Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Les Oubliées du Vel’ d’Hiv’ • Jeanne Rubner

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L‘Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down the worshipped object
Samuel Beckett • « The Unspeakable one »
Underlined in « Jargon of the Authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain silent if he knows that something evil is being made somewhere. Neither sex or age, nor religion or political party is an excuse.

Bertha Pappenheim

point
ψ = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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Jeanne Rubner

1940 • Les Oubliées du Vel’ d’Hiv’

« Oubliées du temps de la coupole de verre » 

Süddeutsche Zeitung du 16 mars 2010 

Traduit par Heike Bühler

Le film « La Rafle » sur le destin de réfugiés juifs à Paris pendant l’Occupation bouscule les Français.

Avant la 2e Guerre Mondiale, le Vélodrome d’Hiver, Quai de Grenelle, faisait partie des lieux de prédilection des parisiens : un stade pour 16.000 personnes, abrité sous une coupole de verre et de fer.

On y allait assister aux courses cyclistes, aux spectacles de cirque et aux concerts. Depuis, le « Vel’ d’Hiv’ » a été démoli et à sa place on a crée un jardin-mémorial en souvenir de plus de 13.000 Juifs qui furent arrêtés en juillet 1942, lors d’une des plus grandes rafles du pays. Célibataires et couples sans enfants furent conduits directement au camp de Drancy. 7000 personnes environ - dont plus de 4000 enfants - furent enfermées 5 jours durant sans nourriture, l’eau ne provenant que d’un unique robinet.

Une centaine de personnes se suicidèrent. Au terme de ces 5 jours, les prisonniers furent conduits vers les camps d’internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande avant d’être déportés à Auschwitz.

Au cinéma, un nouveau film nous rappelle cet épisode monstrueux du gouvernement Vichy, pendant lequel des milliers de policiers français aidèrent les nazis. « La Rafle » - le coup de filet - retrace ces événements, mais hélas de manière plutôt “kitsch” et, historiquement, pas toujours très exacte.

Il est à regretter que ni le film, ni de nombreux ouvrages sur la « Rafle du Vel’ d’Hiv’ » avant lui, n’évoquent un événement qui l’avait précédée de deux ans : mi-mai 1940, environ 5000 femmes allemandes furent regroupées au stade - nous étions encore sous la IIIe République. Ces femmes étaient des réfugiées politiques, des femmes juives, des combattantes de la Résistance - parfois les 3 à la fois -, qui avaient fui le régime hitlérien et cherché refuge en France. Pour la plupart, déportées dans des camps d’internement du Sud de la France, elles y ont vécu dans des conditions épouvantables - Hannah Arendt en faisait partie ainsi que l’actrice Dita Parlo -, beaucoup y sont mortes.

“Les Allemands tuèrent, les Français laissèrent mourir”, écrivit Lilo Petersen dans son autobiographie « Les Oubliées », parue en France en 2008 et disponible seulement en langue française. Jeune fille, elle et sa mère social-démocrate, allemandes, protestantes, ont fui Berlin pour Paris. Lorsqu’en mai 1940, Lilo vit dans les rues et le métro les affiches “invitant” toutes les femmes allemandes à se regrouper au Vélodrome d’Hiver, elle et sa mère s’y rendirent sans la moindre méfiance : la France, était le pays qui les avait accueillies, on ne pouvait leur vouloir du mal.

Lilo, sa mère et des milliers d’autres femmes, seront ensuite déplacées du « Vel’ d’Hiv’ » vers Gurs, le plus grand et l’un des plus connus parmi les camps français. Gurs, avait été ouvert sous la IIIe République du gouvernement Lebrun - légitimement élu - dont les prises de positions chauvines, antibolchéviques et antisémites étaient de notoriété publique.

Gurs, dans un premier temps, avait servi de camp d’internement pour des combattants de la guerre d’Espagne, et un peu plus tard, pour 12.000 femmes environ, allemandes, autrichiennes et tchèques. Puis, sitôt le décret de début  octobre 1940 publié - qui fut le point de départ officiel de la persécution des Juifs sous le gouvernement Vichy -, l’on y interna également des dizaines de milliers de personnes juives, en majorité des femmes.

Au total, entre l’ouverture du premier camp à Rieucros en Lozère au mois de février 1939, et la fermeture du dernier camp à Ailiers en Charente, fin 1946, 600.000 personnes furent parquées dans quelques 200 camps.

Ces camps d’internement français furent un sujet tabou pendant près d’un demi-siècle. Jusqu’à Jacques Chirac, aucun Président français de la Ve République n’a tenu à assumer une responsabilité, même partielle, dans la persécution des Juifs de France, où  ils étaient détenus d’une main de fer dans des conditions inhumaines.

Quand Lilo Petersen interrogea sa mère qui, après Gurs, avait passé un an au camp de concentration de Ravensbrück, sur la différence entre les deux camps, celle-ci répondit seulement : “C’était pareil”.

« La Rafle » émeut et bouscule actuellement beaucoup de Français. Mais on ignore la plupart du temps qu’il y eut un premier coup de filet, celui qui attrapa Lilo Petersen et ses camarades d’infortune.

Lilo Petersen est une dame âgée aujourd’hui de 87 ans qui lutte contre l’oubli de la première rafle du « Vel’ d’Hiv’ ». Elle voudrait tant que justice soit rendue à ces Allemandes et Allemands qui, comme sa mère, se sont dressés très tôt contre la dictature nazie - avant que les derniers témoins ne nous quittent et que ce chapitre négligé ne sombre totalement dans l’oubli.

