© Micheline Weinstein
Suite Journal ininterrompu
par intermittence 2020
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Extension des post-it en vrac
Ich will
Zeugnis ablegen bis zum letzten
[Je veux témoigner
jusqu’au dernier jour]
Victor
Klemperer • Journal 1933-1947
Fin de partie
Lettre à un futur-ex-médecin traitant
I
De
la déconstruction
Déconstruction =
écrasement des signifiants fondamentaux.
Qu’est-ce
qu’un signifiant pour les non-linguistes = qui rend compte d’un mot porteur
d’un sens.
Rend
compte à parité, pour une kyrielle de mots, de leur sens opposé.
Exemple
= sacré > < satané.
II
Paris le
27 juin 2022
Cher Dr *
Vous excuserez ce courrier postal = par choix délibéré, je n’utilise
pas les réseaux dits sociaux ni les commentaires sur sites.
N’étant pas coutumière de visites fréquentes auprès du corps médical, je
ne m’étais pas préoccupée jusqu’alors des modifications échelonnées au cours de
l’histoire du Serment d’Hippocrate, puis de son abandon, remplacé qu’il fut au XXe siècle par le Serment des médecins .
De telle sorte que, pour faire bref, après avoir été suivie au Val de
Grâce jusqu’à sa fermeture aux civils, puis par un excellent médecin traitant à
l’ancienne ayant hélas pris sa retraite, ces dernières années, je fus soumise,
bien que recommandée par des professionnels - ce qui, quand possible, est un
privilège - à de pénibles errances successives, pour chaque fois tomber sur ce
que je nomme des « courtiers » attachés
à des hôpitaux parisiens ou à des cabinets de groupe, transmués en usines à
gaz.
Vous fûtes le plus récent.
Ainsi, vous serez débarrassé de moi à compter de septembre 2022,
échéance de votre dernière ordonnance.
Les lectrices et lecteurs intéressés pourront s’y reporter en fin de
texte.
Lors de notre première entrevue au Centre ***, indiqué par le Dr ****, j’avais pris soin de
vous informer de mon itinéraire médical d’être humain parlant et pensant
instruit à contribuer avec un maximum d’efficacité au traitement de ses
symptômes. Je vous avais au préalable informé d’un fait biographique originel
dont la cicatrice indélébile était cause de mon refus au carré de souscrire à
la violence, quelle qu’en soit la forme, dans ma vie publique.
De telle sorte que j’exclus radicalement l’usage de la terreur, que
l’on me gueule dessus, m’interrompe dès que j’ouvre la bouche sans même avoir écouté
les premières syllabes relatives à l’objet de ma visite = postures qui
s’apparentent à mon sens à de la maltraitance verbale.
En
l’occurrence postures malgré tout comiques, m’évoquant d’Adenoïd Hynkel dans
« Le Dictateur » de Charlie Chaplin.
Il eut été si simple de me déclarer d’emblée que, surchargé de
travail, vous n’aviez pas le temps d’assurer mon suivi. En général, je comprends
vite.
Certes,
le Centre dans lequel vous exercez ayant reporté une intervention chirurgicale
urgente aux calendes post-Covid, que je m’adresse grâce à un ami au Pr** [cf.
note 2], qui l’a pratiquée sans tarder dans son service à l’Hôpital øøø,
autre que celui auquel vous êtes associé, ne vous a pas plu.
Annexe = lors de votre colère d’une violence incongrue, vous avez
argué que, puisque j’étais psy, je pouvais la comprendre. Face à ce genre de
transfert dans un cadre professionnel, cher Dr *, comme vous, je suis
rétribuée, je ne la reçois à titre bénévole que dans ma sphère privée.
J’ai trouvé, grâce à un autre ami, un médecin traitant généraliste qui
me va, il écoute.
Bien à vous,
Serment médical prononcé actuellement
par les nouveaux médecins depuis 1996
« Au
moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être
fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier
souci sera de rétablir, de préserver, ou de promouvoir la santé dans tous ses
éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je
respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune
discrimination selon leur état ou leurs convictions.
J’interviendrai
pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur
intégrité ou leur dignité.
Même sous la
contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de
l’humanité.
J’informerai
les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité
des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai
mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera.
Je ne me
laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admis(e) dans
l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés.
Reçu(e) à
l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite
ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout
pour soulager les souffrances.
Je ne
prolongerai pas abusivement l’agonie. Je ne provoquerai jamais la mort
délibérément.
Je
préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission.
Je
n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences.
Je les entretiendrai
et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans
l’adversité.
[Ajout de 2012 ndla]
Que les
hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque. »