1940
• Les Oubliées du Vel’ d’Hiv’
« Oubliées
du temps de la coupole de verre »
Süddeutsche
Zeitung du 16 mars 2010
Traduit
par Heike Bühler
Le film « La Rafle » sur
le destin de réfugiés juifs à
Paris pendant l’Occupation bouscule les Français.
Avant la 2e Guerre Mondiale, le
Vélodrome d’Hiver, Quai de Grenelle, faisait
partie des lieux de prédilection des parisiens
: un stade pour 16.000 personnes, abrité
sous une coupole de verre et de fer.
On y allait assister aux courses cyclistes,
aux spectacles de cirque et aux concerts. Depuis,
le « Vel’ d’Hiv’ » a été
démoli et à sa place on a crée
un jardin-mémorial en souvenir de plus
de 13.000 Juifs qui furent arrêtés
en juillet 1942, lors d’une des plus grandes rafles
du pays. Célibataires
et couples sans enfants furent conduits directement
au camp de Drancy. 7000 personnes environ
- dont plus de 4000 enfants - furent enfermées
5 jours durant sans nourriture, l’eau ne provenant
que d’un unique robinet.
Une centaine de personnes se suicidèrent.
Au terme de ces 5 jours, les prisonniers furent
conduits vers les camps d’internement de Pithiviers
et Beaune-la-Rolande avant d’être déportés
à Auschwitz.
Au cinéma, un nouveau film nous rappelle
cet épisode monstrueux du gouvernement
Vichy, pendant lequel des milliers de policiers
français aidèrent les nazis. «
La Rafle » - le
coup de filet - retrace ces événements,
mais hélas de manière plutôt
“kitsch” et, historiquement, pas toujours
très exacte.
Il est à regretter que ni le film,
ni de nombreux ouvrages sur la « Rafle du
Vel’ d’Hiv’ » avant lui, n’évoquent
un événement qui l’avait précédée
de deux ans : mi-mai 1940, environ 5000 femmes
allemandes furent regroupées au stade -
nous étions encore sous la IIIe
République. Ces femmes étaient des
réfugiées politiques, des femmes
juives, des combattantes de la Résistance
- parfois les 3 à la fois -, qui avaient
fui le régime hitlérien et cherché
refuge en France. Pour la plupart, déportées
dans des camps d’internement du Sud de la France,
elles y ont vécu dans des conditions épouvantables
- Hannah Arendt en faisait partie ainsi que l’actrice
Dita Parlo -, beaucoup y sont mortes.
“Les Allemands tuèrent, les
Français laissèrent mourir”, écrivit Lilo Petersen dans son autobiographie « Les Oubliées
», parue en France en 2008 et disponible
seulement en langue française. Jeune fille,
elle et sa mère social-démocrate,
allemandes, protestantes, ont fui Berlin pour
Paris. Lorsqu’en mai 1940, Lilo vit dans les rues
et le métro les affiches “invitant”
toutes les femmes allemandes à se regrouper
au Vélodrome d’Hiver, elle et sa mère
s’y rendirent sans la moindre méfiance
: la France, était le pays qui les avait
accueillies, on ne pouvait leur vouloir du mal.
Lilo, sa mère et des milliers d’autres
femmes, seront ensuite déplacées
du « Vel’ d’Hiv’ » vers Gurs,
le plus grand et l’un des plus connus parmi les
camps français. Gurs, avait été
ouvert sous la IIIe République
du gouvernement Lebrun - légitimement élu
- dont les prises de positions chauvines, antibolchéviques
et antisémites étaient de notoriété
publique.
Gurs, dans un premier temps, avait servi
de camp d’internement pour des combattants de
la guerre d’Espagne, et un peu plus tard, pour
12.000 femmes environ, allemandes, autrichiennes
et tchèques. Puis, sitôt le décret
de début octobre 1940 publié - qui fut le
point de départ officiel de la persécution
des Juifs sous le gouvernement Vichy -, l’on y
interna également des dizaines de milliers
de personnes juives, en majorité des femmes.
Au total, entre l’ouverture du premier camp
à Rieucros en Lozère au mois de
février 1939, et la fermeture du dernier
camp à Ailiers en Charente, fin 1946, 600.000
personnes furent parquées dans quelques
200 camps.
Ces camps d’internement français furent
un sujet tabou pendant près d’un demi-siècle.
Jusqu’à Jacques Chirac, aucun Président
français de la Ve République
n’a tenu à assumer une responsabilité,
même partielle, dans la persécution
des Juifs de France, où
ils étaient détenus d’une
main de fer dans des conditions inhumaines.
Quand Lilo Petersen interrogea sa mère
qui, après Gurs, avait passé un
an au camp de concentration de Ravensbrück,
sur la différence entre les deux camps,
celle-ci répondit seulement : “C’était
pareil”.
« La Rafle » émeut et
bouscule actuellement beaucoup de Français.
Mais on ignore la plupart du temps qu’il y eut
un premier coup de filet, celui qui attrapa Lilo
Petersen et ses camarades d’infortune.
Lilo Petersen est une dame âgée
aujourd’hui de 87 ans qui lutte contre l’oubli
de la première rafle du « Vel’ d’Hiv’
». Elle voudrait tant que justice soit rendue
à ces Allemandes et Allemands qui, comme
sa mère, se sont dressés très
tôt contre la dictature nazie - avant que
les derniers témoins ne nous quittent et
que ce chapitre négligé ne sombre
totalement dans l’oubli.
