“La méchanceté, figurez-vous,
est la chose la plus facile au monde : je viens
d’en faire l’expérience en rédigeant
ces lignes. Elle ne demande aucun talent, absolument
aucun. Elle exige simplement de faire appel à
ce qu’il y a de pire en soi : la rancune, la médiocrité,
la jalousie. Ne pas y céder, c’est se grandir.
(...) En tout cas, moi j’arrête. Cette première
salve sera la dernière. L’exercice m’a
paru saumâtre. Il me laisse un goût
amer. Et j’espère qu’il vous en laisse
un, à vous aussi, amis lecteurs.”
Philippe Besson, auteur de « La Trahison de Thomas
Spencer », in « Marianne »,
n° 77 du 11 au 17 juillet 2009.
ø
“Si vous voulez être entendu,
aujourd’hui, dans une conversation, un conseil
: ne vous exprimez pas, éructez ; ne tentez
pas de composer des phrases, dégainez des
formules outrancières. Vous n’êtes
pas d’accord avec votre interlocuteur ? Sa tête
ne vous revient pas ? Lynchez-le. Vous êtes
à court d’arguments ? Brandissez l’arme
suprême : la référence aux
« années les plus noires de notre
histoire ». Ainsi, ces dernières
semaines, on aura entendu un réalisateur
comparer la police française à la
« Gestapo »
et un chanteur « engagé » utiliser
le mot de « rafle »
à propos des sans-papiers. Où est
la mesure ? Un romancier à succès
évoque la « censure » parce qu’on a osé le critiquer ; un joueur de foot
s’étant foulé la cheville, un commentateur
parle d’une « tragédie »
(pour son équipe)... À ce rythme-là,
les météorologues devront bientôt
qualifier de tsunami la moindre averse. Des mots
qui désignaient des situations exceptionnelles
font irruption dans la langue de tous les jours,
jaillissants comme les balles réelles d’un
tireur fou. Le vocabulaire élogieux est
lui aussi touché par cette inflation du
langage. Dans les émissions dites culturelles,
un chroniqueur peine à se faire entendre
s’il n’emploie pas le mot chef-d’œuvre à
propos d’un film, d’un livre ou d’un disque qu’il
a aimé. D’ailleurs, on n’aime plus, on
est sommé d’« adooorrrer ».
Un acteur n’est plus « bon », mais
forcément « géniaaaaalllll
». Et après, certains s’étonnent
que la critique ne soit plus suivie par le public.
Nous avons connu la langue de bois, voici venu
le temps de la langue XXL. Ses adeptes voudraient
nous faire croire que celle-ci symbolise le degré
suprême de la liberté d’expression.
Quelle imposture ! Elle exprime au contraire le
conformisme le plus stupide qui soit. C’est le
nouveau politiquement correct : mots lourds, pensée
étroite. Peu importe à ceux qui
manient cette langue boursouflée : pourvu
que leurs formules soient multidiffusées
dans les média. Bon nombre d’émissions
dites de débat se sont transformées
en concours de ball-trap sur cibles vivantes (et
souvent absentes du plateau... ”
« Le Grand n’importe
quoi »,
par Sébastien Le Fol,
“Entre vous et nous”, in Le Figaro,
samedi 4 - dimanche 5 avril 2009
ø
Pour prendre la
suite de ce dernier extrait, quelques réflexions
sur le langage, plus précisément
sur le vocabulaire.
Depuis près
de deux ans, nous entendons de toutes parts que
tel ou tel VIP, le plus souvent un homme, est
“décomplexé”. Il est à supposer que ce vocable a remplacé
l’expression, chez tel ou tel VIP, “Je
me sens à l’aise tel que je suis”,
de façon à ce que les électeurs
et électrices potentiels soient convaincus
d’avance de la stabilité des conduites
et des pensées du responsable politique
qu’ils choisiront, de sa bonne santé psychique,
présumée inaltérable.
Autrement dit qu’ils
voteront sans surprise pour tel ou tel VIP, dépourvu
d’inconscient.
Car, à se
reporter à la signification véritable
du mot “complexe”, qui est un concept, pour la psychanalyse tout au moins, est-on bien sûr que tel ou
tel VIP, le Président de la République
par exemple, est personnellement, intimement “décomplexé”
et... le restera ? Si tel est le cas, si cela
est son impression profonde, grand bien lui fasse.
Mais alors, qu’adviendrait-il s’il commettait
publiquement des lapsus assez lourds de conséquences,
des errances de langage, des retournements d’opinion,
des indélicatesses diplomatiques, des manquements
à sa parole susceptibles d’entraîner
des mises en actes étranges... ?
Le
mot “complexe” émane du langage
dit “savant” ou scientifique ; dans
le langage courant, accessible à tous,
il est confondu, très approximativement,
avec l’adjectif “compliqué”.
Par
contre, le “décomplexe”, en grammaire, psychanalyse, mathématiques,
physiologie, chimie, acoustique, industrie, bâtiment...
et j’en oublie sans doute, n’existe pas.
