© Micheline Weinstein / 2 janvier 2015
L’Idéologie
Du mot « Démocratie »
Avant-propos
Ce
texte était déjà placé
sur le site quand je fus amenée à
devoir, au nom de l’association et en mon nom,
écrire le courrier qui suit.
Courrier
• 19 janvier 2005
C’est
grâce au courage de qui a su dire la vérité
de son histoire, que j’ai pu enfin réaliser
matériellement, réellement, le
pourquoi - ne privilégions qu’un exemple
public -, le livre de traductions, édité
en 2003, intitulé,
« Les traductions
de Psy • Le temps du non »
(Cf. infra, «
Livres et travaux »)
avait été complètement
ignoré par les psychanalystes, les historiens
de la psychanalyse, les historiens de la déportation.
L’histoire, sur la couverture de ce livre, du
“y” à la place de “Psi”
et “ψ”,
n’a aucun intérêt, elle est lamentable.
Elle en rejoint pourtant une autre, ou alors
c’est la même, l’histoire d’aujourd’hui,
qui court et sourd depuis que Françoise
Dolto et François Perrier ne sont plus,
physiquement, là pour étayer mes
travaux.
Ainsi, depuis une petite quinzaine d’années,
je mettais toujours la plus grande distance
devant certains agissements, qui ne m’intéressent
pas.
Cette histoire est celle de personnes qui, de
tous temps, occupent des milieux analytiques
lacaniens, ceux de l’édition, des médias.
Elles sont “analystes” ou pas, c’est
du pareil au même.
Au plan public, ces personnes, je les ai éditées.
Elles figurent dans « L’inventaire » (ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON n°
26-27), qui est disponible sur demande. Puis,
il eut quelques autres personnes, un peu plus
tard.
Au plan privé, de ces personnes, j’ai
un aperçu, assez dessiné, et subjectif.
Ces personnes, il semblerait qu’elles ont utilisé,
à mon insu, leurs publications par notre
association, dont le bureau est composé
de personnalités connues, publiques,
- parfois aussi mon nom -, d’abord pour se faire
valoir et décrocher, à titre personnel,
des marchés publics, ensuite pour manifester,
par leurs ragots, par tous leurs moyens, leur
haine sordide, aux noms de la psychanalyse et
de la déportation des Juifs.
Ces personnes, ce qui les caractérise,
c’est l’absence de courage.
ø
Une
réflexion portant sur l’idéologie
ne peut, en 2005, se passer de la lecture les
livres de l’écrivain/philosophe Jean
Pierre Faye, invité d’honneur permanent
de notre association ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON. Le lecteur trouvera en fin de texte une bibliographie
minimale de l’uvre de Jean Pierre Faye,
où figure notamment « Langages
totalitaires », paru en 1976, travail
de démontage de la langue allemande nazie,
de ses sigles et slogans, ces messagers des
implications individuelles aussi bien que collectives.
Travail de philosophe français égal
à celui de Viktor Klemperer, philologue
allemand, « Ich will zeugnis ablegen
bis zum letzten », dont la Lingua
Tertii Imperii ne représente qu’un
court extrait.
Pour une réflexion portant sur l’idéologie,
le monde analytique français ne saurait
ni, me semble-t-il, ne devrait, continuer d’écarter
la position incorruptible de Jean Pierre Faye
face à Heidegger, avec sa philosophie
qui, bien qu’interdite en Allemagne depuis Nuremberg,
constitue encore aujourd’hui l’essence de la
philosophie analytique française et de
son enseignement.
J’introduirai ici cette réflexion par
le texte de la 4e de couverture de,
JEAN
PIERRE FAYE
Le
siècle des idéologies
Armand
Colin/Masson, Collec. Références,
Paris, 1996
Le
Siècle XX a emprunté un mot terrible
et vague, apparemment technique et plein de
secrets, à son prédécesseur,
le XIXe.
Le terme Idéologie,
réservé alors à quelques
initiés, devient ensuite le véhicule
des grandes ondes d’histoire et de pensée.
Et, porté par de vastes masses, il devient
lui-même une onde matérielle, voire
une succession violente de raz-de-marée.
Et pourtant il appartient à la philosophie
: par ses deux composantes, provenant en droite
ligne de la pensée grecque, bien qu’elles
se soient rencontrées dans la langue
française. Mais de lourds appareils d’État
lui ont réservé des appartements
particuliers, dans l’Histoire. La langue russe,
la langue chinoise, et bien d’autres ont donné
son nom à des fonctions chargées
des plus grandes énergies et du plus
grand danger. D’autres appareils l’ont retraduite
en un équivalent non moins redoutable,
emprunté aussi aux philosophes, la Vision-du-monde. Weltanschauung et Idéologie se sont aussi, un moment, partagé l’univers
de la violence et de la répression.
Nous sommes ici
aux confins de la sagesse et de ses folies.
