Psychanalyse et idéologie

Micheline Weinstein

Quelques réflexions sur le langage

Journal de bord • Avril- Août 2009

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down the worshipped object
Samuel Beckett • « The Unspeakable one »
Underlined in « Jargon of the Authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.
Nobody has the right to remain silent if he knows that something evil is being made somewhere. Neither sex or age, nor religion or political party is an excuse.
Bertha Pappenheim
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© M.icheline Weinstein  

Quelques réflexions sur le langage

Avril / Août 2009... Journal de bord

 

“La méchanceté, figurez-vous, est la chose la plus facile au monde : je viens d’en faire l’expérience en rédigeant ces lignes. Elle ne demande aucun talent, absolument aucun. Elle exige simplement de faire appel à ce qu’il y a de pire en soi : la rancune, la médiocrité, la jalousie. Ne pas y céder, c’est se grandir. (...) En tout cas, moi j’arrête. Cette première salve sera la dernière. L’exercice m’a paru saumâtre. Il me laisse un goût amer. Et j’espère qu’il vous en laisse un, à vous aussi, amis lecteurs.”

Philippe Besson, auteur de « La Trahison de Thomas Spencer », in « Marianne », n° 77 du 11 au 17 juillet 2009. 

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 “Si vous voulez être entendu, aujourd’hui, dans une conversation, un conseil : ne vous exprimez pas, éructez ; ne tentez pas de composer des phrases, dégainez des formules outrancières. Vous n’êtes pas d’accord avec votre interlocuteur ? Sa tête ne vous revient pas ? Lynchez-le. Vous êtes à court d’arguments ? Brandissez l’arme suprême : la référence aux « années les plus noires de notre histoire ». Ainsi, ces dernières semaines, on aura entendu un réalisateur comparer la police française à la « Gestapo » et un chanteur « engagé » utiliser le mot de « rafle » à propos des sans-papiers. Où est la mesure ? Un romancier à succès évoque la « censure » parce qu’on a osé le critiquer ; un joueur de foot s’étant foulé la cheville, un commentateur parle d’une « tragédie » (pour son équipe)... À ce rythme-là, les météorologues devront bientôt qualifier de tsunami la moindre averse. Des mots qui désignaient des situations exceptionnelles font irruption dans la langue de tous les jours, jaillissants comme les balles réelles d’un tireur fou. Le vocabulaire élogieux est lui aussi touché par cette inflation du langage. Dans les émissions dites culturelles, un chroniqueur peine à se faire entendre s’il n’emploie pas le mot chef-d’œuvre à propos d’un film, d’un livre ou d’un disque qu’il a aimé. D’ailleurs, on n’aime plus, on est sommé d’« adooorrrer ». Un acteur n’est plus « bon », mais forcément « géniaaaaalllll ». Et après, certains s’étonnent que la critique ne soit plus suivie par le public. Nous avons connu la langue de bois, voici venu le temps de la langue XXL. Ses adeptes voudraient nous faire croire que celle-ci symbolise le degré suprême de la liberté d’expression. Quelle imposture ! Elle exprime au contraire le conformisme le plus stupide qui soit. C’est le nouveau politiquement correct : mots lourds, pensée étroite. Peu importe à ceux qui manient cette langue boursouflée : pourvu que leurs formules soient multidiffusées dans les média. Bon nombre d’émissions dites de débat se sont transformées en concours de ball-trap sur cibles vivantes (et souvent absentes du plateau... ”

« Le Grand n’importe quoi », par Sébastien Le Fol, “Entre vous et nous”, in Le Figaro, samedi 4 - dimanche 5 avril 2009 

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Pour prendre la suite de ce dernier extrait, quelques réflexions sur le langage, plus précisément sur le vocabulaire.

Depuis près de deux ans, nous entendons de toutes parts que tel ou tel VIP, le plus souvent un homme, est “décomplexé”. Il est à supposer que ce vocable a remplacé l’expression, chez tel ou tel VIP, “Je me sens à l’aise tel que je suis”, de façon à ce que les électeurs et électrices potentiels soient convaincus d’avance de la stabilité des conduites et des pensées du responsable politique qu’ils choisiront, de sa bonne santé psychique, présumée inaltérable.

Autrement dit qu’ils voteront sans surprise pour tel ou tel VIP, dépourvu d’inconscient.

Car, à se reporter à la signification véritable du mot “complexe”, qui est un concept, pour la psychanalyse tout au moins, est-on bien sûr que tel ou tel VIP, le Président de la République par exemple, est personnellement, intimement “décomplexé” et... le restera ? Si tel est le cas, si cela est son impression profonde, grand bien lui fasse. Mais alors, qu’adviendrait-il s’il commettait publiquement des lapsus assez lourds de conséquences, des errances de langage, des retournements d’opinion, des indélicatesses diplomatiques, des manquements à sa parole susceptibles d’entraîner des mises en actes étranges... ?

