domestique de la psychiatrie”.
S’y est ajoutée, selon le comique troupier
cher aux fins siècle, celle de la
“Fille des Régiments”.
On a même lu récemment
dans un article de presse diffusé sur Internet,
dont l’auteur français, nous le lui souhaitons,
n’est pas germaniste, que Die Traumdeutung
- L’Analyse du Rêve
-, “bien que mal écrite en allemand
[par Freud - le prix Gœthe !] était
excellemment retraduite” ! À aucun
moment, manifestement, cet auteur n’a pensé
qu’il pouvait s’agir, qu’il s’agit, du contraire,
que la traduction du style fluide et élégant
de Freud, attaché à rendre compréhensibles
par le plus grand nombre d’intéressés
des concepts difficiles à exploiter, était
tout simplement lourdingue, mastoc, indigeste,
approximative.
Revenons à la psychanalyse
en tant que “nouvelle science” selon
Freud.
Qu’est-ce qu’une science ?
Science (lat. sciencia, de scire, savoir) • Ensemble cohérent de connaissances relatives
à certaines catégories de faits,
d’objets ou de phénomènes obéissant
à des lois et / ou vérifiés
par des méthodes expérimentales.
Pourquoi Freud a-t-il - l’année
de la mort de son père -, forgé
un nom original, singulier - Psychoanalyse -, pour distinguer nettement l’analyse de
la psyché
des autres disciplines, s’étayant de la
définition en chimie, de l’analyse ?
Analyse • Action d’identifier dans une substance les éléments
constituants et d’en déterminer la teneur.
Opération par laquelle l’esprit décompose
un ensemble constitué pour en déceler
l’autonomie des parties, pour en apprécier
mieux la congruence ou la finalité, ou
simplement pour rendre accessible chacun de ses
éléments.
Ce pourquoi j’aurai souhaité,
avec quelques autres, que l’on réintroduise,
en français, l’appellation de “sciences
expérimentales” dont la psychanalyse
me semblait devoir relever.
La pratique de l’analyse est
un long travail, ardu, toujours en évolution,
qui exige, comme tout ce qui participe de la recherche
fondamentale avec sa mise à l’épreuve,
une patience infinie, nous sommes tout de même
quelques-uns à l’avoir professionnellement
expérimentée. Nos analysants aussi
qui, après un long temps de dépôt
du matériel psychique - “dîtes
ce qui vous vient à l’esprit”, ce
qui ne va pas de soi - se confrontent à
leurs résistances, apprennent avec courage
à les dépasser et à maîtriser
la géhenne pulsionnelle pour pouvoir la
transcender - la sublimer.
L’écoute de la parole
de l’analysant, souvent difficile à émerger,
pas plus que la personne ni sa misère humaine,
n’intéressaient Lacan. Sitôt sa séparation
d’avec l’Institut, ses futurs “fans”
se sont empressés de déserter l’institution
classique pour se précipiter chez Le
nouveau maître à penser l’analyse,
qui n’exigeait aucune formation préalable,
si ce n’est de suivre un cursus préétabli
d’allégeance intellectuelle à son
discours et à ses thèses lesquels,
il faut bien le reconnaître, étaient
fort séduisants. Ainsi se convertirent
précipitamment jusqu’aux libres-penseurs,
de même qu’une nuée de Juifs qui,
las d’être Juifs après la 2e
Guerre Mondiale, ce qui est compréhensible,
se sont jetés en cohorte sur la nouvelle
mystique qui les exonérait de leur judéïté,
poussant avec soulagement Freud et les principes
fondamentaux de la psychanalyse dans l’oubli,
tout en ne négligeant pas, quand cela était
opportun, de se référer à
la Shoah au nom de... Lacan !
D’après les médias,
il paraîtrait qu’en France, le traitement
psychanalytique “ne marche pas”, et
alors on glose avec appétence sur l’“échec”
de l’aventure analytique.
Mais de l’échec de
quels praticiens et théoriciens parle-t-on
sur les places publiques pour affirmer une chose
pareille ?
D’où sort cette bonne
nouvelle qui efface d’un coup de plume, sans en
être le moins du monde troublé, l’existence
des analysants et analysantes, lesquels auront
payé et payent de leur écot et de
leur personne pour leur avenir et celui de leurs
héritiers et qui modestement témoignent
que leur psychanalyse leur a, je cite, “sauvé
la vie”, leur a conféré leur
statut d’humain libre de ses choix.