Le
concept de “complexe”, dont la globalisation
était peu appréciée de Freud,
qui le réservait quasi-exclusivement au
“Complexe Œdipe” et, très
rarement, à celui de “castration”,
fut considérablement élargi par
Bleuler, par Jung surtout, et enfin, à
sa suite, par Lacan - cf. son “complexe du
sevrage”, 1938, inclus dans les “complexes
familiaux” -, ce qui en a édulcoré
à la fois la signification et le sens,
contribuant ainsi à le banaliser, de sorte
que nous pouvons de nos jours l’utiliser pour
n’importe quelle difficulté, n’importe
quelle complication bénigne de la psyché.
L’aplatissement
du vocabulaire, a produit également ceci
que les média balancent du “fantasme”
à hue et à dia, à la place
de la très simple imagination. C’est assez
dommageable dans notre métier, lequel implique,
pour l’analyste, de veiller attentivement à
savoir repérer son contre-transfert. L’analyse,
par Freud, du fantasme, qui est toujours sexuel
infantile, chez tout sujet, analysant aussi bien
qu’analyste, nous enseigne la nécessité,
pour l’analyste, dans sa pratique, de savoir abandonner,
laisser tomber, son fantasme ou, au mieux, de
le dominer, de sorte qu’il n’interfère
pas dans le transfert de l’analysant, autrement
dit dans son inconscient, qu’il ne parasite pas
ses propres fantasmes. Faute de quoi, si l’analyste,
quand il écoute, n’a pas l’esprit vide
de son fantasme, c’est qu’il fut mal analysé,
mal supervisé, qu’il est alors un individu
comme tout le monde, ce qui en soi est très
respectable, mais qui réduit la psychanalyse
à la non-existence.
Autre
exemple. Je lis dans « Marianne »
de cette semaine, un article de Michel Onfray,
intitulé “Les religions se nourrissent
de la pulsion de mort”. Voici ma réponse
à l’hebdomadaire,
Je suis très étonnée
de lire, par Michel Onfray, qui se souhaite homme
des Lumières, le titre de son interview
dans Marianne de cette semaine : “Les religions
se nourrissent de la pulsion de mort”.
Manifestement, Michel Onfray, lui non
plus,
n’a pas lu Freud et confond la “pulsion
d’agression, la pulsion de meurtre”, avec la pulsion de mort.
Pour faire bref : la pulsion de mort, pour
Freud et, depuis, pour la psychanalyse, a pour
but, chez le sujet, d’économiser son énergie
vitale en permanence, de sorte de mourir le
plus tard possible. La pulsion de mort anime le “principe de plaisir”,
lequel satisfait toujours un plaisir immédiat, soit une plus-value de jouissance pour
un minimum de dépense énergétique
et donc de désagrément.
Le “principe de plaisir” est
autoérotique, il ne s’adresse à
aucun autre, avec ou sans majuscule.
L’antidote au “principe de plaisir”
est la “sublimation”, qui est une
dynamique de la pensée, c’est-à-dire
la mise en oeuvre de l’acquisition, par la psyché,
de la maîtrise de la pulsion. La sublimation
consiste à différer un plaisir immédiat
de source autoérotique (fugace, répétitif,
idiot) pour s’employer à atteindre, avec
plus ou moins de succès, un but plus tardif
mais plus élevé et durable, dont
la meilleure représentation est du domaine
de la création, quelle qu’en soit sa forme.
La sublimation, à l’opposé
du principe de plaisir, s’adresse à l’autre,
avec ou sans majuscule, à autrui, aux autres.
Un exemple de sublimation est de faire ce
qu’un sujet estime et choisit de devoir faire
de sa vie, de son engagement, de sa parole, de
sa voie si l’on préfère, et de s’y
tenir.
M. W.
ø
Le
concept de “paranoïa” *
lui aussi a connu un étrange destin. Dans
un texte ancien, j’essaie de démontrer
que la véritable paranoïa - psychose
obsessionnelle,
selon Freud -, au sens pathologique du terme,
c’est-à-dire appliqué au domaine
des psychoses, ne fait du mal qu’au sujet lui-même,
enfermé, muré, dans la forteresse
peu accessible de son extravagant délire
narcissique.
* Paranoïa •
Psychose chronique, caractérisée par un délire
plus ou moins bien systématisé,
la prédominance de l’interprétation;
l’absence d’affaiblissement intellectuel. [...]
Freud a toujours maintenu, comme indépendant
du groupe des démences précoces,
l’ensemble des délires systématisés
en les rangeant sous la dénomination de
paranoïa : il y englobe non seulement le
délire de persécution, mais l’érotomanie,
le délire de jalousie et le délire
des grandeurs [mégalomanie].
Dictionnaire de la psychanalyse Laplanche et Pontalis
Alors
que la schizophrénie [dissociation], ponctuée,
pour faire très bref, de ses inévitables
accès paranoïdes, peut mener au crime.
