L’association ψ
[Psi]
LE TEMPS
DU NON a toujours pour but de favoriser la réflexion
pluridisciplinaire par les différents moyens
existant, la publication et la diffusion de matériaux
écrits, graphiques, sonores, textes originaux,
uvres d’art, archives inédites, sur
les thèmes en relation à la
psychanalyse, l’histoire et l’idéologie.
ψ = psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie.
Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS
DU NON s’adresse à l’idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance
délibérée,
est l’antonyme de la réflexion, de la raison,
de l’intelligence.
ø
© Micheline
Weinstein / Octobre-Novembre
2013
Freud, Françoise Dolto… à l’aune de la calomnie
Une escapade [Extraits de « Une non-biographie »]
Extra
Attristée par le substrat des échanges récents
de correspondance entre collègues, suite aux annonces et commentaires élogieux
par la presse lors de la parution de deux livres, l’un de Goce Smilevski, « La
liste de Freud », le second de Didier Pleux, « Françoise Dolto :
La déraison pure », je m’écarte un moment de la rédaction de ce que j’intitule,
provisoirement ou pas, ma “non-biographie”.
Pourquoi ce titre de
“non-biographie” ?
Après m’être opposée jusque là à exposer mon
histoire singulière - une psychanalyse est faite pour cela -, et la dernière
étape d’une vie étant déjà bien entamée, dont les éléments biographiques
infléchirent mon itinéraire professionnel, c’est ainsi que je fus amenée à n’être
que simple témoin de mon temps.
Vu la teneur de cette histoire, l’on
comprendra aisément que je n’ai aucune raison d’éprouver une nostalgie de tout
ce temps passé.
Une grande part de mes
travaux et contributions professionnelles, publiés ou non depuis 1967, datés et
déposés, figurent déjà sur le site de notre association témoignent de cette
histoire. Pour des raisons éditoriales indépendantes du vœu candide des auteurs
et sympathisants du site, je l’ai intitulé « Site d’Archives ».
Mais résumons et revenons
à mon propos d’aujourd’hui.
En 2005, parut l’ouvrage
collectif, « Le livre noir de la psychanalyse ».
En avril 2010, « Le
crépuscule d’une idole • L’affabulation freudienne », par Michel Onfray.
Entre 2005 et 2013, notre
site a publié les commentaires dûment documentés d’auteurs accablés devant les
thèses se référant à la psychanalyse propagées par Michel Onfray et ses adeptes,
lesquels ne connaissent rien à la
psychanalyse, ni d’expérience personnelle ni pour avoir pris la peine d’étudier
la théorie freudienne.
Il est d’ailleurs permis de se demander
pourquoi tant d’intellectuels s’acharnent sur Freud si Freud ne leur convient
pas.
De mon côté, fin 2006, à l’aube de la précédente
campagne présidentielle, j’avais largement diffusé un courrier dans lequel je m’étonnais
de l’indulgence et de l’engouement de mes contemporains philosophes et
psychanalystes pour les thèses de ce même Michel Onfray, que je n’hésitais pas alors
à qualifier de graines de négationnisme.
J’avais alors en retour reçu des échos
plutôt désagréables émanant de mes contemporains et de leurs accoutumés de
divers horizons : “On” le sait tout ça, ça
se sait depuis longtemps, laissez tomber…, et autres remarques semblables à
celles que j’entends quand je reste consternée devant les laides apostrophes de
Lacan envers, pour n’en citer que quelques-unes et ne relever que quelques
dates, Freud (en 1938, 1967, 1974, 1977…), François Le Lionnais (en 1945), le
Pr François Jacob (en 1973), Anna Freud (en 1974)…, dont les plus irrespirables
sont gommées lors de la parution officielle de ses séminaires.
Ou alors, nous nous heurtons à un
consensuel silence épais, comparable à celui des systèmes et discours en usage
dans toutes les monocraties, où si tu dis ce que tu penses, ta parole ne vaut
rien, tu n’existes tout simplement pas, “on” ne te connaît pas. Curieusement,
cela vaut aussi de la part de psychanalystes, assez nombreux, qui ont participé
à des colloques publiés par notre association.
La seule clef, là comme dans tous les
domaines, pour être, en tant qu’humain parlant réflecteur, simple témoin de son
temps, c’est, si tu n’as pas le moindre patrimoine, si tu es orpheline ou
orphelin, très préférentiellement femme,
si tu gênes tout le monde parce que tu es “inclassable”, inapte aux
collectivités, confréries, phalanstères, que l’on ne peut repérer d’où tu
viens, alors que toi-même a passé des années d’analyse à en reconstituer les
signifiants, quel que soit le niveau de tes qualités, positives ou négatives, de
tes aptitudes, de tes compétences, de la teneur de tes travaux, tu butes sur l’étanchéité
de la classe sociale, innée ou acquise, du pouvoir universitaire, leurs avoirs, bref c’est en général les
bienfaits de l’argent avec le paraître, le semblant qu’il procure et exhibe.
Voilà qui laisse tout de même une intense
impression de “unheimlich”, d’inquiétante familiarité, selon la
traduction de François Perrier, auquel d’estimés collègues empruntent sans
jamais citer son auteur, et où le “un” allemand, selon Freud, désigne la marque du refoulé.
La parole, le langage étant nos seuls
instruments de travail, quelle est alors la signification de la psychanalyse,
de la dénomination de Freud, si l’analyste et, pour le coup, ses analysants, n’existent
pas ?