L’analyse, c’est très
simple, “ne marche pas” en effet quand
elle est pratiquée par des analystes
non-analysés
et... ça fait du monde depuis que l’on
“s’autorise de soi-même”, c’est exact, elle ne marche pas là-dedans.
En France, François
Perrier, Françoise Dolto... (et quelques
autres), à la suite de Freud et de ses
ambassadeurs, vraiment soucieux du devenir de
la psychanalyse, préconisaient pour les
analystes, toute la durée de leur exercice,
d’être des analysants en continu ou, au
moins, de faire le point tous les cinq ans auprès
d’un collègue certifié.
J’ai toujours trouvé
dommage, pour des étudiants chercheurs,
que les avancées théoriques de Lacan
soient par eux perçues comme sacrées,
indiscutables, plus précisément
sur le sujet capital de la psychanalyse d’enfants.
Une première fois, Françoise Dolto
intervint pour marquer son désaccord avec
Lacan au Congrès de Rome de 1953. Plus
nettement encore elle écrivit en 1983,
pour répondre à la thèse
de Lacan, inaugurale selon lui, “Le stade
du miroir”. Personne depuis un demi-siècle
n’a estimé intéressant pour la psychanalyse
de mettre ces textes en parallèle, de les
analyser, de les commenter, d’en donner sa propre
interprétation.
Cela éclaire sur l’intérêt
que le peuple des psychanalystes dans les CMPP
et autres institutions porte à la psychanalyse
des enfants et aux enfants eux-mêmes.
Le texte de 1983 de Françoise
Dolto se trouve à l’adresse suivante,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/dolto.html
en
voici le début,
Je dis que lorsque Lacan croit
que l’enfant - qu’il décrit dans une assomption
jubilatoire - se réjouit de voir l’image
de lui-même dans le miroir, et que cela
le structure dans son unité, il se trompe [je souligne]. Cette expérience est une surprise toujours à effet
d’étrangeté, parfois phobisante,
morcelante. Cette première étape
de jubilation, qu’on a pu observer en effet, est
provoquée par l’espoir qu’un autre enfant
est apparu magiquement présent dans son
espace pour jouer avec lui. Dès qu’il s’aperçoit
que ce n’est pas un être de chair et de
compagnie, il est angoissé et ne s’en remet
- en se reconnaissant assez mal d’ailleurs les
premières fois, mais accepte de l’admettre,
encore qu’il est déçu de se découvrir
taille et aspect bébé, alors que
jusque-là il s’imagine selon son désir
tel un tutélaire ami -, il ne s’en remet
qu’en apercevant dans ce même miroir l’image
de sa mère ou de la personne tutélaire
réflectée côte à côte
dans cette surface, alors qu’il la perçoit,
tactile, odorante, vivante et chaleureuse, et
parlante à sa personne en les montrant
tous deux, lui et elle, dans le miroir [...] [Suite sur le site à l’adresse indiquée.]
Alors, pourquoi tiennent-ils
tant à être identifiés “psychanalystes”,
ces non-analysés-non-analysants, qui décrètent
que l’analyse “ne marche pas”, sans
interroger courageusement d’abord leur ignorance
délibérée, leurs incompétences,
leur sujétion à la flemme intellectuelle, autrement dit leur dépendance à ce que l’on nomme, en
psychanalyse, “le principe de plaisir”
, qui mène tout droit à la mort
de l’esprit ?
Du côté des candidats
analysants et des analysants, étudiants
ou simples particuliers, ceux enseignés
successivement depuis un demi-siècle par
l’école de pensée lacanienne, ils
apparaissent comme d’accablants béotiens
de la psychanalyse - il suffit de leur demander
la signification de la terminologie dont ils usent
pour être édifiés -,
leurs connaissances se résument à
rabâcher les péroraisons véhiculées.
D’autres, des sortes de clones, de décalques,
elles émanent des identifications à
leurs analystes ou/et professeurs d’analyse.
Tout cela semble d’une infantilité
stupéfiante.
De notre côté
nous, vieux ascètes de l’analyse, pour
peu qu’ils se soient trouvés fourvoyés
dans nos latitudes, nous décourageons très
vite ces candidats-là qui filent vite-fait
folâtrer dans le monde “pipeul”.
L’OPA de Lacan, donc, ayant
réussi au delà de toute attente,
ses théories, ses “bons mots”
, ses calembours et ses pratiques, notamment celle
du droit de cuissage auprès de ses analysantes
les plus appétissantes, essaimèrent
dans tous les domaines du savoir aussi bien que
dans ceux, plus triviaux, du non-savoir.
