© Micheline Weinstein
Suite Journal ininterrompu par intermittence 2020
Extension de post-it empilés en vrac
Ich will
Zeugnis ablegen bis zum letzten
[Je veux
témoigner jusqu’au dernier jour]
Victor
Klemperer • Journal 1933-1947
Samedi 15 février 2020
La Pétaudière
Suivie du Plan de partage de la Palestine en deux
États
Pendant près de 30 ans et sans y revenir aujourd’hui par le menu
maintes fois exposé, nous n’avons cessé de déplorer l’incitation, devenue quasi
une obligation, à se soumettre au tohu-bohu électronique qu’exerce sa
pression coercitive :
• tout d’abord causé chez l’humain en devenir, déjà in-utéro, par un bouleversement de son
rythme biologique naturel ;
• puis par une tyrannie de l’image, aboutissant à une altération
de l’écriture et du langage, rendus dyslexiques et dysorthographiques, à des slogans
pulsionnels d’onomatopées vulgaires ;
• enfin, par le regard vissé sur les écrans, par une éclipse de la
pensée, de la capacité de réflexion autonome, tout comme par celle de l’usage matériel
des mains, occupées à pianoter compulsivement sur les claviers ;
• et pour conclure, par une violence bestiale, inégalée depuis la 2e Guerre mondiale.
La pratique de l’intelligence, par mésestime du savoir, par liturgie de
l’ignorance, semblerait avoir régressé, de la prime enfance jusqu’au mode de
fonctionnement des institutions majeures, se calant sur une fixation à la
structure œdipienne polymorphe-perverse muée en rivalités meurtrières, en primauté
du pouvoir égotiste, en course aux gains sous toutes leurs formes, bref, en
principe de plaisir au détriment, pour désigner le projet d’un accès possible
au progrès d’une civilisation, de ce que l’on nommait autrefois “sublimation”.
Le diktat de la transparence, autrement dit de l’exhibition, le
pataquès né de l’intégration du périmètre privé dans la sphère publique ont
propulsé en pleine lumière les petitesses dont la nature humaine peut être
douée.
Si bien que, pour éviter d’éparpiller l’esprit, nous sommes invités à prendre
notre temps, à écouter la modestie que nous ont enseignée les sages, à se
limiter à “une chose à la fois”, à “cent fois sur le métier [remettre son]
ouvrage”.
Ainsi, à l’occasion du Nouvel An
des Arbres en Israël, je viens de recevoir par la poste Adama [Terre], magazine du KKL [à
l’origine Fonds pour la création d’Israël,
créé en 1901 en Suisse].
Indépendamment de ma propre réflexion, qui n’a pas changé, sur l’évolution
du conflit Israélo-Arabe depuis 53 ans - en 1967, j’écrivais, lors de la Guerre
des Six-Jours, “Rendez [aux Palestiniens] leurs territoires et que l’on n’en
parle plus” -, et des superbes photos, je me suis arrêtée sur la pertinence
qu’avait éprouvée la revue de rappeler, en termes clairs, la déclaration du Plan de partage en deux États du 29
novembre 1947, entérinant la création, donc l’impératif de reconnaissance de l’existence
de l’État d’Israël.
Il m’est alors venu à l’esprit que, peut-être, n’était plus tout à fait
présente à la mémoire des spécialistes, avec leur influence sur les exécutants
de tous âges et provenances, la question du douloureux imbroglio de l’adoption -
à 10 voix près - du plan par l’ONU, laquelle perdure sans discontinuer.
Peut-être également, belligérants de tous horizons, penseurs,
intellectuels, politiques, journalistes… n’avaient-ils tout simplement pas lu
cette déclaration.
C’est pourquoi, il m’a semblé - sans illusion - que la lire ou la
relire serait susceptible de stabiliser les esprits, afin de contribuer à
trouver une résolution viable à l’effroyable chaos qui, parti du Moyen-Orient,
a prodigué sa géhenne dans l’ensemble du monde.
À l’intention des lectrices et lecteurs intéressés, voici donc ce plan
initial joint en PDF.