Il fallait s’y attendre, le collectif du «
Livre noir de la psychanalyse » lequel, plus sagace, aurait été davantage
inspiré, s’il avait été titré « Le livre noir de [et non pas des]
psychanalystes », s’est emparé de la
chose avec délectation. Ainsi :
Très peu de psychanalystes agissent comme Lacan qui, au sommet de sa
gloire, se permettait de dire tout haut ce qui se murmure parfois entre initiés
: « Notre pratique est une escroquerie, bluffer, faire ciller les gens, les
éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c’est quand même ce qu’on appelle d’habitude
du chiqué. [...] Il s’agit de savoir si Freud est oui ou non un événement
historique. Je crois qu’il a raté son coup. » […]
Ah oui ? Grâce à qui ? Qui aurait mieux
dit pour inciter à piétiner la tête de Freud, le parodier grassement jusqu’à égruger
compulsivement l’homme, sa découverte et, sans les avoir expérimentés, sans
même en consulter les concepts, à regarder par un trou de serrure pré-calibré
sa supposée vie privée, sexuelle, et celle des siens, pour les jeter en pâture
sur l’étal médiatique ?
Se permet-on cela avec Lacan ? Certes non,
est-ce la crainte d’un procès par les vigoureux ayants droit, au-delà de la
sainte “liberté d’expression”. Comment l’éthique de la profession
accepte-t-elle sans moufter qu’un psychanalyste [mondial !] intente un procès,
sans essayer de l’en dissuader, de l’inciter à analyser soigneusement cette
étrange lubie mégalomaniaque ?
Qu’entendent par psychanalyse ceux et celles qui s’auto-intitulent “psychanalystes”
et électivement “n’importe quoi et psychanalyste”, quelle en est leur définition ? Quel fut leur itinéraire
psychanalytique personnel et éventuellement didactique ?
“On” s’évertue avec persévérance - et cela
réussit excellemment -, à l’américaine, contre toute espérance de Freud, à
faire de la psychanalyse le sous-fifre des systèmes idéologiques,
universitaires, philosophiques, médicaux, médiatiques, journalistiques, linguistiques,
pédants aussi bien que standards…
Pour une meilleure approche de la chose,
au plan professionnel, se reporter à ce sujet à la réflexion de François
Perrier dans ses « Voyages extraordinaires en Translacanie », plus précisément
au chapitre sur cette “La Passe” délétère, qui continue, 45 ans après sa
programmation, d’absorber entièrement les lacaniens, et dont l’unique visée est
de produire des psychanalystes-clones. Pourtant, cette “passe” dispensait Lacan
d’exercer la psychanalyse, tandis qu’il déléguait à ses Cartels (! • Voir ce
mot = “trust”) pas plus analysés que lui-même, le soin d’apprécier l’analyse
personnelle des impétrants, pour ensuite juger et nommer qui est analyste confirmé
ou pas. Après quoi, les nominés qui avaient enfin pu parler de leur “Moi”, hypnotisés,
par identification à leurs censeurs, le surdimensionnent en “Moi Je” et, quand
ils le peuvent, se posent, s’exhibent, en stars des médias, ou en starlettes
internes et, à leur tour, reproduisent le processus.
Je sais, dès que quelqu’un/e se permet d’énoncer
ce qu’il/elle pense, s’il/elle n’est pas “dans la ligne” de l’époque, voici qu’aussitôt
on le/la taxe de “puritain/e”, “moraliste” et autres menues civilités…
J’ai toujours perçu l’homme, le personnage,
Lacan, son enseignement, comme les antonymes de Freud. J’ai toujours perçu Lacan
comme égotiste, fesse-mathieu, prenant autrui, aussi éminents soient-ils, pour
ses larbins, traditions qu’il transmit à ses élèves ; obscurantiste de style - sans
doute dû à son admiration pour Heidegger -, accaparant totalement tout en l’embrouillant
l’espace psychique de ses lecteurs et auditeurs ; bienveillant pour le pervers
- Sade - manipulateur de la psychanalyse [distinguer la perversion des traits
pervers polymorphes infantiles intrinsèques qui marqueront de leur empreinte
les formes ultérieures que prendra la névrose] ; sarcastique, assidu à intégrer
la psychose à la psychanalyse, devant laquelle la psychanalyse ne peut offrir
qu’un relai efficace à la psychiatrie, - cf. Freud : hypothèse itérée dans son
abondante correspondance, Dostoïevski, Schreber, « Pour introduire au concept de narcissisme »…… … …
Je suis allée 3 fois chez lui à titre
personnel, lui dire ce que je pensais, ai assisté à ses séminaires, les ai
travaillés - notamment ceux sur les “mathèmes”, la physique, la cybernétique...
avec François Le Lionnais -, ai enregistré la totalité de ses « Écrits » avec mes propres commentaires
pour quelqu’un dont la vue déclinait...
Salvador Dali, grâce à Stefan Zweig, a
traversé la Manche, pour rencontrer Freud à Londres, ce dont Lacan, qui
atteignait tout de même les 37 ans, futur chef de file de la psychanalyse
française, s’est dispensé. Quand je m’en suis étonnée devant une proche de
Lacan, il me fut répondu qu’à cette époque, il avait autre chose à faire, au
motif tant incongru que je ne le tairaireproduirai pas.
Dali, “ce jeune homme [de 34 ans] aux yeux de braise” selon Freud, fut un peu déçu lorsqu’il lui
exposa sa théorie de
la “paranoïa critique”, ne pouvant réaliser, de phénixgénie à phénixgénie,
qu’il était trop tard, la barrière de la langue et de l’accent aidant, que
Freud était dans un état d’épuisement terminal. Demeure le magnifique portrait
que fit Dali de Freud.
Certes, Lacan était un personnage baroque,
d’une intelligence éblouissante, façonneur talentueux de concepts dont, excepté
ceux de “forclusion”, de [ses fameux] “mathèmes”…, jje n’ai jamais
contesté, bien au contraire, la valeur pour l’évolution de la théorie psychanalytique - à l’exclusion
cependant de ses éructations céliniennes chères à nombre d’intellectuels, de
ses plus ou moins gracieux (!) calembours…
Seulement, au plan clinique, ces outils, selon les dires mêmes de ses meilleurs
élèves, cela ne servaient pas à grand-chose…
Sept ans ont passé depuis ma remarque sur
le négationnisme ambiant, et hélas, à l’usage d’icelui, je soutiens cette
position.
