ψ = psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS
DU NON s’adresse à l’idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée,
est l’antonyme de la réflexion, de la raison,
de l’intelligence.
ø
Lamentation à Oslo
par
Elena Bonner
veuve d’Andreï
Sakharov
Extrait
d’un Forum sur la Liberté, Oslo, le 18
mai 2009
Français
/ Anglais
Jerusalem Post, 24 mai 2009
Texte anglais original « Lament in Oslo »
Adaptation française
D. E. Guez & mis en ligne sur le site :
www.upjf.org
http://www.upjf.org/actualiees-upjf/article-16467-145-7-h-bonner-donne-lecon-equite-morale
aux-maitres-chanteurs-internationaux-pressurent-israel.html
Le Président
du Forum, Thor Halvorssen, qui m’a invitée
à cette conférence, m’a demandé
de parler de ma vie, des souffrances que j’ai
endurées et de la manière dont je
les ai surmontées. Mais aujourd’hui,
tout cela me semble vraiment inutile. Je dirai
seulement quelques mots sur ma vie.
A l’âge
de 14 ans, je suis restée sans mes parents.
Mon père a été exécuté,
ma mère a passé 18 ans en prison
et en exil. Ma grand-mère nous a élevés,
moi et mon jeune frère. Le poète
Vladimir Kornilov, qui a eu le même destin,
a écrit : « Dans ces années-là
il semblait que nous n’avions pas de mères.
Nous avions des grands-mères ».
Il y avait des
centaines de milliers de ces enfants-là.
Ilya Ehrenburg nous a nommés « les
étranges orphelins de 1937 ».Puis
est arrivée la guerre. Ma génération
a été coupée presque jusqu’aux
racines par la guerre ; mais j’ai eu de la chance,
j’en suis revenue. Je suis revenue dans
une maison vide. Ma grand-mère était
morte de famine dans le siège de Leningrad.
Puis est venue l’époque d’un appartement
commun, l’époque des études
de médecine, pendant six années
de privations, l’époque de l’amour,
de mes deux enfants et de la pauvreté d’un
médecin soviétique. Mais je n’étais
pas la seule, tout le monde vivait ainsi. Puis
vint ma période de dissidence suivie de
l’exil. Mais Andreï Sakharov et moi étions
ensemble, et c’était un vrai bonheur !
Aujourd’hui, si
je fais un bilan de ma vie (à l’âge
de 86 ans j’essaie de faire cela chaque jour où
je suis encore vivante), je peux le faire avec
trois mots. Ma vie a été typique,
tragique et belle. Que ceux qui veulent des détails
lisent mes deux livres « Seule ensemble
», et « Mères et filles ».
Ils ont été traduits dans de nombreuses
langues. Lisez les mémoires de Sakharov.
Il est vraiment dommage que ses journaux n’aient
pas été traduits ; ils ont été
publiés en Russie en 2006. Apparemment
les pays occidentaux ne sont désormais
plus intéressés par Sakharov.
L’Ouest n’est pas
très intéressé par la Russie
non plus, un pays qui n’a plus de vraies élections,
plus de tribunaux indépendants ou de presse
libre. La Russie est un pays où journalistes,
activistes des droits de l’homme et immigrés
sont régulièrement tués,
presque quotidiennement. Une corruption extrême
fleurit, d’une manière et avec une ampleur
qui n’avaient jamais existé auparavant
en Russie, ni nulle part ailleurs. Mais de quoi
discutent principalement les médias occidentaux
? Du gaz et du pétrole dont la Russie est
très riche. L’énergie est son seul
atout, et la Russie l’utilise comme un instrument
de pression et de chantage. Et il y a aussi un
autre sujet qui ne disparaît jamais des
journaux : qui gouverne la Russie ? Vladimir Poutine,
ou Dimitri Medvedev ? Mais quelle différence
cela fait-il, puisque la Russie a complètement
perdu la dynamique pour un développement
démocratique que nous pensions avoir perçue,
au début des années 90. La Russie
va rester ce qu’elle est maintenant pendant des
décennies, à moins qu’il ne se produise
un bouleversement violent.
Dans les années
qui suivirent la chute du mur de Berlin, il s’est
produit dans le monde des changements incroyables
durant une période exceptionnellement courte.
Mais est-ce que le monde est devenu meilleur ou
plus prospère pour les 6 milliards 800
millions d’individus qui vivent sur notre petite
planète ?
