De l’écologie psychique
En tout dernier lieu, nous ne devons pas oublier que la relation analytique
est fondée sur l’amour de la vérité,
autrement dit sur la reconnaissance de la réalité,
et exclut tout faux-semblant et toute imposture.
Freud
Écologie • Science des relations d’une espèce vivante avec son milieu
et avec les autres espèces vivantes.
Grand Usuel Larousse
L’“amour
de la vérité” est pour Freud,
en langage courant, ce qu’il nomme, par ailleurs,
Psychanalyse en tant que démarche fondamentalement scientifique.
Ce
pourquoi nous regrettons que le département
d’études nommé « Sciences
Humaines » se soit substitué à
celui que l’on désignait autrefois par
« Sciences Expérimentales », lesquelles permettraient
au plus juste, nous semble-t-il, l’énoncé
possible d’une “écologie psychique”.
L’“amour
de la vérité”, pour la science,
est à l’opposé de La
vérité, vérité absolue,
que seul Dieu représente et détient.
Freud
ne manquait jamais de souligner que le - ou la,
restons dans le masculin singulier qui, selon
Perrier, était en français le seul
neutre proposé -
psychanalyste devrait plier, se “soumettre”,
avec la modestie du chercheur scientifique, devant
ce que nous enseigne, pas à pas, l’expérience,
l’étude, l’observation, avec leurs ratés,
leurs embûches, les espoirs qu’elles portent
en elles, des énigmes infinies - et inestimables
- de
la psyché, et qui aboutissent parfois à
l’émergence de points de vérité
sans conteste, de reconnaissance de la réalité,
autrement dit du présent indiscutable, concret, depuis que l’humain est
en mesure de nommer.
C’est
ainsi que la recherche de la vérité
dans l’étude des cheminements de la psyché,
à l’image de la démarche scientifique,
dans sa dynamique, telle l’œuvre d’art de
toute une vie, demeure à jamais inachevée.
Les
écueils que rencontre la psychanalyse,
dans sa relation avec l’Histoire du monde où
l’humain évolue depuis si longtemps, sembleraient
dûs à des fixations infantiles invariantes,
que sont, quand elles se dissolvent mal, la jalousie,
la rivalité, la haine de l’autre qui, c’est
un piège de son imaginaire, occuperait une place, réduirait l’“espace vital”
dont l’humain se croyait, dans leur totalité,
le seul détenteur.
Curieusement,
plus l’autre est proche - de la mère, du
père, de leurs substituts topologiques
ou géographiques - plus la haine est tueuse,
Freud désignait ce phénomène
par « Narcissisme des petites différences
».
Prenons
un exemple du « narcissisme des
petites différences »
: Lacan. Le théâtre de Lacan, pour
ne pas dire le [mélo]drame, son “autre
scène” publique, assez pathétique,
fut qu’à la différence des auteurs
véritables qu’il jalousait dans les disciplines
majeures de l’art, des sciences et de la philosophie,
qu’il n’a rien inventé.
Il n’a pu, par un tour de passe-passe langagier
extraordinairement cultivé bien qu’obscurantiste,
emprunté à celui de Heidegger, que
réduire la psychanalyse à un dandysme
pour Café de Flore, d’où son succès
médiatique en forme d’OPA intellectuelle
sur la discipline.
Par
contre, en regard de Freud, nous pourrions avancer
que Lacan éprouvait un “narcissisme
des grandes différences”, voire des
incompatibilités, parfois radicales.
De
telle sorte - et en cela l’histoire de la vie
quotidienne tout autant que les événements
successifs de la Grande Histoire en témoignent
- que l’humain est davantage poussé vers
la fuite en avant, sa conscience chassant d’un
violent coup de balai, pour ne pas les voir ni
s’en sentir co-responsable, hors du présent, autrement dit de la réalité, les horreurs collectives
ou individuelles qu’il s’inflige réciproquement.
Bien
souvent, l’on attribue à ces comportements
de fuite en avant éperdue, de dénégation
de la réalité de ce qui se passe
sous nos yeux et résonne fort à
nos oreilles, le vocable d’“indifférence”
au destin d’autrui. Pour Dolto, ce serait un grave
abus de langage, l’indifférence - excepté,
dans le domaine de certaines pathologies où
l’indifférence est un fait - étant
le contraire de l’amour et non pas la haine, car,
dit-elle, il faut être capable d’aimer pour
pouvoir haïr. Du fait que, dans l’ensemble,
l’être humain est doué d’émotions
complexes, qui s’animent initialement, à
l’aube de sa vie, auprès des plus proches,
et se répéteront plus tard à
l’identique, transférentiellement, en s’adressant
à des amours, amitiés aussi bien
que de haines extérieures au terreau familial
d’origine.
