...de la civilisation / de la
dénégation... *
En dernière analyse, quand les choses ne sont plus à
comprendre, lisez les poètes. Freud, cité par François Perrier
Le drame des jeunes d'aujourd'hui, c'est le manque total de
mystère de l'inconscient. Ils désirent de l'inexistence. François Perrier Hoirie •
Héritage des anciens,
ai-je trouvé en faisant des mots fléchés. Les
“jeunes d'aujourd'hui” sont aujourd'hui entre “quadra-”
et “quinqua-”. Leurs enfants, s'ils en ont, sont aujourd'hui les
jeunes d'aujourd'hui. Captés par les images et par les excès de
décibels intrusifs ont-ils encore un imaginaire qui laisse flâner
leur imagination ? Mais
commençons par un fait divers.
Lettre aux institutions de référence,
aux personnes et personnalités de toutes conditions et à la Halde
Vendredi 4 janvier 2008. Comme
un café, place de la Convention, est un lieu informel de réunion
de sympathisants, nous avions décidé, avec Noureddine, d'aller y
manger un morceau. Noureddine est père de ma petite-fille d'adoption,
Kenza (cf. Baba Yaga
à « Audio / vidéo » sur le site, et Récit de Noureddine à «
Courrier »). Il
était 14 h. Noureddine est algérien, apparemment ça doit
se voir. D'abord “on” ne nous sert pas - ce qui est assez
fréquent dans les brasseries du coin quand nous sommes ensemble,
également place Jacques Marette, même quand notre jolie Kenza, 8
ans, est avec nous. Après
20 minutes, j'appelle le serveur qui nous dit qu'il arrive et... n'arrive pas.
Encore 1/4 d'heure (nous sommes patients). Enfin,
quand le serveur vient prendre la commande, il nous déclare qu'il n'y a
plus de ceci ni de cela et nous propose les plats et les boissons les plus
chers. Je lui demande s'il nous mène en barque. Bref, il prend notre
modeste commande, nous amène la boisson - du coup nous ne pouvons plus
partir sauf à faire un éclat. Nous attendons encore une petite
demi-heure... des hamburgers (préparation rapide). J'étais
allée retirer 100 €
dont j'avais besoin, au guichet de la S. G. car je ne règle
jamais mes divers achats par carte bleue dans ce quartier, vu mon nom bien
juif. Au moment de l'addition, je donne un billet de 50 € au serveur et
le second tombe de ma poche (50 € également). Le serveur les
ramasse et les fourre dans la sienne. J'attends la monnaie et le prie de me
restituer le billet de 50 € escamoté, en lui demandant cette fois
s'il se fout de nous. La terrasse était pleine et même à
voix discrète, elle porte, il a dû s'exécuter en
bafouillant des imbécillités. Ce
quartier est détestable, mais il paraît, à chaque fois que
je m'en étonne, que c'est bien connu... Bonne
année 2008 ! Noureddine,
harcelé par les démarches administratives quotidiennes, pour
rester un paisible père et un homme agréable, prend sur le temps,
il a du mal à en trouver pour continuer d'écrire son livre.
Commençons
par l'héritage des anciens, à propos de civilisation, via l'intitulé de notre association (se
reporter à la page d'accueil du site, lien ci-dessous),
En
1983, j'étais invitée à présenter un travail de
commande pour l'École Freudienne, aux séminaires de laquelle
j'assistais, à partir de la traduction, particulièrement
difficile, que nous venions de terminer avec Petra Menzel, La libido chez
Freud et l'Éros chez Platon, de Max Nachmansohn. J'avais
étudié pendant des semaines le sujet de la rupture Freud / Jung,
avais acquis la copie de l'édition originale de 1905 des 3 Essais en allemand [Lien] pour suivre l'évolution des
notes de Freud à chaque réédition, en même temps que
je reprenais la correspondance de Freud avec ses différents
interlocuteurs ainsi que l'histoire du mouvement analytique. 1905 est l'année de séparation de l'État d'avec l'Église.
Ceci, bien
que dans le circuit de l'analyse en vogue depuis un certain temps, je n'eus
pas encore compris le fonctionnement de la transmission de l'enseignement
lacanien, plus précisément celui de la place
réservée à l'importance de la parole des analystes
praticiens rendant compte de leurs travaux théoriques.