Le mot “complexe” émane du langage dit “savant” ou scientifique ; dans le langage courant, accessible à tous, il est confondu, très approximativement, avec l’adjectif “compliqué”.

Par contre, le “décomplexe”, en grammaire, psychanalyse, mathématiques, physiologie, chimie, acoustique, industrie, bâtiment... et j’en oublie sans doute, n’existe pas.

Le concept de “complexe”, dont la globalisation était peu appréciée de Freud, qui le réservait quasi-exclusivement au “Complexe Œdipe” et, très rarement, à celui de “castration”, fut considérablement élargi par Bleuler, par Jung surtout, et enfin, à sa suite, par Lacan - cf. son “complexe du sevrage”, 1938, inclus dans les “complexes familiaux” -, ce qui en a édulcoré à la fois la signification et le sens, contribuant ainsi à le banaliser, de sorte que nous pouvons de nos jours l’utiliser pour n’importe quelle difficulté, n’importe quelle complication bénigne de la psyché.

L’aplatissement du vocabulaire, a produit également ceci que les média balancent du “fantasme” à hue et à dia, à la place de la très simple imagination. C’est assez dommageable dans notre métier, lequel implique, pour l’analyste, de veiller attentivement à savoir repérer son contre-transfert. L’analyse, par Freud, du fantasme, qui est toujours sexuel infantile, chez tout sujet, analysant aussi bien qu’analyste, nous enseigne la nécessité, pour l’analyste, dans sa pratique, de savoir abandonner, laisser tomber, son fantasme ou, au mieux, de le dominer, de sorte qu’il n’interfère pas dans le transfert de l’analysant, autrement dit dans son inconscient, qu’il ne parasite pas ses propres fantasmes. Faute de quoi, si l’analyste, quand il écoute, n’a pas l’esprit vide de son fantasme, c’est qu’il fut mal analysé, mal supervisé, qu’il est alors un individu comme tout le monde, ce qui en soi est très respectable, mais qui réduit la psychanalyse à la non-existence.

Autre exemple. Je lis dans « Marianne » de cette semaine, un article de Michel Onfray, intitulé “Les religions se nourrissent de la pulsion de mort”. Voici ma réponse à l’hebdomadaire,

Je suis très étonnée de lire, par Michel Onfray, qui se souhaite homme des Lumières, le titre de son interview dans Marianne de cette semaine : “Les religions se nourrissent de la pulsion de mort”.

Manifestement, Michel Onfray, lui non plus, n’a pas lu Freud et confond la “pulsion d’agression, la pulsion de meurtre”, avec la pulsion de mort.

Pour faire bref : la pulsion de mort, pour Freud et, depuis, pour la psychanalyse, a pour but, chez le sujet, d’économiser son énergie vitale en permanence, de sorte de mourir le plus tard possible. La pulsion de mort anime le “principe de plaisir”, lequel satisfait toujours un plaisir immédiat, soit une plus-value de jouissance pour un minimum de dépense énergétique et donc de désagrément.

Le “principe de plaisir” est autoérotique, il ne s’adresse à aucun autre, avec ou sans majuscule.

L’antidote au “principe de plaisir” est la “sublimation”, qui est une dynamique de la pensée, c’est-à-dire la mise en oeuvre de l’acquisition, par la psyché, de la maîtrise de la pulsion. La sublimation consiste à différer un plaisir immédiat de source autoérotique (fugace, répétitif, idiot) pour s’employer à atteindre, avec plus ou moins de succès, un but plus tardif mais plus élevé et durable, dont la meilleure représentation est du domaine de la création, quelle qu’en soit sa forme.

La sublimation, à l’opposé du principe de plaisir, s’adresse à l’autre, avec ou sans majuscule, à autrui, aux autres.

Un exemple de sublimation est de faire ce qu’un sujet estime et choisit de devoir faire de sa vie, de son engagement, de sa parole, de sa voie si l’on préfère, et de s’y tenir.

M. W.

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Le concept de “paranoïa” * lui aussi a connu un étrange destin. Dans un texte ancien, j’essaie de démontrer que la véritable paranoïa - psychose obsessionnelle, selon Freud -, au sens pathologique du terme, c’est-à-dire appliqué au domaine des psychoses, ne fait du mal qu’au sujet lui-même, enfermé, muré, dans la forteresse peu accessible de son extravagant délire narcissique.

  * Paranoïa • Psychose chronique, caractérisée par un délire plus ou moins bien systématisé, la prédominance de l’interprétation; l’absence d’affaiblissement intellectuel. [...] Freud a toujours maintenu, comme indépendant du groupe des démences précoces, l’ensemble des délires systématisés en les rangeant sous la dénomination de paranoïa : il y englobe non seulement le délire de persécution, mais l’érotomanie, le délire de jalousie et le délire des grandeurs [mégalomanie].
Dictionnaire de la psychanalyse Laplanche et Pontalis

Alors que la schizophrénie [dissociation], ponctuée, pour faire très bref, de ses inévitables accès paranoïdes, peut mener au crime.