ø
Après
quelques réflexions sur une possible écologie
psychique, venons-en au retour d’une expression
“tendance”, parmi les fatras qui se
concurrencent actuellement : “les élites”.
Ah
! Les Zélites ! Qui sont-elles en face
de nous, pauvres plébéïens,
simples citoyens, innocents béotiens, nous
les exclus de l’élitisme ?
Sont-ce
les tous récents nombreux bénéficiaires
de la Légion d’Honneur, les égéries
de l’Académie Française, les immortels
du Musée Grévin, les abonnés
du Who’s Who, les coteries, sont-ce ceux, sans
le moindre scrupule ni la moindre vergogne, affamés
d’argent et de pouvoir, dont certains furent qualifiés
de “voyous”, sont-ce les petits et
grands escrocs, sont-ce les intellectuels courtisans
de toutes obédiences, sont-ce les “débauchés
volontaires” qui s’empêtrent dans
de confuses auto-justifications ?
Il
est devenu impossible d’exercer son esprit critique
sans être taxé de suppôt de
Marine Le Pen et, partant, excommunié de
la pensée unique. Être “in”
c’est s’entr’interpeller à coups d’insultes
sur la personne privée, se garder de reconnaître
les qualités, négatives et positives,
de Marine Le Pen, tout est à jeter aux
ordures, la femme avec, son intelligence, son
humour y compris.
Cela,
semblerait-il, est politiquement imprudent.
Contre
quoi, dispensés de s’afficher Front National,
il deviendra bienséant pour électeurs,
amnistiés d’avance, de se ranger hypocritement
derrière des brouets inspirés des
théories de l’extrême-droite que
touillent les actuelles zélites.
J’ai
relevé dans « Marianne » de
cette semaine, deux articles intéressants
et un court billet. L’un de Denis Tillinac, intitulé
« Retour sur l’affaire Mitterand »,
où l’auteur - sera-t-il étiqueté
désuet, bien qu’il précise n’être
“ni un beauf poujadisant, ni
parangon de vertu” -
revient sur le nécessaire maintient
de “fonds de morale élémentaire”
; le deuxième, « Quelle opposition pour demain » dont l’auteur
Manuel Valls, considéré comme de
“sensibilité politique” différente
du premier, pense que l’épreuve des écarts
éthiques actuels par le pouvoir en place
“offre à la gauche l’occasion unique
de redéfinir une morale républicaine”.
Nous
assisterons bientôt
au dénouement du procès contre
Jacques Chirac, lequel n’a commis aucun délit
pénal, il a seulement agi comme l’ont fait
avant et le font après lui tous les Maires
de France, autrement dit concéder des passe-droits
et favoriser des amis provisoires ou définitifs,
en leur ayant attribué des logements de
la Ville de Paris, et des emplois fictifs dont
il reste à prouver qu’ils le furent.
L’argument
selon lequel il faudrait laisser Jacques Chirac
en paix “parce qu’il est vieux” est
hideux, qui ravale bassement les qualités
d’un homme, quels que soient les accords ou désaccords
personnels que chacun entretient avec elles, du
seul Président en exercice ayant reconnu
publiquement, avec une sincérité
qui ne peut être mise en doute, la responsabilité
du régime de Vichy sous la direction de
Pétain et de ses adulateurs pendant l’Occupation.
Alors
Papon qui, lui, s’était volontairement
associé à un crime contre l’humanité,
protégé pendant 20 ans par la grâce
du pouvoir occulte d’un Président de la
République, était-il, depuis un
demi-siècle, trop “vieux”,
pour qu’il fût jugé ?
Le
troisième, le court billet relevé
dans « Marianne», est signé
R. D.
Icelui
écrit que l’épouse du président,
“exfiltrée de la gauche caviar”
serait “dans le viseur de l’extrême-droite”.
L’expression “gauche caviar” est tout
de même étrange depuis le temps qu’elle
traîne en longueur. Les deux termes “gauche”
et ”caviar” ne sont-ils donc pas antinomiques
? Les “grands” commis “gauche
caviar” de l’État, pour certains
“débauchés volontaires”
depuis deux ans et demi, plutôt fortunés
et n’ayant pas toujours été très
regardants sur les finances publiques sont-ils
sincèrement de gauche ou sont-ils des reprensentants
de vues plutôt snobs de l’esprit ? Pour
le moins, quand nous avons face à nous
un homme ou une femme authentiquement calé
“de droite” , sait-on clairement à
qui nous avons à faire, ne nous trompons
pas d’adversaire !
