Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

À propos du professeur Onfray

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object.
Samuel Beckett • “The Uspeakable one”
Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made
somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point


ψ = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON /  26 août 2012

 

À propos du professeur Onfray

 

• Note liminaire de Micheline Weinstein

26 août 2012

• Lettre d’Ingrid Galster à France Culture

 

23 août 2012

 

• Article de Jonathan Bouchet-Petersen

 

Libération / 13 août 2012

 

• Michel Onfray a-t-il toujours sa place sur France Culture ?

 

Libération / 26 août 2012

 

 

[Note liminaire • En 2007, pendant la campagne pour la présidentielle, alors que Michel Onfray tentait de se faire admettre auprès de Nicolas Sarkozy, puis que, déçu par son insuccès, il se tournait avec bonheur vers les, disons pour résumer, “libertaires”, j’avais, au lu de ses thèses, fait circuler un courrier qualifiant le philosophe de graine, déjà bien levée, de négationniste.

Le 6 septembre 2010, après la sortie de son livre sur Freud, bâclé, inculte, il apparaissait qu’Onfray avait largement pioché les thèses calomnieuses du Livre noir de la psychanalyse, dont les lectrices et lecteurs trouveront sur notre site les Notes de lecture et commentaire du 29 août 2005 par Élisabeth Roudinesco, à l’adresse suivante,

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/noteslectroudin.html

je reprenais le même substantif de négationniste, par un texte intitulé, avec les guillemets puisqu’il s’agissait d’une référence à Freud, « Au-delà du principe de plaisir »,

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/audela.sept.2010.html

Nous, notre association, notre site, “on”, professionnels de la psychanalyse aussi bien, ne nous connaît pas. Particulièrement depuis un peu plus de vingt ans, la question qui nous est régulièrement et élégamment posée est : “Qui êtes-vous ?”. Qui sommes-nous ? Réponse : nous sommes sur Google et probablement sur d’autres moteurs de recherches.

Cet « Au-delà... » faisait suite à l’article du 16 mars 2010, comme de coutume dans l’œuvre d’Élisabeth Roudinesco, documenté, pensé, bien écrit, accessible à tous,

http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20100416.BIB5236/roudinesco-deboulonne-onfray.html

La reconnaissance publique de l’œuvre d’E.R., sa notoriété, le poids de sa parole, ont porté le premier coup aux thèses du professeur Onfray. Cependant icelui, singulièrement soutenu par quelques de nos pairs en psychanalyse, il fallut tout de même un certain temps de dites “polémiques” - quel vocable détestable, chargé d’ignorances et le plus souvent de dédain envers la connaissance des textes - avant que les intellectuels, sinon les journalistes, n’ inversent leur opinion.

Un mot des publications sur Freud. J’ai toujours été étonnée que, psychanalystes ou pas, l’on se permette sans vergogne de pérorer sur sa personne, de s’ingénier, hâtivement cela va de soi, à en démolir la découverte, sans avoir eu l’humilité de s’astreindre d’abord patiemment à une psychanalyse personnelle et, pour les professionnels, de commencer leur exercice par la mise en application des concepts freudiens fondamentaux, avant de soumettre leur bien-fondé à la critique et ensuite, à l’expérience, de les faire évoluer, comme cela est exigible.

Par contre, c’est avec appétit que nombre d’auteurs, au mépris de tout intérêt pour l’œuvre de Freud, fervents de ragots salaces, en sont demeurés au stade de la perversion polymorphe infantile, scrutent par un trou de serrure, sous les jupes des mères, des secrets fantasmés, confondant sans gêne théorie de la sexualité et pornographie, et ainsi échafaudent des ouvrages exclusivement voués à une exhibition de de la supposée vie intime de Freud et des siens. 

Si bien que l’on est parvenu, avec une tenace constance - mais l’entreprise de sape avait commencé très tôt - à déposséder Freud de la qualité de science, fut-elle expérimentale - la science l’est toujours -, dont il désignait la psychanalyse, pour enfin l’utiliser comme une “danseuse” ou/et une “domestique” de la psychiatrie, de la philosophie, puis de toutes les disciplines et non-disciplines, rabattant son vocabulaire, donc le sens et le contenu des concepts, à une vulgate médiatique.