Après
une vingtaine de minutes d'exposé, au moment où j'abordais
l'hypothèse de Freud selon laquelle l'homosexualité ne serait pas
à ranger dans la catégorie structurelle des perversions, je me
suis entendu dire, par l'Autorité présidente de ce soir-là
: « Ça suffit ! ». Anna
Freud, en 1977, apportera sa contribution à l'évolution de
certains descriptifs de la vie amoureuse par son père, en observant lors
d'un Congrès que, Certaines remarques de Freud concernant l'attitude des femmes
vis-à-vis des tâches culturelles sont la conséquence de
l'exclusion des femmes de la vie professionnelle à son époque. En
tant que description, elles ne sont plus valables à notre époque
où toutes les activités professionnelle sont ouvertes aux femmes,
dans les affaires, la médecine, le droit, ou à la tête des
États. Freud,
honnêtement, a reconnu, sitôt la première édition des
3 Essais parue, que la femme
représentait pour lui un continent tamisé où il perdait un
peu ses repères conceptuels, il laissait ainsi
préférentiellement aux analystes femmes l'analyse de la
sexualité féminine avec son incidence sur la vie amoureuse
ultérieure. En
1991, puisque j'avais accepté de publier un Colloque de
collègues, on m'accorda tout de même une intervention. Cette fois,
ma réflexion critique portait sur la théorie dudit
“Nom-du-père” chez Lacan. J'utilisai mon temps de parole pour
placer ce paragraphe de l'introduction de Heidegger à « Was ist Metaphysik
? », réédition de 1949,
S'il en était ainsi de l'Oubli de
l'être, ne serait-ce pas une raison suffisante pour qu'une Pensée
qui pense l'Être soit prise d'Effroi, car rien d'autre ne lui est
possible que soutenir dans l'Angoisse ce Destin de l'Être afin de porter
d'abord la Pensée en présence de l'Oubli de l'Être ? Mais
une Pensée en serait-elle capable tant l'Angoisse ainsi destinée
n'est pour elle qu'un État d'Âme pénible ? Qu'à donc
à faire le Destin Ontologique de cette Angoisse avec la Psychologie et
la Psychanalyse ? Et dans la langue, à l'intention
des germanistes, qui sauront y mettre le son : Wäre wenn es mit der Seinsvergessenheit so
stünde, nicht Veranlassung genug, dass ein Denken, das an das Sein denkt, in
den Schrecken gerät, demgemäss, es nichts anderes vermag, als dieses
Geschick des Seins in der Angst aus zuhalten, um erst das Denken an die Seins
vergessen heit zum Austrag zu bringen ? Ob jedoch ein Denken dies
vermöchte, solange ihm die so zugeschickte Angst nur eine gedrückte
Stimmung wäre ? Was hat das Seins geschick dieser Angst mit Psychologie
und Psychoanalyse zu tun ? J'avais
demandé à Jean-Pierre Faye, invité d'honneur de cette
manifestation, de bien vouloir lire le texte allemand devant l'auditoire. C'était,
là encore, un travail assez volumineux. Mais
comme j'avais été programmée en toute fin de colloque,
juste avant la courte synthèse de clôture par l'organisateur, je
me suis entendu dire qu'il me fallait conclure très rapidement car
“on devait rendre la salle”. Des
tas de fois comme ça... ce ne sont que deux exemples... J'ai
appris il n'y a pas si longtemps, deux ans environ, de la bouche même de
cet organisateur que, quand “on” ne voulait pas écouter ce
que quelqu'un avait à dire, “on” programmait ses travaux
juste avant l'heure de fermeture imposée, ici dans le grand
amphithéâtre de la Maison de la Chimie à Paris. Le locuteur
doit ainsi obligatoirement se taire. Il semblerait alors que cette
manière de procéder par élimination de la parole de
l'autre signifie que
l'“on” ne veut délibérément pas savoir. Or
pour Freud, ne pas vouloir savoir témoigne de la résistance et de la force contraire
à la psychanalyse les plus irréductibles, d'où
résulte une difficulté, sinon une impossibilité pour l'esprit,
à se représenter la notion-même de civilisation, à
la conceptualiser. La
civilisation - Kultur en
allemand -, exactement comme la psychanalyse, est étayée du
désir constant de savoir, issu de la “curiosité polymorphe
infantile” non satisfaite qui,
dans un premier temps, apprend déjà à accéder,
en acceptant d'abandonner le plaisir instantané que procurent les
répétitions infantiles, à la maîtrise de ses
pulsions les plus abominables, cet invariant chez tout être humain
parlant et pensant. Après
quoi, bon vent et jolie brise, c'est à chacun/e son frayage pour avancer de sorte
d'entrevoir ce « Là où “Ça”
était “Je” doit advenir » qui lui permettra de s'impliquer
réciproquement dans le public comme dans le privé avec une
certaine “classe”, pour ne pas employer de grands mots. * N. B. Toutes
les références aux textes, auteurs, documents, figurent dans le
site.
ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
© 1989 / 2015
|