Jeanne Rubner
Vergessen
unter der Glaskuppel
Süddeutsche
Zeitung vom 16 März 2010
Der Film « La Rafle » über
das Schicksal jüdischer Flüchtlinge
schockiert die Franzosen.
Der Velodrome d’Hiver am Quai de Grenelle
gehörte vor dem Zweiten Weltkrieg zu den
Lieblingsorten der Pariser : eine von einer Kuppel
aus Glas und Eisen überdachte Sportarena,
die Platz für 16 000 Menschen bot. Man ging
dorthin, um Radrennen zu schauen, zu Zirkusaufführungen
oder Konzerten.
Der « Vel’ d’Hiv’ » wurde
längst abgerissen, an seiner Stelle hat man
einen kleinen Gedenkgarten angelegt, der an die
mehr als 13 000 Juden erinnert, die im Juli 1942
in der größten Razzia des Landes verhaftet
wurden. Um die 7000 Menschen blieben fünf
Tage lang ohne Nahrung eingesperrt, das Wasser
kam aus einem einzigen Hahn. Hundert brachten
sich um, die Gefangenen wurden später in
deutsche Konzentrationslagerdeportiert.
An diese schreckliche Episode der Vichy-Regierung,
bei der Tausende französischer Polizisten
den Nazis zuarbeiteten, erinnert dieser Tage ein
neuer Kinofilm. « La Rafle », die
Razzia, zeichnet, leider sehr kitschig und historisch
nicht immer korrekt, die Ereignisse nach. Was
jedoch der Film und andere Filme vor ihm sowie
zahlreiche Bücher über die « Rafle
du Vel’ d’Hiv’ » verschweigen : Bereits
zwei Jahre zuvor, Mitte Mai 1940, waren Frauen
aus Deutschland im Sportpalast zusammengetrieben
worden - noch zu Zeiten der III. Republik also.
Politisch Verfolgte, Jüdinnen, Widerstandskämpferinnen,
die in Frankreich Zuflucht vor dem Hitler-Regime
gesucht hatten. Die meisten von ihnen wurden in
Lager nach Süd frankreich geschafft, wo sie
unter erbärmlich Umständen lebten -
oder starben. Hannah Arendt war eine von ihnen
wie auch die Schauspielerin Dita Parlo.
“Die Deutschen brachten um, die
Franzosen ließen sterben”
hat Lilo Petersen in ihren Erinnerungen «
Les Oubliés » (Die Vergessenen) geschrieben,
die vor zwei Jahren in Frankreich erschienen sind
und leider bislang nur auf französisch vorliegen.
Als Mädchen war sie mit ihrer Mutter, einer
deutschen Sozialdemokratin, aus Berlin nach Paris
geflohen. Als sie im Mai 1940 die Plakate auf
den Mauern und in der Metro sieht, mit denen alle
deutschen Frauen “eingeladen” werden,
sich ins Velodrom zu begeben, hegt sie keinen
Argwohn. Frankreich, das ist schließlich
das Land, das ihr Zuflucht gewährt hat, man
wird ihr hier nichts Böses wollen. Mit ihrer
Mutter und Tausenden anderen Frauen kommt sie
vom « Vel’ d’Hiv’ » nach Gurs,
in das größte und berüchtigste
der französischen Lager.
Gurs ist wohlgemerkt unter der - legitim
gewählten - Regierung Lebrun der III. Republik
entstanden, die aber bereits geprägt war
von nationalistischen, antibolschewistisch und
antisemitischen Ressentiments. Das Lager diente
zunächst dazu, Spanienkämpfer zu internieren,
später kamen um die 12 000 deutsche, österreichische
und tschechische Frauen. Nach dem Dekret von Anfang
Oktobers 1940, mit dem die eigentliche Judenverfolgung
unter dem Vichy-Regime beginnt, wurden zehntausende
von Juden ebenfalls nach Gurs geschafft.
Insgesamt sind sind zwischen Februar 1939,
als das erste Lager in Rieucros (Lozère)
öffnete bis Ende 1946, als mit Ailiers (Charente)
das letzte schloss, 600 000 Menschen in den fast
200 Lagern interniert gewesen.
Über den Gefangenenlagern lag jahrzehntelang
ein großes Schweigen, wie überhaupt
bis Jacques Chirac kein Präsident der V.
Republik eine Mitverantwortung Frankreichs für
die Verfolgung von Juden übernehmen wollte.
Sicher, man hat sie nicht exterminiert, doch unter
menschenunwürdigen Bedingungen festgehalten.
Als Lilo Petersen ihre Mutter, die nach Gurs ein
Jahr im KZ Ravensbrück verbracht hat, fragt,
wie es dort im Vergleich zu Gurs gewesen sei,
sagt diese nur : “Es war dasselbe”.
« La Rafle » schockiert und bewegt
derzeit viele Franzosen. Die meisten ahnen aber
nichts von der ersten Razzia, die Lilo Petersen
und ihre Schicksalsgenossinnen erfasste.
Sie selbst ist 87 Jahre, eine alte Dame,
die sich wehrt gegen das Vergessen der ersten
Razzia des Vel d’Hiv. Sie will, dass den Deutschen,
die sich wie ihre Mutter früh gegen das Nazi-Regime
aufgelehnt haben, Gerechtigkeit widerfährt
- bevor die letzten Zeugen sterben und ein ohnehin
vernachlässigtes Kapitel der Geschichte gänzlich
in Vergessenheit gerät.