Au plan de l’éthique, qu’est-ce que le principe fondamental de la psychanalyse ? Ce principe, pour chacune, chacun, consiste à dire la vérité. Qu’est-ce que l’invariance du concept de “vérité” ? Ne pas mentir, c’est tout de même simple à comprendre, si ce l’est moins à mettre en pratique.

À l’adresse d’Onfray, j’entendais donc le terme négationniste comme celui de négateur de la psychanalyse.

Une remarque d’Élisabeth Roudinesco m’a amenée à revoir le qualificatif de négationniste et attribuer aujourd’hui à Onfray celui de “dénégationniste” ou, au choix, de “dénégateur” de la psychanalyse.

P. S. Malgré mon absence de goût pour la polémique, j’ajouterai tout de même une petite remarque. Mohammed Yefsah, dans son article - cf. ci-dessous -, m’a semblé bien ingénu de croire sur parole un Onfray qui se prétend “libertaire sioniste”. Quand “on” bave sur Freud comme Onfray se délecte de le faire, “on” est anti-sémites. M. W.]

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Les deux documents ci-dessous peuvent être consultés, et bien d’autres, à l’adresse Facebook d’Élisabeth Roudinesco

http://fr-fr.facebook.com/pages/Elisabeth-Roudinesco/211473767498

• Lettre d’Ingrid Galster à France Culture

 

                                                                                                                                     

Universität Paderborn

Fakultät für

Kulturwissenschaften

Institut für Romanistik

   Prof. Dr. Ingrid Galster

 

Prof. Dr. Ingrid Galster × Universität Paderborn × D-33095 Paderborn

 

M. Olivier Poivre d’Arvor

Telefon: +49 (0)9145 / 6343

France Culture

Fax: +49 (0)9145 / 6343

Maison de la Radio

E-Mail: galster@zitmail.uni paderborn.de

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Frankreich

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Émissions de Michel Onfray                                                              

le 23 août 2012

Monsieur,

je viens d’écouter les conférences que Michel Onfray a consacrées dans son Université Populaire à Sartre et Beauvoir et qui ont été retransmises sur France Culture.

Pour correspondre à l’objectif de sa “contre-histoire de la philosophie”, Onfray nous fournit de la désinformation haineuse. Auteur ou éditrice de huit ouvrages très documentés sur Sartre et Beauvoir ayant paru entre 2001 et 2007 dans des maisons d’édition françaises, vous me permettrez de dire que je sais de quoi je parle. Onfray se sert d’ailleurs de certains de mes livres pour en tirer des fragments et les interpréter dans le sens de ses “thèses”, alors  que d’autres éléments qui prouvent le contraire de ce qu’il prétend sont sciemment omis. On a bien sûr le droit de critiquer, mais avec honnêteté intellectuelle en s’appuyant sur une information correcte.

Cette information correcte, les auditeurs et auditrices de France Culture ont le droit de l’attendre. Je suis proprement scandalisée que vous prêtiez votre antenne à cette charlatanerie.

Avec mes sentiments distingués

Ingrid GALSTER

Professeur des universités à la retraite

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• Article de Jonathan Bouchet-Petersen

 

ALBERT CAMUS, L’HOMME DISPUTÉ

par Jonathan Bouchet-Petersen

Libération 13 août 2012

Micmac

Le philosophe Michel Onfray a été préféré à l’historien Benjamin Stora pour organiser l’expo aixoise de 2013 consacrée à l’écrivain et à son engagement algérien. Les dessous d’un débat politico-littéraire.

Un historien en colère et un philosophe gêné aux entournures. Le tout dans une municipalité au rôle ambigu. Benjamin Stora, spécialiste de la guerre d’Algérie, et le médiatique Michel Onfray sont au cœur d’une polémique dont la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, ne peut que constater les dégâts. Manque le cadre : Aix-en-Provence, ses 40 000 pieds-noirs, sa maire de la Droite populaire, Maryse Joissains. Et le principal protagoniste : Albert Camus, dont la fille Catherine gère la mémoire depuis une trentaine d’années.