Nous rencontrerons des figures qui sont des
monstres. Mais elles feront aussi référence
à d’autres messagers, qui sont les animateurs
de messages de finesse, de précision,
et d’ironie. Comment saisir ces paradoxes, et
singulièrement ceux du quadrilatère
Hitler-Staline et Nietzsche-Marx ? Car ces deux
derniers noms sont à la fois impliqués
dans la référence par contrainte,
ou le culte d’idéologues - et dans le
démontage virulent qui s’exerce sur les
deux autres.
Il nous faudra
donc passer par tous ces chemins. Qui préparent
pour nous la cartographie du siècle à
venir. Même dans le cas où nous
aurions, par cécité idéologique
précisément, refusé de
le savoir.
Note M. W. • Au
sujet de Heidegger, il n’est peut-être
pas inutile de rappeler ce qu’il pensait de
la psychanalyse (1). En
1949, dans son Introduction à « Qu’est-ce que la Métaphysique
? », dédiée à Hans
Carossa pour son 70e anniversaire, dédicace
omise dans la traduction française car
Carossa présida une fois la Chambre Internationale
des Écrivains nazis, créée
et contrôlée par Goebbels, on lit,
S’il
en était ainsi de l’Oubli de l’Être,
ne serait-ce pas une raison suffisante pour
qu’une Pensée qui pense l’Être
soit prise d’Effroi, car rien d’autre ne lui
est possible que soutenir dans l’Angoisse ce
Destin de l’Être afin de porter d’abord
la Pensée en présence de l’Oubli
de l’Être ? Mais une Pensée en
serait-elle capable tant l’Angoisse ainsi destinée
n’est pour elle qu’un État d’Âme
pénible ? Qu’à donc à faire
le Destin Ontologique de cette Angoisse avec
la Psychologie et la Psychanalyse ?
Questions 1
Et
dans la langue, à l’intention des germanistes,
qui sauront y mettre le son,
Wäre wenn es mit der Seinsvergessenheit so stünde,
nicht Veranlassung genug, dass ein Denken, das
an das Sein denkt, in den Schrecken gerät,
demgemäss, es nichts anderes vermag, als
dieses Geschick des Seins in der Angst aus zuhalten,
um erst das Denken an die Seins vergessen heit
zum Austrag zu bringen ? Ob jedoch ein Denken
dies vermöchte, solange ihm die so zugeschickte
Angst nur eine gedrückte Stimmung wäre
? Was hat das Seins geschick dieser Angst mit
Psychologie und Psychoanalyse zu tun ?
(1) Cf.
M. W., 1989, in « La nuit tombe...
Travaux 1967-1997». À ma demande,
Jean Pierre Faye avait bien voulu lire le texte
en allemand, lors d’un colloque de psychanalystes
lacaniens auquel j’avais été invitée
à présenter un travail dans lequel
je mentionnais ce passage.
Ø
Maintenant,
je voudrais commencer par remercier un correspondant
de longue date qui, tel un petit grand garçon,
insiste par courrier dès qu’un mot, une
réflexion, arrêtent sa lecture.
Cette insistance, la sienne et celle de tout
autre lecteur, m’amène assez régulièrement
à devoir répondre, pour expliciter,
par exemple aujourd’hui, le motif de mon antipathie
envers certaines créations de mots, et
leurs conséquence selon l’utilisation
qui en est faite par la suite.
Je n’aime pas, au son, les concepts formés
avec le suffixe “-cratie”,
qu’ils soient de “plouto-”, de ”auto-”...
Et pas toujours le préfixe “démo/déma-”.
Démocratie souveraineté
du peuple.
Démagogie art de mener le peuple
par tous les moyens.
Par contre, les concepts formés avec
"-graphie", tel celui de démographie,
ne me dérangent pas.
Je n’aime pas beaucoup non plus le terme monétaire
de Euro . Il est impossible de composer
avec ce mot-là, sans que l’oreille n’accroche
une interjection (euh), ou-et une éructation (rot).
Tout comme je n’aime pas certaines musiques,
qui sont toutefois de la belle musique, je n’aime
pas devoir employer certains mots courants mais
obligatoires alors, comme tout le monde, je
les emploie quand même, puisque que nous
n’en avons pas d’autres à disposition.
Ils permettent d’échanger, à partir
d’un concept dont le sens est universellement
traduisible, quelques idées par delà
les continents.
Le suffixe “-cratie -, crisse,
j’ai écrit “crasse” dans « Tu leurs diras, quand tu rentreras en France », que je laisse puisque c’est un lapsus
épais, lourd, du latin “crassus”,
un mauvais tour, pas un jeu de mot. J’ai écrit
“crasse”, à propos de l’usage
fait parfois du mot démocratie, aussi
mon correspondant a estimé que je tenais
des propos comparables à ceux d’extrême-droite.
J’aime bien le mot République.
Il implique la souveraineté de la chose
publique et non celle d’individus, particuliers
ou collectifs, que le pouvoir, à tous
les échelons, dans chaque domaine de
la vie, finit presque toujours par rendre mégalomanes.
