Micheline
Weinstein
à
Madame
la Ministre de la Santé, de la Jeunesse
et des Sports
Chère
Madame la Ministre,
vous
trouverez ci-après ma dédicace,
placée sur notre site, en introduction
aux textes de Guy Sizaret, psychanalyste, médecin-psychiatre
de formation antérieure, un temps Directeur
de CMPP.
Guy
Sizaret - ses écrits en témoignent
- est sans doute l'un des seuls, en France, à
avoir travaillé, étudié sérieusement, à connaître et à souhaiter
transmettre, indépendamment de tout psittacisme
de secte et d'allégeance hypnotisée,
l'œuvre de Lacan, qu'il a côtoyé
personnellement.
Cette
présentation de textes récents et
plus anciens s'est trouvé correspondre
au renouveau de polémique dans la presse,
relatif à la Commission Accoyer sur un
futur statut des psychothérapeutes.
C'est
une foire d'empoigne consternante de la part de
ce que j'ai appelé les “***...etpsychanalystes”, pour obtenir le privilège officiel
et d'abord individuel, de se voir chargé
par le Gouvernement, en tant que “spécialiste”,
de “contrôler” la future pratique
des candidats psychothérapeutes.
J'ai
ajouté en documents joints à ma
dédicace les premières pages des
« Grammairiens... », ainsi que
celles des références et autres
textes auxquels je fais allusion dans ma dédicace.
Bien
que, personnellement, je n'aie jamais été
en accord avec Sizaret - et quelques autres...
- sur le personnage de Lacan pas plus que sur
son attitude désinvolte, nous restons fidèles
à la ligne de conduite de notre site, qui
est une tribune ouverte aux travaux et documents
solides, dont nous respectons la pluralité
et bénéficions de ses points de
vue.
Je
ne comprends toujours pas pourquoi, spécialité
française, “on” s'obstine à qualifier
de “psychanalystes” ceux et celles,
auto-proclamés “***... etpsychanalystes”, alors qu'ils n'ont, tels Jacques-Alain Miller à la
suite de son illustre beau-père Lacan,
entrepris ni analyse personnelle ni analyse didactique
ni, pour la quasi-majorité, lu Freud. Dont
l'inculture, involontaire ou délibérée,
les rend tout penauds dès qu'il leur est
demandé de définir un concept psychanalytique
freudien. À ne pas tenir compte de l'histoire,
écrivait notamment Primo Levi, elle est
condamnée à répéter
ses erreurs et ses drames.
“L'analyste
ne s'autorise que de lui-même... ”, voici la sentence que Lacan avait inscrit,
emblématiquement, dans les statuts de son
école en 1967, fort de son succès
médiatique, auto-justifiant ainsi sa propre
posture. Dont acte, depuis 40 ans, “toulemonde” se jette sur l'aubaine. Alors que cela témoigne
seulement à quel point Lacan faisait peu
de cas de Freud et de l'avenir de la psychanalyse...
“Après MOI, le déluge !”
D'ailleurs, quelques années avant sa mort,
Lacan s'était publiquement fait l'oracle
de la fin, avec lui, de la psychanalyse. Cela
figure, par écrit, dans les archives. “Toutlemonde” a obtempéré sans moufter,
exactement comme dans les dictatures, et s'est
mis à la tâche de la déconstruction
de l'édifice freudien, autant que de son
possible héritage.
ø
Pour
la suite des contacts que j'avais pris, forte
de ma candide espérance, avec vous dès
2006 à ce sujet, ainsi que je l'ai écrit et publié
récemment encore, ils étaient ceux
d'une analyste enseignée, avec d'autres,
par les meilleurs théoriciens et cliniciens,
freudiens
- Dolto, Perrier - que la France ait engendrés
; héritière de la déportation,
à parité avec la psychanalyse, mais
assez imbécile crédule, qui vous
prie de l'excuser d'avoir pensé qu'il s'agissait
simplement de témoigner de ses références
professionnelles et de son travail de mise en
pratique de la théorie de Freud, dans des
conditions peu faciles - soyons brefs, blocus
permanent -, pour être entendue.
