L’association ψ [Psi] LE
TEMPS DU NON a pour but de favoriser la réflexion
pluridisciplinaire par les différents moyens
existant, la publication et la diffusion de matériaux
écrits, graphiques, sonores, textes originaux,
uvres d’art, archives inédites, sur
les thèmes en relation à la
psychanalyse, l’histoire et l’idéologie.
ψ = psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE
TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance
délibérée,
est l’antonyme de la réflexion, de la raison,
de l’intelligence.
ø
Micheline
Weinstein
Introduction à
la Lecture / Spectacle
À la bonne adresse
par
La
Compagnie Le GrandTOU
© Vidéo de l’annonce
[Extraits]
La
Compagnie Le GrandTOU est ainsi nommée en hommage
à Karl Valentin, inoubliable artiste des cabarets de l’Allemagne des années
trente, qui créa le T.O.U., le Théâtre Obligatoire Universel, dans son texte
intitulé « Pourquoi les théâtres
sont vides ».
Elle
présente aujourd’hui À LA BONNE ADRESSE, petit
livre du journaliste, enseignant et écrivain hollandais Bert Kok, dont les extraits sont interprétés par deux comédiens,
Laure Trainini et Thomas Montpellier, un musicien, les violoncellistes en alternance, Lucien
Debon et Hanna Salzenstein. Les
lumières sont assurées par Romain Titinsnaider, la vidéo de lancement est
réalisée par Philippe Jamet, et son montage / vidéo ciselé par Jean-Marie
Roignant.
[...]
Nous avons francisé certains prénoms et
noms propres de À LA BONNE ADRESSE, comme ce fut fait en allemand pour
l’édition allemande.
C’est à l’instigation de son ami Max Arian que Bert Kok écrivit le récit « Aan het goede adres » en 1985, qui fut traduit en allemand par Mirjam Pressler en 1986 et en français par Micheline Weinstein en 1989.
Notre association, [ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON, que Micheline Weinstein a fondée en 1986], a
édité ce petit livre grâce aux
cotisations de ses abonnés.
Une première version audio/vidéo (+ DVD)
d’extraits de À LA BONNE ADRESSE, interprétée par Laure Trainini
seule, datée de 2003, figure sur notre site à l’adresse suivante :
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/a-la-bonne-adresse-.html
Nous n’en avions reçu aucun écho, excepté
l’invitation à présenter ce petit livre en 1992, devant le B’nai B’rith Jeunes et, grâce à Marcel Stourdzé, devant la
Fédération des Sociétés Juives de France.
Depuis 24 ans, nous n’avions trouvé aucun
réalisateur, aucun metteur en scène, aucune subvention, aucun éditeur,
français, aucune institution, y compris pédagogique, intéressés par cette
aventure exemplaire. Ce n’est pas faute d’avoir arpenté...
Je m’en suis étonnée.
C’est pourquoi nous fûmes particulièrement
heureux, en cette année 2014, de recevoir sous forme d'une subvention, le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la
Shoah, que nous remercions chaleureusement.
Le 17 janvier 2007, lors de la cérémonie
officielle au Panthéon destinée à honorer le sauvetage des Juifs par Les
Justes français, je fus surprise d’entendre, lors de l’allocution
d’ouverture, taper sans nuances sur la Hollande pour ce qui aurait été sa
collaboration globalisée avec les nazis, à coups de comparaisons de chiffres (!?), exclusives, donc à mon
sens, abusivement ineptes.
Cela n’a pas cessé depuis.
[...]
... il serait peut-être intéressant
d’examiner de plus près ce qu’il en fut de la solidarité envers les adultes,
c’est-à-dire la proportion de Juifs autochtones ou établis depuis la fin du XIXe siècle, soustraits à la déportation, dont la France s’honore, comparée à celle
des Juifs étrangers issus de la MittelEuropa, de Russie, d’Allemagne...,
épouvantés, souverainement toisés par une partie de la famille des “leurs”
comme piétaille apatride, indésirable...
Du plus loin que l’on sonde le temps, hier,
aujourd’hui (et... demain), perdure le “narcissisme intrinsèque des petites
différences” qui anime le « Malaise dans la civilisation » analysé par Freud.
La magnifique aventure contée dans ce petit livre rend d’autant plus grands
les un-par-uns courageux de toutes provenances pour leur solidarité
silencieuse, au prix de leur vie, et il est arrivé, hélas, que nombre d’entre
eux la perdent.
Peut-être, avant de souligner négativement en France le rôle des
Pays-Bas pendant la 2e G. M., aurait-on avantage à lire l’étude
dense de Jacob Presser* (556 pages), non traduite en français,
précise, parfaitement documentée, accompagnée de photos, de cartes, d’affiches,
publiée sans succès en 1965, laquelle, je le répète, a valeur
universelle.
De même pour l’Allemagne, aurait-on avantage à lire le petit livre «
La Rose Blanche », dont la traduction en français fut publiée également
sans succès par Les Éditons de Minuit en 1955, et rééditée en 2008.
Le film de 1982 « Die Weiße Rose » de Michael
Verhœven, resté inédit au cinéma, fut diffusé en allemand sur Arte en octobre
2010, et le livre adapté et présenté en allemand sous forme d’opéra à Nantes et
Angers en janvier et février 2013.
* Jacob Presser, Ondergang [Clandestinité], Amsterdam, 1965 (épuisé
depuis près d’un demi-siècle). Traduit en anglais par A. Pomerans sous le
titre Ashes in the Wind - The Destruction of Dutch Jewry [Cendres
dans le vent - La Destruction des Juifs Néerlandais], Souvenir Press, 1968 (épuisé
depuis près d’un demi-siècle). Un
exemplaire se trouve, en anglais, au Mémorial, ex-CDJC, Sara Halperyn me l’avait
photocopié.
Voici
un aperçu de la conclusion de Presser :
Nombreux sont ceux pour
avoir affirmé que les Néerlandais furent corrompus par leur contact avec les
nazis durant la guerre, mais un examen soigneux a montré que les faits sont de
loin plus complexes, et que la vérité continue de persister dans le vieil adage proprium ingenii humani est odisse quem
læseris - c’est le propre de l’humain
de haïr qui il a offensé [Tacite]. Nul
doute que le sentiment de culpabilité que tant de non-Juifs ont reconnu est à
l’origine de tout cela. Il a souvent été dit que chaque Hollandais digne de ce
nom aurait dû s’engager dans la Résistance. Faut-il alors s’étonner que tant de
gens qui ne l’ont pas fait se délestent aujourd’hui de leurs sentiments sur
ceux dont l’appartenance fut un rappel constant de leurs insuffisances ?
“La
calomnie massive était la face sale de la médaille, dont l’autre face montra
l’or de la véritable compassion. Calomnie et compassion existèrent côte à côte.
Les deux relevaient d’une même situation... et peu après l’Occupation, on put
trouver les deux chez les mêmes humains”, écrit L. de Jong, « Jews and Non-Jews in
Nazi-Occupied Holland » in On The Track
of Tyranny (London, 1962), p. 134.
Nous
pourrions poursuivre à l’infini... Mais nous en avons assez dit. En même temps
que l’histoire, la vie continue, “mais il
se peut que, parfois, il y en ait un qui se souvienne”.
Celui qui s’est ici souvenu s’est efforcé d’être fidèle.
Requiescant
(Qu’ils reposent en paix)
Jacob Presser
Micheline
Weinstein
20
juillet 2014
Astrid