De même, je considère depuis l’âge de 24 ans, l’hypothèse que les postures, les
propos irréfléchis, les flèches de Lacan à l’adresse de Freud, ont produit cet
effet, qu’à la psychanalyse conceptualisée par Freud, s’est substituée et mise
en pratique une théorie de la perversion, élevée à la dignité d’une éthique.
Dont actes, au pluriel.
Les ouvrages récents d’Onfray et de Pleux
procèdent de la même famille, du même courant d’écriture, lesquels à mon sens s’apparentent
à de la délation, de la même verbosité, de la même volonté intellectuelle délibérée, du déni, du même mépris pour
le savoir, d’une même faconde logorrhéique, auxquels l’acharnement obsessif du
négationnisme ne nous a toujours pas accoutumés.
C’est pourquoi, en réplique au livre
abondamment salué par les médias de Goce Smilevski, et étonnée du peu de
réactions, sinon plutôt tièdes, des psychanalystes, notre site en a relayé l’analyse
approfondie, bien écrite de surcroit, par le philosophe Michel Rotfus, avec
lequel je partage l’inquiétude devant l’absence de responsabilité
intellectuelle récidivante de certains éditeurs, et que l’on trouvera à l’adresse
suivante,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/michelrotfus.html
Cf. également le site,
http://agauchepourdevrai.fr/tag/smilevski/
Au
cours d’échanges de correspondance, je n’ai pas voulu laisser passer sous
silence les livres précités, dont la sortie du livre de Smilevski. En retour, j’ai
reçu quelques objections lues :
“Ce
n’est qu’un roman…” ;
“… Liberté
d’expression…” ;
“Diffusez
si cela vous fait plaisir, les journalistes lisant toutes les critiques parues
dans l’ensemble de la presse, ils vont rigoler…” etc.
À
cela, je n’ai pu que répliquer :
Que des journalistes [des, pas les] rigolent ou pas etc., c’est leur
droit et cela, vu l’estime en laquelle j’apprécie telle ou telle de leur
idéologie, m’indiffère. W.
J’ai
complété, en plusieurs séquences.
La réponse qui m’est venue ce matin en écoutant les infos sur les
braillements répétés ces temps-ci de tous les horizons contre la montée [depuis
+ de 30 ans !] des extrêmes - amalgamant délibérément la gauche, la droite et
le reste sans distinction aucune - m’est venue d’Arletty, que les courageux
français avaient sans la moindre honte sanctionnée de sa liaison avec Soehring en lui rasant,
comme aux déportées, la tête : « Fallait
pas les laisser entrer ! »
Ne serait-ce pas l’une des fonctions des politiques d’agir à temps
plutôt que s’indigner quand ils ont laissé se casser les pots pour ensuite nous
laisser le soin d’en ramasser les morceaux et de faire avec leur replâtrage ?
Ne serait-ce pas aux éditeurs d’attester de leur honnêteté
intellectuelle, de leur responsabilité face à leur audience, à leur lectorat (je
sais… l’argent… l’argent…) ?
Quant à la responsabilité des psychanalystes, à part plaquer, bizarrement,
abusivement, l’effigie de Freud, ce Juif allemand, sur les affichettes publicitaires
de leurs séminaires, à l’horizontale de la ligne éditoriale de celle de Lacan, elle
ouvre la voie à tous les béotiens, dont particulièrement les délibérés, pour déverser dans les médias
la terminologie propre à la psychanalyse et à la psychiatrie, tourner les
concepts en dérision*, pour “laisser entrer” dans les esprits des
torrents d’anecdotes de préférence calomnieuses, pour discréditer la
psychanalyse… “On” manifeste aujourd’hui comme hier une égale hostile opiniâtreté…
* Bref ex. : consiste en nos
temps en une phraséologie destinée à abâtardir pour l’usage collectif les termes
de “schizophrénie, schizophrène”, à ce qu’il en est chez le schizophrène de la
dissociation psychique, de la rupture de contact avec la réalité… en les
substituant à ceux de “perversion, pervers”, autrement dit à ce qui caractérise
le clivage, le déni, chez le pervers (pas
vu pas pris, la main gauche ignore ce que fait la main droite etc.), la
perversion étant érigée en système idéologique.
• “Paranoïa, paranoïaque” = [supposé] martyr, arriviste, mégalomane,
intrigant, persécuté, victime d’un [supposé] complot…
• “Hystérie, hystérique” = agité, hurleur, frénétique, convulsif,
trublion…
• “Fantasme” = chimère, fiction, cliché, image, illusion, poncif… [Pour Freud, 3 formes de fantasmes : scène
primitive, de séduction, de castration, cf. François Perrier.]
• “L’Autre” avec majuscule = autrui et termes apparentés… congénère (plutôt
négatif), semblable, proche, prochain…
•“Inconscient collectif, imaginaire collectif” : portent à faux sens,
du moins dans notre métier. Formules dérivées des archétypes junguiens.
• “Décomplexé” = intelligible, courageux, audacieux…
• “Humour”, appellation impropre (cf.
définition par Freud et par François Perrier), vu l’usage qui en est fait =
blague salace, ironie [“fait toujours une
victime”], dérision, sarcasme, caricature, médisance, parodie, calembour,
jeux de mots faciles désobligeants, antonymes du mot d’esprit...
• “Résilience” : est un mot emprunté aux domaines de la mécanique et de
la physique. Sur le site de « La Recherche », nous lisons ceci : “À l’époque de Newton, l’adjectif
anglais resilient désigne un matériau à la fois « capable de
rebondir » et « capable de manifester une résistance élevée aux chocs ». Le mot
restera réservé à l’usage des physiciens, puis fera son entrée dans l’anglais
courant pour désigner la faculté pour un individu de recouvrer ses forces après
un affaiblissement ou le moral après une dépression. Les psychologues et
psychiatres anglo-saxons se le sont approprié au début des années quatre-vingt.”