C’est
toute la question du clivage de la psyché,
pratiquement inexistant dans la paranoïa,
redoutable dans la schizophrénie, et de
son rapport à la place tenue ou non tenue
par l’autre - grand et petit “a”, aussi bien
réel qu’imaginaire. Les psychoses se distinguent
des névroses en ceci que, dans une psychose,
l’accès au symbolique est obstrué,
ce que Lacan, qui était un excellent psychiatre,
a clairement analysé et théorisé.
Ce
pourquoi également, selon Freud, la thérapeutique
de la psychose ne relève pas des compétences
de la psychanalyse, quand bien même la psychanalyse
contribuerait, mais partiellement, à la
pondération des symptômes psychotiques.
Une
contribution intéressante de la psychanalyse
pour un psychotique non criminel : lui permettre
de vivre, d’exister, hors-institution psychiatrique,
sans nuire à lui-même et / ou à
autrui.
Les
vocables “paranoïa, paranoïaque”,
pour rester dans le langage savant, sont aplatis,
arasés, en ce qu’ils sont confondus avec
ceux de “mégalomanie, mégalomaniaque",
ou, en langue commune, avec ce que l’on nommait
littéralement autrefois la “folie
des grandeurs”, mais pas obligatoirement
celle de la “persécution”,
bien qu’elle y mène assez souvent, par
impuissance, pour le sujet, de voir ses ambitions
excentriques se réaliser.
L’utilisation
erronée du vocabulaire médiatique
pour l’information culturelle, outre sa vulgarité,
à la limite, parfois, de l’infamant, reste
néanmoins, là aussi, assez conventionnel,
par exemple sexiste.
Lors
de la sortie du film retraçant l’itinéraire
de “Sœur Sourire”, les comptes-rendus
se sont montrés friands d’insister goulûment
sur une homosexualité des deux compagnes.
Ce n’est pas le lieu, ici, de commenter un fantasme
récurrent, invariant chez beaucoup de ces
messieurs, de scènes homosexuelles féminines
dont ils se font les voyeurs, suffisamment de
films X s’y emploient.
Ces
comptes-rendus finirent par conclure, avec une
grossièreté stupéfiante que,
si les deux compagnes avaient choisi de se suicider,
c’est qu’elles étaient devenues paranoïaques.
Hors, ces deux femmes, taxées d’homosexualité
par les instances religieuses honteuses devant
leurs corporations, dont le pouvoir de jugement
incombe exclusivement aux hommes, contre lequel
les nonnes ne s’élèvent pas et qu’elles
ne discutent pas, relayé par les institutions
civiles, se sont vues dépossédées
de leurs moyens de travailler jusqu’à ce
qu’elles aient les vivres coupés, qu’elles
soient privées d’exister, tout simplement.
Et
cela dans un silence épais, obtus, délibéré, qui aboutit au drame.
Il
ne faudrait tout de même pas confondre la
supplique du paranoïaque à un “autre”
qui n’existe pas ou qui ne répond pas -
ce qui donne un résultat équivalent,
de telle sorte que la nécessité,
pour chaque sujet, de recevoir des réponse
à ses interrogations, se convertit en délire
d’interprétation sous forme de “voix”
persécutrices, avec la demande légitime
de subventions matérielles, de la part
d’adultes responsables, pour assurer à
des enfants un peu d’avenir possible.
Comment
pouvons-nous admettre, aux XXe et XXIe
siècles, que deux femmes, adultes, quelle
que soit leur sexualité, qu’elles n’ont
bien sûr jamais exhibée, laquelle
aurait dû être respectée comme
relevant de la sphère privée, restées
croyantes bien que mises à l’écart
par les instances religieuses, aient été
traitées comme des parias jusqu’à
se voir acculées au suicide, alors que
les autorités se montrent extrêmement
timorées et indulgentes, voire aveugles
et sourdes, quand il s’agit de sanctionner les
prêtres pédophiles ?
Puisque
nous sommes dans la religion, demeurons-y un instant,
là où fleurissent actuellement des querelles
fratricides, qui ne sont que jeux dangereux de
pouvoirs, entre philosophes, théologiens,
historiens, négationnistes, “penseurs”
de diverses obédiences.
Il
est vrai que le pape Benoît XVI n’a pas
eu une parole très heureuse en déclarant
que “les camps [d’extermination des Juifs, des Tziganes, des
“malades mentaux”, des “vies
indignes d’être vécues” et
de leurs extensions sexuelles et politiques]
sont les symboles extrêmes du mal... [et incarnent] l’enfer
quand l’homme oublie Dieu et se substitue à
lui.”
Car
cela risquerait de faire craindre aux mégalomanes,
aux tyrans, familiaux aussi bien que chefs d’États,
à tous les pécheurs involontaires, quels qu’ils
soient et d’où qu’ils viennent, oublieux
des préceptes divins, ainsi qu’aux non-croyants,
cela va de soi, que leur âme sera à
terme vouée à l’enfer, autrement
dit aux camps d’extermination. Qu’elle perspective
! Que l’on se rassure, les seuls qui n’ont rien
à redouter resteront les négationnistes
puisque, s’ils “croient” en leur idéologie,
ils “réviseront” , pour mieux
la nier, la parole papale, représentante
de celle de Dieu sur notre terre...