Personne ne peut
répondre clairement à cette question
malgré toutes les réalisations de
la science et de la technologie et ce processus
que nous avons l’habitude d’appeler « progrès
». Il me semble que le monde est devenu
plus inquiétant, plus imprévisible
et plus fragile. Cette inquiétude, cette
instabilité et cette fragilité sont
ressenties, dans une certaine mesure, par tous
les pays et tous les individus. Et la vie civique
et politique devient de plus en plus virtuelle,
comme une image sur un écran d’ordinateur.
Même comme
cela, la vision de la vie transmise par la télévision,
les journaux, ou la radio, reste la même,
avec, sans fin, des conférences, des sommets,
des forums et des concours, allant du concours
de beauté au concours du plus gros mangeur
de sandwiches. Ils disent que les gens se rassemblent,
mais, en réalité, ils deviennent
étrangers les uns aux autres.
Et ce n’est pas
parce qu’une crise économique a soudainement
éclaté, ou parce que la grippe aviaire
se développe. Cela a commencé le
11 septembre 2001. D’abord la colère et
l’horreur, provoquées par les terroristes
qui ont détruit les tours jumelles du World
Trade Center et par leurs complices à Londres,
Madrid et d’autres villes, et par les shahids
[“martyrs”] qui commettent des attentats-suicide
en se faisant exploser dans des espaces publics
comme des discothèques ou des salles de
mariage, et dont les familles recevaient de Saddam
Hussein 25 000 $ chacune.
Plus tard, (Georges
W.) Bush a été déclaré
responsable de tout, et avec lui, comme toujours,
les Juifs, c’est-à-dire Israël. On
en a eu un exemple avec la première conférence
de Durban et le développement de l’antisémitisme
en Europe, comme l’a relevé dans un discours,
il y a quelques années, Romano Prodi. Puis,
est arrivé Durban II, avec Ahmadinejad
comme principal orateur, qui a proposé
d’annihiler Israël.
Donc c’est d’Israël
et des Juifs que je vais parler. Et pas seulement
parce que je suis juive, mais, par-dessus tout,
parce que le conflit du Moyen-Orient, depuis la
fin de la Deuxième Guerre mondiale, a été
une plate-forme pour des jeux politiques et des
paris de la part des grandes puissances, des pays
arabes et de certains politiciens qui tentent,
par le biais du prétendu 3processus
de paix”, de se mettre en valeur et de recevoir
peut-être un prix Nobel de la paix.
Autrefois, le prix
Nobel de la paix était la plus haute récompense
morale de notre civilisation. Mais, après
décembre 1994, lorsque Yasser Arafat est
devenu l’un des trois nouveaux lauréats,
la valeur morale de cette distinction a été
sapée. Je n’ai pas toujours accueilli avec
joie chaque sélection du comité
Nobel du Parlement norvégien, mais celle-ci
m’a choquée. Et jusqu’à aujourd’hui,
je ne peux comprendre ni accepter le fait que
Andreï Sakharov et Yasser Arafat partagent
maintenant, à titre posthume, l’honneur
de faire partie du club des lauréats du
prix Nobel.
Dans de nombreux
écrits de Sakharov (dans ses livres, «
Coexistence et liberté intellectuelle »,
« Mon pays et le monde », dans ses
articles et dans ses interviews) Andreï Dmitrievich
a écrit et parlé d’Israël.
Je possède une collection de citations
de ses écrits sur ce sujet. Et s’ils étaient
publiés en Norvège, alors, de nombreux
Norvégiens seraient étonnés
de constater combien leur vision contemporaine
d’Israël diffère totalement
de celle de Sakharov.
Voici quelques
citations de Sakharov :
- « Israël
a un droit incontestable à exister ».
- « Israël
a le droit d’exister dans des frontières
sûres ».
- « Toutes
les guerres menées par Israël ont
été justes et lui ont été
imposées
par l’irresponsabilité des dirigeants arabes
».
- « Avec tout l’argent qui a été
investi dans le problème des Palestiniens,
il aurait été
possible, depuis bien longtemps, de les réinstaller
dans des
pays arabes, en
leur procurant de bonnes conditions de vie ».
Durant toutes les
années d’existence d’Israël,
il y a toujours eu une guerre. Des guerres victorieuses,
et également des guerres qu’Israël
n’a pas été autorisé à
gagner. Chaque jour et tous les jours - littéralement
chaque jour -, on s’attend à un attentat
terroriste, ou à une nouvelle guerre. Nous
avons vu les initiatives de paix d’Oslo et la
poignée de mains [entre Arafat et Rabin]
à camp David, et la « Road Map »
[Feuille de Route], et aussi [le slogan] «
La terre en échange de la paix »
(il n’y a pas beaucoup de terre : si l’on
se trouve dans une partie d’Israël,
par une journée claire, on peut voir l’autre
partie à l’œil nu).