Quand, il y a bien longtemps, j’ai créé
l’association ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON, je l’ai présentée
comme la concevant en une petite république,
“allant-devenant” (3) sur les traces
des miens, cela fait beaucoup de monde, dont
mon grand-père Moïse, un temps président
à Istambul juste avant la 2e Guerre Mondiale,
du Joint, organisme laïc d’entraide internationale,
dont le siège est à New-York (4).
(2)
Cf. infra, M. W. Tu
leurs diras, quand tu rentreras en France
(3) Expression de Françoise
Dolto.
(4) Cf. infra, M. W. compte-rendu
du livre de Anne-Lise Stern.
Du coup, notre conseillère scientifique,
analyste et fine clinicienne, m’a intitulée
président de la république.
Le président d’une association préside.
Seul pouvoir, sa voix l’emporte à la
majorité en cas de litige. Jusqu’à
présent, m’est échu un pouvoir
supplémentaire, celui de financer quasi
entièrement l’association, et par conséquent
d’en être propriétaire, ainsi que
de son nom, ses publications, ses frais généraux,
son site. Je ne m’en plains pas, je dis seulement
que cela commence à peser aussi sur mon
temps.
Il est une maladie humaine, une pathologie non
reconnue comme telle, qui s’appelle avarice.
Je me suis souvent demandé comment être
avare en même temps qu’être analyste
était compatible. Les signaux matériels
de l’avarice crépitent dès qu’une
question d’économie, matérielle
aussi bien que libidinale, est amorcée,
elle peut très vite ramener en boomerang,
violemment, des injures. Aussi, pour limiter
l’arrivée trop fréquente d’injures
par l’intermédiaire de notre site, nous
envisageons de rendre payant son accès.
Nous n’accusons réception d’injures que
dans le cadre rétribué de notre
métier, la psychanalyse,
qui les inclut aussi, de par les effets de transfert.
Le mot république est aussi chahuté
que celui de démocratie. Au plan politique,
le lexique de notre métier admet la “couleur
chair”, ainsi désignée par
Freud, vaste palette.
Aimer
ou ne pas aimer ne renseigne pas sur mes intentions
de vote
Dans
le même ordre général de
réflexion sur le sens des mots avec leurs
agencements grammaticaux, et leurs incidences
idéologiques, la question d’un langage,
d’une écriture, qui seraient masculins
ou féminins est bien étrange.
La place et le rôle assignés depuis
toujours aux femmes témoigne pourtant
que le langage, religieux aussi bien que laïque,
a été forgé et mis en circulation
par les hommes au masculin, selon leurs codes,
les successifs, les immuables. L’invention du
langage par les hommes est vraiment formidable.
Mais que l’on rajoute un “e” à
certaines désignations masculines pour
en faire des féminines ne change absolument
rien de fondamental au rapport hommes-femmes,
ni à ses effets. Que les femmes utilisent
les systèmes de langage existant, cela
ne présume pas de la forme de leur sexualité,
car c’est bien la sexualité qui est évoquée
lorsqu’une écriture est qualifiée
de masculine ou féminine.
En français, écrivait Perrier,
le neutre n’existe pas, il est toujours au masculin.
Ø
Idéologie
et Psychanalyse
C’est
vrai, la chose [la psychanalyse]
avance bien, mais vous semblez surestimer
mon plaisir à ce sujet. Ce qui
peut être puisé de l’analyse
comme satisfaction personnelle, je l’ai
goûté du temps que j’étais
seul ; or, depuis que d’autres s’y sont
mis, je me suis plus souvent fâché
que réjoui. La façon dont
les humains se l’approprient, se servent
d’elle en la transformant, en la déformant,
ne m’a pas donné d’eux, en matière
de comportement, une opinion meilleure
que celle d’autrefois, du temps où
ils la rejetaient sans rien y entendre.
Une fêlure irrémédiable
a dû se produire alors entre les
autres et moi.
Freud
à Pfister • 25
décembre 1920
Quel
phénomène de la réflexion
analytique, depuis un demi-siècle en
France, a abouti à poser comme assertion
théorique que certains symptômes
décrits par Freud n’auraient plus cours
? Qu’ils auraient disparu et auraient été
remplacés par d’autres, plus modernes,
consécutifs à la 2e Guerre Mondiale.
Ce phénomène aurait modifié
les concepts fondamentaux de la psychanalyse. Ainsi, entend-on en France, dans nombre de milieux
analytiques depuis le lacanisme, soit un demi-siècle,
que l’hystérie des jeunes Viennoises
d’antan n’existe plus, et que les symptômes
qui la caractérisent, dégagés
par Freud, repris, commentés et actualisés
aussi bien auprès des hommes qu’auprès
des femmes par François Perrier (5),
non plus (6).
Idéologie
et hystérie
S’il
n’y a plus d’hystériques, autant déclarer
tout net qu’il n’y a plus de psychanalyse,
puisque l’hystérie en est, avec Breuer,
le soutènement, avec Freud, au fondement (7). De mon côté, dans la pratique,
je n’ai pas relevé de telles transmutations.