Mais
d’abord, quelle erreur consternante de lecture
historique, quel embrouillamini ! Les camps d’extermination,
faut-il le rappeler à Sa Sainteté,
ont été pensés, construits,
administrés, à la seule fin d’assassiner
des populations bien précises (cf. supra), selon une idéologie bien précise
elle-aussi, à laquelle se sont ralliés
des millions d’électeurs incluant, parmi
eux, d’influents intellectuels.
Pour
autant, dans l’agitation actuelle, est-il intelligent,
comme le font quelques penseur importants de notre
époque, négligeant qu’il fallait
au Pape, avec diplomatie, remédier à
une première maladresse lors de son allocution
de Ratisbonne, de déclarer qu’il a favorisé
par ses discours, lors de son périple au
Moyen-Orient, les Palestiniens au détriment
des Israéliens, parce qu’“Il est
Allemand”
! Comme si “être Allemand” était
une tare génétique
! Et de prédire qu’il canonisera de toutes
façons Pie XII.
C’est
supprimer d’un trait, qui n’est pas d’esprit,
la faculté de la pensée du Pape,
homme érudit, et remarquable théologien,
d’évoluer et de discerner la superficialité
des informations qu’il reçoit de ses éminents
conseillers et de reconnaître ses erreurs
d’appréciation.
Dans
la foulée et peut-être - mais ce
n’est qu’une hypothèse -, par dérivation,
est-ce un moyen d’atteindre la personnalité
de Benoît XVI, si l’œuvre du Père
Desbois est l’objet d’une entreprise de démolition
par les mêmes, au prétexte qu’il
n’appartiendrait pas, d’une part, au pré
carré des historiens, de l’autre, qu’il
ne se serait pas intéressé, ou pas
suffisamment, au comportement assassin des Ukrainiens
civils ?
Il
semblerait que nous soyons revenus aux temps anciens
de la dictature de la pensée, des oukases.
Le père Desbois offre une oeuvre considérable,
documentée, honnête, à partir - comme, modestement, à
notre mesure, chacun et chacune d’entre nous -,
de son histoire singulière, de ce qu’il
connaît, de ce dont il a l’expérience
et qui s’adresse à une partie assez large
et assez diverse de l’humanité.
Ajoutons
les propos désobligeants, limites insultants,
contre Philippe Bilger, dont la “tare
génétique”
consisterait à être le fils d’un
“collabo”, à l’issue du procès
Fofana, ce sinistre clône de Dieudonné,
et l’on ne sera surpris que, grâce à
nos penseurs importants, un accroissement furieux
de l’antijudaïsme en France, déjà
bien installé, prospère...
Yann
Moix, dans un récent article, rend ainsi
compte de la responsabilité insouciante
des acteurs “culturels” de notre époque.
Je cite intégralement,
Une « utopie » pourrie
On s’imagine que l’antisémitisme est
quelque chose d’hivernal, de grippal, de viral.
On s’imagine que l’été, quand les
cigales sont là, et que, le soir, le soleil
est orange et les peaux dorées, nous n’avons
rien à craindre de la haine. On s’imagine
que la haine habite loin de l’été,
des villas, des piscines et, au hasard, de la
jolie ville d’Avignon, là même où
se trouve un fameux pont sur lequel on danse.
Je m’y suis promené, mais je n’ai pas eu
le temps de danser : le bal a été
gâché. Collé au Palais des
papes se trouve un gentil petit cinéma
qui ne paye pas de mine. Il est accueillant, son
programme est alléchant. Que des bons films,
bien triés. Le problème est que
j’ai bien l’impression que les gérants
aimeraient aussi choisir les spectateurs : «
Utopia » n’est, hélas, pas seulement
le nom du cinéma.
L’utopie apparaît clairement dès
qu’on lit le programme qu’il édite et distribue.
Le temps qu’il reste
est un très beau film palestinien, et dont
la beauté est louée en Israël
même. Long-métrage signé d’un
grand cinéaste, Elia Suleiman, il fut un
événement marquant du dernier Festival
de Cannes et l’on peut regretter qu’il n’ait obtenu
aucune récompense.
Mais entrons dès à présent
dans le vif du sujet, la critique qu’ont fait
de ce film les gens anonymes d’Utopia, car ce
qui suit, évidemment, n’est pas signé.
Au moins, dans Je suis partout, Brasillach signait, lui. Il signait «
Robert Brasillach » et c’était un
salaud mais un salaud qui signait. La haine persiste
toujours, mais tantôt elle signe et tantôt
elle ne signe pas.
Utopia, c’est de la haine qui ne signe pas
: c’est de l’utopie de groupe, du paraphe de lâche,
du ratonage intellectuel. C’est de la lettre anonyme,
et fière de l’être. Ça débute
comme ça : « Les tragédies
de l’histoire sont souvent grotesques. Les Palestiniens
vivent depuis 1948 un cauchemar kafkaïen.
» Le ton est donné. Ce n’est d’ailleurs pas un ton, qui est
donné, c’est un coup. « Quelques
massacres plus tard, perpétrés par
les milices juives. .. » Là, c’est un hallali qui est sonné.
