Psychanalyse et ideologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein

 

Introduction à la Lecture / Spectacle

 

À la bonne adresse

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  “The Uspeakable one”

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.  

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

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L’association ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON a pour but de favoriser la réflexion pluridisciplinaire par les différents moyens existant, la publication et la diffusion de matériaux écrits, graphiques, sonores, textes originaux, œuvres d’art, archives inédites, sur les thèmes en relation à la psychanalyse, l’histoire et l’idéologie.
ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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Micheline Weinstein

 

Introduction à la Lecture / Spectacle

 

À la bonne adresse

par

 

La Compagnie Le GrandTOU

 

                                                                       © Vidéo de l’annonce

[Extraits]

 

 

La Compagnie Le GrandTOU est ainsi nommée en hommage à Karl Valentin, inoubliable artiste des cabarets de l’Allemagne des années trente, qui créa le T.O.U., le Théâtre Obligatoire Universel, dans son texte intitulé « Pourquoi les théâtres sont vides ».

Elle présente aujourd’hui À LA BONNE ADRESSE, petit livre du journaliste, enseignant et écrivain hollandais Bert Kok, dont les extraits sont interprétés par deux comédiens, Laure Trainini et Thomas Montpellier, un musicien, les violoncellistes en alternance, Lucien Debon et Hanna Salzenstein. Les lumières sont assurées par Romain Titinsnaider, la vidéo de lancement est réalisée par Philippe Jamet, et son montage / vidéo ciselé par Jean-Marie Roignant. [...]

Nous avons francisé certains prénoms et noms propres de À LA BONNE ADRESSE, comme ce fut fait en allemand pour l’édition allemande.

C’est à l’instigation de son ami Max Arian que Bert Kok écrivit le récit « Aan het goede adres » en 1985, qui fut traduit en allemand par Mirjam Pressler en 1986 et en français par Micheline Weinstein en 1989.

Notre association, [ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON, que Micheline Weinstein a fondée en 1986], a édité ce petit livre grâce aux cotisations de ses abonnés.

Une première version audio/vidéo (+ DVD) d’extraits de À LA BONNE ADRESSE, interprétée par Laure Trainini seule, datée de 2003, figure sur notre site à l’adresse suivante :

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/a-la-bonne-adresse-.html

 

Nous n’en avions reçu aucun écho, excepté l’invitation à présenter ce petit livre en 1992, devant le B’nai B’rith Jeunes et, grâce à Marcel Stourdzé, devant la Fédération des Sociétés Juives de France.

Depuis 24 ans, nous n’avions trouvé aucun réalisateur, aucun metteur en scène, aucune subvention, aucun éditeur, français, aucune institution, y compris pédagogique, intéressés par cette aventure exemplaire. Ce n’est pas faute d’avoir arpenté...

Je m’en suis étonnée.

C’est pourquoi nous fûmes particulièrement heureux, en cette année 2014, de recevoir sous forme d'une subvention, le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, que nous remercions chaleureusement.

Le 17 janvier 2007, lors de la cérémonie officielle au Panthéon destinée à honorer le sauvetage des Juifs par Les Justes français, je fus surprise d’entendre, lors de l’allocution d’ouverture, taper sans nuances sur la Hollande pour ce qui aurait été sa collaboration globalisée avec les nazis, à coups de comparaisons de chiffres (!?), exclusives, donc à mon sens, abusivement ineptes.

Cela n’a pas cessé depuis.

[...]

... il serait peut-être intéressant d’examiner de plus près ce qu’il en fut de la solidarité envers les adultes, c’est-à-dire la proportion de Juifs autochtones ou établis depuis la fin du XIXe siècle, soustraits à la déportation, dont la France s’honore, comparée à celle des Juifs étrangers issus de la MittelEuropa, de Russie, d’Allemagne..., épouvantés, souverainement toisés par une partie de la famille des “leurs” comme piétaille apatride, indésirable...

Du plus loin que l’on sonde le temps, hier, aujourd’hui (et... demain), perdure le “narcissisme intrinsèque des petites différences” qui anime le « Malaise dans la civilisation » analysé par Freud.

La magnifique aventure contée dans ce petit livre rend d’autant plus grands les un-par-uns courageux de toutes provenances pour leur solidarité silencieuse, au prix de leur vie, et il est arrivé, hélas, que nombre d’entre eux la perdent.

Peut-être, avant de souligner négativement en France le rôle des Pays-Bas pendant la 2e G. M., aurait-on avantage à lire l’étude dense de Jacob Presser* (556 pages), non traduite en français, précise, parfaitement documentée, accompagnée de photos, de cartes, d’affiches, publiée sans succès en 1965, laquelle, je le répète, a valeur universelle.

De même pour l’Allemagne, aurait-on avantage à lire le petit livre « La Rose Blanche », dont la traduction en français fut publiée également sans succès par Les Éditons de Minuit en 1955, et rééditée en 2008.

 

Le film de 1982 « Die Weiße Rose » de Michael Verhœven, resté inédit au cinéma, fut diffusé en allemand sur Arte en octobre 2010, et le livre adapté et présenté en allemand sous forme d’opéra à Nantes et Angers en janvier et février 2013.

 

* Jacob Presser, Ondergang [Clandestinité], Amsterdam, 1965 (épuisé depuis près d’un demi-siècle). Traduit en anglais par A. Pomerans sous le titre Ashes in the Wind - The Destruction of Dutch Jewry [Cendres dans le vent - La Destruction des Juifs Néerlandais], Souvenir Press, 1968 (épuisé depuis près d’un demi-siècle). Un exemplaire se trouve, en anglais, au Mémorial, ex-CDJC, Sara Halperyn me l’avait photocopié.

 

Voici un aperçu de la conclusion de Presser :

 

Nombreux sont ceux pour avoir affirmé que les Néerlandais furent corrompus par leur contact avec les nazis durant la guerre, mais un examen soigneux a montré que les faits sont de loin plus complexes, et que la vérité continue de persister dans le vieil adage proprium ingenii humani est odisse quem læseris - c’est le propre de l’humain de haïr qui il a offensé [Tacite]. Nul doute que le sentiment de culpabilité que tant de non-Juifs ont reconnu est à l’origine de tout cela. Il a souvent été dit que chaque Hollandais digne de ce nom aurait dû s’engager dans la Résistance. Faut-il alors s’étonner que tant de gens qui ne l’ont pas fait se délestent aujourd’hui de leurs sentiments sur ceux dont l’appartenance fut un rappel constant de leurs insuffisances ?

“La calomnie massive était la face sale de la médaille, dont l’autre face montra l’or de la véritable compassion. Calomnie et compassion existèrent côte à côte. Les deux relevaient d’une même situation... et peu après l’Occupation, on put trouver les deux chez les mêmes humains”, écrit L. de Jong, « Jews and Non-Jews in Nazi-Occupied Holland » in On The Track of Tyranny (London, 1962), p. 134.

Nous pourrions poursuivre à l’infini... Mais nous en avons assez dit. En même temps que l’histoire, la vie continue, “mais il se peut que, parfois, il y en ait un qui se souvienne”.

Celui qui s’est ici souvenu s’est efforcé d’être fidèle.

 

Requiescant

(Qu’ils reposent en paix)

Jacob Presser

Micheline Weinstein

20 juillet 2014

 

 

                                                                           Astrid

 

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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