Le devoir absolu de discrétion,
l’interdit de la transgression sur la sexualité
entre analystes et analysantes - l’interdit de
l’inceste - ayant du même coup sautés,
les pratiques sexuelles les plus intimes, les
plus secrètes, se sont déchaînées
sur la place publique et ça ne fait qu’empirer,
comme si la pornographie s’était substituée
aux fondements, si j’ose dire, de la théorie
de la sexualité de Freud.
C’est ainsi que l’on a pu
lire, il n’y a pas si longtemps, sous la plume
- brièvement starifiée de l’analysante
d’un analyste qui se commet très volontiers
dans les médias culturels, l’évocation
directe de “partouzes” dans des milieux
littéraires, politiques, médiatiques,
des maisons d’éditions... et alii...
fréquentés conjointement par des
analystes et leurs analysants. Ce que je peux
hélas confirmer, ayant croisé quelquefois
sur ma route, comme postulants à une analyse,
quelques “pipeuls” de cette extrace,
auxquels j’ai annoncé d’emblée,
après deux entretiens, que s’ils ne renonçaient
pas à leurs addictions partouzeuses, je
ne pouvais répondre, selon ma conception
de l’analyse, à leur demande d’analyse
qui, de fait, n’en n’était pas une, autre
que celle de se conformer au snobisme ambiant.
Si bien qu’ils essaimèrent sans tarder
ni se retourner auprès de collègues
moins austères et plus en vue.
Est-ce par cette cuvée
de lacaniens, autorisés selon leur bon
plaisir à s’intituler d’eux-mêmes,
comme Lacan et selon son message appuyé
- qui l’exonérait, c’est sans doute la
raison de fond, de toute forme de responsabilité
- que de candides “zélites”
furent incités à faire publiquement
ce que l’on appelle leur “coming-out”
sexuel, ce qui équivaut, en psychanalyse
à un “acting-out” , autrement
dit à une forme de résistance inconsciente
mais tenace à l’analyse ?
L’un des principes de base
que la psychanalyse nous enseigne, inaltérable,
est que “la vie sexuelle de l’individu est
et doit rester une affaire privée”. Elle n’excède pas le cabinet (!) de
l’analyste.
Devant des malentendus de
cette sorte, devant le refus coriace de s’intéresser
aux conditions fondamentales de l’analyse, devant
la haine brute, même pas inconsciente, pour
Freud, entretenus par tout un courant de pensée
d’analystes - qui adorent le cinéma, le
“bizz” et les “shows”
-, il n’est pas surprenant que les milliers d’Onfray
- souhaitons-leur de ne pas sombrer dans ce qu’à
Hollywood on nommait les Never-was-been [Tony Curtis, op. cit.], de même que, pour ce
qu’il en est de la profession, des centaines de
psychanalystes, aiment à déballer
des salaceries les plus nauséeuses, à
concocter et à vendre - cher - de miséreux
et graveleux scénarios, assis qu’ils sont
sur des pires détractions d’égouts,
ayant pour seul objectif de salir leur cible et
ici, préférentiellement, Freud.
Quand ils sont à dominante autobiographique,
ces récits sont dignes des fantasmes d’un
enfant de 3 ans, l’œil et l’oreille collés
au trou de la serrure de la chambre à coucher
de ses parents. Sauf que l’enfant, chez qui la
curiosité sexuelle indiscrète, préludant
au désir de savoir, est normale, lui, n’ose
pas les rendre publics, par crainte des terribles
sanctions que l’implacable Surmoi ne manquerait
pas de lui infliger.
Donc, j’y reviens, Onfray
et “lepsychanalysteJacques-AlainMiller” ont lu 5000 pages de Freud. D’Onfray, nous pouvons
comprendre qu’il ait escamoté le contenu
d’une si volumineuse lecture, car tout en croyant
lire, selon ses propres dires, il était
occupé à autre chose...
Mais cette vantardise serait-elle
bien sérieuse de la part de l’éminent
Ulmien, professeur de psychanalyse, “lepsychanalysteJacques-AlainMiller”, fondateur, tombé semblerait-il dans la mégalomanie
la plus an-
ou un-analytique
qui soit, de “l’Association Mondiale
[!] de Psychanalyse”
et bientôt de “L’université
populaire de psychanalyse Jacques Lacan”
? “Populaire”,
Lacan ? JAM est-il sûr de se faire, ici,
le porte-parole de Lacan, “Jack-a-dandy”,
que j’avais plutôt perçu comme un
satrape, s’exténuant, parfois avec un certain
ridicule, à se présenter comme le
Dali - qu’il jalousait d’abondance, ou le scientifique
de la psychanalyse - cf. ses conférences
obscurantistes en anglais au MIT (Massachussets
Institute of Technology / Boston) et celles, saugrenues,
à l’Université de Louvain (Belgique)
?