C’est toute la question du clivage de la psyché, pratiquement inexistant dans la paranoïa, redoutable dans la schizophrénie, et de son rapport à la place tenue ou non tenue par l’autre - grand et petit “a”, aussi bien réel qu’imaginaire. Les psychoses se distinguent des névroses en ceci que, dans une psychose, l’accès au symbolique est obstrué, ce que Lacan, qui était un excellent psychiatre, a clairement analysé et théorisé.

Ce pourquoi également, selon Freud, la thérapeutique de la psychose ne relève pas des compétences de la psychanalyse, quand bien même la psychanalyse contribuerait, mais partiellement, à la pondération des symptômes psychotiques.

Une contribution intéressante de la psychanalyse pour un psychotique non criminel : lui permettre de vivre, d’exister, hors-institution psychiatrique, sans nuire à lui-même et / ou à autrui.

Les vocables “paranoïa, paranoïaque”, pour rester dans le langage savant, sont aplatis, arasés, en ce qu’ils sont confondus avec ceux de “mégalomanie, mégalomaniaque", ou, en langue commune, avec ce que l’on nommait littéralement autrefois la “folie des grandeurs”, mais pas obligatoirement celle de la “persécution”, bien qu’elle y mène assez souvent, par impuissance, pour le sujet, de voir ses ambitions excentriques se réaliser.

L’utilisation erronée du vocabulaire médiatique pour l’information culturelle, outre sa vulgarité, à la limite, parfois, de l’infamant, reste néanmoins, là aussi, assez conventionnel, par exemple sexiste.

Lors de la sortie du film retraçant l’itinéraire de “Sœur Sourire”, les comptes-rendus se sont montrés friands d’insister goulûment sur une homosexualité des deux compagnes. Ce n’est pas le lieu, ici, de commenter un fantasme récurrent, invariant chez beaucoup de ces messieurs, de scènes homosexuelles féminines dont ils se font les voyeurs, suffisamment de films X s’y emploient.

Ces comptes-rendus finirent par conclure, avec une grossièreté stupéfiante que, si les deux compagnes avaient choisi de se suicider, c’est qu’elles étaient devenues paranoïaques. Hors, ces deux femmes, taxées d’homosexualité par les instances religieuses honteuses devant leurs corporations, dont le pouvoir de jugement incombe exclusivement aux hommes, contre lequel les nonnes ne s’élèvent pas et qu’elles ne discutent pas, relayé par les institutions civiles, se sont vues dépossédées de leurs moyens de travailler jusqu’à ce qu’elles aient les vivres coupés, qu’elles soient privées d’exister, tout simplement.

Et cela dans un silence épais, obtus, délibéré, qui aboutit au drame.

Il ne faudrait tout de même pas confondre la supplique du paranoïaque à un “autre” qui n’existe pas ou qui ne répond pas - ce qui donne un résultat équivalent, de telle sorte que la nécessité, pour chaque sujet, de recevoir des réponse à ses interrogations, se convertit en délire d’interprétation sous forme de “voix” persécutrices, avec la demande légitime de subventions matérielles, de la part d’adultes responsables, pour assurer à des enfants un peu d’avenir possible.

Comment pouvons-nous admettre, aux XXe et XXIe siècles, que deux femmes, adultes, quelle que soit leur sexualité, qu’elles n’ont bien sûr jamais exhibée, laquelle aurait dû être respectée comme relevant de la sphère privée, restées croyantes bien que mises à l’écart par les instances religieuses, aient été traitées comme des parias jusqu’à se voir acculées au suicide, alors que les autorités se montrent extrêmement timorées et indulgentes, voire aveugles et sourdes, quand il s’agit de sanctionner les prêtres pédophiles ?

Puisque nous sommes dans la religion, demeurons-y un instant, là où  fleurissent actuellement des querelles fratricides, qui ne sont que jeux dangereux de pouvoirs, entre philosophes, théologiens, historiens, négationnistes, “penseurs” de diverses obédiences.

Il est vrai que le pape Benoît XVI n’a pas eu une parole très heureuse en déclarant que “les camps [d’extermination des Juifs, des Tziganes, des “malades mentaux”, des “vies indignes d’être vécues” et de leurs extensions sexuelles et politiques] sont les symboles extrêmes du mal... [et incarnent]  l’enfer quand l’homme oublie Dieu et se substitue à lui.”

Car cela risquerait de faire craindre aux mégalomanes, aux tyrans, familiaux aussi bien que chefs d’États, à tous les pécheurs involontaires, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent, oublieux des préceptes divins, ainsi qu’aux non-croyants, cela va de soi, que leur âme sera à terme vouée à l’enfer, autrement dit aux camps d’extermination. Qu’elle perspective ! Que l’on se rassure, les seuls qui n’ont rien à redouter resteront les négationnistes puisque, s’ils “croient” en leur idéologie, ils “réviseront” , pour mieux la nier, la parole papale, représentante de celle de Dieu sur notre terre...