• “Envie”,
besoin urgent, impératif, immédiat, soit par nécessité, soit pour satisfaire au
principe de plaisir : “Avez-vous envie de
devenir Président de la République ?” Sans aller jusqu’à “désir” =
intention, projet…
• “Burn-out”
= surmenage [Dict. médical - Signes :
fatigue, insomnies, difficultés de concentration, découragement, idées noires,
sommeil non réparateur. Risque : dépression, voire tentative de suicide.]
• Anecdotiques
pour exemples pédants, à la télévision : “saison” = épisode... “Produits” à toutes
les sauces… La désignation de “denrée” pour caractériser l’alimentaire n’était
pourtant pas déshonorante... ; “ingrédients”’” = éléments…
[… … …]
C’est ainsi qu’en 2013, lors de la mise en acte de la loi sur le
mariage homosexuel, il fut tranquillement affirmé, pour la soutenir, par une
experte es-psychanalyse, lors d’un entretien sur une radio du service public et
de large écoute : “Freud n’a jamais écrit
une ligne sur le Complexe d’Œdipe… aucun de ses écrits n’est intitulé Le
Complexe d’Œdipe.”
Nous fûmes, quelques psychanalystes, stupéfiés. J’ai répondu aussitôt à
cette bévue, par un texte qui figure sur notre site. Nous trouvons une première
mention d’Œdipe, sans la désignation de “complexe”, dans une lettre à Fliess du
15 octobre 1897 - Freud, à l’âge de 17 ans, avait traduit Œdipe-Roi du grec en
allemand.
Dans l’index daté des œuvres de Freud, Œdipe, avec ou sans complexe, en
tant que concept fondamental, est re-explicité tout au long des années, de 1897
à 1938 [« Abrégé de psychanalyse »].
L’expression “Complexe d’Œdipe”, à la suite de celle d’“Œdipe”, puis
caractérisé en “complexe nucléaire [ou nodal] de la névrose”, apparaît
seulement en 1910, dans la correspondance Freud / Ferenczi. Il est possible que
l’appellation “complexe” ait été suggérée par Jung, Freud ne l’utilisant qu’avec
réticence. En témoigne une lettre de la même année 1910,
Il faut être très prudent avec les complexes. Autant
ce concept est utile dans son maniement et diverses démonstrations, autant il
faut veiller à toujours lui substituer ce qui se cache derrière lui […] Il est
vraiment trop vague et trop inadéquat.
Et plus tard, Freud en 1914, dans « Sur l’histoire du mouvement analytique »,
On se mit à parler couramment dans les milieux analytiques de “retour
de complexes”, là où on pensait au “retour du refoulé”, où l’on s’habitua à
dire “J’éprouve un complexe à son égard”, là où on devrait dire correctement “J’éprouve
une résistance”.
Suite
de mes réponses aux courriers,
[…]
Pourtant, la qualité, l’objectif, thérapeutiques, d’une analyse peuvent s’entendre simplement et avec mesure,
tels que Freud les a énoncés : “Le but de
l’analyse est d’amener une souffrance névrotique intolérable à devenir une
misère ordinaire...”, telle que la vie l’octroie à chaque humain. À noter que la psychose, les “pathologies” que l’on
désignait autrefois par “névroses narcissiques”, telle la “démence précoce”
(schizophrénie), ne relevaient pas, pour Freud, de la psychanalyse. Cf. à ce
sujet, outre les écrits de Freud, pour mieux approcher sa découverte de la
psychanalyse, son évolution scientifique, l’environnement dans lequel elle s’est
développée : Albrecht Hirschmüller, Joseph
Breuer, PUF, 1978, Max Schur, La
mort dans la vie de Freud, Gallimard, 1972…
[…]
J’ai essayé de vous dire qu’il n’y
avait pour moi aucun “plaisir” à insister, mais comme mes travaux ni leur
contenu ne vous ont jamais intéressée, pas plus que le motif de l’existence
(depuis 28 ans !) de notre association, ce fut en vain. Par contre, ils
intéressent nos correspondants et, comme vous savez, ni eux ni moi n’en tirons
aucun profit, publicitaire ou / et matériel, d’autant que nous ne disposons pas
d’assez de temps, ni d’un intérêt minime pour pratiquer les réseaux sociaux. Par
contre, je me permets de vous retourner les qualificatifs particulièrement “élégants”
envers ce à quoi j’ai choisi d’occuper mon existence, ainsi que la, disons,
déconsidération professionnelle qui
est une coutume chez les lacaniens (Untel est allé jusqu’à déclarer que notre
site pratique le “dumping” - ça se saurait ! -, ce pourquoi, après tant d’années,
j’ai enfin accepté d’admettre combien ce collègue était foncièrement laid).
Amitiés tout de même. W.
Passons
maintenant à l’ouvrage de Pleux, lequel naturellement n’a pas pris la peine de
lire, ne seraient que les deux tomes de la correspondance de Françoise Dolto.
Pleux, lansquenet d’Onfray, manie à l’identique le style maniaque de la
calomnie, laquelle, comme l’écrivait Freud de la résistance à la psychanalyse,
“vise toujours à la satisfaction de besoins primitifs”. Méchanceté doublée d’une
méconnaissance délibérée de la
psychanalyse, d’un déni obstiné de leur propre inconscient.
À
mon sens, ces gens représentent les héritiers, d’une part, de qui refuse
résolument d’admettre qu’il n’y a que les abrutis, les semblables aux brutes et
les fascistes, pour interdire aux facultés intellectuelles d’évoluer, de modifier
leurs appréciations ; de l’autre, héritiers des robustes “Dupont Lajoie”
auto-proclamés résistants lors de la Libération de Paris, qui rasèrent avec une
obscène jouissance, les cheveux des femmes ayant vécu une histoire d’amour,
parfois conçu un enfant, avec l’Occupant.
À Nicole François
Merci Nicole de cette info qui ne me surprend
pas venant du blog d’un magazine que je ne nommerai pas.