Lacan qui, sans vergogne,
instaura la perversion adulte en un système
philosophique radicalement incompatible avec la
psychanalyse...
Lacan, qui méprisait
Rabelais - qu’affectionnait Freud - au prétexte
qu’il n’y aurait pas trace de symbolique dans
ses œuvres... il faut tout de même
oser le dire !
Donc, ici aussi, c’est décidément
récurrent en France, exit Freud. Pourquoi ? Est-ce de par son usage de la langue allemande
- ne nous arrêtons pas ici sur les origines
-, Freud n’était pas Français, qu’il était fiché comme Allemand, Juif-Allemand,
Juif ? Est-ce à cause de son souci d’éclairer
sur les chausse-trappes des processus inconscients
dans le Witz - toujours aussi mal traduit et que personne ne lit
- qui différencie nettement l’humour -
l’élégance du désespoir -
de l’ironie et de la dérision, les épaisses
calembredaines du subtil mot d’esprit ?
Bien davantage que la psychanalyse
en soi, ce qui est régulièrement
fustigé, honni c’est, non pas sa découverte,
mais l’homme - à abattre - Freud.
Ah, “le Juif Freud”,
que seule l’extrême-droite dénonce
ouvertement, se faisant ainsi la porte-parole
de ce que susurre en catimini rampant la
vox populi ! Alors que s’autorisent en parallèle, la conscience
sans remous, d’imprudentes déclarations
comme quoi, non, “La France [ne serait]
pas antisémite”, réitérées
par des “icônes” et représentants
fameux d’institutions juives [cf. 2e
partie ci-dessous, OPA 2] recensées dans
le Who’s Who, figures délibérément
frappées de cécité et de
surdité - en échange de quels avantages,
quelles distinctions honorifiques ? -, qui ne
se commettent pas avec le “vulgus”,
fut-il universitaire, excepté, éventuellement,
pour le toiser. Tout cela servilement, cocardassièrement,
relayé par foule de médias.
Au plan politique, il ne faut pas aller chercher
très loin l’aide empressée à
la chute de la cote de popularité du Président
Sarkozy, déjà activée, écœurante
d’ostracisme, lors de la campagne pour les élections
présidentielles de 2007, et indépendamment
de ce que l’on pense des dires, des actes et du
mode de gouvernement, souvent imprévoyants,
du Président.
Il n’est pourtant pas inutile
d’écouter les - dîtes - communautés
juives en France, particulièrement sépharades,
plutôt marquées à droite,
qui s’inquiètent sérieusement de
l’ascension du Front National, anticipée
en vain par des observateurs perspicaces.
Quant à nous, la maigre
poignée restante de vieux ashkenases et
néanmoins français mais avant tout
laïcs, la lassitude a fini par avoir raison
de notre sympathie pour la chose politique, pas
très “classe” en ces temps
semblerait-il, laquelle ne nous intéresse
plus.
Sur ce thème, pour
ne pas m’éloigner de mon sujet, je ne me
permettrai qu’une seule remarque à l’adresse
des médias qui, par facilité et
par paresse intellectuelles, par absence consternante
de finesse psychique, qualifient tous azimuts
Nicolas Sarkozy de “Monarque” ! Or,
de tous temps, la parole d’un monarque ne s’énonce
pas en public comme “Je”, mais comme
“Nous”. Le Roi, traditionnellement,
se vousoie soi-même.
L’antisémitisme n’a
jamais cessé de gangrener le monde et,
régulièrement se manifeste publiquement,
par qui est inféodé aux mots
d’ordre de quelques “zélites”
- pourquoi, sans démonstration particulière
s’auto-intitulent-elles “élites”,
alors que “responsables” irait très
bien ? -, toujours les mêmes, sous la forme
la plus ouvertement déclarée d’allégeance
aux discours aussi bien anti-israéliens
qu’anti-psychanalytiques, avec un acharnement
monomaniaque collectif comme le remarque Pilar
Rahola,
Extrait de la
Newsletter de l’Ambassade d’Israël.
Newsletter n°
342 - 17 février 2010
« Et enfin la
question à 1 million de dollars :
Pourquoi la Gauche en Europe et dans le monde
est elle obsédée par les deux démocraties
les plus solides, les Etats-Unis et Israël
et pas par les pires dictatures de la planète ?