Les hystériques sont bien toujours des
hystériques, et leurs symptômes,
ceux de l’hystérique.
(5) In François Perrier, Petit
glossaire... op. cit.
(6) J’évoque là encore un phénomène
apparenté au révisionnisme.
(7) Cf. M. W., Freud • L’hystérie,
la psychanalyse
et l’histoire.
Ce qui a probablement changé, c’est le
temps laissé à son inconscient,
à son rythme propre. La non prise en
compte du temps de l’inconscient a peut-être
produit ce qu’on appelle aujourd’hui le “stress”.
Mais ce n’est pas en changeant le nom d’un symptôme
et les appellations de ses effets, ou en voulant
les réduire à des formules mathématiques
d’un nouveau style, pour bien les dominer, que
leur sens, leur signification, leur existence,
sont perdus pour autant.
Cette négation française de l’hystérie
rappelle les énoncés des temps
encore récents de l’anthropologie européenne,
pourtant bien ethnocentriste et très
anthropomorphe, qui s’employait, il y a encore
trente ans, à démolir le mythe
d’dipe, puisqu’il était de facture
freudienne. Ainsi entendait-on, lisait-on, que
ce mythe, de culture européenne, ne pouvait
convenir à des populations lointaines
non européennes de tradition principalement
orale.
Les concepts, l’inconscient, freudiens, auraient
été “caduques”, pour
reprendre le terme d’Arafat alors qu’il n’en
pensait pas un mot, auraient donc disparu sans
laisser de traces. Ainsi disparaissait la vie
dans les chambres à gaz... pour n’évoquer
qu’en passant le négationnisme. Pourtant,
à écouter les héritiers
de l’extermination, très précisément
ceux et celles nés entre 1942 et 1944,
dont les parents ont été assassinés
dans les chambres à gaz parfois avant
l’apparition du langage chez leur/s enfant/s,
nous sommes bien obligés de constater,
en la circonstance, le défaut radical,
donc la nécessité de la structure
dipienne, puisque son manque prive des
identifications primaires indispensables à
l’enfant pour qu’il se construise. La structure
dipienne n’est pas réussie, ratée
ou bancale pour eux, elle est absente et c’est
de cela dont ils souffrent d’abord. Ils n’ont
de modèle, pour reconstituer le mythe
de toutes pièces, et s’en étayer,
que l’uvre de Freud.
Ça suffit, de se faire injurier, par
exemple d’entendre qualifier les Juifs de délirants,
comme si la disparition des parents, amis, ennemis
et autres, dans les chambres à gaz, appartenait
à l’un de ces fantasmes propres aux humains
pervers, celui de jouir de se représenter
des corps nus, hurlant, étouffant, atterrés,
des enfants, des bébés... À
seule fin de substituer ces représentations
à la mort réelle, celle dont on
ne revient pas.
Si, dans notre lieu de travail, nous accueillons
moins les hystériques, c’est que le plus
souvent, quand leur vie n’est plus supportable,
et que cet état se manifeste sous une
forme inacceptable par le monde extérieur,
on les régule aux antidépresseurs,
quelquefois même on les interne en services
psychiatriques. Où là, pour qui
est rétif à toute tentative d’atteinte
à son corps, de neutralisation autoritaire
de sa faculté de penser - les nombreuses
camisoles chimiques -, l’hystérique modifiée
en vient très vite à entendre
des voix et à tomber dans une espèce
de schizophrénie, aux accès paranoïdes.
Puis, les assommoirs médicamenteux aidant,
ses dernières défenses abandonnent
l’hystérique, il arrive alors qu’elle
se suicide, ou bien que, ne pouvant plus résister,
l’état de déréliction s’aggrave,
se chronicise en même temps que la parole
disparaît, à jamais déniée.
Si, dans la pratique, l’analyse selon Freud
c’est d’abord l’analyse de la résistance,
l’hystérique la personnifie. L’hystérique
n’entre pas en résistance, elle y est
chez elle. Ainsi combat-elle l’envahisseur,
la puissante armada des pulsions, avec ses ustensiles
de fortune.
L’une des manifestations de l’hystérie,
le dégoût pour le sexuel, ne suffit
pas à apporter une antidote efficace
contre l’empreinte de la plaie laissée
d’un premier plaisir érotique stimulé
autoritairement par l’adulte, imposé,
subi par l’enfant quand il n’a encore aucune
défense, donc aucune possibilité
de résister à un assaut. Toute
stimulation érotique de l’enfant par
un adulte est la base de sensations de plaisir,
de points d’impacts précis, qu’il n’a
pas les moyens de maîtriser - Hilflösigkeit.
Ils se convertiront par la suite en manifestations
internes et externes, diverses, toujours invalidantes
pour sa vie publique, professionnelle, privée.
Dans le psychisme, ils se feront obsédants.
La pulsion sexuelle, antérieure à
la maturation psychique, étant toujours
la plus forte, elle cherchera sans cesse à
rabattre l’enfant dans ce plaisir répétitif.