Le mot « milice » collé au
mot « juif », ce n’est pas un oxymore
*, c’est une honte.
C’est définir, évacuant Auschwitz
d’un coup d’adjectif non seulement mal placé
mais déplacé, un concept qui donnerait
aussitôt vie, dans la foulée, à
de jolis avatars comme des nazis juifs, des fascistes
juifs, des hitlériens juifs. Je sais bien
que, ces temps-ci, on tente de faire passer absolument
les juifs d’Israël pour les petits-enfants
naturels de Hitler. Pour les petits-neveux de
Himmler.
Et c’est sans doute cela qui autorise les
bobos ultragauchisants d’Utopia à écrire
des phrases comme celle qui va suivre, et qui
m’aura percuté en plein cœur de l’été : « Elia Suleiman
revient sur son enfance dans une école
juive où la lobotomisation sioniste des
élèves filait bon train... » La « lobotomisation sioniste »
: vous n’avez pas rêvé, non. Vous
avez cauchemardé, certes, mais vous n’avez
pas rêvé. Ce n’est ni Alain Soral
qui a écrit cela, ni Robert Faurisson,
ni Dieudonné. Ce n’est pas Robert Brasillach,
ou plutôt si : ce sont les Brasillach d’aujourd’hui.
Ils ne se déguisent plus en officiers allemands,
avec des bottes et des insignes ; ils portent
des sandalettes et se parfument au patchouli,
aiment la poterie et les bougies bio. Ils sont
très à gauche mais de la manière
dont, dans les années quarante, on était
très à droite. Ils ont la haine
des juifs parce que les juifs représentent
à leurs yeux la force impériale
dark-vadorienne **
universelle.
Croyant défendre la cause palestienne,
ils exacerbent en réalité la haine
contre les Israéliens ; dans leur misérable
shaker intellectuel, ces alter-bobos-mondialistes
utopisés inventent chaque jour le visage
nouveau de l’antisémitisme contemporain
: celui des babas cool cinéphiles et idiots,
qui en voulant défendre des victimes réelles,
définissent une manière inédite
de vouloir en finir avec tout ce qui est juif
dans l’économie du monde.
Yann Moix
Écrivain et chroniqueur au Figaro Littéraire, in Le Figaro •18 août 2009
Oxymore • Terme de rhétorique.
Figure de style qui réunitdeux mots en
apparence contradictoire.
(Ex. : un silence éloquent.)
[Grand Usuel Larousse]
* Oxymore • Terme de rhétorique. Figure
de style qui réunit deux mots en apparence
contradictoire. (Ex. : un silence éloquent.)
[Grand Usuel Larousse]
** Dark Vador ou originalement Darth Vader, est un personnage de fiction créé par Georges Lucas
dans le film La Guerre des étoiles en 1977. Il s’agit de l’identité Sith du chevalier Jedi
Anakin Skywalker après son basculement
du côté obscur de la Force.
J’aurais
tant souhaité qu’une utopie puisse connaître
un futur réel, mais c’était là
faire preuve d’une pensée oxymore !
Ce
phénomène *, unique
par définition, que fut l’organisation
méthodique de l’extermination, voulue totale,
des Juifs et des Tziganes, dont les femmes, les
mères, sait-on jamais, se seraient peut-être,
au cours de leurs errances, mélangées,
pérennisant ainsi le “sang impur”,
qui ont en commun d’être, parce pourchassés,
jetés dehors, “ces gens du voyage”
maudits, les théoriciens l’ont parfaitement
isolé : il s’agissait de faire disparaître
des populations, considérées comme
des “races”, du seul fait qu’ils étaient
Juifs et Tziganes.
* Phénomène
• Se reporter à ce sujet, à
la réflexion par Guy Sizaret, intitulée
« Un regard sur la Chose ? », inclus dans le recueil de ses écrits 1989-2008, à l’adresse
suivante,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/textessiz2.html
Non
pas parce que ces populations errantes appartenaient,
comme cela a reparu très tôt dans
les discours et fut admis comme tel, persiste
encore bien vivace aujourd’hui, à une communauté
par essence religieuse.
Reconnaître
et assumer paisiblement sa judéité
- il n’y a d’ailleurs pas d’autre choix, sauf
celui de la “haine de soi”, lequel
rend la vie impossible ou mène au négationnisme
-, n’est pas se reconnaître dans une religion,
qui relève du domaine privé,
ne s’exhibe donc publiquement, n’essaie pas d’infléchir
arbitrairement les esprits. La judéïté,
héritage culturel, c’est-à-dire
qui relève du domaine intellectuel de la
civilisation, demande simplement à être
reconnue, si tant est que ce soit nécessaire,
en tant que respect de la liberté de penser,
rien de plus. Mais pas de dire n’importe quoi.
Ce
serait un abus grave de désigner ce phénomène,
par “scientifique”, dans la mesure
où il n’a fait que développer jusqu’à
son acmé, à sa réalisation
concrète, industrielle, bien que dans l’anarchie et le chaos organisés, en permettant
légalement
leurs mises en actes, les tendances humaines séculaires
et sauvages ordinaires chez l’humain, dont la
plus aiguë est celle de l’exclusion d’autrui.