Mais d’abord, quelle erreur consternante de lecture historique, quel embrouillamini ! Les camps d’extermination, faut-il le rappeler à Sa Sainteté, ont été pensés, construits, administrés, à la seule fin d’assassiner des populations bien précises (cf. supra), selon une idéologie bien précise elle-aussi, à laquelle se sont ralliés des millions d’électeurs incluant, parmi eux, d’influents intellectuels.

Pour autant, dans l’agitation actuelle, est-il intelligent, comme le font quelques penseur importants de notre époque, négligeant qu’il fallait au Pape, avec diplomatie, remédier à une première maladresse lors de son allocution de Ratisbonne, de déclarer qu’il a favorisé par ses discours, lors de son périple au Moyen-Orient, les Palestiniens au détriment des Israéliens, parce qu’“Il est Allemand” ! Comme si “être Allemand” était une tare génétique ! Et de prédire qu’il canonisera de toutes façons Pie XII.

C’est supprimer d’un trait, qui n’est pas d’esprit, la faculté de la pensée du Pape, homme érudit, et remarquable théologien, d’évoluer et de discerner la superficialité des informations qu’il reçoit de ses éminents conseillers et de reconnaître ses erreurs d’appréciation.

Dans la foulée et peut-être - mais ce n’est qu’une hypothèse -, par dérivation, est-ce un moyen d’atteindre la personnalité de Benoît XVI, si l’œuvre du Père Desbois est l’objet d’une entreprise de démolition par les mêmes, au prétexte qu’il n’appartiendrait pas, d’une part, au pré carré des historiens, de l’autre, qu’il ne se serait pas intéressé, ou pas suffisamment, au comportement assassin des Ukrainiens civils ?

Il semblerait que nous soyons revenus aux temps anciens de la dictature de la pensée, des oukases. Le père Desbois offre une oeuvre considérable, documentée, honnête, à partir - comme, modestement, à notre mesure, chacun et chacune d’entre nous -, de son histoire singulière, de ce qu’il connaît, de ce dont il a l’expérience et qui s’adresse à une partie assez large et assez diverse de l’humanité.

Ajoutons les propos désobligeants, limites insultants, contre Philippe Bilger, dont la  “tare génétique” consisterait à être le fils d’un “collabo”, à l’issue du procès Fofana, ce sinistre clône de Dieudonné, et l’on ne sera surpris que, grâce à nos penseurs importants, un accroissement furieux de l’antijudaïsme en France, déjà bien installé, prospère...

Yann Moix, dans un récent article, rend ainsi compte de la responsabilité insouciante des acteurs “culturels” de notre époque. Je cite intégralement,

Une « utopie » pourrie

On s’imagine que l’antisémitisme est quelque chose d’hivernal, de grippal, de viral. On s’imagine que l’été, quand les cigales sont là, et que, le soir, le soleil est orange et les peaux dorées, nous n’avons rien à craindre de la haine. On s’imagine que la haine habite loin de l’été, des villas, des piscines et, au hasard, de la jolie ville d’Avignon, là même où se trouve un fameux pont sur lequel on danse. Je m’y suis promené, mais je n’ai pas eu le temps de danser : le bal a été gâché. Collé au Palais des papes se trouve un gentil petit cinéma qui ne paye pas de mine. Il est accueillant, son programme est alléchant. Que des bons films, bien triés. Le problème est que j’ai bien l’impression que les gérants aimeraient aussi choisir les spectateurs : « Utopia » n’est, hélas, pas seulement le nom du cinéma.

L’utopie apparaît clairement dès qu’on lit le programme qu’il édite et distribue. Le temps qu’il reste est un très beau film palestinien, et dont la beauté est louée en Israël même. Long-métrage signé d’un grand cinéaste, Elia Suleiman, il fut un événement marquant du dernier Festival de Cannes et l’on peut regretter qu’il n’ait obtenu aucune récompense.

Mais entrons dès à présent dans le vif du sujet, la critique qu’ont fait de ce film les gens anonymes d’Utopia, car ce qui suit, évidemment, n’est pas signé. Au moins, dans Je suis partout, Brasillach signait, lui. Il signait « Robert Brasillach » et c’était un salaud mais un salaud qui signait. La haine persiste toujours, mais tantôt elle signe et tantôt elle ne signe pas.