Elle s’interpose devant l’accès au langage,
pervertit l’essai de maîtrise des objets
par l’enfant, qui est empêché de
trouver les mots pour les nommer. Les mots alors
lui manqueront également pour explorer
le monde extérieur à sa personne,
comme pour témoigner de son rapport avec
les humains et leurs lois symboliques.
Et quand l’adulte ne domine pas sa pulsion sexuelle,
quand il transgresse la nécessité
pour vivre de l’accès au langage chez
un enfant ou tout être considéré
comme inférieur, nous sommes alors dans
un régime où la perversion,
qui est la négation de la névrose,
tient alors l’autre sous le joug de son idéologie, celle du déni, d’une non réception,
du rejet de l’existence, de la parole, du langage
et du corps de l’autre.
Si en analyse, la première attention
de l’analyste consiste à laisser à
l’analysant/e le temps, la place, l’espace psychique
pour permettre aux symptômes de témoigner
d’eux-mêmes avant que puisse affleurer
le langage, il n’est pas possible de décider
- faire "comme si" et agir en conséquence
- que l’hystérie n’est plus up to
date (!). Car, séance après
séance, hier comme aujourd’hui, l’hystérique
rejoue clairement sur le divan la même
scène originelle, la reproduit dans le
transfert comme elle le fait dans sa vie privée
et publique. Entravés par la force pulsionnelle
répétitive l’analysant/e et l’analyste
ont les plus grandes difficultés à
dissoudre les effets de cette scène primitive
réelle, non fantasmée, qui grèvent
le présent et le devenir de l’hystérique.
C’est en donnant existence à la ψA,
en offrant cet enfant à Breuer qui l’a
passé à Freud, que Bertha Pappenheim
a ouvert la voie de la sublimation. Or, la sublimation
n’a rien perdu de son efficacité, qui
consiste à renoncer au plaisir pulsionnel
immédiat maléfique (Lustprinzip),
pour dériver la pulsion vers d’autres
buts, plus élevés, exclusivement
psychiques. Bertha, Anna O (8), fut suivie
par une ribambelle d’hystériques généreuses,
qui apportaient à Freud l’invention de
la chaîne langagière de l’inconscient,
parfois même en plusieurs langues, laquelle
jusque là n’avait été entendue
par personne.
Ainsi, une idéologie n’a aucune place
possible chez l’hystérique, la notion
même d’idéologie contredisant absolument
le processus de sublimation. Nous pourrions
même aller jusqu’à dire que l’idéologie est la négation de
l’hystérie, la négation de
la ψA
en soi (Cf. Freud, 1896).
Aujourd’hui encore, l’accès à
la sublimation reste, devant l’hystérie,
la meilleure des thérapeutiques.
Quant à ce qui a été désigné
par “psychose hystérique”,
ou hystérie dépassée, elle
avoisine la mystique, là où le
langage semble avoir lâché complètement
prise, perdu le sens, comme cela se passe aussi
avec la paranoïa. Mais à la différence
près, écrit Freud à Jung
en 1911, que la "paranoïa hystérique"
est,
...identique
à la vraie, mais réductible
parce que reposant sur l’identification
avec un vrai paranoïaque.
L’hystérie
se situe donc bien du côté de la
névrose et nous permet ainsi de garder
espoir. En commun, hystérie, mystique
et paranoïa se placent en opposition à
l’idéologie, puisque ici, le point de
fixation, l’aimé/e, est le représentant
d’une représentation, pas une croyance.
(8) Son
nom fut dévoilé très publiquement
par Hirschmüller en 1976 avec sa biographie
de Josef Breuer.
Idéologie
et névrose obsessionnelle
Si
hystérie et psychanalyse
ne font qu’une, de son côté, névrose
obsessionnelle, bien que dérivée
de l’hystérie par des forces pulsionnelles
de même nature, est une idéologie (9). La névrose obsessionnelle implique
une idéologie, une croyance en un dieu
ou tout signe à lui relié, générateur
de rituels immobiles, qui la protègent
de la menace du langage délirant.
La résistance se manifeste chez l’obsessionnel-le
par la mobilisation d’une armée offensive,
et se définit, se délimite, beaucoup
mieux que l’hystérie. Cette armée
est mue par la croyance réelle en n’importe
quoi, pourvu que ce ne soit pas, trop abstraits,
une représentation ni son représentant.
Par ailleurs, nous le savons, l’obsessionnel/le
ne supporte aucun témoin, s’exprime en
terroriste, malmène le langage. C’est
pourquoi sont discours intérieur reste
confiné, comprimé, marmonne, ressasse,
compte, édifie des forteresses, développe
des théories d’allégeance et de
magie, s’y livre pieusement, ratiocine... Chez
l’obsédé, observe Perrier,
...le
moi est cette forteresse imaginaire dans
laquelle il se construit en miroir. C’est
celle qu’il nous montre en la renforçant
sous l’il de l’assiégeant
qu’est la mort. Figé dans son moi
obsidional, s’il parle, c’est pour ne
rien dire, pour faire diversion, c’est
pour passer le temps, gagner du temps
et mieux nous endormir, nous, dont il
pense que nous l’assiégeons pour
l’obliger à tenter une sortie [...]