Tu comprendras pourquoi nous ne
pratiquons ni les blogs ni autres “réseaux sociaux”, bref les décharges
publiques.
Quant aux responsables de ce magazine,
leurs amis et leurs émules, dont l’idéologie assume de près ou en silence la
publication de ces abondants dégueulis, laissons-les là où ils sont (au titre
de la “liberté d’expression”), ils nous flanquent la nausée, en quoi ils ne
méritent pas que nous nous y attardions, histoire de leur faire de la pub.
Cordialement. W.
ÀÀ quelques collègues,
J’ai connu Dolto pendant 50 ans bien
tassés, dont certaines énonciations, auxquelles d’ailleurs je répondais
placidement, me pliaient en deux de rire, tant elles étaient candides.
Il y en eut d’autres, plus
contrariantes, face auxquelles nous nous engueulions ferme, mais toujours avec
loyauté.
Seulement dans sa pratique, le travail de Dolto n’a jamais été affecté par
son idéologie ni aucune autre idéologie.
Je ne suis pas la seule à pouvoir en témoigner.
Et si vous me connaissiez un peu mieux,
vous sauriez que dans le cas contraire, j’aurais cessé très tôt toute forme de
relation avec elle.
Ces dégueulis vomitoires par Onfray et
sa meute n’ont qu’un objectif : répandre la calomnie contre la psychanalyse,
contre son auteur, Freud, ce Juif-Allemand, immigré de surcroît.
Reste à savoir ce qui, et qui, des
maîtres français à penser la psychanalyse et des éditeurs, ont permis cela.
Je n’ai pas pour habitude de la boucler
quand j’ai quelque chose à dire. J’ai indiqué que, fin 2006, j’avais qualifié
Onfray de négationniste (publié sur notre site) et plus récemment, au moment de
la présidentielle de 2012, de lepéniste. Hélas, hélas, ses copains (de la
gauche antisémite.*,
ça fait du monde) + les médias ont joui sans entraves de les choyer... lui et
son idéologie philosophique pestilentielle.
Mais pourquoi donc Onfray et ses
lansquenets s’ingénient-ils à traîner la psychanalyse dans la boue si la
psychanalyse ne concerne ni eux ni leur conception du monde, entreprise qui
est, en bref, la compulsion d’élection des négationnistes ?
En l’occurrence ici, je n’ai ni à la
boucler ni à ne pas la boucler, je vous ai simplement passé l’info, dont je
sais gré à Nicole François de me l’avoir communiquée, et m’en tiens là, suis occupée
ailleurs.
Bien cordialement. W.
* Post scriptum, le 08 novembre 2013. Il est enfin pertinent que les
médias, les autorités, s’élèvent
avec indignation contre le placard ostraciste, répandu sur Internet par une ex-membre du FN, repris lors d’une manifestation par un groupe d’enfants de parents dont les prochains votes ne
font aucun doute, à l’encontre
d’une autorité de l’État.
Cependant, avec Élisabeth Lévy, je m’étonne du peu de leurs réactions publiques quand fusent quotidiennement, sur tous les supports, dans
la rue, dans les immeubles, dans certaines administrations, par des syndics d’immeubles… les insultes et actes antisémites d’une virulence brute. Des intellectuels estimés ne se privent pas de s’y
associer… ah ! Céline, Céline... Ici, mon entourage, dont “on” amalgame chaque personne sans distinction d’appartenance, au vocable « Juif », en est tout autant que moi les objets. Pour résumer et sans m’attarder sur les épithètes et expressions dignes des années 30 et
suivantes, il me fut personnellement proféré, tutoiement inclus : “Retourne d’où tu viens… on va te foutre dehors…” etc. Je passe sur les actes. Dans l’ensemble, lorsque nous nous montrons effarés devant ces usages, nous
sommes aussitôt qualifiés de paranoïaques.
Enfin, sur ces mêmes thèmes, dans la foulée, à Nicole François, dont j’estime hautement le travail et qui,
dans l’un de mes moments “soupe-au-lait”, écopa pour tout le monde,
J’ai
encore oublié de te dire que tu peux, de même qu’à tes pairs et pairesses
lacaniens, appliquer le courrier que j’ai adressé à qui tu sais aussi pour toi.
Je ne sais que trop que mes remarques, réflexions, travaux, glissent sur votre
plumage comme sur les plumes d’un canard, voire n’existent tout simplement pas,
pas plus que leur auteur, pas plus que la moindre considération pour chaque
analysante, analysant, de tous âges, toutes conditions, passés par ici en 45
ans, ce qui fait tout de même un peu de monde...
Vos “élites” pérorent, détiennent la vérité de la psychanalyse, de la
déportation, de la pensée...*** en toute ignorance délibérée de la vie, des conséquences
autant individuelles qu’historiques de chacune et de chacun... histoire que
votre “Moi” supplante celui, déjà bien boursouflé du voisin. Que donnez-vous,
en échange de ce que et de qui vous cannibalisez ? La réponse est toute trouvée
: 0.
Je n’ai pas été élevée ni enseignée de cette façon et, vivant et
travaillant sur les généreux acquis que m’ont transmis mes aînés, je n’ai
jamais pu m’adapter aux infantiles jalousies, rivalités, vœux de meurtre,
courses au pouvoir, prérogatives… de
mes contemporains, restés inaltérés, tels quels, jusque dans leur âge adulte. M’adapter
à la méchanceté. De cela, je n’ai aucun mérite, ma propre histoire a engendré
ceci que je n’ai pas pu m’y identifier.
En ce sens, je suis une demeurée,
perplexe devant l’absence chez mes contemporains, toutes provenances
confondues, d’une valeur désuète : le respect minimal pour autrui et,
accessoirement, pour sa pensée, pour son travail. Las ! Épargnons pour l’instant
“liberté-égalité”, reconsidérons, en analystes avertis, ce qu’il en est de la fraternité ! Cette fois, je t’ai tout
dit et fais silence, j’ai un texte à rédiger.