Bref,
Monsieur R. D. déplore la potentielle cible
de l’extrême-droite, après Frédéric
Mitterand, que serait Carla Bruni, amie des arts
et des lettres, de son aréopage “pipeul”
mondain, instigatrice auprès de son mari
de l’OPA sur les programmes culturels, manifestations
et information, média presse, France-Culture,
T.V., édition... , qui tournent en boucle.
C’est pourtant incontestable.
Je
n’ai pas bien saisi l’intérêt ni
l’objectif de ce billet.
Il
est de mode, pour les présentateurs d’émissions
culturelles radio et télévision,
de présenter leurs invités par :
Nom, Prénom, auxquels succède, “Vous
êtes... ”, titres universitaires,
journalistiques, auteurs de publications, de manifestations
artistiques... Quel bizarre procédé
! C’est comme si le présentateur savait,
mieux que l’intéressé, qui est son invité.
Cela
donne parfois aux psychanalystes une impression,
non seulement de snobisme, mais d’étrangeté,
eux qui, un par un, au long de chaque analyse
individuelle, s’ils découvrent et apprennent
à solidifier la consistance de leur désir,
autrement dit de ce qu’ils feront de leur vie,
sans concession éthique - “Wo
es war, soll ich werden“
de Freud -, ne saurons par contre, modestement,
jamais qui
ils sont.
Pour
les croyants religieux orthodoxes, Dieu seul sait
qui Il est - Je suis celui qui suis.
Pour
Freud, qui était non-croyant en un dieu,
la croyance, faut-il le préciser, n’étant
pas la foi, il ne fut amené à dire
publiquement “je suis... ” que dans
les seules circonstances où il fût
tenu de répondre : je suis Juif.
Il
semblerait - pour faire bref et sans empiéter
sur l’un ou l’autre domaine de la théologie
que je ne maîtrise pas - que ce qui distinguerait
un religieux orthodoxe juif d’un laïc juif,
tel Freud, petit-fils de rabbin, serait que, depuis
que l’humain manie cet outil à lui seul
consenti qu’est le langage, oral et écrit,
serait que tout Juif, masculin ou féminin, porte en
lui sans même en avoir conscience, l’amour
de l’étude du texte, du “tissu”,
de la “trame”, sous toutes leurs formes, de la recherche toujours inachevée
du savoir,
ainsi que, chacun à sa mesure, sa transmission.
Pour un religieux
orthodoxe, cette recherche du savoir, dont Dieu
seul détient la clef, est obligatoirement
“cadrée”, plombée par
le rituel,
prescrit par l’institution pour limiter la disponibilité
d’exercer librement sa pensée, voire de
rêver.
Que Freud ait,
à la lumière des créations
linguistiques de magnifiques hystériques,
cherché à décrypter le langage
tabou de la sexualité, voilà qui
fit scandale à un point inégalé
tel que, de nos jours encore, l’exhibition réelle tous azimuts des pratiques sexuelles et de la vie privée,
s’est substituée à la connaissance
de la théorie de la sexualité de
Freud, laissant peu à peu dépérir
les notions de richesse des créations de
l’imaginaire de même que d’accès
au symbolique.
ø
J’aurais
souhaité pour terminer ré-aborder,
en ces temps d’“identité nationale”,
la question lancinante de l’inguérissable
xénophobie, mais là encore je me
garderai d’empiéter sur le terrain d’autrui
et m’en tiendrai à ce que je connais d’expérience
depuis l’hiver le plus froid de la guerre, l’antisémitisme.
Encore
que l’un ne se pratique pas sans l’autre, c’est
ce que j’essaie, la plupart du temps en vain,
d’expliquer à ceux et celles de mes contemporains
sexués de tous âges, conditions et
provenances.
J’ai
lu très récemment et quasiment le
même jour, à la fois dans un Bulletin
interne largement diffusé et dans une Newsletter
quotidienne que, respectivement, lors d’une commémoration
et lors d’une interview, Madame Égérie
et Monsieur Économiste/Écrivain/Banquier,
re-déclaraient publiquement qu’ils ne permettaient
à personne de dire que la France était
encore antisémite.
Il
est possible que ces personnalités ne se
commettent qu’exceptionnellement - ou alors dans
des lieux prestigieux un peu excentrés
lors d’événements bien précis
-, au-delà, à l’Ouest, du 7e
Arrt de Paris. Certainement pas dans
les XIXe, XVe et quelques
autres.
Je
ne peux pas ne pas évoquer le fait d’avoir
dû trouver impérativement une autre
résidence, après avoir été
virée du XIVe Arrt
en 2003, où je vivais et travaillais depuis
27 ans, par des propriétaires indélicats,
qui existaient deux étage au-dessous de
l’appartement que j’occupais. Je passe sur les
détails, civils et délictueux, qui
figurent sur notre site, si cela intéresse,
dans un texte, si cela intéresse en anglais,
intitulé « A French Antisemitism
».