Jeanne Rubner 

Vergessen unter der Glaskuppel

Süddeutsche Zeitung vom 16 März 2010

Der Film « La Rafle » über das Schicksal jüdischer Flüchtlinge schockiert die Franzosen.

Der Velodrome d’Hiver am Quai de Grenelle gehörte vor dem Zweiten Weltkrieg zu den Lieblingsorten der Pariser : eine von einer Kuppel aus Glas und Eisen überdachte Sportarena, die Platz für 16 000 Menschen bot. Man ging dorthin, um Radrennen zu schauen, zu Zirkusaufführungen oder Konzerten.

Der « Vel’ d’Hiv’ » wurde längst abgerissen, an seiner Stelle hat man einen kleinen Gedenkgarten angelegt, der an die mehr als 13 000 Juden erinnert, die im Juli 1942 in der größten Razzia des Landes verhaftet wurden. Um die 7000 Menschen blieben fünf Tage lang ohne Nahrung eingesperrt, das Wasser kam aus einem einzigen Hahn. Hundert brachten sich um, die Gefangenen wurden später in deutsche Konzentrationslagerdeportiert.

An diese schreckliche Episode der Vichy-Regierung, bei der Tausende französischer Polizisten den Nazis zuarbeiteten, erinnert dieser Tage ein neuer Kinofilm. « La Rafle », die Razzia, zeichnet, leider sehr kitschig und historisch nicht immer korrekt, die Ereignisse nach. Was jedoch der Film und andere Filme vor ihm sowie zahlreiche Bücher über die « Rafle du Vel’ d’Hiv’ » verschweigen : Bereits zwei Jahre zuvor, Mitte Mai 1940, waren Frauen aus Deutschland im Sportpalast zusammengetrieben worden - noch zu Zeiten der III. Republik also. Politisch Verfolgte, Jüdinnen, Widerstandskämpferinnen, die in Frankreich Zuflucht vor dem Hitler-Regime gesucht hatten. Die meisten von ihnen wurden in Lager nach Süd frankreich geschafft, wo sie unter erbärmlich Umständen lebten - oder starben. Hannah Arendt war eine von ihnen wie auch die Schauspielerin Dita Parlo.

“Die Deutschen brachten um, die Franzosen ließen sterben” hat Lilo Petersen in ihren Erinnerungen « Les Oubliés » (Die Vergessenen) geschrieben, die vor zwei Jahren in Frankreich erschienen sind und leider bislang nur auf französisch vorliegen. Als Mädchen war sie mit ihrer Mutter, einer deutschen Sozialdemokratin, aus Berlin nach Paris geflohen. Als sie im Mai 1940 die Plakate auf den Mauern und in der Metro sieht, mit denen alle deutschen Frauen “eingeladen” werden, sich ins Velodrom zu begeben, hegt sie keinen Argwohn. Frankreich, das ist schließlich das Land, das ihr Zuflucht gewährt hat, man wird ihr hier nichts Böses wollen. Mit ihrer Mutter und Tausenden anderen Frauen kommt sie vom « Vel’ d’Hiv’ » nach Gurs, in das größte und berüchtigste der französischen Lager.

Gurs ist wohlgemerkt unter der - legitim gewählten - Regierung Lebrun der III. Republik entstanden, die aber bereits geprägt war von nationalistischen, antibolschewistisch und antisemitischen Ressentiments. Das Lager diente zunächst dazu, Spanienkämpfer zu internieren, später kamen um die 12 000 deutsche, österreichische und tschechische Frauen. Nach dem Dekret von Anfang Oktobers 1940, mit dem die eigentliche Judenverfolgung unter dem Vichy-Regime beginnt, wurden zehntausende von Juden ebenfalls nach Gurs geschafft.

Insgesamt sind sind zwischen Februar 1939, als das erste Lager in Rieucros (Lozère) öffnete bis Ende 1946, als mit Ailiers (Charente) das letzte schloss, 600 000 Menschen in den fast 200 Lagern interniert gewesen.

Über den Gefangenenlagern lag jahrzehntelang ein großes Schweigen, wie überhaupt bis Jacques Chirac kein Präsident der V. Republik eine Mitverantwortung Frankreichs für die Verfolgung von Juden übernehmen wollte. Sicher, man hat sie nicht exterminiert, doch unter menschenunwürdigen Bedingungen festgehalten. Als Lilo Petersen ihre Mutter, die nach Gurs ein Jahr im KZ Ravensbrück verbracht hat, fragt, wie es dort im Vergleich zu Gurs gewesen sei, sagt diese nur : “Es war dasselbe”.

« La Rafle » schockiert und bewegt derzeit viele Franzosen. Die meisten ahnen aber nichts von der ersten Razzia, die Lilo Petersen und ihre Schicksalsgenossinnen erfasste.

Sie selbst ist 87 Jahre, eine alte Dame, die sich wehrt gegen das Vergessen der ersten Razzia des Vel d’Hiv. Sie will, dass den Deutschen, die sich wie ihre Mutter früh gegen das Nazi-Regime aufgelehnt haben, Gerechtigkeit widerfährt - bevor die letzten Zeugen sterben und ein ohnehin vernachlässigtes Kapitel der Geschichte gänzlich in Vergessenheit gerät.

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ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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