Bien à toi. W.
** Cf. Le monde d’hier d’où je viens et, à partir de documents officiels, je répertorie
les faits en vue d’un bref état des lieux, pour ce que j’intitule une
“non-biographie”. A-minima : née à
Paris, à l’hôpital Rothschild pendant l’hiver le plus froid de l’Occupation.
Toutes lignées, paternelle et maternelle, exterminées. Bébé en fuite depuis le
16 juillet 1942 quand la police française, sur dénonciation de la concierge de
l’immeuble où j’étais cachée est venue me chercher pour me ’emporter au Vel
d’Hiv - j’avais 8 mois -, sauvée par des “Justes” de condition modeste,
communistes, le “petit peuple”, dont d’autres policiers français. Planques
successives, communistes, catholiques, sans qualification particulière, dans
plusieurs régions de la France occupée jusqu’à l’âge de 6 ans, après guerre.
Pupille de la Nation, mon père s’étant engagé dans les régiments étrangers de l’armée
française en 1940, déporté à Birkenau comme Juif en 1944. Pour les conséquences
de cette histoire-là, l’itinéraire qui s’ensuivit et mes propres hypothèses sur
les conséquences dans la psyché du programme d’anéantissement [Vernichtung en allemand] des Juifs, voir
en fin de texte.
Je
suis demeurée à un point tel que, ne
m’occupant que de ce que j’avais à faire de ma vie, je n’avais pas vraiment
intégré l’obligation pour trouver à publier ses travaux dans le milieu
psychanalytique, d’appartenir à l’une ou l’autre corporation, c’est-à-dire de s’accommoder
des confréries suffisamment solides pour assurer leur distribution, faute de
quoi les portes sont hermétiquement closes… À moins de s’auto-produire. Demeurée, jJe pensais, jusque très tard, que leur contenu, soumis par des collègues au
moins par
des collègues à lecture et examen, méritait un minimumpeu d’attention. D’où la création de notre
association/micro-édition qu’effectivement, nous auto-produisons.
Revenons
à la psychanalyse et comment, étrangement, elle est accaparée par la
philosophie qui en récuse l’appellation de « science », de sorte que ses concepts
fondamentaux ne sont plus mis à l’épreuve de la clinique.
Ainsi
la transmission de la psychanalyse ne se fait pas.
Il n’est
pas improbable que si la psychanalyse n’a pas obtenu cette qualification de
science, ce soit tout simplement que personne
ne l’a voulu. Autrement dit qu’elle s’est heurtée dès sa découverte et
continue à se heurter à une résistance tenace à la méthode elle-même.
Si
bien que, depuis quelques décades, nombre de candidats à une analyse personnelle,
de surcroît rompus aux modes de communication informatiques, se présentent en
toute innocence comme davantage instruits que les psychanalystes eux-mêmes sur
ce qu’est réellement un travail d’analyse.
J’ai
donc pris soin régulièrement, lors d’un premier entretien, de demander “qu’entendez-vous
par psychanalyse” ?
Il y
en est cependant de plus modestes, plus sages, qui reconnaissent n’avoir aucune
idée de ce qu’est une psychanalyse. C’est seulement après avoir expérimenté
toutes les combinaisons thérapeutiques possibles pour alléger leur souffrance
sans qu’elle s’en trouve dénouée, qu’ils disent ne plus pouvoir faire autrement
que s’adresser à la psychanalyse.
Cette
résistance se manifesta dès l’origine chez l’excellent, le généreux Breuer,
lequel annonçait innocemment dans ses comptes-rendus que “l’élément sexuel
[est] étonnamment non développé” chez Bertha Pappenheim, que “pas une fois je
ne l’ai trouvé dans la masse [de ses] hallucinations” ! Cela a sans doute
contribué à l’éloignement ultérieur de Freud, la lecture de ce qui fut intitulé
« Mademoiselle Anna O. » dans les «
Études sur l’hystérie » témoignant indubitablement que l’élément sexuel
était la clef de son mal-être. De plus, c’est grâce à la “grossesse” hystérique
de Bertha, inventeresse malgré elle de la psychanalyse, que Freud, par delà son
auto-analyse, découvrit la fonction cruciale du transfert.
La
conduite quotidienne du traitement de Bertha par Breuer, sa frayeur devant ce
que Freud n’avait pas encore désigné par “transfert” évoquent, trois-quarts de
siècle plus tard, le transfert massif et probablement non-analysé de Ralph Greenson
à l’égard de Marilyn Monroe… Seulement Marilyn Monroe ne bénéficiait à aucun
point de vue des atouts de Bertha…
Une
définition claire du concept de science, pour laquelle théorie et expérience, i. e. ici la clinique, sont indissociables,
est décrite par Claude Bernard,
« La
théorie est l’hypothèse vérifiée après qu’elle a été soumise au contrôle du
raisonnement et de la critique. Une théorie, pour rester bonne, doit toujours
se modifier avec le progrès de la science et demeurer constamment soumise à la
vérification et la critique des faits nouveaux qui apparaissent. Si l’on
considérait une théorie comme parfaite, et si on cessait de la vérifier par l’expérience
scientifique, elle deviendrait une doctrine. »
[…]
« Le
savant complet est celui qui embrasse à la fois la théorie et la pratique
expérimentale. 1° Il constate un fait ; 2° à propos de ce fait, une idée
naît dans son esprit ; 3° en vue de cette idée, il raisonne, institue une
expérience, en imagine et en réalise les conditions matérielles. 4° De cette
expérience résultent de nouveaux phénomènes qu’il faut observer, et ainsi de suite. »
[…]
« Les hypothèses
sont indispensables comme les échafaudages sont nécessaires pour construire
une maison. Sans hypothèse, c’est-à-dire sans une anticipation de l’esprit
sur les faits, il n’y a pas de science, et le jour de la dernière hypothèse
serait le dernier jour de la science. »
[…]
« L’observation initiale
doit être celle d’un “phénomène imprévu”. »
[…]
« Une théorie est un modèle de la réalité, dérivé
de principes de base. La réalité est toujours plus complexe que la théorie, c’est
pour cela que chaque théorie a un domaine où elle s’applique. Une théorie
qui n’est pas vérifiée ou vérifiable par l’expérience n’est pas scientifique. »
Je
souligne cette dernière affirmation pour mettre en évidence ce qui me semble
être la différence entre la méthode scientifique et la philosophie, l’“amour du
savoir”. Il va de soi que rien ne saurait priver les philosophes de l’apport
incontestable de la théorie freudienne, Freud étant lui-même épris de savoir
(littérature, théâtre, poésie, sculpture, archéologie, architecture, mythologie, philosophie, religions,
biologie, éthique…), j’en omets sans doute… mais la philosophie n’est pas une méthode de traitement.