Utopia, c’est de la haine qui ne signe pas : c’est de l’utopie de groupe, du paraphe de lâche, du ratonage intellectuel. C’est de la lettre anonyme, et fière de l’être. Ça débute comme ça : « Les tragédies de l’histoire sont souvent grotesques. Les Palestiniens vivent depuis 1948 un cauchemar kafkaïen. » Le ton est donné. Ce n’est d’ailleurs pas un ton, qui est donné, c’est un coup. « Quelques massacres plus tard, perpétrés par les milices juives. .. » Là, c’est un hallali qui est sonné. Le mot « milice » collé au mot « juif », ce n’est pas un oxymore *, c’est une honte. C’est définir, évacuant Auschwitz d’un coup d’adjectif non seulement mal placé mais déplacé, un concept qui donnerait aussitôt vie, dans la foulée, à de jolis avatars comme des nazis juifs, des fascistes juifs, des hitlériens juifs. Je sais bien que, ces temps-ci, on tente de faire passer absolument les juifs d’Israël pour les petits-enfants naturels de Hitler. Pour les petits-neveux de Himmler.

Et c’est sans doute cela qui autorise les bobos ultragauchisants d’Utopia à écrire des phrases comme celle qui va suivre, et qui m’aura percuté en  plein cœur de l’été : « Elia Suleiman revient sur son enfance dans une école juive où la lobotomisation sioniste des élèves filait bon train... » La « lobotomisation sioniste » : vous n’avez pas rêvé, non. Vous avez cauchemardé, certes, mais vous n’avez pas rêvé. Ce n’est ni Alain Soral qui a écrit cela, ni Robert Faurisson, ni Dieudonné. Ce n’est pas Robert Brasillach, ou plutôt si : ce sont les Brasillach d’aujourd’hui. Ils ne se déguisent plus en officiers allemands, avec des bottes et des insignes ; ils portent des sandalettes et se parfument au patchouli, aiment la poterie et les bougies bio. Ils sont très à gauche mais de la manière dont, dans les années quarante, on était très à droite. Ils ont la haine des juifs parce que les juifs représentent à leurs yeux la force impériale dark-vadorienne ** universelle.

Croyant défendre la cause palestienne, ils exacerbent en réalité la haine contre les Israéliens ; dans leur misérable shaker intellectuel, ces alter-bobos-mondialistes utopisés inventent chaque jour le visage nouveau de l’antisémitisme contemporain : celui des babas cool cinéphiles et idiots, qui en voulant défendre des victimes réelles, définissent une manière inédite de vouloir en finir avec tout ce qui est juif dans l’économie du monde.

Yann Moix

Écrivain et chroniqueur au Figaro Littéraire, in Le Figaro •18 août 2009

Oxymore • Terme de rhétorique. Figure de style qui réunitdeux mots en apparence contradictoire. (Ex. : un silence éloquent.) [Grand Usuel Larousse]

* Oxymore • Terme de rhétorique. Figure de style qui réunit deux mots en apparence contradictoire. (Ex. : un silence éloquent.) [Grand Usuel Larousse]

** Dark Vador ou originalement Darth Vader, est un personnage de fiction créé par Georges Lucas dans le film La Guerre des étoiles en 1977. Il s’agit de l’identité Sith du chevalier Jedi Anakin Skywalker après son basculement du côté obscur de la Force.

J’aurais tant souhaité qu’une utopie puisse connaître un futur réel, mais c’était là faire preuve d’une pensée oxymore !

Ce phénomène *, unique par définition, que fut l’organisation méthodique de l’extermination, voulue totale, des Juifs et des Tziganes, dont les femmes, les mères, sait-on jamais, se seraient peut-être, au cours de leurs errances, mélangées, pérennisant ainsi le “sang impur”, qui ont en commun d’être, parce pourchassés, jetés dehors, “ces gens du voyage” maudits, les théoriciens l’ont parfaitement isolé : il s’agissait de faire disparaître des populations, considérées comme des “races”, du seul fait qu’ils étaient Juifs et Tziganes.

* Phénomène • Se reporter à ce sujet, à la réflexion par Guy Sizaret, intitulée « Un regard sur la Chose ? », inclus dans le recueil de ses écrits 1989-2008, à l’adresse suivante,

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/textessiz2.html

Non pas parce que ces populations errantes appartenaient, comme cela a reparu très tôt dans les discours et fut admis comme tel, persiste encore bien vivace aujourd’hui, à une communauté par essence religieuse.

Reconnaître et assumer paisiblement sa judéité - il n’y a d’ailleurs pas d’autre choix, sauf celui de la “haine de soi”, lequel rend la vie impossible ou mène au négationnisme -, n’est pas se reconnaître dans une religion, qui relève du domaine privé, ne s’exhibe donc publiquement, n’essaie pas d’infléchir arbitrairement les esprits. La judéïté, héritage culturel, c’est-à-dire qui relève du domaine intellectuel de la civilisation, demande simplement à être reconnue, si tant est que ce soit nécessaire, en tant que respect de la liberté de penser, rien de plus. Mais pas de dire n’importe quoi.