Il y a maintenant
un nouveau slogan à la mode (en fait, il
est ancien) : « Deux états pour deux
peuples ». Ça paraît bien.
Et il n’y a pas de contestation au sujet de l’initiative
de paix du Quartet, comprenant les États-Unis,
les Nations unies, l’Union Européenne et
la Russie (grande faiseuse de paix, avec sa guerre
en Tchétchénie, et sa provocation
en Avkhazie-Ossétie). Le Quartet et les
Pays arabes, les leaders palestiniens (du Hamas
et du Fatah) ont accru leurs exigences concernant
Israël. Je parlerai d’une seule d’entre
elles : qu’Israël accepte le retour des réfugiés
palestiniens. Et ici, il est nécessaire
de parler un peu d’histoire et de démographie.
Selon la définition
officielle des Nations unies, sont considérés
comme réfugiés ceux qui ont fui
la violence et les guerres, mais pas leurs descendants
qui sont nés dans un autre pays. A une
époque, les réfugiés palestiniens
et les réfugiés juifs des pays arabes
représentaient un nombre à peu près
égal, environ 700 à 800 000 individus.
L’Etat d’Israël, qui venait d’être
créé, a absorbé environ 600
000 de ces juifs. Ils furent officiellement reconnus
comme réfugiés par la résolution
242 des Nations Unies, mais n’eurent droit
à aucune assistance de l’ONU. Les
Palestiniens, au contraire, sont considérés
comme des réfugiés non seulement
à la première génération,
mais à la deuxième, la troisième,
et même, maintenant, à la quatrième
génération. Selon le rapport des
travaux de l’organisme d’aide humanitaire de l’ONU,
le nombre de réfugiés palestiniens
enregistrés est passé de 914 000
en 1950, à plus de 4,6 millions en 2008,
et il continue d’augmenter en raison de la croissance
démographique naturelle. Toutes ces personnes
ont les droits des réfugiés palestiniens
et celui de recevoir de l’aide humanitaire.
La totalité
de la population d’Israël compte 7,5 millions
d’habitants, parmi lesquels il y a deux millions
et demi d’Arabes qui se nomment eux-mêmes
Palestiniens. Imaginez alors [ce qui se passerait
en] Israël, si 5 millions d’Arabes de plus
s’y engouffraient. Le nombre des Arabes dépasserait
considérablement celui de la population
juive. Ainsi, créé à côté
d’Israël, et il y aurait un État
palestinien “nettoyé” de Juifs,
parce qu’en plus de la demande du retour des réfugiés
palestiniens en Israël, il y a aussi la demande
que l’on “nettoie” la Judée et
Samarie de [leurs] Juifs et qu’on la rende aux
Palestiniens, tandis qu’à Gaza, aujourd’hui,
il n’y a plus désormais un seul juif.
Le résultat
est à la fois étrange et terrifiant,
parce qu’Israël sera véritablement
détruit. Il est terrifiant de voir la mémoire
courte de l’auguste Quartet faiseur de paix, de
leurs dirigeants et de leurs citoyens s’ils
laissent cela arriver. Parce que ce que signifie
la formule, « deux États pour deux peuples
», c’est la création d’un État,
ethniquement nettoyé de juifs et d’un deuxième
Etat, candidat potentiel au même nettoyage.
Une Terre Sainte Judenfrei - le rêve d’Adolphe
Hitler ! - se réalise enfin.
Alors - que ceux
qui sont encore capables de réfléchir
le fassent -, quelle est la partie qui porte en
elle les germes du fascisme, aujourd’hui ?
Et voici une autre
question qui m’a hantée pendant très
longtemps. C’est une question pour mes collègues
des droits de l’homme. Pourquoi le sort du soldat
israélien Gilad Shalit ne vous trouble-t-il
pas de la même manière que celui
des prisonniers de Guantanamo ? Vous vous êtes
battus et avez obtenu que le Comité International
de la Croix-Rouge, des journalistes et des avocats
puissent visiter Guantanamo.
Vous connaissez
les conditions de vie dans la prison, la routine
quotidienne des prisonniers, leur nourriture.