Au cœur de ce « Patacaix », selon l’expression de l’écrivain Pierre Assouline, une exposition consacrée à Camus, prévue à Aix fin 2013. À l’occasion du centenaire de la naissance du Prix Nobel et dans le cadre de la manifestation Marseille-Provence capitale européenne de la culture. Dernier épisode de cet imbroglio à rallonge, l’annonce officielle par la mairie aixoise, le 31 juillet, que Michel Onfray en sera le commissaire. Sur le papier, pas de quoi fouetter un chat, l’essayiste ayant publié cette année chez Flammarion L’Ordre libertaire. La vie philosophique d’Albert Camus. Une « déclaration d’amour » au Camus anarcho-libertaire et un succès de librairie.

Vraie raison

Le nom d’Onfray bruissait depuis fin juin et Benjamin Stora a l’impression de s’être fait « enfler ». De décembre 2009 au 25 avril 2012, c’est en effet l’historien qui était en charge de cette exposition, alors intitulée « L’étranger qui nous ressemble » et annoncée comme un des temps forts de la manifestation culturelle. Avant de se faire « virer comme un malpropre, » enrage-t-il encore, sans un mot d’explication de Marseille-Provence 2013 (MP 2013) et surtout de Catherine Camus. L’ayant droit assure alors que Benjamin Stora ne lui a pas transmis en temps et en heure la liste des documents nécessaires pour l’exposition, et en prend prétexte pour stopper le projet. « J’ai lu le travail de Benjamin Stora, confie aujourd’hui Michel Onfray. Ce que dit Catherine Camus est faux, la vraie raison est d’ordre relationnel. » Reste que Jean Iborra, directeur adjoint des expositions de MP 2013, assure à l’historien en colère qu’aucune expo Camus ne verra finalement le jour dans le cadre de Marseille-Provence capitale européenne de la culture. Frustré, Stora prend acte et rappelle que « c’est sur [son] nom que le projet a été validé à l’Union européenne ».

Reconnaissant qu’il est « difficile de travailler avec Catherine Camus, » Stora est surtout convaincu d’avoir été mis dehors au profit d’une personnalité « qui passe à la télévision, chez Ruquier, Ardisson et Denisot. » Et l’historien de poursuivre en assumant sa subjectivité : « Pour Catherine Camus, le livre d’Onfray est tombé à pic. Ça fait du bruit dans le sens de la guerre Camus-Sartre et Onfray passe partout pour en parler. Entre Stora l’historien triste et Onfray la machine médiatique… » D’autant que, selon le commissaire écarté, l’ayant droit rêvait dès 2009 pour le remplacer d’un profil plus vendeur, idéalement Raphaël Enthoven ou Alain Finkielkraut. Or, « dans ce dossier, seules Catherine Camus et Marseille-Provence 2013 sont décisionnaires à parts égales », se désole la ministre Aurélie Filippetti, qui n’a pas voix au chapitre mais « regrette profondément » la mise à l’écart de Stora, « sur le fond comme sur la forme ».

Après la remise, en octobre 2010, d’un scénario de 70 pages à Catherine Camus, l’historien n’avait en effet pas signé de nouveau contrat. Il s’est donc retrouvé « à poil » le 25 avril dernier, quand l’abandon du projet lui fut signifié unilatéralement. « Ils m’ont fait signer un papier disant que j’étais documentariste et ils m’ont filé 1 500 euros pour le travail effectué depuis la remise du synopsis, » s’étrangle Stora.

Émeute

Remonté comme un coucou, il refuse toutefois d’y voir une censure politique téléguidée, même s’il n’a pas été accueilli avec des fleurs par la mairie d’Aix. Une ville qui compte de nombreux pieds-noirs d’extrême droite, outrés du choix de Stora pour questionner la relation entre Camus et l’Algérie. « Tout le monde m’a dit qu’ils étaient fous furieux, se souvient l’historien. Aix, ce n’est pas que le festival de musique classique, c’est aussi une ville qui a un boulevard Bastien-Thiry [auteur de l’attentat du Petit-Clamart contre de Gaulle en août 1962, ndlr] et qui a fait citoyen d’honneur Jean-Pax Méfret, un ultra de l’Algérie française. » Un proche du dossier se souvient d’une scène révélatrice de ce climat de défiance : « Dès le départ, Maryse Joissains a déploré auprès de Frédéric Mitterrand [alors ministre de la Culture, ndlr] qu’un proche du FLN ait été choisi pour organiser l’exposition. Et Mitterrand avait explosé de rire en disant que Stora avait 4 ans quand la guerre d’Algérie a commencé et qu’il était tout, sauf un proche du FLN. » Mais, à la mairie d’Aix, Stora ou pas, priorité fut surtout donnée à ce que l’exposition se tienne bien.