J'ai
fort peu goûté ce que je considère
comme des bassesses, c'est-à-dire
en clair les appréciations éparses,
mais tenaces, qui me sont revenues aux oreilles
ou par écrit, de la part de personnalités
fortement médiatiques, ainsi que quelques
autres plus ou moins représentatives par-ci
par-là, auto-intitulées propriétaires
exclusives de la déportation et/ou de la
psychanalyse... et dont les “fondations”,
institutions diverses, ne servent qu'à
faire valoir leur MOI, à l'exclusion de
toute solidarité, humaine, intellectuelle,
scientifique, artistique, qui témoignerait
de leur respect pour la qualité de l'héritage
légué par ceux qui ne sont plus.
Être
“connue”, mise en avant, ne m'a jamais
intéressée. Assister, à cette
façon brutale, grossière, vulgaire
qu'ont ces gens-là, surtout depuis la mort
de Françoise Dolto, de déclarer
ne pas connaître quelqu'un ni ses travaux
- le même sort fut dévolu à
François Perrier, mais ce n'est hélas
qu'un exemple parmi de nombreux -, de se débarrasser
de qui pourrait, selon leurs termes explicites,
leur faire de l'ombre, c'est-à-dire le
rayer de la carte des vivants, est une méthode
ancestrale qui a fini par me laisser assez indifférente,
bien qu'avec, latente, une légère
mais persistante nausée.
Par
contre, j'aurais attendu que l'on ait un tout
petit peu plus de considération, d'abord
pour les personnes que j'ai eues et ai en charge,
bien vivantes, de tous âges pour la plupart - pour
les plus anciens, le temps d'une vie étant
le seul phénomène que l'on ne puisse
arrêter, ils sont partis, très vieux,
visiter l'autre monde -, de même que pour
l'énorme travail dont notre site en partie
témoigne, et notamment pour la qualité
professionnelle de ses documents et de ses auteurs,
qui sont non seulement talentueux, mais dont la
portée des travaux est remarquable par
son sérieux, son honnêteté
intellectuelle, son originalité.
Or,
des propos peu élégants adressés,
directement ou par la bande, atteignent, cela
est inévitable, aussi les personnes avec
lesquelles nous travaillons.
J'ai souvent, dans plusieurs textes, évoqué
cette manière qu'avait Lacan d'exterminer
la réputation de celles et ceux qu'il nommait
“mes meilleurs élèves”
/ analystes - et d'un certain nombre, international,
d'autres. Cette méthode avait pour conséquence
de casser le transfert des analysant/e/s de ces
analystes, notamment ceux et celles parmi les
plus fins cliniciens et théoriciens. Or
le transfert est notre principal outil de travail,
particulièrement délicat à
gouverner. Lacan déclarait doctement de
surcroît que le travail que chacun et chacune
avaient entrepris auprès de ses collègues
avant de Le solliciter “n'était pas
une analyse”. Ainsi, sa déconsidération
ouverte et réitérée se révélait
fructueuse au plan de sa publicité personnelle.
Tous les “élèves” demeurés
jusqu'à la fin de et dans son École,
et les élèves d'iceux et d'icelles,
sur trois générations, fonctionnent
de même depuis, ce qui laisse peu de temps
à l'exercice de la fonction thérapeutique
de la psychanalyse.
Pour
résumer, disons qu'il est des mots qui
tuent, alors, moi si l'on veut - les héritiers
et héritières directs de la déportation
n'en ont guère, de “Moi” qui
les préoccupe exclusivement -, je ne peux
rien à cela et suis blindée par
nécessité, mais pas mes proches,
privés ou professionnels.
En
souhaitant bonne réalisation de ses travaux
à la Commission Accoyer, recevez, Madame
la Ministre, l'assurance de toute ma considération,
M. W.
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