En tant que nouvelle “méthode de traitement”, voici brièvement ce que
Freud proposait à James Jackson Putman :
Le 14 mai 1911
[…] La théorie psychanalytique enseigne qu’une pulsion
ne peut être sublimée aussi longtemps qu’elle est refoulée. Naturellement, cela
vaut également pour chacune de ses composantes. C’est pourquoi il est
indispensable de lever le refoulement en venant à bout des résistances avant de
pouvoir accéder à la sublimation ou parvenir à une sublimation complète. C’est
là que se réalise alors la thérapie psychanalytique et cela ouvre la voie à
toute évolution, jusque dans sa forme la plus haute.
Or
bizarrement, par snobisme, qu’il soit délibéré ou seulement préconscient,
emboîtant leur savoir philosophique sur le dandysme de leur maître, les
lacaniens se sont gorgés de heideggereries***… Il est difficile en effet,
parmi les références proposées par Lacan, de trouver le nom de philosophes,
notamment ceux des Lumières, de
scientifiques, d’écrivains juifs… et pour peu que nous les ayons cherchés, c’est
avec tristesse que nous lisons à quel point Lacan les brocarde, comme très tôt,
dès 1938, il brocarde Freud, en termes plus qu’indécents - cf. mon « Préambule
/ Commentaire de La Famille selon
Lacan • 1938 » à l’adresse ci-dessous,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/preamb.comment.html
*** Passage de mon livre, « Travaux 1967-1997 », éd. ψ [Psi] LE
TEMPS DU NON, 1998, où
figure l’une des nombreuses estimations que j’ai relevées dans l’œuvre de
Heidegger :
Alors, quelle était l’appréciation de Heidegger sur la psychanalyse ?
En portait-il seulement une ? En effet. Dans son “Introduction” de 1949 à « Qu’est-ce que la Métaphysique ? »,
dédiée à Hans Carossa pour son 70e anniversaire, dédicace omise dans
la traduction française, car Carossa présida une fois la Chambre Internationale
des Écrivains, créée et contrôlée par Goebbels, voici ce qu’on peut lire, in “Questions I” :
S’il en était ainsi de l’Oubli
de l’Être, ne serait-ce pas une raison suffisante pour qu’une Pensée qui pense
l’Être soit prise d’Effroi, car rien d’autre ne lui est possible que soutenir
dans l’Angoisse ce Destin de l’Être afin de porter d’abord la Pensée en
présence de l’Oubli de l’Être ? Mais une Pensée en serait-elle capable tant l’Angoisse
ainsi destinée n’est pour elle qu’un État d’Âme pénible ? Qu’a donc à faire le
Destin Ontologique de cette Angoisse avec la Psychologie et la Psychanalyse ?
Et dans la langue, à l’intention des germanistes, qui sauront y mettre
le son :
Wäre wenn es mit der
Seinsvergessenheit so stünde, nicht Veranlassung genug, dass ein Denken, das an
das Sein denkt, in den Schrecken gerät, demgemäss, es nichts anderes vermag,
als dieses Geschick des Seins in der Angst aus zuhalten, um erst das Denken an
die Seins vergessen heit zum Austrag zubringen ? Ob jedoch ein Denken dies
vermöchte, solange ihm die so zugeschickte Angst nur eine gedrückte Stimmung
wäre ? Was hat das Seins geschick dieser Angst mit Psychologie und
Psychoanalyse zu tun ?
La
méthode de la psychanalyse, originale en regard de toute méthode scientifique
jusqu’alors, fut édifiée par Freud, pierre après pierre, à partir de l’analyse
de ses rêves, ou voie royale vers la lecture de l’inconscient, qu’elle permet
alors d’analyser. Point n’est besoin de re-souligner le fait que la
lecture/interprétation des rêves n’a rien en commun avec l’occultisme, “la clef
des songes”, divination ou autre onirologie.
L’application
clinique de cette méthode semblerait avoir été abandonnée très tôt par les générations
post-freudiennes d’analystes. Est-ce un phénomène dû au temps et au soin que
cet exercice exige ? Dans ma propre analyse et dans celle de mes contemporains,
je n’ai jamais entendu parler de cette pratique. Et pour appliquer cette
méthode, je puis témoigner qu’elle est ardue, qu’il est préférable d’être
patiente avec le temps qui passe, ne pas être trop polarisée sur l’argent
devant ceux qui n’en ont guère…
C’est
pourtant là, dans le rêve, que se révèle le trésor des signifiants de chacune
et de chacun. Cette méthode a ceci de tout à fait nouveau jusqu’alors, en ce
que la chaîne des signifiants de
chacune et de chacun leur est singulière,
n’appartient à personne d’autre. C’est qu’elle offre une possibilité permanente
de faire évoluer la théorie.