Michel Onfray est entré dans ce micmac

Entre-temps, Michel Onfray est entré dans ce micmac. Au départ sans même le savoir. Après la publication de son livre sur Camus en janvier et sa participation à plusieurs conférences dans les mois qui suivent. Le 29 mai, celle qu’il a donnée à la Cité du livre d’Aix rassemble 800 personnes dans une salle habituée à en accueillir 300. « Onfray crée l’émeute »  titre alors la Provence.

Ce succès local arrive aux oreilles de Catherine Camus et de la mairie d’Aix, désireuse de relancer le projet. « J’ai ensuite été contacté début juin par un responsable de Marseille-Provence 2013, raconte Michel Onfray, à qui j’ai dit que j’étais d’accord pour une exposition, à la seule condition que celle-ci prépare la création d’un musée pérenne. » Les deux parties font affaire. Pour l’exposition qu’il entend intituler « Albert Camus, un homme révolté » Onfray a commencé à travailler avec le plasticien et peintre Robert Combas.

Comble

Depuis, la polémique enfle. Onfray est accusé de servir la soupe à ceux qui souhaitaient se débarrasser de Stora et d’être soutenu par l’extrême droite locale. Roger Grenier, ami et compagnon de Camus au journal Combat, a même repris la plume pour s’émouvoir de sa nomination : « J’ai suivi avec indignation mais sans surprise l’histoire d’Aix, écrit le nonagénaire à Stora […] Le comble c’est que vous soyez remplacé par Michel Onfray qui est un faiseur. » Benjamin Stora, lui, assure ne pas en vouloir à Michel Onfray mais lui demande de « prendre ses responsabilités » en se retirant, lui promettant que « l’affaire ne fait que commencer ». Habitué des polémiques, l’intéressé assume : « Qu’on me juge sur la vérité de mon travail, je ne me suis jamais déterminé en fonction des risques d’instrumentalisation. Mon seul objectif est qu’un musée Camus voit le jour à Aix. » Et Stora de conclure : « Je découvre tous les jours des gens qui en veulent à Onfray et qui me disent de ne pas lâcher, je crois qu’il ne mesure pas bien dans quoi il s’est fourré. »

Onfray reste prudent

Le philosophe assure qu’il n’y a pas de clivage idéologique avec Stora. Si l’on met de côté les querelles aixoises, deux questions demeurent. Le Camus de Michel Onfray est-il le même que celui de Benjamin Stora ? Et surtout, l’exposition du philosophe mettra-t-elle en lumière les mêmes éléments que celle de l’historien ? Sur la guerre d’Algérie particulièrement, son propos sera scruté à la loupe.

Remplaçant ou successeur

« On ne remplace par Benjamin Stora, on lui succède », assure un Michel Onfray prudent, qui réfute tout clivage idéologique avec son prédécesseur et juge d’abord « injuste » le sort fait à l’historien. « Mais je vois bien qu’on tente de monter une absurde opposition entre un Michel Onfray camusien, soutenu par la droite, et un Benjamin Stora sartrien, soutenu par la gauche. » Or, le philosophe le martèle : « Sur la guerre d’Algérie, il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes entre Stora et moi. »

Le rapport à une histoire folle, dingue, délirante

C’est d’autant plus probable que sur ce sujet Onfray a adopté les positions messalistes de Stora. « Messali Hadj [leader du Mouvement national algérien, concurrent du FLN pendant la guerre d’Algérie, ndlr], je lui ai consacré ma thèse en 1978, rappelle l’historien. C’était un ami intime de Camus et Camus soutenait sa démarche. Voilà comment j’ai rencontré Camus il y a trente-cinq ans et qu’il ne m’a plus quitté. » Stora avait prévu d’exhumer une correspondance méconnue entre Camus et son ami Yves Dechezelles, l’avocat de Messali Hadj. Mais s’il place en Algérie les racines de l’universalisme de Camus, Stora précise qu’il n’avait pas en tête une « exposition engagée » et que la guerre n’en aurait représenté qu’un sixième. Reste que pour lui, « Camus, c’est Le Premier Homme, c’est le rapport à une histoire folle, dingue, délirante. Sinon c’est quoi ? Un homme engagé abstraitement contre Sartre et le stalinisme ? Ce Camus, moi je ne le connais pas ».

