e temps du non Cela ne
va pas sans dire, s'adresse à l'idéologie qui, quand elle prend sa source
dans l'ignorance délibérée, est l'antonyme de la réflexion,
de la raison, de l'intelligence.
cela m'a semblé inévitable.
Chers lecteurs et correspondants éventuels, cotisants,
sympathisants..
.
À propos de l'“affaire DSK”, j'ai oublié
de vous informer que j'avais signé, sans
vous consulter, l'“Appel contre le sexisme” au nom de l'association entière.
Quelques points, dans cette affaire, me soucient : comment
un homme aussi brillant intellectuellement, accepte-t-il
que, pour prétendre à l'acquittement
des faits présumés dont il est présumé
accusé, l'on aille bassement fouiller dans
la vie d'une femme qui n'a que son avocat pour
la défendre ?
Est-ce cela le respect de la vie privée, de la dignité
d'autrui, de l'équité ?
Quelle preuve de courage intellectuel, d'intégrité,
de sens minimal de l'éthique, aux yeux
du monde, de la part de cet homme !
Et, quels que soient les événements, les
aléas au cours de la vie de cette femme,
pêchés, repêchés, supposés,
à coup d'argent, dans les culs de basse-fosse
les plus sordides, serait-ce une raison juridique
de justifier un présumé viol, si
par la suite le viol est avéré ?
Il existe, mais cela n'est qu'une hypothèse personnelle
prudente dont la véracité reste
à prouver, une pathologie dont souffre nombre de
sujets, qu'à quelques-uns l'on nomme, qui
peut rendre brutal, voire sauvage, et qui n'a
rien à voir avec un goût exacerbé
pour les femmes, pas plus que pour le libertinage
ou le plaisir... La femme n'existe pas en de tels
cas, seulement à titre d'objet partiel
pour obtenir, par tous les moyens disponibles,
y compris fétiches, l'apaisement provisoire
d'une intolérable injonction pulsionnelle.
M.
W.
Tandis que ça dure, je consulte avec
grand intérêt, entre autres activités,
le livre qu'une amie vient de m'offrir,
Ernst
Klee
Das Personen Lexicon
zum dritten Reich
Wer war was vor und
nach 1945
Ed. Kramer 2011[non-traduit]
ou
Le Dictionnaire des Personnages
sous le Troisème Reich
Qui était quoi avant et après
1945
Naturellement,
je me suis reportée en premier lieu au
nom de Heidegger, dont j'explore la terminologie
depuis 1967, date de la fameuse Proposition d'Octobre de Lacan, au séminaire duquel
j'assistais. Avec la spontanéité
de la jeunesse et sans même mesurer un instant
les conséquences probables sur mon avenir
professionnel, j'établissais alors un triptyque
linguistique qui mettait en parallèles
une étrange parenté de vocables
[cf. dictionnaire à galimatias, selon Jankelevitch] entre Lacan, Heidegger, et ceux puisés dans des
chapîtres bien particuliers de Mein Kampf.
Et ce, dans le projet de démontrer que
les penseurs et théoriciens français,
pour la plupart sartriens, ravis par Heidegger,
infléchissaient sérieusement le
vocabulaire freudien vers celui d'une philosophie
contestable, le gauchissaient gravement, ce qui
ne manquerait pas d'exercer une influence plus
que dommageable sur la théorie et la pratique
de la psychanalyse en ce qu'elle vidait les concepts
psychanalytiques de leur sens.
Personne alors - et cela perdure solidement
au grand profit des maisons d'éditions
qui rééditent Heidegger à
l'infini -, ne voulait entendre l'antipathie,
la méfiance manifeste de Freud pour une
certaine philosophie dont, dès Totem
et Tabou,
il comparait le discours à celui du délirant.
Mon triptyque fut établi, mon hypothèse
ne s'est pas modifiée.
Bien que tout cela fût écrit
et réécrit, dit et redit au fil
du temps, si j'insiste encore aujourd'hui, c'est
que des responsables pédagogiques aux plus
hauts niveaux ont entretenu une méconnaissance
délibérée de l'œuvre
de Freud, de telle sorte que deux générations
ont été enseignées et continuent
de l'être dans le culte exclusif des théories
lacaniennes, voire celui de Lacan soi-même.
