Lettre à deux collègues
à propos de l'article de Paul-Marie
Coûteaux
dans Le Figaro des 12-13 juin
2010, intitulé
« Freud, l'antimoderne »
Chers***
Merci de vos deux
lignes écrites, renversantes de la part
de psychanalystes, en réponse à
mon courrier du 12 juin, portant sur l'article
de Paul-Marie Coûteaux, paru dans Le
Figaro, intitulé « Freud, l'antimoderne ».
Compte-tenu de
l'impact public qu'aurait potentiellement un article
paru dans Le Figaro, je me dis que, peut-être, je vais devoir donner ma
réplique à Paul-Marie Coûteaux,
ce qui me désole d'avance, n'ayant pas
de passion immodérée pour la philosophie
de mon temps.
Mises à
part toutefois quelques autres excellentes réponses,
qui témoignent d'un véritable souci
de réflexion, en
dehors desquelles cet article semble n'avoir guère
incité les collègues à en
faire une analyse sémantique, je me dis
aussi que le contenu de ce qui nous est parvenu
directement de Freud, de ce qui est transmis par
Freud, notamment son goût insatiable pour
le savoir, n'intéressent pas grand monde
dans le métier.
Malgré cela,
je continue mon petit bonhomme de chemin pédagogique,
traduisant Freud de façon à ce que
le texte freudien - sans j'espère le trahir
-, ses concepts, soient compréhensibles
(le pesant sabir des traductions françaises
découragerait les mieux intentionnés),
à passer sur notre site des extraits de
mes lectures, des documents rares ou / et
inédits.. ., ce qui ne
sert à rien, tout le monde s'en
fout.
Mais à un
point, tout de même que, le temps passant,
je ne me représentais pas.
L'article de Coûteaux
est bien plus préoccupant qu'il n'y paraît,
en ceci qu'empilant des signifiants dont le sens
est détourné, il récupère
et rabat idéologiquement, contre l'Aufklärung, Freud du côté de la politique de (l'extrême
?) droite maurrassienne, invoquant Lacan à
la rescousse, dont je ne suis pas très
sûre qu'il eût apprécié
que l'on fît à son insu, sur ce sujet,
appel à sa pensée.
Et cela me semble
assez grave.
L'un parmi les
principaux représentants, ainsi que promoteur,
des Lumières, par son ouvrage « Que signifie Aufkären - éclairer - ? », précédant de
peu celui d'Emmanuel Kant, dont il ne partageait
qu'en la nuançant assez nettement sur bien
des points, la Weltanschauung, est le philosophe Juif-Allemand Moses Mendelssohn, salué
en France, si ma mémoire est bonne, par
les philosophes Emmanuel Levinas et Michel Foucault.
Il me semblait
que l'article assez embrouillé de Coûteaux
évoquait une démarche
intellectuelle de récupération
idéologique, bien “réac.” pour le coup, qui méritait
une réponse de philosophes, d'historiens,
de psychanalystes, intéressés par
la psychanalyse selon Freud (pour faire bref).
J'ai dû,
une fois encore, me tromper ! Mais comme on dit,
“il n'y a que les sots qui ne se trompent
pas” ou, en tous cas, qui n'acceptent pas
de reconnaître s'être trompés.
W.
Ce lundi 14 juin
2010
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