Freud regroupait ça en “narcissisme
des petites différences”. Le reconnaître
honnêtement est tabou. Plus on est proche,
plus on cherche à s’exterminer : rivalités
au sein des familles et, à leur image,
des familles politiques, mafieuses, communautaires,
religieuses, idéologiques, des provinces
d’un même pays ; étanchéité
froide, sans passerelles, entre les classes sociales,
les clans, les sectes,... voire même les
“réseaux”... ... ...
Les
lavages de cerveau, par les média, ont
réussi à affecter certains esprits
que l’on percevait comme “de référence”.
Si bien que leur pensée est devenue horizontale,
superficielle, elle compare, c’est moins fatigant
que d’approfondir - le Président de la
République à un roi, à un
dictateur, tels auteurs à leurs prédécesseurs,
telle personne, tel objet, telle chose, tel événement
à d’autres...
Certes, “
...la folie chez les grands ne doit pas aller sans surveillance... ”
[Hamlet]...
Pour
qu’elle ait une chance de ne pas, inlassablement,
se répéter, pour lutter contre l’oubli
qui, par facilité, nous menace à
chaque instant, il est indispensable, exigible,
de ne pas cesser d’interroger l’histoire de la
condition humaine à partir d’analogies
et de références. Mais, comme il
en est pour la recherche psychanalytique,
ce n’est qu’une première étape.
Une
démarche suivante, encore plus intéressante,
plus évolutive, ne serait-elle pas de prendre
en compte les phénomènes de transferts
et surtout d’identifications, pour mieux dégager,
des conduites de répétition à
l’identique, les différences, les singularités,
individuelles et collectives ?
Cela
est-il possible dans ces temps modernes où,
aujourd’hui, l’on blogue ? Sans négliger
l’apport extraordinaire des outils modernes, il
semble tout de même que leur utilisation,
pour beaucoup, parmi les récentes générations,
les a dépourvus de mains. Ils ne savent
plus écrire, dessiner, peindre, travailler
la matière, effleurant leurs “gadgets”
informatiques de plus en plus légers, aériens,
par des gestes, à bien les observer, qui
pourraient s’apparenter à des mécanismes
maniaques. Leurs aînés, de plus en
plus nombreux, découvrent que les enfants
ne pensent plus, ne réfléchissent
plus, n’entendent plus rien, rendus sourds comme
des pots de fer par les écouteurs, si bien
qu’ils n’ont plus accès au sens des mots
les plus simples, ne parlent plus que par slogans
ou onomatopées stéréotypés,
happés qu’ils sont par l’addiction à
l’image autant qu’à la mécanique
gestuelle.
Le
réel occupe la place de la réalité,
l’imaginaire, les représentations psychiques
individuelles sont en permanence obstrués par l’image imposée et
par la
violence - qui est toujours d’origine sexuelle,
pulsionnelle, absolument vide d’émotions
-, et cela, à plus ou moins long terme,
ne menace-t-il pas de faire disparaître
la fonction du symbolique, celle qui dans la nature
nous distingue en tant qu’êtres humains
?
ø
Venons-en
maintenant à l’expression “Les personnes
âgées”, qui claque au vent,
telle une injure, dans les média, la rue
et les provinces, depuis que “âgé,
âgée” est identifié
à “malade”, autrement dit,
à “improductif”, “non-rentable”.
Mais à la différence des autres
malades provisoires (par maladies infantiles,
accidents, aléas physiques, physiologiques,
biologiques de toute vie humaine), de la naissance
jusqu’à la maturité, “les
personnes âgées”, avançant
inéluctablement vers leur fin, ne recouvriront
pas intégralement la santé, elles
sont donc perçues, grâce au battage
médiatique, comme doublement et définitivement
inutilisables, d’autant qu’elles grèvent
le budget de la nation ainsi que celui des générations
suivantes, à la condition toutefois que
ces dernières acceptent de compenser les
faibles revenus de leurs aînés.
“Lespersonnesâgées”
se
trouvent donc associées à ces autres
inutiles que l’on appelait les “fous”,
sauf que, des fous, définitivement inutilisables,
on ne parle pas. À peine, là encore,
quand il s’agit de budgets, de plus en plus ratatinés.
Tant
pis pour leurs qualités humaines, aux “Lespersonnesâgées”, qualités intellectuelles, relationnelles, sociales, potentiel
de création, restés intacts.
Il
semblerait pourtant, d’aussi loin que l’on se
souvienne, que “Lespersonnesâgées”, de même que les enfants, les adultes,
les fous et ceux qui ne le sont pas, sont simplement
des personnes, des êtres humains, pensant
et parlant.
Qu’elles
soient touchées directement par ou, comme
c’est de mode aujourd’hui, suspectées d’une
perspective de démence sénile, parfois
précoce, (Maladie d’Alzheimer si l’on préfère),
ou autres “outrages et ravages du temps”,
cela devrait être du seul ressort des instances
et des corps thérapeutiques (médical,
para-médical, psychique), comme les autres
affections sérieuses, ni plus ni moins,
et non de celui d’une publicité désobligeante,
d’une exhibition malhonnête puisqu’à
l’insu des intéressés et à
leur trop fragile corps défendant.