Itinéraire anarcho-libertaire

En droite ligne avec son livre, Michel Onfray compte, lui, utiliser comme fil rouge l’itinéraire anarcho-libertaire de l’écrivain, qui est aussi le sien. « Camus était, avant tout, cela, du début à la fin de sa vie, assure-t-il. Il n’était pas le social-démocrate à fibre libertaire dépeint par Olivier Todd. Encore moins l’écrivain des petits Blancs et du colonialisme ou le philosophe pour classe terminale décrit par certains. » Et le philosophe de fustiger « le discours sartrien reprenant le vieux truc du socialisme autoritaire qui fait du socialisme libertaire une idéologie bourgeoise ». Stora ne le contredira pas.

Benjamin Stora ç’aurait été remarquable

Au ministère de la Culture, Aurélie Filippetti a clairement choisi son camp : « La vraie belle exposition Camus aurait été l’éclairage de Benjamin Stora, qui est à la fois un admirateur de Camus et le meilleur spécialiste de la guerre d’Algérie. Il partage en plus les mêmes paysages que ceux de Camus, le même paysage mental en tout cas. Ça aurait été remarquable. » Un événement que la ministre aurait inauguré « avec plaisir ». Et sans incriminer Michel Onfray, elle a décidé que son ministère ne donnera ni son logo ni un euro, « même via Marseille-Provence 2013 » qui reçoit de l’argent de l’État, précise Filippetti.

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Libération

26 août 2012

• Michel Onfray a-t-il toujours sa place sur France Culture ?

Par MICHEL VIGNARD, professeur de philosophie, écrivain, critique au magazine Art press, producteur délégué à France Culture

Habitude et audience aidant, depuis dix ans France Culture programme dans sa grille d’été, qui s’est achevée ce week-end, les conférences de l’université populaire de Caen. Michel Onfray s’y est taillé un franc succès en exhumant des figures mineures de la pensée et en contestant l’institution qui les avait oubliées ou enterrées pendant des siècles. Le problème est que, n’ayant jamais fait pour son compte œuvre scientifique, jamais porté au jour un seul de ces penseurs, jamais traduit ou édité leurs livres, il doit se contenter d’en parler à partir des travaux irremplaçables de ces universitaires qu’il fustige tant par ailleurs. Passons sur la contradiction ou l’imposture, comme on voudra dire, et venons-en à son style tout droit sorti de la Troisième République des lettres. Une bonne dose de biographie dans l’esprit de Gustave Lanson, de l’aimable paraphrase, ça ne mange pas de pain et ça apprend toujours quelque chose, des citations répétées pour permettre aux auditeurs d’en identifier l’importance et les noter sans faute. Une parole magistrale, des applaudissements en fin de cours, pas de quoi renverser la table.

Il n’en va pas de même depuis le séminaire sur Freud diffusé la saison 2010-2011. Changement d’orientation, Michel Onfray ne ressuscite plus, il enterre. Sa thèse principale consiste à faire de la psychanalyse la science de Freud en personne, accusant sans répit vingt-cinq séances durant l’auteur de l’Interprétation du rêve d’avoir capté à son profit la substance et la gloire de la psychanalyse, sans compter les griefs annexes de terrorisme ou d’adultère. Un livre paru à la même époque, Rêver avec Freud, signé par Andreas Mayer et la regrettée Lydia Marinelli (Aubier, 2009), fait la litière de cette thèse. Dans ce volume, sous-titré l’Histoire collective de l’Interprétation du rêve, les auteurs, comparant les huit éditions du texte, de 1899 à 1930, montrent «une interactivité permanente entre l’auteur Sigmund Freud et son public de disciples, de critiques, de collègues et de patients». Ainsi est mis un grand bémol à «l’image héroïque de l’auto-analyse» complaisamment véhiculée depuis la biographie d’Ernest Jones, et reprise sans distance par Michel Onfray. Ce seul exemple suffit à mettre en évidence tout à la fois l’approche vieillotte, la bibliographie datée et le manichéisme de l’apôtre de Caen. Mais notre redresseur de torts ne s’en est pas tenu là, un nouveau cap semble avoir été franchi avec la saison qui s’achève, consacrée aux «réfractaires», George Politzer, Paul Nizan ou encore Albert Camus. Il exhibe face à eux des figures académiques qui concentrent ses foudres. Ainsi, se réfugiant derrière la parole de Politzer, il n’hésite pas à parler de «Bergson comme source du fascisme». Qui, reprenant le discours raciste de Hegel sur l’homme noir, aurait la mauvaise idée de s’effacer derrière l’autorité du philosophe de Iéna. Ne pas dire qu’un philosophe aussi a des opinions, et ne pas leur appliquer la critique qu’elles exigent est un péché contre l’esprit. Et quel est le sens de cette contre-philosophie «de classe» qui cite cette fois l’autorité de Bourdieu pour faire pencher la balance du côté du prolétaire Camus au détriment du bourgeois Sartre ? Et on ne parlera pas du flou systématique sur la chronologie, qui n’est pas sans valeur en histoire, ni de quelques erreurs factuelles comme à propos de Heidegger, qui n’a pas consacré sa thèse de doctorat à Jean Scot Erigène mais bien à Jean Duns Scot, le «docteur subtil ».