Vous avez rencontré des prisonniers soumis
à la torture. Le résultat de vos
efforts a été l’interdiction de
la torture, ainsi qu’une loi pour fermer
cette prison. Le président Obama l’a
signée dans les premiers jours de son arrivée
à la Maison-Blanche. Et, bien qu’il ne
sache pas quoi faire des prisonniers de Guantanamo,
comme le président Bush avant lui, il y
a un espoir que la nouvelle administration trouve
une solution.
Mais depuis deux
ans [en fait, près de trois que Shalit
est retenu prisonnier par des terroristes, la
communauté mondiale des droits de l’homme
n’a rien fait pour sa libération. Pourquoi
? C’est un soldat blessé, et [à
ce titre] il est sous la protection pleine et
entière des conventions de Genève.
Ces conventions stipulent clairement que la prise
d’otages est interdite, que l’on doit permettre
aux représentants de la Croix-Rouge de
rendre visite aux prisonniers de guerre, en particulier
quand ils sont blessés ; et il y a bien
d’autres choses encore, dans les conventions de
Genève, sur les droits de Shalit.Le fait
que des représentants du Quartet négocient
avec les gens qui détiennent Shalit dans
un lieu et des conditions inconnus, démontre,
de manière éclatante, leur mépris
des documents internationaux afférents
aux droits [des personnes] et leur total nihilisme
juridique. Les militants des droits de l’homme
auraient-ils oublié, eux aussi, ces textes
fondamentaux du droit international ?
Et pourtant, je
pense toujours (et certains me jugeront naïve)
que le premier pas, minuscule mais réel,
vers la paix, doit être la libération
de Shalit. Libération, et non pas échange
contre 1000 ou 1500 prisonniers qui purgent leur
peine dans les prisons israéliennes pour
des crimes réels.
Revenant à
ma question de savoir pourquoi les militants des
droits de l’homme restent silencieux, je ne trouve
aucune réponse, sauf que Shalit est un
soldat israélien, Shalit est un Juif. Alors,
là encore, il s’agit d’un antisémitisme
conscient ou inconscient. Là encore, il
s’agit de fascisme.
Trente-quatre années
se sont écoulées depuis le jour
où je suis venue dans cette ville pour
représenter mon mari, Andreï Sakharov
à la cérémonie des prix Nobel
1975. J’étais alors amoureuse de la Norvège.
La réception que j’ai reçue m’a
remplie de joie. Aujourd’hui, je ressens préoccupation
et espoir (c’est le titre que Sakharov a donné
à son essai de 1977, rédigé
à la demande du comité Nobel) :
- Préoccupation
à cause de l’antisémitisme et du
sentiment anti-israélien
grandissant partout
en Europe et ailleurs.
- Espoir, pourtant,
que tous ces pays, leurs dirigeants et leurs peuples
se
souviendront
du credo moral de Sakharov et l’adopteront
: « En définitive,
le
choix moral s’avère être aussi le
choix le plus pragmatique ».
ø
Lament
in Oslo, by Elena Bonner
From
a speech to the Freedom Forum in Oslo on May 2009
In
his invitation to this conference, the president
of the forum, Thor Halvorssen, asked me to talk
about my life, the suffering I have endured and
how I was able to bear it all. But today all that
seems to me quite unnecessary.
So
I will say only a few words about myself.At the
age of 14, I was left without my parents. My father
was executed, my mother spent 18 years in prison
and exile. My grandmother raised me and my younger
brother. The poet Vladimir Kornilov, who suffered
the same fate, wrote : "And it felt that
in those years we had no mothers. We had grandmothers."
There were hundreds of thousands of such children.
Ilya Ehrenburg called us "the strange orphans
of 1937."
Then
came the war. My generation was cut off nearly
at the roots by the war, but I was lucky. I came
back from the war. I came back to an empty house.
My grandmother had died of starvation in the siege
of Leningrad. Then came a communal apartment,
six half-hungry years of medical school, falling
in love, two children and the poverty of a Soviet
doctor. But I was not alone in this. Everyone
lived this way. Then there was my dissident period
followed by exile. But Andrei [Sakharov] and I
were together! And that was true happiness.
Today,
summing up my life (at age 86, I try to sum up
my life every day I am still alive), I can do
so in three words. My life was typical, tragic
and beautiful. Whoever needs the details - read
my two books, Alone Together and
Mothers
and Daughters. They have been translated into
many languages. Read Sakharov’s Memoirs. It’s
a pity his diaries haven’t been translated; they
were published in Russia in 2006. Apparently,
the West isn’t interested now in Sakharov.