Ce serait un abus grave de désigner ce phénomène, par “scientifique”, dans la mesure où il n’a fait que développer jusqu’à son acmé, à sa réalisation concrète, industrielle, bien que dans l’anarchie et le chaos organisés, en permettant légalement leurs mises en actes, les tendances humaines séculaires et sauvages ordinaires chez l’humain, dont la plus aiguë est celle de l’exclusion d’autrui. Freud regroupait ça en “narcissisme des petites différences”. Le reconnaître honnêtement est tabou. Plus on est proche, plus on cherche à s’exterminer : rivalités au sein des familles et, à leur image, des familles politiques, mafieuses, communautaires, religieuses, idéologiques, des provinces d’un même pays ; étanchéité froide, sans passerelles, entre les classes sociales, les clans, les sectes,... voire même les “réseaux”... ... ...

Les lavages de cerveau, par les média, ont réussi à affecter certains esprits que l’on percevait comme “de référence”. Si bien que leur pensée est devenue horizontale, superficielle, elle compare, c’est moins fatigant que d’approfondir - le Président de la République à un roi, à un dictateur, tels auteurs à leurs prédécesseurs, telle personne, tel objet, telle chose, tel événement à d’autres...

Certes, “ ...la folie chez les grands ne doit pas aller sans surveillance... ” [Hamlet]...

Pour qu’elle ait une chance de ne pas, inlassablement, se répéter, pour lutter contre l’oubli qui, par facilité, nous menace à chaque instant, il est indispensable, exigible, de ne pas cesser d’interroger l’histoire de la condition humaine à partir d’analogies et de références. Mais, comme il en est pour la recherche psychanalytique,  ce n’est qu’une première étape.

Une démarche suivante, encore plus intéressante, plus évolutive, ne serait-elle pas de prendre en compte les phénomènes de transferts et surtout d’identifications, pour mieux dégager, des conduites de répétition à l’identique, les différences, les singularités, individuelles et collectives ?

Cela est-il possible dans ces temps modernes où, aujourd’hui, l’on blogue ? Sans négliger l’apport extraordinaire des outils modernes, il semble tout de même que leur utilisation, pour beaucoup, parmi les récentes générations, les a dépourvus de mains. Ils ne savent plus écrire, dessiner, peindre, travailler la matière, effleurant leurs “gadgets” informatiques de plus en plus légers, aériens, par des gestes, à bien les observer, qui pourraient s’apparenter à des mécanismes maniaques. Leurs aînés, de plus en plus nombreux, découvrent que les enfants ne pensent plus, ne réfléchissent plus, n’entendent plus rien, rendus sourds comme des pots de fer par les écouteurs, si bien qu’ils n’ont plus accès au sens des mots les plus simples, ne parlent plus que par slogans ou onomatopées stéréotypés, happés qu’ils sont par l’addiction à l’image autant qu’à la mécanique gestuelle.

Le réel occupe la place de la réalité, l’imaginaire, les représentations psychiques individuelles sont  en permanence obstrués par l’image imposée et par  la violence - qui est toujours d’origine sexuelle, pulsionnelle, absolument vide d’émotions -,  et cela, à plus ou moins long terme, ne menace-t-il pas de faire disparaître la fonction du symbolique, celle qui dans la nature nous distingue en tant qu’êtres humains ?

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Venons-en maintenant à l’expression “Les personnes âgées”, qui claque au vent, telle une injure, dans les média, la rue et les provinces, depuis que “âgé, âgée” est identifié à “malade”, autrement dit, à “improductif”, “non-rentable”. Mais à la différence des autres malades provisoires (par maladies infantiles, accidents, aléas physiques, physiologiques, biologiques de toute vie humaine), de la naissance jusqu’à la maturité, “les personnes âgées”, avançant inéluctablement vers leur fin, ne recouvriront pas intégralement la santé, elles sont donc perçues, grâce au battage médiatique, comme doublement et définitivement inutilisables, d’autant qu’elles grèvent le budget de la nation ainsi que celui des générations suivantes, à la condition toutefois que ces dernières acceptent de compenser les faibles revenus de leurs aînés.

“Lespersonnesâgées” se trouvent donc associées à ces autres inutiles que l’on appelait les “fous”, sauf que, des fous, définitivement inutilisables, on ne parle pas. À peine, là encore, quand il s’agit de budgets, de plus en plus ratatinés.

Tant pis pour leurs qualités humaines, aux “Lespersonnesâgées”, qualités intellectuelles, relationnelles, sociales, potentiel de création, restés intacts.

Il semblerait pourtant, d’aussi loin que l’on se souvienne, que “Lespersonnesâgées”, de même que les enfants, les adultes, les fous et ceux qui ne le sont pas, sont simplement des personnes, des êtres humains, pensant et parlant.