L’ultime séance hebdomadaire du séminaire est consacrée aux questions de la salle, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Rien pour contredire, discuter, relativiser, préciser. Partout et toujours la même révérence envers la parole du maître, c’est ce qui fait dire que la philosophie est trahie. Et avec elle la mission d’une chaîne comme France Culture. Au fil des saisons, l’université populaire de Caen s’est transformée en grand-messe et le philosophe, plus soucieux de bien et de mal que de vérité, a pris les travers fâcheux d’un gourou. Les époques en crise en quête de valeurs plébiscitent le simplisme, c’est regrettable mais guère surprenant. Mais comment accepter que chaque été une antenne publique ouvre à Michel Onfray, sans contrepartie aucune, pareille tribune officielle ? Au nom du public et de l’esprit, de toute évidence, cela ne peut plus se prolonger sans débat.

 

Dans le quotidien algérien, La Nouvelle République,

<http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&amp;id=16800> , le 22 août 2012

 

Par Mohammed Yefsah

 

L’imposture Onfray

<http://www.lnr-dz.com/index.php?page=details&amp;id=16800>

 

L’entreprise néocoloniale de Michel Onfray a démarré sa machine en Algérie. Dans l’entretien qu’il a accordé au quotidien El Watan du 10 août 2012, il récidive par la mauvaise foi, le mensonger et une connaissance approximative de l’Histoire de l’Algérie. Sa haine de Jean Paul Sartre est à la taille de sa fascination pour les puissants. Onfray est libertaire1 seulement dans sa proclamation. Il est l’expression du moult du néolibéralisme, pour lequel l’émancipation des peuples anciennement colonisés, est une défaite à surmonter. La coqueluche des médias force la lecture des œuvres de Albert Camus pour en faire un homme qui ne fut pas pour la colonisation. Onfray fait d’ailleurs dans l’esprit camusien par sa posture d’apparence ni pour la colonisation, ni contre la colonisation.

 

Outre ses attaques répétées contre Sartre et les intellectuels français qui défendirent l’émancipation du peuple algérien, notamment dans son dernier livre, « L’ordre libertaire: la vie philosophique d’Albert Camus », Onfray arrive au summum de la bêtise en accusant Edouard Saïd d’une « lecture raciale et raciste » des œuvres de Albert Camus. Attaque-t-il par ricochet la cause palestinienne ? Il n’ y a aucun doute. D’une pierre deux coups. En tout cas, il n’a jamais caché son sionisme. Onfray n’hésite aucunement a défendre le journaliste Éric Zemmour, pourtant condamné par la Justice française pour propos racistes, en lui témoignant respect lors d’une mission télé (Émission On n’est pas couché ce soir, du 17mars 2012, de Laurent Ruquier). Edouard Saïd, universitaire palestino-américain, qui n’a aucune relation avec le pouvoir algérien, a seulement fait analyse de l’œuvre, sans tirer de jugements sur l’homme. Onfray n’a rien à envier aux curés de l’inquisition. Pour lui, aucun algérien n’a compris Camus et les sartiens2 au bûcher.