THE
WEST isn’t very interested in Russia either, a
country that no longer has real elections, independent
courts or freedom of the press. Russia is a country
where journalists, human rights activists and
migrants are killed regularly, almost daily. And
extreme corruption flourishes of a kind and extent
that never existed earlier in Russia or anywhere
else. So what do the Western mass media discuss
mainly? Gas and oil - of which Russia has a lot.
Energy is its only political trump card, and Russia
uses it as an instrument of pressure and blackmail.
And there’s another topic that never disappears
from the newspapers - who rules Russia? [Vladimir]
Putin or [Dimitry] Medvedev? But what difference
does it make, if Russia has completely lost the
impulse for democratic development that we thought
we saw in the early 1990s. Russia will remain
the way it is now for decades, unless there is
some violent upheaval.
During
the years since the fall of the Berlin Wall, the
world has experienced incredible changes in an
exceptionally short period. But has the world
become better, or more prosperous for the 6 billion
800 million people who live on our small planet?
No one can answer that question unambiguously,
despite all the achievements of science and technology
and that process which we customarily call "progress."
It seems to me that the world has become more
alarming, more unpredictable and more fragile.
This alarm, unpredictability and fragility are
felt to some extent by all countries and all individuals.
And civic and political life becomes more and
more virtual, like a picture on a computer screen.
Even
so, the picture of life, formed by television,
newspaper or radio remains the same - there is
no end to the conferences, summits, forums and
competitions from beauty contests to sandwich-eating
ones. They say people are coming together - but
in reality, they are growing apart.And that isn’t
because an economic depression suddenly burst
forth, and swine flu to boot. This began on September
11, 2001. At first, anger and horror was provoked
by the terrorists who knocked down the Twin Towers
of the World Trade Center and by their accomplices
in London, Madrid and other cities, and by the
shahids, suicide bombers who blew themselves up
at public spaces like discotheques and wedding
parties whose families were rewarded $ 25,000
each by Saddam Hussein. Later, [George W.] Bush
was blamed for everything, and as always, the
Jews - that is, Israel.
An
example was the first Durban Conference, and the
growth of anti-Semitism in Europe, noted several
years ago in a speech by Romano Prodi. Then there
was Durban-2; the main speaker was [Mahmoud] Ahmadinejad
proposing to annihilate Israel.SO IT IS about
Israel and the Jews that I will speak.
And
not only because I am Jewish, but above all because
the Middle Eastern conflict since the end of World
War II has been a platform for political games
and gambling by the great powers, the Arab countries
and individual politicians, striving, through
the so-called "peace process," to make
a name for themselves, and perhaps win a Nobel
Peace Prize. At one time, the Nobel Peace Prize
was the highest moral award of our civilization.
But after December 1994, when Yasser Arafat became
one of the three new laureates, its ethical value
was undermined. I haven’t always greeted each
selection of the Nobel Committee of the Storting
[Norwegian parliament] with joy, but that one
shocked me.
And
to this day, I cannot understand and accept the
fact that Andrei Sakharov and Yasser Arafat, now
posthumously, share membership in the club of
Nobel laureates.In many of Sakharov’s publications
(in his books Progress, Coexistence and Intellectual
Freedom and My Country and the World, in his articles
and in his interviews), Andrei Dmitrievich wrote
and spoke about Israel. I have a collection of
citations of his writing on this topic. If it
were published in Norway, then many Norwegians
would be surprised at how sharply their contemporary
view of Israel differs from the view of Sakharov.
Here
are several citations from Sakharov: "Israel
has an indisputable right to exist"; "Israel
has a right to existence within safe borders";
"All wars that Israel has waged have been
just, forced upon it by the irresponsibility of
Arab leaders"; "With all the money that
has been invested in the problem of Palestinians,
it would have been possible long ago to resettle
them and provide them with good lives in Arab
countries."
THROUGHOUT
THE YEARS of Israel’s existence there has been
war. Victorious wars, and also wars which Israel
was not allowed to win. Each and every day - literally
every day - there is the expectation of a terrorist
act or a new war. We have seen the Oslo peace
initiatives and the Camp David handshake and the
road map and land for peace (there is not much
land - from one side of Israel on a clear day
you can see the other side with your naked eye).