Ainsi, chez l’obsédé, la
parole n’est pas le soldat de sa cause,
c’est le parlementaire qui suspend les
lois de la guerre, tout en permettant
le ravitaillement et le trafic occulte
d’armes, sous couvert d’entretiens diplomatiques
[...] L’obsession est refus de vivre...
(9) Cf.
M. W. • Postface à «Une incroyable rêverie
• Freud et Jung à Clark, 1909 », par W. A. Klsch.
Il
arrive qu’avec le temps, à la longue,
les idées obsédantes finissent
par fonctionner comme des yeux et des voix qui
confirment au sujet qu’on lui en veut, qu’il
est scruté à tout instant, que
ses intentions et ses actes coupables n’ont
aucun secret pour le Dieu surmoi. À ce
point des choses, quand elles arrivent, le sujet
a chu dans ce que Freud nommait "psychose
obsessionnelle" ou paranoïa.
Maintenant, ce qui fait que par une stimulation
sexuelle de même nature, un/e enfant éprouvera
un plaisir dont il sera par la suite coupable
et développera une névrose obsessionnelle,
alors qu’un/e autre, l’hystérique, réagira
instantanément, quasi instinctivement,
par le dégoût, reste encore aujourd’hui
une énigme. N’y sont peut-être
pas pour rien la forme que prennent les agissements
de l’adulte sur l’enfant, les mots qui les accompagnent
pour les détourner et les contredire...
Nous ne savons pas.
Dans Totem et tabou, Freud apparente
l’hystérie à la caricature (10) - Zerrbild - d’une uvre d’art ;
la névrose obsessionnelle, à la
caricature d’une religion, dont l’objectif est
d’interdire à l’autre de penser ; l’égarement,
le délire paranoïaque, à
celle d’un système philosophique. Du
côté de la névrose obsessionnelle,
se placent la fabrication de systèmes
fermés, d’inventions mécaniques,
techniques. La paranoïa, elle, semblerait
glaner un peu partout parmi les symptômes
névrotiques, les phobies, les traits
de caractère, les rituels, pour bâtir
ses édifices mégalomaniaques.
Elle se manifeste comme constituée d’emprunts
linguistiques empilés les uns sur les
autres ou ajoutés les uns aux autres,
sans éléments syntaxiques qui
les relient, sans aucune logique, qui se verbalisent
souvent en slogans successifs, en termes recherchés,
quelquefois ampoulés, puisés de
préférence dans le vocabulaire
de “spécialités” diverses,
principalement scientifiques. Les “grands
hommes”, leurs discours, servent de miroir
dans lequel le paranoïaque hallucine son
propre reflet. Les termes, locutions, groupes
de mots, assertions contradictoires dans une
même phrase, s’égrènent,
isolés par des trous grammaticaux. Et
tout cela avec une bruyante, énorme dépense
d’énergie, parfois une gesticulation
désordonnée, caricaturale, voire
pathétique. Dans le discours paranoïaque,
le modèle sur lequel les fixations se
calquent apparaît d’évidence, par
la répétition, la réapparition
incessante d’un nom propre parfois à
peine modifié, d’un dieu sadique idolâtré,
qui révèle l’obsession amoureuse
- érotomane - du locuteur. Outre Schreber,
le Journal de l’homme aux loups en est un exemple.
Freud, chaque fois, a pris soin d’émettre
une restriction sur la portée thérapeutique
de l’analyse d’un/e paranoïaque, il la
trouve “relativement pauvre”. De la
paranoïa, dit-il, l’analyse aide à
comprendre le processus d’édification
délirante du discours, à partir
de l’échec (Versagung) de la
censure exercée par le refoulement, qui
se manifeste sous forme d’apparition des voix,
et c’est à peu près tout (11).
(10)
Je n’hésite pas à traduire “Zerrbild”
par “caricature"” car je n’ai trouvé
aucun autre terme français qui rende
compte de l’exagération, de l’outrance,
la défiguration, des traits caractéristiques
d’une image ou d’une représentation.
(11)
De même pour la "névrose narcissique"
ou schizophrénie.
Ferenczi,
après Freud en témoigne à
son tour,
Paranoïa
La
psychanalyse a démontré
que “son noyau actif était
constitué par une forte homosexualité
inconsciente qui apparaissait dans la
conscience, sous le masque de la haine
ou de la crainte des personnes du même
sexe ; elle a également montré
le rôle important de la projection
dans cette maladie : l’épreuve
de réalité est faussée,
le sujet s’efforce de déplacer
ses propres tendances psychiques sur les
autres ; mais jusqu’à présent
la psychanalyse n’est pas parvenue à
faire admettre cette interprétation
au paranoïaque méfiant et
à l’amener ainsi à abandonner
son attitude psychique erronée.
