© M. W. / ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON
Petit glossaire des concepts freudiens appliqués à la clinique selon François Perrier
Définitions, notes, réflexions
Établi par Micheline Weinstein
Dépôt légal • Octobre 2000
ISBN 2-913957-03-X • ISSN 0995 15 47
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Nous sommes dans le dialogue des morts, dès lors que nous utilisons autre chose que les concepts freudiens.
François Perrier
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Préface
L’établissement de ce Petit glossaire... a connu quelque tourmente, dont un contretemps sérieux, lorsque mes notes, le travail de nombreux mois, les livres de Perrier, ont été dérobés avec la sacoche qui les contenait, l’été passé. Ça ne servait à rien ni à personne, mais c’est ainsi. Il fallut tout reprendre à zéro. Cependant, aussi dur qu’il soit, le coup n’a en rien modifié la démarche entreprise, en tous cas pas ce qui l’animait, ni sur fond ni dans la forme. Nous espérons que les lecteurs, psychanalystes et, plus généralement, les intéressés, se feront un plaisir intellectuel d’aller retrouver le contexte analytique original dans les œuvres de François Perrier, mort maintenant il y a juste 10 [17] ans, de recomposer ses rébus, par désir de maintenir son cap, de suivre la progression, comme on dit en musique ou en mathématiques, de son esprit qui, lorsqu’il s’adressait à un auditoire, parlait juste. Perrier avait en commun avec Freud leur écriture magnifique. Différent de Freud, Perrier était poète à l’antique - ce qu'aurait apprécié Freud -, et musicien.
Et surtout, même si, après sa rupture avec Lacan, il était “celui dont on parle à voix basse”, d’aucuns ont estimé et estiment toujours Perrier comme le meilleur clinicien dont la France ait accouché depuis sa tardive et laborieuse approche de la psychanalyse où, autrement formulé, depuis sa précoce, solide et durable résistance à la psychanalyse, à moins que ce ne soit à Freud.
Les vieux souvenirs affleurent... Le 23 septembre 1939, sans le poids politique et moral de la Princesse Marie Bonaparte, laquelle obtînt d'un seul journal que la France prenne en compte la mort de Freud, aucune presse, aucun organe d'information, ne semblèrent souhaiter s'y intéresser, ou peut-être même l'entendre évoquer. Pour ma part, quoi que François Perrier en ait dit et écrit, je considère que sa longue étape auprès de Lacan, avec ses conséquences, n’était pas obligatoire pour qu'il soit le freudien qu’il fut, le Perrier qu'il fut, j'ai toujours trouvé que c'était une mésaventure de la psychanalyse française. Le concept de “Refoulement” n'apparaît pas dans ce « Petit glossaire... » tant il apparaît peu dans l'œuvre de Perrier. Son terrain d'élucidation de ce que Freud essayait lui-même de définir par refoulement, peut se résumer dans ce passage d'Antin, d'un chapitre intitulé L'Enfance,
Dieu merci ! Freud a inventé la phase de latence [...] ; tout ce qu'on sait, c'est que, dans bien des cas, on ne la trouve pas [...] Nécessaire à son élaboration théorique, mais toujours controuvée et dénoncée par les faits. Il suffit d'avoir des gosses pour voir à quel point le latent et le manifeste chez les enfants ne s'inscrivent pas, comme ça, de façon caractérisée et datable. Mon idée est que cette phase de latence est nécessaire à Freud pour introduire cette question du primat génital, du refoulement de la sexualité infantile, etc. Je ne vais pas m'étendre là-dessus, sinon pour dire : il y a postulat d'entracte, de coupure. Lorsqu’il s’est agi des termes Didactique, Institution, Formation, Argent, j’ai renvoyé aux chapitres de La Chaussée d’Antin, dans lesquels ils se trouvent, la deuxième édition de ce livre, parue chez Albin Michel en 1994, n’est en effet toujours pas épuisée. Enfin ne figure pas, dans ce glossaire, le concept de Refoulement, que je n'ai rencontré qu'à deux ou trois reprises dans l'œuvre de F. P, mais que je projette d'intégrer dans une édition ultérieure.
M. W. Août 2000 / mars 2008
P. S. Ci dessous, seulement la premiè re page du Petit glossaire... Le moyen le plus simple de se procurer le volume entier par mail ou en version papier est de nous contacter.
Freud , cité par F. P
En dernière analyse, quand les choses ne sont plus à comprendre, lisez les poètes.
Acting-out Peut devenir désir d’hystérisation de la structure perverse, une fois que celle-ci se cherche entre l’obsession et la psychose.
Acting-out et passage à l’acte (différence) Chaque fois qu’il y a confusion ou coagulation entre le Réel et le Symbolique, on peut passer de l’acting-out, c’est-à-dire du fantasme, à sa réalisation, fût-elle meurtrière. C’est là que se rejoignent, dans les cas graves, la libido et l’instinct de mort.
Agressivité Si l’agressivité est cette tension statique qui naît lorsque deux semblables prennent intersubjectivement le regard de l’autre comme miroir de l’identique à soi, les regards se fusillent.
Amatride Création de F. P. Pour une femme, l’une des façons possibles d’être amatride, c’est de n’avoir eu aucun accès à la féminité, c’est-à-dire à la féminité idéalisée de l’autre, ni même peut-être à sa propre mère comme mythe narcissisant d’elle-même. Se reporter à Angoisse féminine.
Amour
Toujours lié à une aptitude à un non-savoir ou à une dérobade par rapport au savoir. Est-il aussi sexué qu’on veut bien le penser ? L’amour, c’est donner ce que l’on demande à l’autre. Est référé au narcissisme, c’est-à-dire au registre même de ce qui met à l’abri de la castration et de la mort. En même temps, toute passion amoureuse est un risque de dénarcissisation, de perte d’identité ou de perte du moi ou de perte du mythe narcissique (mort réelle par suicide). Il s’agit de supporter la chose et en même temps de concilier ce qui est narcissisant et dénarcissisant dans l’amour. L’amour devient une question de vie parce qu’il est question de mort et d’impossible. Cette dimension tierce de la mort n’est donc plus le phallus, elle n’est pas le grand Autre, elle n’est pas la loi. Elle est le réel, la menace de non-sens dernier, comme conclusion de la belle histoire en noir et rose.
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cela ne va pas sans dire
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