Psychanalyse et ideologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein

« Jeûnez de la méchanceté »

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Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte

Samuel Beckett • « L'Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Uspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n'a le droit de rester silencieux s'il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l'âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.  

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

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ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s'adresse à l'idéologie qui, quand elle prend sa source dans l'ignorance délibérée, est l'antonyme de la réflexion, de la raison, de l'intelligence.

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© Micheline Weinstein / 21 août 2014

 

 

« Jeûnez de la méchanceté ! »

Empédocle

 

Notes de voyage dans le temps 3, suite...

 

[Les “Notes de voyage dans le temps 2” feront l’objet d’un chapitre ultérieur. Elles porteront sur une courte notice biographique, de sorte de situer cette plume dans un contexte exclusivement historique. Les “Notes de voyage dans le temps 4” seront réservées à l’étude et aux commentaires de deux textes de Freud.]

 

Lors de la première Intifada en 1987, j’étais de celles et ceux qui perplexes, tel Claude Lanzmann, posaient publiquement la question, par écrit ou/et oralement selon leur notoriété, au sujet des boucliers humains,

 

Qu’est-ce qui incite les insurgés palestiniens  à exposer leurs enfants en première ligne au risque qu’ils soient tués ?

 

C’est alors que Lanzmann interrogeait les mères palestiniennes, qu’il comparait aux mères israéliennes, avec une sorte d’ingénuité puisque, quoi qu’elles éprouvent, les mères palestiniennes n’ont aucunement leur mot à dire.

Même question lors de la deuxième Intifada, en l’an 2000.

Même question, mais à l’adresse des responsables qui offrent pour cibles leurs populations civiles de toutes générations, aujourd’hui, en 2014.

Il va de soi que la mort de civils, en tout premier lieu celle des enfants, est insoutenable.

Indépendamment de quelque considération idéologique, que je ne pratique pas à titre personnel (sans quoi ça se saurait) et dont je récuse que l’on m’en affuble, je ne retiendrai dans l’immédiat qu’un recyclage en forme de slogan accompagné de ses projections, réitéré inlassablement, lancé depuis plus d’un quart de siècle aussi bien par des meneurs, des émissaires politiques, des intellectuels médiatiques écoutés de toutes extraces, dont le déni délibéré du savoir, de toute vérité historique (= vérité vraie, réalité des faits) reste stupéfiant, que par les foules de tous âges et toutes conditions, dont l’esprit est instrumenté, dont la liberté de pensée est interdite ou/et caviardée dès l’aube de leur existence...

 

Génocide - Terme forgé en 1944 pour spécifier la création scientifique, industrielle, destinée à mettre en œuvre l’extermination systématique de groupes entiers, étiquetés comme génétiques ou raciaux, malades mentaux, Juifs, Tsiganes... d’abord, artisanale dans des camions, puis industrielle dans des chambres à gaz.

  Que l’appellation de génocide ait été adoptée par la France en 2001 pour qualifier la destruction systématique des Arméniens entre 1915 et 1916, est pleinement justifié : la science n’avait pas encore inventé les chambres à gaz.

   Depuis, ce à quoi nous assistons horrifiés, alors qu’un matériel technique perfectionné est à disposition, sont des massacres d’une sauvagerie révoltante dans un monde qui se pique de “civilisation”...

• Martyrs - Connotation religieuse, implique la foi en un dieu.

 

Personne qui a souffert la mort pour sa foi religieuse, pour une cause à laquelle elle se sacrifie : Les martyrs de la Résistance (Larousse).

  Au “martyr”, soit-il Résistant, je préfère encore l’“incorruptible” ! Pour couper court à ce vocable de “martyrs”, peut-être serait-il intéressant de faire la différence entre le peuple palestinien, son droit inaliénable à un État, et la sauvagerie sourde, aveugle, volontairement ignarde, bornée, du Hamas dont, effectivement les palestiniens civils sont les “martyrs”.

  Nous pourrions aussi retenir le slogan accaparé par des obscurantistes volontaires, tel de “catastrophe” (= Shoah, en hébreu) et, transmise par une amie au courrier de ce matin, l’expression de “boucliers humains”, imputée à l’usage qu’en feraient les militaires israéliens..., etc., etc.

  Sans oublier l’infâme qualification de “nazis” : aspirer furieusement à la destruction totale (la solution finale ?) d’Israël, n’est-ce pas une incitation à ce qui est nommé littéralement génocide ?

  Par le filtre de mes compétences intellectuelles limitées, j’analyse ces projections verbales comme étant la conséquence d’une jalousie infantile non maîtrisée, figée très tôt, disons, lors de la phase œdipienne, tout en continuant de penser que les spécialistes de la psyché ne considèrent pas que la jalousie, mère fondatrice de la méchanceté qui, telle l'avarice, relève d’une affection pathologique grave...

 À cette amie, j’ai répondu ce qui, de tout temps, me consterne,

 

quoi que l’on dise, écrive, manifeste, l’antisémitisme - ou antijudaïsme, plus sélect (!) - est indéracinable ;

j’ignore pourquoi il est actuellement parlé de “nouvel antisémitisme”, sans doute est-ce un concept philosophique davantage “up to date”, en lui attribuant la responsabilité quasi exclusive aux arabes... rien de changé sous la brume...

 

Il y a des années j’avais, à la suite d’un échange avec un ami, donné un titre au paragraphe de l’un de mes textes publiés sur notre site.

Cet intitulé demeure paradoxal, puisqu’emprunté à l’appel inaugural d’un Marx dont nous avons apprécié son article « Sur la question juive » (Zur Judenfrage, 1843).

Cependant je le reprendrai aujourd’hui, à la lumière d’Empédocle, mais dans mon style,

 

« Antisémites de tous les pays, désunissez-vous ! »

 

  M. W.

21 août 2014

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
© 1989 / 2014