Cela
pourrait aisément appartenir, par simple
respect humain, au domaine privé, au secret
professionnel, aux relations entre les familles,
les collatéraux, et les structures thérapeutiques.
En
quoi la discrétion serait-elle un frein
pour l’attribution d’un budget, dont certains
responsables politiques sont eux-mêmes touchés
par la détresse humaine de leurs proches
?
Par
contraste, la plus honnête de nos institutions,
la plus discrète, la Cour des Comptes qui,
via les mouvements parfois tempétueux des
finances publiques, connaît absolument tout
des pratiques et des secrets humains, ne se permet
de révéler que les conduites abusives,
les “scandales”...
Admettons
que nous labellisions l’expression “Lespersonnesâgées”.
Pour
ne prendre qu’un seul exemple, populaire - il
y en aurait tant ! - nous intitulerions une manifestation
publique, une conférence, un déplacement,
une intervention d’un VIP, disons, celui qui est
de deux ans mon aîné : « “Lapersonneâgée”, Ministre d’État auprès des Affaires
Étrangères et Européennes,
Monsieur Bernard Kouchner... » ! Ayant hélas
atteint moi-même, comme icelui Ministre,
cette étape de “Lapersonneâgée”, je répondrais, devant un tel vocable,
qu’il m’est d’ailleurs donné d’entendre
assez fréquemment, aux locuteurs indélicats
que “Lapersonneâgée” leur dit bien des choses... pour rester polie...
Y échappent,
de même qu’au vocable “les gens”, dont manifestement ils ne font pas partie, les
auto- et inter-privilégiés de ce
bas monde... Pourtant la terminologie offre un
vaste choix : auditeurs, spectateurs, lecteurs...
et autant de -trices que de -teurs... les citoyens
et citoyennes... les “épicènes”
(mâles et femelles) !...
“Senior”
est assez joli. Seulement, là encore, les
femmes, peut-être parce qu’elles ne sont
plus perçues comme consommables, les “Senioritas”
ont été oubliées...
ø
À
l’origine de ce texte, je souhaitais justement
écrire quelque chose au sujet du destin
des femmes, et à leur mémoire, particulièrement
des femmes étrangères, médecins ou non médecins, celles
qui ont réussi, en pionnières, à
imposer et à pérenniser la pratique
de la psychanalyse d’adultes et d’enfants en France,
et à leur suite, leurs héritières.
Mais
ce projet fera l’objet d’une étude plus
fine ultérieurement.
La
résistance à la psychanalyse amena
péniblement la France, dans les “fameuses
années vingt” (Adorno), à
être le dernier pays dit “développé”
à l’accepter, et encore, à reculons.
Laquelle France se montra implacable envers ces
messagères juives venues de la MittelEuropa.
En témoignent, cela ne commençait
pas très bien, ces remarques navrées
de Eitingon à Freud,
Paris, le 26 octobre 1922
Si mes premières impressions sont exactes, notre cause n’a que
faiblement progressé au cours des dix-huit
derniers mois, bien que votre nom soit déjà
devenu assez courant aux Français.
Sokolnicka a eu ici [à Paris] un succès superficiel et vraisemblablement
éphémère. C’est une femme
intelligente, il est vrai que vous la connaissez
bien. [...] ... ce qui est d’ailleurs le pire
: elle est seule ici, sans soutien masculin
et médical et sans perspective de voir
un homme venir bientôt ici prêter
secours à elle-même et à l’analyse [je souligne]. Il me paraît tout à
fait invraisemblable que cela puisse, dans une
période prévisible, se produire,
les Juifs polonais et russes implantés
ici deviennent très français aussi
dans leur mentalité.
[...] Il faudrait pouvoir parler avec les Français.
Paris, le 11 décembre 1922
[...] Les deux messieurs mentionnés ci-dessus [Laforgue et Minkowski]
qui ont déjà quelques connaissances,
mettrons des documents à disposition. Certains
préjugés contre Sokolnicka, qui
prennent leurs racines dans le narcissisme des
hommes français, devraient s’atténuer
si elle parvient, dans sa collaboration avec eux,
à acquérir l’autorité avec
tact.
J’ai en outre incité le plus actif, le Dr Laforgue [Alsacien,
bilingue Français-Allemand], à faire
une analyse auprès de Sokolnicka. Si elle
parvient à le faire persister suffisamment
longtemps dans cette idée [réunir
quelques intéressés par la psychanalyse],
on aura une fois de plus gagné quelque
chose. Par ailleurs, Laforgue doit apporter
cette couverture médicale sans laquelle
on n’avancera pas ici.
Eugénie
Sokolnicka, raillée grossièrement
à la fois par les médecins français
masculins qu’elle avait analysés et formés,
à la fois, via André Gide, l’un
de ses analysants, par le très snob cercle
littéraire de la NRF, proche des sus-nommés,
s’est suicidée à son domicile le
19 mai 1934, dans la déréliction
morale et matérielle la plus délétère.