Au mieux elle a pu obtenir quelques succès
thérapeutiques dans les délires
de jalousie, lorsque le malade avait une
certaine conscience du caractère
pathologique de son comportement.”
Ferenczi in «
Psychanalyse 4 », pp. 191/192
[...]
Dans
la paranoïa, les organes des sens
corrigent un certain temps les idées
de persécution qui sont au début
imprécises et sans objet. Cependant,
les perceptions des sens aussi bien que
les souvenirs succombent aussitôt
au souhait de mettre les sentiment de
persécution en connexion avec des
objets appropriés (illusions, hallucinations,
tromperies du souvenir) [...]
Les falsifications hallucinatoires du
paranoïaque sont des confirmations
de son idée délirante qui
sont, à la manière du rêve,
accomplissement de son désir. Elles
sont la victoire du désir projeté
sur le témoignage des organes des
sens.
id.,
p. 220
Il
est alors évident que le persécuté
n’est pas concerné par l’idéologie,
d’aucune sorte.
C’est donc sur la structure (12) de la névrose
obsessionnelle que Freud a établi la
théorie de la psychologie de masse, terme
que je préfère à "Psychologie
des foules", lesquelles font, d’une façon
un peu méprisante, "peuple".
Dans la ou les masses, habitent aussi des gens
très distingués, on y trouve de
tout, pas seulement du populaire. En tant que
névrose individuelle, la névrose
obsessionnelle fonctionne, selon Freud,
comme une religion privée, une idéologie.
(12) J’emploie
le terme de “structure” dans le sens
de Freud (cf. Die Traumdeutung), c’est-à-dire
appliqué à la topographie du psychisme
que révèlent les formations de
l’inconscient, avec leurs éléments
d’abord séparés et épars
qui sont ceux d’un rébus. Non pas au
sens de Lacan, qui fait du concept de “structure”
- comme étant originel (congénital
?), constitutif - une sorte de squelette réel
appliqué au sujet lui-même. Ainsi,
affirme-t-il, “la structure ne change pas”,
rien ni personne n’auront de prise ou d’influence.
Indélébile, immuable, elle marquera
le sujet, entraîné irrévocablement
à plus ou moins longue échéance
vers son implacable destin. Il est alors permis
de se demander si, dans de telles conditions,
l’“analyse selon Lacan”, alors en
opposition absolue avec le projet thérapeutique
freudien, sert à autre chose qu’à
poser un emplâtre sur une jambe de bois.
Il me semble que la structure de la plupart
des édifices peut être modifiable,
ce sont ses fondations qui ne changent pas.
On peut éventuellement, si l’on rase
la structure édifiée dessus, les
combler, les recouvrir. Un exemple, parmi d’autres,
en est la BNF (Bibliothèque François
Mitterand), bâtie sur l’emplacement de
hangars de regroupement des Juifs lors de la
2e G. M., avant qu’ils ne transitent par Drancy
pour ensuite être acheminés sur
Birkenau.
Pour
les philosophes du XIXe siècle, la Weltanschauung se traduisait par Vision du monde, Conception du monde... Marx, puis les
marxistes traduisirent Weltanschauung par Idéologie.
Reprenons les différentes définitions
du Grand Usuel Larousse,
Idéologie : 1 - Système philosophique du XVIIIe
siècle, et du début du XIXe,
lesquels proposent d’étudier les
idées en général et
leur origine. 2 - Système d’idées
générales constituant un corps
de doctrine philosophique et politique à
la base d’un comportement individuel ou
collectif (cf. idéologie marxiste,
nationaliste). 3 - Ensemble des représentations
dans lesquelles les hommes vivent leurs
rapports à leurs conditions d’existence
(culture, mode de vie, croyance... cf. idéologie
des romantiques allemands du XIXe siècle).
4 - Idéologie dominante : pour les
marxistes, production qu’opère dans
le monde des idées une classe sociale
dominante (on rejoint le phénomène
de mode), qui se caractérise par
son aspect chosifié, coupé
de la réalités concrète
et qui perme à cette classe d’étayer
sa domination économique la classe
dominée. 5 - Appliquée à
la philosophie, l’idéologie est un
système vague et nébuleux.
Versant psychanalyse,
François Perrier déplore l’édification,
après la 2e G. M., d’une idéologie
analytique et la définit ainsi (13),
Du
côté de la folie, je mettrais
tous les poètes du monde ; et nous
tous ici, et les idéologues d’aujourd’hui,
d’hier, d’avant-hier et de demain, du côté
de ce qui d’un délire devient simplement
le déchet d’une intuition forclose
dans une carence archaïque ou une politique
ou une politisation. [...] L’idéologie
analytique est constituée de théories
sur l’inconscient et ce qu’on appelle les
visées de la cure, qui sont un contresens,
à savoir que la psychanalyse serait
discipline de maturation à partir
de la maturité supposée ou
du savoir supposé de l’autre ou de
son aptitude à entendre l’inconscient.