Je n’en détacherai que cette bizarrerie
exemplaire : le mandataire de ces bailleurs d’alors
m’avait expressément demandé de
lui donner mon étoile jaune pour sa collection
d’objets glanés de la 2e Guerre
Mondiale, mais, avait-il précisé,
la vraie.
Ayant
été élégamment, autrement
dit, vulgairement, brutalement, diagnostiquée,
selon la coutume de moult gens de loi, lesquels
ne se gênent pas pour emprunter au vocabulaire
d’une profession qui leur est étrangère,
par l’avocat célèbre qui m’avait
été conseillé - paix à
son âme - censé défendre mes
intérêts, j’en fus, et l’association
que j’ai créée voici plus de 23
ans avec, bien que le mandataire ait été
officiellement reconnu “grand malade”,
pour mes frais - énormes -, et une expulsion,
avec menace d’envoyer la police si nous ne dégagions
pas à telle date.
Cela
dans un pudique et épais silence, un isolement
total de la part de mes collègues et [faux-]amis,
autant que de celle d’institutions auprès
desquelles je cotisais depuis au moins un quart
de siècle, parfois plus. “On”
ne me connaissait pas, je n’existais pas, le travail
de publications papier, puis sur site, de notre
association non plus - dont l’édition par
nos soins d’environ 200 analystes, pour certains
avant qu’ils ne trouvent éditeur.
À
l’exception d’une collègue et [fausse-]amie,
laquelle m’a gentiment déclaré à
coups de mitraillette : “Il y a l’appartement
de mon ami un tel, mitoyen - Bd Raspail - qui
se libère, mais je ne t’en passerai pas
les coordonnées, je ne veux pas que tu
me fasses de l’ombre”, et puis : “Ah
! Ah ! Te voilà SDF !”
Grâce
à l’aval solide d’un fonctionnaire de hauteur
hiérarchique intermédiaire comme
il se qualifie lui-même, c’est-à-dire
juste en deça du Haut-Fonctionnaire de
l’État, nous avons donc pu, et ce ne fut
pas facile, migrer dans le XVe.
Et
voilà que “ça” a recommencé illico, exactement pareil, ici, à ceci près,
que ce fut en plus vulgaire encore, l’immeuble
n’étant occupé que par des locataires
qui ne savent ni ne veulent, a-minima, se retenir. Parmi eux, émergèrent
des meneurs, plus précisément une
chef d’orchestre à ragots, ancien professeur
de son état, une “Pétain en
jupons”, d’autant plus franchouillarde qu’elle
est fille française d’immigrés
de la petite Europe il y a 3 générations,
dédouanée de ses agissements et
propos, de ceux qu’elle inspirait autour d’elle
et dans tout le quartier, encouragée et
soutenue par le cabinet gérant que j’avais
eu l’impudence de qualifier de “marchand
de sommeil”.
Le
plus remarquable est que la “cabale”,
ainsi que l’a appelée une juriste bénévole
du PAD, est formée d’exécutants
sexués, homosexués, hétérosexués,
de tous âges et toutes conditions, non pas
“étrangers”, mais de braves
autochtones, bien “identité nationale”,
qui, sans le moindre malaise, imputent leurs agissements
incivils et délictueux, accompagnés
d’injures et menaces verbales physiques, gestes
à l’appui, d’une violence, une brutalité,
incroyables, de jour comme de nuit, également
contre les personnes privées et professionnelles
de mon entour croisant par ici, à coups
de diffamation, notamment envers les enfants,
aux locataires de provenances maghrébine,
copte, aux jeunes, en couple ou pas, français
ou non, aux femmes supposées
seules de préférence ainsi qu’à
quelques hommes supposés seuls,
des artistes - faut-il être imbéciles, nous n’allons tout de même pas vivre notre
vie privée dans un tel marigot, laquelle
naturellement se passe bien loin d’ici ! -, à
des “vieux”, et j’en oublie à coup sûr...
Tenter
de raisonner ces gens, patiemment, par tous les
moyens civilisés à disposition,
y compris les textes de loi, s’est avéré
non seulement stérile, mais au contraire
de l’effet attendu, a redoublé, jusqu’aujourd’hui
encore, les indiscrétions brutales et une
violence intentionnelle maniaques.
Bref,
de nouveau, police et, cette fois, avocate rompue
au pénal - Bobigny - comme au civil.
La
procédure étant en cours, elle nous
évitera ici un exposé public des
détails de cette banale affaire de xénophobie.
Je
ne donnerai ci-dessous qu’un exemple en images,
le plus nauséeux qui soit en ce début
de XXIe siècle, de dégradations
délibérées sur le nom
Shoah et de sa suppression.
M. W..
4 Novembre 2009