Sophie
Morgenstern, son analysante, à sa suite
pionnière de l’analyse d’enfants, dont
Françoise Dolto disait qu’elle avait “inspiré”
sa pratique et qui a essayé, en lui proposant
de l’emmener avec elle en zone libre, de l’en
dissuader, s’est suicidée la veille de
l’entrée des nazis dans Paris, le 13 juin
1940.
Il
y en eut, il y en a encore aujourd’hui, d’autres,
beaucoup d’autres, étrangères de
tous les pays, autochtones, singulières,
isolées délibérément
du monde analytique par les leurs, contraintes
à la retraite forcée, à l’exil,
au silence, à l’oubli. Elles furent, elles
sont, parmi nos analystes personnelles et enseignantes.
Pour les étrangères, elle furent
contraintes à finir leurs jours, où
leurs jours finis, rapatriées dans leur
pays de naissance, qu’elles avaient parfois quitté
depuis deux générations ; pour les
secondes, dont certaines de renom, elles ont disparu,
volontairement ou prématurément,
elles aussi, dans la nue solitude.
ø
Je
voudrais, pour terminer, cela paraîtra peut-être
un peu désuet, répondre aux collègues
qui, à la suite de Lacan, estiment que
la psychanalyse est incompatible avec la pédagogie.
Autrement dit, à ceux qui ne séparent
pas la pratique individuelle, strictement privée, de l’enseignement.
Le
désir de transmission est le désir
d’acquitter sa dette envers la psychanalyse, il
n’est pas obligatoire, beaucoup ne l’éprouvent
pas et furent d’honnêtes et efficients praticiens.
Jusqu’à
la fin des années soixante, et à
commencer par Freud lui-même, la transmission
s’effectuait, dans le cadre d’une institution,
par des psychanalystes, analysants, analysés,
avec ou après supervision, auprès
de psychanalystes confirmés. La pédagogie,
les enseignants de toutes les disciplines peuvent
en témoigner, pour peu que l’on veuille
bien s’intéresser à leur avis, est
un travail difficile, fatigant, éprouvant.
Il n’est pas possible ici de nommer tous les passeurs
professionnels de la psychanalyse depuis Freud - et non pas
les mandarins de facultés de médecine
ou de lettres, tenant séminaire pour leur
sainte postérité. Il existe à
ce sujet de la transmission de la psychanalyse
un petit mémoire précieux, intitulé
« De la formation analytique »,
qu’au printemps 2000 nous avons publié
grâce aux éditions «
The Other Press LLC », qui nous ont
offert les droits de traduction. Ce précis
très clair fut rédigé par
Siegfried Bernfeld, non-médecin, dont Freud
écrivait qu’il était “un
expert de premier plan en psychanalyse. De tous
mes élèves, c’est peut-être
la tête la plus solide. Enfin, c’est un
homme d’un savoir supérieur, un orateur
exceptionnel, et un remarquable professeur” et ailleurs, “la singularité
et de sa personne et de son œuvre témoignent
d’un rapport intime entre son travail scientifique
et sa vie, au passé comme au présent,
similitude que l’on rencontre seulement chez le
poète.” Cf.
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/parus/bernfeld.html
On
peut se procurer le texte de ce petit usuel, dont
l’âge n’a pas affecté la pertinence,
par courrier / mail, contre la modique somme de
7 €, auprès de notre association,
qui ne refuse aucune écot et qui, depuis
près de 23 ans, reste toujours désolée
que les professionnels les plus cossus préfèrent
s’entr’échanger des photocopies gratuites
plutôt que verser une modeste contribution
reconnaissant notre travail de transmission.
Depuis
que les psychanalystes formés à
l’école de Freud, lesquels animaient, vivace,
la transmission de sa théorie, ont disparu
de la scène publique, à partir de
la publication par Lacan, en 1967 - 42 ans ! -
de cette ordonnance “Le psychanalyste ne
s’autorise que de lui-même... ” -
“...et de quelques autres”, mais lesquels
? -, qui exemptait l’analyste de toute responsabilité
en cas de manquement à l’éthique
ou de revers dans la pratique, il suffit d’être
médecin, professeur de littérature,
d’anthropologie, de mathématiques et autres
voisinages, pour enseigner en faculté.
Quant aux individuels de toutes professions, s’auto-autorisant,
sans doute avec l’aval de leurs tuteurs, se présentant
comme “je suis ceci, cela, et psychanalyste”, j’en ai suffisamment parlé
dans des textes déjà anciens.
Mais
qui, parmi ces population, fut analysé,
est encore analysant, et par qui ? Cela reste
une énigme... que chacun, chacune, résoudra
à son aune.
Seuls
les non-enseignants, les particuliers, n’ont pas
à témoigner de leur itinéraire
analytique, et d’ailleurs, ils n’en ont pas le
goût. Ils se contentent de faire ce qu’ils
estiment devoir, simplement, faire de leur vie.
M. W.
Août 2009