À l’inverse : la vraie psychanalyse,
c’est-à-dire les petits moments d’une
cure où on sent que... c’est de l’analyse,
est-ce qu’elle n’est pas discipline d’immaturation
? C’est-à-dire la possibilité
du retour à un non-savoir.
(13) Petit
glossaire... op. cit.
Perrier
nous permet ici de bien distinguer, sans aucune
ambivalence psychiatrique, le poète de
l’assassin, le fou du dictateur. C’est à
Lacan que revient d’avoir doté la France
d’une idéologie analytique. Alors, puisque
Perrier emploie ici le terme de “forclusion”,
traduction par Lacan de “Verwerfung”,
rappelons que celui ou ce qui est forclos, c’est
celui ou ce “qui est privé du bénéfice
d’un droit, pour ne pas l’avoir exercé
dans un délai fixé”. Lacan
privilégie le terme de forclusion pour
définir la psychose, ce qui laisserait
supposer que le “psychotique” n’a
pas reçu de naissance, et nous avoisinons
alors la question de l’hérédité,
le bénéfice d’un droit, celui
du choix, qu’il, en tant que sujet, n’a pas
exercé dans un délai fixé.
Or au “psychotique”, ou rendu psychotique
par les institutions perverses qui l’entourent,
est-il laissé les moyens d’exercer ce
droit, lui en donne-t-on seulement la permission
? Pourtant la réaction du paranoïaque,
quand il rejète toute incursion, repousse,
écarte, "casse un jugement"
porté de l’extérieur par qui le
persécute, n’est peut-être de sa
part qu’une violente réaction phobique.
Le “psychotique” serait “forclos”
? Très bien, alors d’origine, il lui
manquerait la possibilité de se voir
accorder par les humains un minimum de respect
pour son libre choix, serait-il de délirer,
il serait condamné, et rien, personne,
ne pourrait quoi que ce soit pour l’aider à
vivre parmi eux. Il serait alors traité
comme on condamne les criminels, à perpétuité.
Outre les nombreux suicides de “psychotiques”
de tous les temps dans et hors les services
psychiatriques, y eut-il, parmi les hospitalisés,
des morts de “psychotiques” laissés
déshydratés pendant la canicule
de l’été 2003, quand on sait que
les neuroleptiques, antidépresseurs et
autres médecines, non seulement bouffissent,
hirsutent, font baver, rendent le regard opaque
et fixe, mais aussi provoquent une soif permanente
difficilement supportable ? Les a-t-on consultés
pour leur assurer un minimum de maintient en
vie décent ? Nous n’en avons pas entendu
parler.Il faut bien admettre alors que quand
Lacan prescrit “Forclusion” pour
traduire “Verwerfung” -, traduction
adoptée par la France analytique pas
tout à fait entière -, il semblerait
qu’il remplace le rejet en bloc, quasi phobique,
d’une représentation par le paranoïaque,
par le déni qui sert le clivage du pervers,
et qu’il témoigne haut, fort et net,
de son idéologie de psychiatre, assez
éloignée d’une marque d’intérêt
pour Freud, autrement dit pour la psychanalyse.
Il
faut bien admettre alors que quand Lacan prescrit
“Forclusion” pour traduire “Verwerfung”
-, traduction adoptée par la France analytique
pas tout à fait entière -, il
semblerait qu’il remplace le rejet en bloc,
quasi phobique, d’une représentation
par le paranoïaque, par le déni
qui sert le clivage du pervers, et qu’il témoigne
haut, fort et net, de son idéologie
de psychiatre, assez éloignée
d’une marque d’intérêt pour Freud,
autrement dit pour la psychanalyse.
M.
W.
2 janvier 2005
Post-scriptum
Colette
Rouy me fait remarquer, avec pertinence, que
pour Lacan, ce n’est pas le psychotique qui
est forclos, c’est, chez le psychotique, le
“Nom-du-Père”.
En 1986, puis en 1991, j’ai présenté
mon travail en cours et son évolution,
lors respectivement d’une journée et
d’un colloque de psychanalystes lacaniens. Ces
travaux portaient précisément
sur “Le Grand Autre”, et sa relation
au “Nom-du-Père”. J’y reprenais
ma lecture, dans les « Écrits »
et le « Séminaire [alors inédit]
de 1974 », très détaillée,
des schémas et formules de Lacan appliqués
à la psychose, comparée à
celle de l’analyse
de la paranoïa
par Freud,
à partir des écrits de Schreber.
Ces deux communications successives, où
je conteste comme je le fais aujourd’hui, la
traduction par Lacan de “Verwerfung”
en “Forclusion”, figurent dans «
La nuit tombe aux environs de 16 heures 30 »,
recueil de mes travaux entre 1967 et 1997
.
Quand le “Nom-du-Père”, en
place de “Le Grand Autre”, est tout
simplement Dieu, nous ne pouvons pas dire qu’il
est forclos chez Schreber.