Now,
a new motif is fashionable (in fact it’s an old
one): "Two states for
two
peoples." It sounds good. And there is no
controversy in the peacemaking Quartet, made up
of the US, the UN, the EU and Russia (some great
peacemaker, with its Chechen war and its Abkhazian-Ossetian
provocation). The Quartet, and the Arab countries,
and the Palestinian leaders (both Hamas and Fatah)
put additional demands to Israel. I will speak
only of one demand: that Israel accept back the
Palestinian refugees. And here a little history
and demography are needed.
According
to the UN’s official definition, refugees are
considered those who fled from violence and wars,
but not their descendants who are born in another
land. At one time the Palestinian refugees and
the Jewish refugees from Arab countries were about
equal in number - about 700,000-800,000. The newly-created
state Israel took in Jews (about 600,000). They
were officially recognized as refugees by UN Resolution
242, but not provided with any UN assistance.
Palestinians, however, are considered refugees
not only in the first generation, but in the second,
third and now even in the fourth generation. According
to the UN Works and Relief Agency’s report, the
number of registered Palestinian refugees has
grown from 914,000 in 1950 to more than 4.6 million
in 2008, and continues to rise due to natural
population growth. All these people have the rights
of Palestinian refugees and are eligible to receive
humanitarian aid.
The
entire population of Israel is about 7.5 million,
of which there are about 2.5 million ethnic Arabs
who call themselves Palestinians. Imagine Israel
then, if another 5 million Arabs flood into it;
Arabs would substantially outnumber the Jewish
population. Thus created next to Israel will be
a Palestinian state cleansed of Jews, because
in addition to the demand that Palestinian refugees
return to Israel, there is also the demand that
Judea and Samaria are cleansed of Jews and turned
over to Palestinians - while in Gaza today there
is not a single Jew already.The result is both
strange and terrifying, because Israel will essentially
be destroyed. It is terrifying to see the short
memory of the august peacemaking Quartet, their
leaders and their citizens if they let this happen.
Because the plan "two states for two peoples"
is the creation of one state, ethnically cleansed
of Jews, and a second one with the potential to
do the same. A Judenfrei Holy Land - the dream
of Adolph Hitler come true at last. So think again,
those who are still able, who has a fascist inside
him today?
AND
ANOTHER question that has been a thorn for me
for a long time. It’s a question for my human
rights colleagues. Why doesn’t the fate of the
Israeli soldier Gilad Schalit trouble you in the
same way as does the fate of the Guantanamo prisoners?
You
fought for and won the opportunity for the International
Committee of the Red Cross, journalists and lawyers
to visit Guantanamo. You know prison conditions,
the prisoners’ everyday routine, their food. You
have met with prisoners subjected to torture.
The result of your efforts has been a ban on torture
and a law to close this prison. President Obama
signed it in the first days of his coming to the
White House. And although he, just like president
Bush before him, does not know what to do with
the Guantanamo prisoners, there is hope that the
new administration will think up something.
But
during the two years Schalit has been held by
terrorists, the world human rights community has
done nothing for his release. Why? He is a wounded
soldier, and fully falls under the protection
of the Geneva Conventions. The conventions say
clearly that hostage-taking is prohibited, that
representatives of the Red Cross must be allowed
to see prisoners of war, especially wounded prisoners,
and there is much else written in the Geneva Conventions
about Schalit’s rights. The fact that representatives
of the Quartet conduct negotiations with the people
who are holding Schalit in an unknown location,
in unknown conditions, vividly demonstrates their
scorn of international rights documents and their
total legal nihilism. Do human rights activists
also fail to recall the fundamental international
rights documents?
And
yet I still think (and some will find this naïve)
that the first tiny, but real step toward peace
must become the release of Schalit. Release, and
not his exchange for 1,000 or 1,500 prisoners
who are in Israeli prisons serving court sentences
for real crimes.
Returning
to my question of why human rights activists are
silent, I can find no answer except that Schalit
is an Israeli soldier, Schalit is a Jew. So again,
it is conscious or unconscious anti-Semitism.
Again, it is fascism.
THIRTY-FOUR
YEARS have passed since the day when I came to
this city to represent my husband, Andrei Sakharov,
at the 1975 Nobel Prize ceremony. I was in love
with Norway then. The reception I received filled
me with joy. Today, I feel Alarm and Hope (the
title Sakharov used for his 1977 essay written
at the request of the Nobel Committee).Alarm because
of the anti-Semitism and anti-Israeli sentiment
growing throughout Europe and even further afield.
And yet, I hope that countries, their leaders
and people everywhere will recall and adopt Sakharov’s
ethical credo: "In the end, the moral choice
turns out to be also the most pragmatic choice."
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