Par exemple, brièvement, si nous avons certes des signifiants communs, nombre
des miens n’ont aucun rapport avec ceux de Freud et pour n’en relever que
quelques-uns : êtreje suis une femme ; suite à l’un ou l’autre rêve, les associations de Freud, dont les
éléments, évoquant les lieux, les personnes, les noms, les événements… qui l’intéressent
en propre, ses spéculations en calculs chiffrés répétitifs sur la date de sa
mort, ses élaborations à partir de personnalités, d’artistes, d’œuvres, dont il
décrit la vie et les réalisations sur un mode proche d’un “roman familial”, me
sont ainsi qu’à mon histoire personnelle, complètement étrangers…
Par exemple encore, quelques absences de signifiants propres à un bébé
fille, née pendant la déportation des Juifs, sans cesse en cavale et en
planques, orpheline : silence obligatoire dès la naissance, pas de langue
source, dite maternelle, et leurs conséquences ultérieures, pas d’identifications
possibles, faille de l’imaginaire car empreintemarque trop brutaleviolente de réel, destruction de la structure œdipienne. Là, sur ce point capital
précis, pour tenter d’exterminer non seulement ses sœurs mais Freud soi-même en
même temps que tout l’édifice, l’Hitlérie - comme la nommait Freud - et ses internationaux
suiveurs, ne pouvaient mieux réussir… Prescriptions, ou marque persistante des signifiants, qui bizarrement m’ont
accompagnée jusqu’à
présent : silence, en plus familier : “boucle-la” ; ukases donc sur la parole et le penser, du style “garde pour toi ce que tu
penses”. Seul recours : l’acuité
auditive, la lecture, la musique, les livres encore et encore, lle ’accès au symbolique et enfin, depuis que je sais
lire et écrire, l’écriture.…
Je n’ai jamais croisé de psychanalystes postfreudiens, pourtant diserts
sur la déportation des Juifs, qui se soient intéressés à ces singularités.
Pour reprendre le motif de départ qui a occasionné cette escapade :
Freud, Anna Freud, Françoise Dolto, Dali, Le Lionnais, Perrier… nommés ici,
quelles qu’aient été leur idéologie s’ils en avaient une, leurs certitudes,
leurs doutes, leur évolution, n’ont jamais commis la moindre traitrise, plus
cru, la moindre saloperie, envers qui que ce soit. En cela, ils furent grands.
Un dernier mot sur les signifiants. Je n’ai
pas inventé de pseudo d’écrivain ni francisé mon patronyme : il porte mon
histoire, et témoigne d’un infinitésimal
micron de l’histoire de France.
Toutefois, àÀ noter, à l’intention de traducteurs discourtois, que le verbe
“weinen” en allemand signifie hélas “pleurer”, lequel a donné en ydish, où le
“w” n’existe pas, l’expression “oyy vaï”, “ô malheur”.
Il n’est pas impossible aussi que, dans les
pays à langue non germanophone, dans les tourmentes, la prononciation locale, l’accent hasardeux des
exilés, hasardeux, un “W” ait été, par les officiers d’État-Civil, substitué à un “F”.
Prénom : Michèle. Mon père étant absentétant une
première fois interné à Drancy lors de ma naissance, ma mère absolument seule, je
fus déclarée Micheline, pour faire féminin, par [sic] Monsieur Pierre Monin, quarante-huit ans, employé, domicilié rue
Santerre 15 [Rothschild], ayant
assisté à l’accouchement, qui, lecture faite, a signé avec Nous, Joseph Jules
Paul Toussaint, adjoint au Maire du douzième arrondissement de Paris, Chevalier
de la Légion d’Honneur.
Second prénom : Estelle.
Bien, pour mettre fin à l’extra de l’escapade,
voici un aperçu partiel de ce que je n’aime pas,
• La méchanceté.
• Ce qui va
avec, soit l’absence consciente de respect et ce qu’elle charrie : vulgarité,
violence, injures aux personnes dont le soubassement est toujours d’origine
sexuelle / xénophobe, quelle que soit la forme extérieure qu’emprunte
l’ostracisme. Le mépris en général, le mépris pour le langage, pour l’écoute et
la parole de l’autre, avec son corollaire, le mépris pour ceux qui en sont
privés pour cause de censure - familiale ou/et sociale -, de dysfonctionnements
psychiques transmis par leur histoire et l’histoire des humains, ou somatiques,
le mépris envers celles et ceux maladroits, à la parole mal assurée, de tous
âges, toutes provenances...
• Le
mensonge, l’hypocrisie, l’indiscrétion,
la fatuité, la dissimulation, la duplicité…, en bref ce qui entraine des effets
et des agissements pervers, à commencer par l’automatisme qui consiste à ne
tenir ni sa parole ni ses engagements, à les dénier sans vergogne aussitôt qu’énoncés.
• La flûte
traversière adaptée au jazz. La flûte, de par sa facture, précisément son
embouchure, ne permet pas de syncoper, à moins d’être Roger Bourdin. Dans le
jazz moderne, les flûtistes jouent tous et rarement juste sur le même registre,
dans le médium - le moins difficile -, produisant un filet malingre
sub-asthmatique, ponctué éventuellement de petits cris aigus.
• Le
vacarme en tous genres, qui nous fracasse le crâne, la musique étant “l’art d’harmoniser
les sons”.
• Les
amoncellements en tous genres.
• Les
mondanités, le paraître, le snobisme, où l’on se masse pour paraitre et ne rien
dire.
• Les
sectes, clans, corporations…
• Comme les
chats, les portes fermées, la fermeture d’esprit en général, les ukases.
• L’avarice,
que je considère comme une pathologie, en ce qu’elle conditionne économie
libidinale et mesquinerie, autrement dit, dans tous les domaines, prendre et ne
jamais rien donner, tout en trompant sur les apparences, par exemple la
falsification qui consiste à étaler pour la galerie une munificence dont l’auteur
est constitutionnellement dépourvu, le clivage radical entre les agissements
et les paroles selon qu’ils s’adressent au monde extérieur ou aux proches.
• La pédanterie.
• Les
navets. À l’extrême rigueur, cuits dans les pot-au-feu, ou tolérés crus à condition qu’ils
soient immergés dans le vinaigre... ... ...
Ce que j’aime,
La loyauté.
M.
W. 084 novembre 2013