La psychanalyse freudienne s'est ainsi vue ravalée
à une philosophie obscurantiste, qui affecte
jusqu'aux traductions de l'œuvre de Freud,
voire à une vulgarisation médiatique,
qui oscille en permanence entre le snobisme et
la quincaillerie, incitant de béotiens
locuteurs, candidats ou non à l'analyse,
adversaires ou pas, à donner sans ciller
des leçons de psychanalyse aux professionnels.
Sur ce sujet, pas très nouveau
cependant, puisque du temps de Freud la résistance
à la psychanalyse était déjà
solidement mobilisée, on peut lire l'extrait
de sa 32e Conférence à
l'adresse suivante,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/freudlumieres.html
J'ai donc - cela va sans dire ! - été
peu invitée à m'exprimer publiquement.
Cependant, en 1991, lors du 1er
Colloque de Psychanalyse Actuelle, avec constance et pensant que les opinions
philosophiques de Heidegger intéresseraient,
j'ai présenté quelques passages
prélevés dans son œuvre.
• L'un, sur la psychanalyse,
qui date d'après-guerre, alors qu'Heidegger
était encore interdit d'enseignement en
Allemagne. Dans son Introduction de 1949 à « Qu'est-ce que
la Métaphysique ? »,
dédiée à Hans Carossa pour
son 70e anniversaire, dédicace
omise dans la traduction française puisque
Carossa présida une fois la Chambre Internationale
des Écrivains, créée et contrôlée
par Goebbels, voici ce que l'on peut lire, in
“Questions I” :
S'il en était ainsi
de l'Oubli de l'Être, ne serait-ce pas une
raison suffisante pour qu'une Pensée qui
pense l'Être soit prise d'Effroi, car rien
d'autre ne lui est possible que soutenir dans
l'Angoisse ce Destin de l'Être afin de porter
d'abord la Pensée en présence de
l'Oubli de l'Être ? Mais une Pensée
en serait-elle capable tant l'Angoisse ainsi destinée
n'est pour elle qu'un État d'Âme
pénible ? Qu'à donc à faire
le Destin Ontologique de cette Angoisse avec la
Psychologie et la Psychanalyse ?
Je me rappelle, j'avais demandé à
Jean-Pierre Faye, invité d'honneur de ce
Colloque, de lire le passage dans la langue allemande
heidegerrienne, dont les germanistes retrouveront
aisément le timbre,
Wäre wenn es mit der Seinsvergessenheit so stünde, nicht
Veranlassung genug, dass ein Denken, das an das
Sein denkt, in den Schrecken gerät, demgemäss,
es nichts anderes vermag, als dieses Geschick
des Seins in der Angst aus zuhalten, um erst das
Denken an die Seins vergessen heit zum Austrag
zu bringen ? Ob jedoch ein Denken dies vermöchte,
solange ihm die so zugeschickte Angst nur eine
gedrückte Stimmung wäre ? Was hat das
Seins geschick dieser Angst mit Psychologie und
Psychoanalyse zu tun ?
Personne n'a moufté. Ce que je n'avais
toujours pas compris alors, faut-il être
niaise, après tout de même des décades
de fréquentation d'écoles et de
leurs colloques, c'est que ces manifestations
n'étaient que de simples pince-fesses mondains
dont le prétexte était de ressasser
et de citer les trouvailles de Lacan. Personne
n'écoutait, n'étant pas là
pour ça. Si bien que, lorsque par hasard,
je fus conviée à intervenir, mes
exposés ne furent pas reproduits dans les
publications ultérieures, excepté
lorsque, à deux reprises, notre association
se chargea de les éditer.
• Un deuxième passage, extrait
de l'œuvre heidegerrienne, concerne son point
de vue sur la science. En mai 1933, Heidegger
déclarait solennellement, comme s'il dévoilait
une sorte de haine sourde envers Freud,
Pour
les Grecs la science n’est pas un “Bien
Culturel”, mais le centre intrinsèque
de l’Être-là national populaire
tout entier. La science n’est pas non plus
pour eux le pur moyen de rendre conscient l’inconscient,
mais c’est la force qui, s’en emparant,
maintient affûté le Da-sein tout
entier.
