© Micheline Weinstein
Suite Journal ininterrompu
par intermittence 1967-2021
Ich will
Zeugnis ablegen bis zum letzten
[Je veux
témoigner jusqu’au dernier jour]
Victor
Klemperer • Journal 1933-1947
15 août 2021
Abrégé remarquable au sujet de l’idéologie d’une
partie d’intellectuels, journalistes et autres têtes pensantes françaises sous
l’Occupation
À voix nue • Entretiens Pierre Assouline - Lucien Combelle
France Culture du 25 au 27 juillet 1988
Rediffusions in Les Nuits de France Culture •
Juillet 2021
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/voix-nue-lucien-combelle-12-parties-1-3-1ere-diffusion-du-25
https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/voix-nue-lucien-combelle-22-parties-4-et-5-1ere-diffusion-28
[N. B. Sur la biographie de Lucien
Combelle, se reporter à https://www.bedetheque.com/auteur-7611-BD-Combelle-Lucien.html]
Extraits
Apostille
Je
laisse sciemment à la sagacité des lectrices et lecteurs éventuels la loisible
pertinence d’interpréter l’honnête autopsie que décrit de lui-même Lucien Combelle. M. W.
ø
P. A. Dans votre
livre Prisons de l’espérance […] Le
ciment de tous ces groupuscules, c’était d’abord l’antibolchevisme, beaucoup
moins l’antisémitisme.
L. C. Vous savez, quand je suis passé à
Apostrophes pour Péché d’Orgueil, Bernard
Pivot m’a posé la question : « Étiez-vous antisémite ? ». Il
m’a été très facile de lui répondre, et ça a vraiment jailli sans la moindre
hésitation, ni plus ni moins, que tous les Français, et je répète d’ailleurs la
même chose maintenant : l’antisémitisme en France existe partout, plus ou
moins accentué, mais il est il est là, incontestablement.
P. A. Oui, mais
il y a 40 ans, être antisémite avait une résonance particulière…
L. C. Ah, mais
bien sûr, bien sûr ! N’oubliez pas, et j’en profite pour le répéter,
malgré l’incrédulité de gens, nous avons été, je parle des journalistes, faut
croire que nous étions tout de même pas très bien informés, nous ignorions
complètement l’histoire des camps. […] Je ne dis pas tous les journalistes, je
dis, en tous cas, moi, j’ai fait partie des journalistes qui ignoraient
l’existence des camps. On n’ignorait pas les déportations, mais pour nous, les
déportations devaient alors aboutir à des camps, des camps d’internement, comme
il y en avait d’ailleurs en France pour les Espagnols, par exemple Noé.
P. A. Mais déjà,
les camps d’internement, ça ne vous paraissait pas… révoltant ?
L. C. Question très
insidieuse, parce que vous savez bien que je ne pouvais pas vous répondre que
ça n’était pas révoltant. Seulement, à situation aussi exceptionnelle qu’une
guerre, on se dit que tout est possible, y compris les internements [… devenir des déportés ...] Je pensais qu’on les
faisait travailler […], mais s’étonner des déportés israélites, ce serait aussi
s’étonner du non-retour des déportés en Sibérie de la Russie communiste. C’est-à-dire
qu’on vivait dans une époque où la déportation, un peu partout dans le monde,
commençait à sévir, quels que soient les régimes. On déportait, et quand on ne
déportait pas, de toute façon, on internait. les internés ne revenaient pas, même s’ils étaient en France. On ne connaît pas,
par exemple, d’internés espagnols qui soient revenus librement dans leurs
familles, non, ce n’était pas possible, les internés, les déportés étaient des
gens qui ne revenaient pas. […] c’était monstrueux,
mais qui n’est pas, qui n’est pas dans une période comme ça, qui ne pouvait pas
être monstrueux…
P. A. […] Vous
jugez que c’est monstrueux, mais vous n’avez jamais écrit à l’époque […].
L. C. Vous voulez
implicitement me dire que, ne l’écrivant pas, je l’approuvais. […] L’idéologie
m’a fait beaucoup de mal, bien sûr, mais elle m’a fait prendre des positions
aujourd’hui absurdes […]. Je suis coupable, Pierre Assouline,
en fin de compte, je n’ai pas trahi la France parce que la notion de patrie m’a
toujours échappé, je dois l’avouer, j’ai trahi la littérature en m’engageant
dans la collaboration, car enfin de compte mon histoire politique est une sorte
de transfert de ma passion de l’écriture, écrire pour moi est une chose
importante. La politique montrait brusquement que, justement, je savais écrire
ce que je n’avais écrit jusqu’alors. Eh bien, rien ne fera plus plaisir que de
lire dans une lettre de Céline, Céline me disant que j’avais un talent
authentiquement révolutionnaire. Venant de lui, c’était vraiment un compliment
pour moi, disons, sans bavure et sans discussion. Bon, c’est vrai, l’écriture
chez moi a été un démon.
[… Au complet par Internet, dont Youtube]