Ces deux véritables démocraties
ont souffert des pires attaques terroristes et
la Gauche s’en fout. » Pilar Rahola, femme politique espagnole, journaliste et
activiste dans l’extrême gauche en
Espagne, écrivant à propos de l’hypocrisie
de la Gauche européenne et dans le monde.
Revenons à la psychanalyse.
Étrangement, dans la
profession, seules des voix individuelles, plutôt
féminines, s’élèvent. Collectivement,
institutionnellement, personne, des plus augustes
têtes pensantes à la roture, ne moufte.
Comment, ne seraient-ce
que certains passages extraits ci-dessous de Freud,
n’ont-ils pu retenir l’attention, non d’Onfray,
c’est bien normal, mais de “lepsychanalysteJacques-AlainMiller”?
Sur l’histoire du mouvement
psychanalytique
La psychanalyse est ma création
[...] Je me considère comme fondé
à affirmer qu’aujourd’hui, bien que je
ne sois plus, de loin, le seul psychanalyste,
personne mieux que moi ne peut savoir ce qu’est
la psychanalyse, en quoi elle se distingue des
autres modes d’investigation de la vie psychique,
et plus précisément quel nom nous
devons lui attribuer par rapport à ce qu’il
vaudrait mieux décrire sous une autre appellation. [Note • Suit un hommage
légitime à Breuer et, un peu plus
loin, une indication souvent négligée
: l’abandon de la théorie dite de la séduction
s’applique alors exclusivement aux hystériques.] Je n’ai pas réussi [alors] à
établir [auprès des psychanalystes
en devenir] l’amicale entente qui doit régner
entre des hommes, tous ensemble engagés
dans une tâche aussi difficile, de même
que je n’ai pas réussi à dissiper
les luttes de priorité que provoquent,
en maintes occasions, les conditions d’une œuvre
commune. Je ne m’aventurais pas alors à
faire valoir une technique qui n’était
pas encore parvenue à maturité et
une théorie dont les concepts n’étaient
pas encore suffisamment solides, avec l’autorité
qui aurait vraisemblablement évité
à mes auditeurs d’errer tant de fois sur
de fausses voies, lesquelles finissaient par les
faire dérailler. De tous les pays européens, c’est
la France qui s’est
révélée la plus réfractaire
à la psychanalyse [...] À Paris
même, semble encore régner la conviction
- exprimée par Janet lui-même en
des termes assez médisants en 1913, lors
du Congrès de Londres – selon laquelle tout ce qu’il y avait de bon dans la psychanalyse
ne serait que la reproduction des vues, à
peine retouchées, de Janet, tandis que
tout ce qui s’écarterait des vues de ce
dernier serait mauvais. Lors de ce Congrès,
c’est Janet lui-même qui dût s’incliner
devant une série d’admonestations par Ernest
Jones, qui fut en mesure de confondre l’insuffisance
de sa connaissance du sujet. Bien que nous récusions
ce à quoi il prétend, nous ne pouvons
néanmoins négliger les services
rendus de Janet à la psychologie des névroses.
Après m’être imposé
de ne jamais bagarrer avec des contradicteurs
extérieurs à l’analyse, voilà
que je me vois contraint de répondre aux
hostilités engagées par d’anciens
alliés ou par ceux qui voudraient bien,
encore aujourd’hui, se faire passer pour tels
[...] Je tiens juste à montrer - et sur
quels points - [leurs] théories sont la
négation des principes fondamentaux de
la psychanalyse et que, pour cette raison, ils
ne sont pas habilités à se réclamer
de son nom.
[Note • Dans le chapitre
sur ses détracteurs (Adler, Jung... ),
Freud précise qu’il s’agit, pour l’un ou
pour l’autre de présenter leurs théories
comme émanant de leur découverte
personnelle, par un artifice qui consiste à
changer tout simplement la terminologie des énoncés
freudiens. Freud poursuit en notant que ces détracteurs
n’envisagent pas de rompre avec la psychanalyse,
dont ils furent un temps, tel Jung, les représentants,
autrement dit qu’ils tiennent à continuer
de s’intituler “psychanalystes”, de
telle sorte qu’ils préfèrent annoncer
qu’ils ont - du vivant de Freud ! - modifié
la psychanalyse, pratiques qui se sont multipliées
jusqu’à nos jours]
La
deuxième partie, l’OPA 2, est à
suivre, elle n’est pas encore écrite.
[...]
M. W.
Fin
avril 2010
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