Car
“Esprit” [Geist] n’est ni vaine
perspicacité ni jeu gratuit du Witz, ni
travail d’analyse formelle ni même
logique du monde, mais esprit est originellement
analogique à libre décision pour
l’Essence de l’Être. Et le monde
spirituel d’un peuple n’est pas la
superstructure d’une culture, pas plus que
l’arsenal des valeurs et de connaissance
applicables, mais il est la puissance la plus
profonde de ses forces garantes de terre et de
sang, en tant que puissance intrinsèque
d’É-motion et puissance de bouleversement
le plus vaste de son Da-sein.
• Troisième passage,
quand le Penseur de Todtnauberg, en 1933,
annonce tout aussi solennellement la future condition
de l'Être [-là]
et de l'Étant, dans son Discours du
Rectorat,
• Le quatrième passage
est assez divertissant où, dans
son entretien avec le journal Der Spiegel, et ce en 1966, Heidegger expose brièvement
ses considérations sur l'originalité
de la pensée française,
Je
pense à la parenté spéciale,
intrinsèque, de la langue allemande avec
la langue des Grecs et la pensée de ceux-ci.
Les Français me le prouvent encore sans
cesse aujourd'hui. Dès qu'ils se mettent
à penser, ils parlent allemand, ils assurent
qu'ils ne parviendraient pas à passer par
leur langue.
Je me rappelle encore le tollé conjugé
au haro, par les philosophes
et les lacaniens, lors de la sortie en français,
du livre, qu'ils n'ont pas lu,
de Victor Farias, Heidegger et le nazisme, Paris, Verdier, 1987. Pas plus qu'ils n'ont
lu Georges-Arthur Goldschmidt, Adorno [Le jargon
de l'authenticité], Jankelevitch,
Jean-Pierre Faye, Klemperer...
Enfin, pour terminer ce florilège,
voici l'itinéraire intellectuel décrit
par Ernst Klee dans « Das Personen...
», lequel cite, au fur à mesure de l'entrée
en scène alphabétique des personnages,
toutes ses références. Le lecteur
appréciera le court extrait de la lettre,
après-guerre de Heidegger à Marcuse,
Heidegger, Martin. Philosophe.
* 26.9.1889
Meßkirch dans le Bade. 1928 Professeur titulaire
à Fribourg. Mai 1933 NSDAP Extrait de la
demande d'admission de Heidegger au NSDAP : «
Je suis Allemand de souche, exempt d'ancêtres
de race juive ou de couleur … Je jure obéissance
inconditionnelle au Führer ». 7.5.1933 Recteur. Le 3.11.1933
Appel aux étudiants allemands : «
Que thèses et “idées”
ne soient en aucun cas les règles de votre
Être. Seul le Führer, et lui seul,
est la Réalité allemande d’aujourd’hui
et de demain et sa Loi. » Allocution lors
de la Profession de foi des Professeurs des
Universités et Écoles Supérieures
à Adolf Hitler et à l’État
National-Socialiste le 11.11.1933 à Leipzig : « Le courage initial de s'épanouir
ou au contraire de se briser dans l'affrontement
avec l’Étant [l'existence], c'est cela le moteur intrinsèque
du questionnement sur un Savoir raciste. »
Fin 1933 Dénonciation de son collègue
göttingois Baumgarten dans une lettre à
l’ensemble du Corps enseignant : «
Après que Baumgarten eût échoué
auprès de moi, il se tourna fébrilement
vers celui qui, auparavant, avait enseigné
dans un établissement de Göttingen,
le désormais congédié de
ce lieu, le Juif Fränkel [Eduard Fraenkel] .... Dans l'état actuel des choses,
j’estime que son admission dans la SA, de
même que dans le Corps enseignant sont impensables.
» En 1933/34, fait enquêter la Gestapo
contre le chimiste Hermann Staudinger suspecté
entres autres admonestations, d’avoir trahi
en livrant des secrets de procédés
de fabrication aux pays ennemis. Le
23.4.1934, démissionne de son poste de
Recteur. Mai 1934 Membre co-fondateur du Comité pour la philosophie
du droit Académie pour la Jurisprudence
allemande [Akademie für Deutsches Recht], fondée par Hans Frank. 1947-1950
Interdit d’enseignement. Amitié
avec Eugen Fischer, idéologue de la race
avant et après 1945. Dans une lettre du
20.1.1948 à Herbert Marcuse, Heidegger
compare la solution finale avec l’expulsion
des Allemands de l’Est (« remplacer
“Juifs” par “Allemands de l’Est”
»). † 20.5.1976 à
Fribourg.
Paix à son âme...