Qu’elles soient touchées directement par ou, comme c’est de mode aujourd’hui, suspectées d’une perspective de démence sénile, parfois précoce, (Maladie d’Alzheimer si l’on préfère), ou autres “outrages et ravages du temps”, cela devrait être du seul ressort des instances et des corps thérapeutiques (médical, para-médical, psychique), comme les autres affections sérieuses, ni plus ni moins, et non de celui d’une publicité désobligeante, d’une exhibition malhonnête puisqu’à l’insu des intéressés et à leur trop fragile corps défendant.

Cela pourrait aisément appartenir, par simple respect humain, au domaine privé, au secret professionnel, aux relations entre les familles, les collatéraux, et les structures thérapeutiques.

En quoi la discrétion serait-elle un frein pour l’attribution d’un budget, dont certains responsables politiques sont eux-mêmes touchés par la détresse humaine de leurs proches ?

Par contraste, la plus honnête de nos institutions, la plus discrète, la Cour des Comptes qui, via les mouvements parfois tempétueux des finances publiques, connaît absolument tout des pratiques et des secrets humains, ne se permet de révéler que les conduites abusives, les “scandales”...

Admettons que nous labellisions l’expression “Lespersonnesâgées”.

Pour ne prendre qu’un seul exemple, populaire - il y en aurait tant ! - nous intitulerions une manifestation publique, une conférence, un déplacement, une intervention d’un VIP, disons, celui qui est de deux ans mon aîné : « “Lapersonneâgée”, Ministre d’État auprès des Affaires Étrangères et Européennes, Monsieur Bernard Kouchner... » ! Ayant hélas atteint moi-même, comme icelui Ministre, cette étape de “Lapersonneâgée”, je répondrais, devant un tel vocable, qu’il m’est d’ailleurs donné d’entendre assez fréquemment, aux locuteurs indélicats que “Lapersonneâgée” leur dit bien des choses... pour rester polie...

Y échappent, de même qu’au vocable “les gens”, dont manifestement ils ne font pas partie, les auto- et inter-privilégiés de ce bas monde... Pourtant la terminologie offre un vaste choix : auditeurs, spectateurs, lecteurs... et autant de -trices que de -teurs... les citoyens et citoyennes... les “épicènes” (mâles et femelles) !...

“Senior” est assez joli. Seulement, là encore, les femmes, peut-être parce qu’elles ne sont plus perçues comme consommables, les “Senioritas” ont été oubliées...

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À l’origine de ce texte, je souhaitais justement écrire quelque chose au sujet du destin des femmes, et à leur mémoire, particulièrement des femmes étrangères, médecins ou non médecins, celles qui ont réussi, en pionnières, à imposer et à pérenniser la pratique de la psychanalyse d’adultes et d’enfants en France, et à leur suite, leurs héritières.

Mais ce projet fera l’objet d’une étude plus fine ultérieurement.

La résistance à la psychanalyse amena péniblement la France, dans les “fameuses années vingt” (Adorno), à être le dernier pays dit “développé” à l’accepter, et encore, à reculons. Laquelle France se montra implacable envers ces messagères juives venues de la MittelEuropa. En témoignent, cela ne commençait pas très bien, ces remarques navrées de Eitingon à Freud,

Paris, le 26 octobre 1922

Si mes premières impressions sont exactes, notre cause n’a que faiblement progressé au cours des dix-huit derniers mois, bien que votre nom soit déjà devenu assez courant aux Français.

Sokolnicka a eu ici [à Paris] un succès superficiel et vraisemblablement éphémère. C’est une femme intelligente, il est vrai que vous la connaissez bien. [...] ... ce qui est d’ailleurs le pire : elle est seule ici, sans soutien masculin et médical et sans perspective de voir un homme venir bientôt ici prêter secours à elle-même et à l’analyse [je souligne]. Il me paraît tout à fait invraisemblable que cela puisse, dans une période prévisible, se produire, les Juifs polonais et russes implantés ici deviennent très français aussi dans leur mentalité.

[...] Il faudrait pouvoir parler avec les Français.

Paris, le 11 décembre 1922

[...] Les deux messieurs mentionnés ci-dessus [Laforgue et Minkowski] qui ont déjà quelques connaissances, mettrons des documents à disposition. Certains préjugés contre Sokolnicka, qui prennent leurs racines dans le narcissisme des hommes français, devraient s’atténuer si elle parvient, dans sa collaboration avec eux, à acquérir l’autorité avec tact.

J’ai en outre incité le plus actif, le Dr Laforgue [Alsacien, bilingue Français-Allemand], à faire une analyse auprès de Sokolnicka. Si elle parvient à le faire persister suffisamment longtemps dans cette idée [réunir quelques intéressés par la psychanalyse], on aura une fois de plus gagné quelque  chose. Par ailleurs, Laforgue doit apporter cette couverture médicale sans laquelle on n’avancera pas ici.

Eugénie Sokolnicka, raillée grossièrement à la fois par les médecins français masculins qu’elle avait analysés et formés, à la fois, via André Gide, l’un de ses analysants, par le très snob cercle littéraire de la NRF, proche des sus-nommés, s’est suicidée à son domicile le 19 mai 1934, dans la déréliction morale et matérielle la plus délétère.

Sophie Morgenstern, son analysante, à sa suite pionnière de l’analyse d’enfants, dont Françoise Dolto disait qu’elle avait “inspiré” sa pratique et qui a essayé, en lui proposant de l’emmener avec elle en zone libre, de l’en dissuader, s’est suicidée la veille de l’entrée des nazis dans Paris, le 13 juin 1940.

Il y en eut, il y en a encore aujourd’hui, d’autres, beaucoup d’autres, étrangères de tous les pays, autochtones, singulières, isolées délibérément du monde analytique par les leurs, contraintes à la retraite forcée, à l’exil, au silence, à l’oubli. Elles furent, elles sont, parmi nos analystes personnelles et enseignantes. Pour les étrangères, elle furent contraintes à finir leurs jours, où leurs jours finis, rapatriées dans leur pays de naissance, qu’elles avaient parfois quitté depuis deux générations ; pour les secondes, dont certaines de renom, elles ont disparu, volontairement ou prématurément, elles aussi, dans la nue solitude.

ø

Je voudrais, pour terminer, cela paraîtra peut-être un peu désuet, répondre aux collègues qui, à la suite de Lacan, estiment que la psychanalyse est incompatible avec la pédagogie. Autrement dit, à ceux qui ne séparent pas la pratique individuelle, strictement privée, de l’enseignement.

Le désir de transmission est le désir d’acquitter sa dette envers la psychanalyse, il n’est pas obligatoire, beaucoup ne l’éprouvent pas et furent d’honnêtes et efficients praticiens.

Jusqu’à la fin des années soixante, et à commencer par Freud lui-même, la transmission s’effectuait, dans le cadre d’une institution, par des psychanalystes, analysants, analysés, avec ou après supervision, auprès de psychanalystes confirmés. La pédagogie, les enseignants de toutes les disciplines peuvent en témoigner, pour peu que l’on veuille bien s’intéresser à leur avis, est un travail difficile, fatigant, éprouvant. Il n’est pas possible ici de nommer tous les passeurs professionnels de la psychanalyse depuis Freud - et non pas les mandarins de facultés de médecine ou de lettres, tenant séminaire pour leur sainte postérité. Il existe à ce sujet de la transmission de la psychanalyse un petit mémoire précieux, intitulé « De la formation analytique », qu’au printemps 2000 nous avons publié grâce aux éditions « The Other Press LLC », qui nous ont offert les droits de traduction. Ce précis très clair fut rédigé par Siegfried Bernfeld, non-médecin, dont Freud écrivait qu’il était “un expert de premier plan en psychanalyse. De tous mes élèves, c’est peut-être la tête la plus solide. Enfin, c’est un homme d’un savoir supérieur, un orateur exceptionnel, et un remarquable professeur” et ailleurs, “la singularité et de sa personne et de son œuvre témoignent d’un rapport intime entre son travail scientifique et sa vie, au passé comme au présent, similitude que l’on rencontre seulement chez le poète.” Cf.

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/parus/bernfeld.html

On peut se procurer le texte de ce petit usuel, dont l’âge n’a pas affecté la pertinence, par courrier / mail, contre la modique somme de 7 €, auprès de notre association, qui ne refuse aucune écot et qui, depuis près de 23 ans, reste toujours désolée que les professionnels les plus cossus préfèrent s’entr’échanger des photocopies gratuites plutôt que verser une modeste contribution reconnaissant notre travail de transmission.

Depuis que les psychanalystes formés à l’école de Freud, lesquels animaient, vivace, la transmission de sa théorie, ont disparu de la scène publique, à partir de la publication par Lacan, en 1967 - 42 ans ! - de cette ordonnance “Le psychanalyste ne s’autorise que de lui-même... ” - “...et de quelques autres”, mais lesquels ? -, qui exemptait l’analyste de toute responsabilité en cas de manquement à l’éthique ou de revers dans la pratique, il suffit d’être médecin, professeur de littérature, d’anthropologie, de mathématiques et autres voisinages, pour enseigner en faculté. Quant aux individuels de toutes professions, s’auto-autorisant, sans doute avec l’aval de leurs tuteurs, se présentant comme “je suis ceci, cela, et psychanalyste”, j’en ai suffisamment parlé dans des textes déjà anciens.

Mais qui, parmi ces population, fut analysé, est encore analysant, et par qui ? Cela reste une énigme... que chacun, chacune, résoudra à son aune.

Seuls les non-enseignants, les particuliers, n’ont pas à témoigner de leur itinéraire analytique, et d’ailleurs, ils n’en ont pas le goût. Ils se contentent de faire ce qu’ils estiment devoir, simplement, faire de leur vie.

M. W.

Août 2009

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
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