 

Pour Onfray, les intellectuels algériens qui critiquent Camus n’ont pas, à coup sûr et forcement, lu les œuvres du romancier. Ils sont mêmes de « prétendus intellectuels », qui devraient « se libérer de l’esclavage mental », à la solde du pouvoir. Si Onfray ne le sait pas, il est temps de lui apprendre que Camus est enseigné en Algérie, que le régime n’a jamais interdit aucun de ses livres et aucune déclaration officielle n’a été prononcée à son encontre. Un nombre incalculable de mémoires, de thèses universitaires et d’études comparatives en littérature lui ont été consacrés, diverses et divergentes de point de vues. Il devrait savoir que parmi les intellectuels qui critiquent Camus, certains sont mêmes opposants au régime algérien. Il oublie que Yasmina Khadra, défenseur de Camus, est un représentant officiel d’une institution algérienne. Il oublie aussi que ses positions peuvent être lues dans les colonnes d’un journal algérien, alors qu’en France aucun des intellectuels algériens attaqués n’est sollicité pour exprimer son opinion.

 

Onfray s’improvise ensuite historien pour livrer sa lecture du mouvement national. « Depuis le 8 mai 1945 et la répression de Sétif et Guelma, il est même prouvé que les militants de l’indépendance nationale ont souhaité tout s’interdire qui soit du côté de la paix, de la négociation, de la diplomatie, de l’intelligence, de la raison. Je vous rappelle à cet effet que ce sont les Algériens qui ont choisi la voie de la violence et sont à l’origine du plus grand nombre de morts du côté... algérien ! ». La conquête coloniale n’est pas en soi, dans son essence même, de la violence. Onfray ne donne pas de preuves. Sa parole est l’évangile. Onfray, ignorant de l’histoire de l’Algérie, s’imagine ce pays comme un havre de paix avant le massacre de mai 1945.

 

Il ne connaît pas l’existence – il ne veut pas le savoir, lui qui aime tant lire et réfléchir, contrairement aux intellectuels algériens ! – des enfumades (pratique qui consiste a brûler des villages entiers ou des populations qui fuient dans des grottes), les multiples formes de violence, la torture et les massacres avant même mai 1945. Il ne peut comprendre la radicalisation de la lutte de libération nationale. Onfray ignore aussi que le FLN n’a pas cru à la victoire militaire, mais plutôt à une victoire politique, qui nécessite un sacrifice à la mesure de la violence coloniale. Il a fallu attendre plusieurs années pour qu’enfin la France reconnaisse la qualité de belligérant au FLN et négocie avec lui. Le comble des propos mensongers d’Onfray, c’est sa comptabilité macabre qui considère que le FLN a fait plus de victimes côté algérien que la répression coloniale.

 

« Camus n’a pas à se justifier de choisir ses sujets de romans » dit-il. C’est le seul crédit qui peut être accordé au philosophe du confort. Quoi qu’il recourt au mêmes œuvres pour justifier ses positions. L’absence des indigènes dans l’œuvre de Camus donne une idée de son ignorance de l’univers indigène. Camus est l’écrivain des « pieds-noirs », comme le pensent d’ailleurs Kateb Yacine, Mouloud Mammeri et autres écrivains algériens qui l’ont côtoyé et lu ses œuvres. Ces dernières donnent un aperçu de ce monde qui adore le soleil, mais déteste croiser l’arabe dans la rue ou sur la plage.

 

Meursault, personnage de L’Étranger, allongé sur le sable doré d’une plage algéroise, tire cinq balles sur l’arabe qui lui cache le soleil. Dans La Peste, intrigue qui se déroule à Oran, le personnage du médecin préfère parler des rats que des indigènes, périphériques et insignifiants. Il coupe court à la question du journaliste, qui n’insiste pas. C’est certainement de la littérature. Or Michel Onfray, philosophe de son état, peut comprendre l’imaginaire et les symboliques d’une œuvre littéraire, à l’image d’un Nietzsche qui a beaucoup appris d’un Dostoïevski. Il est ridicule de demander à un écrivain la présence d’une thématique ou d’un personnage. Cependant, une absence peut avoir une signification. Les arabes sont absents des œuvres de Camus et lorsqu’ils sont présents fugacement, ils dérangent, agacent, déclenchent la haine. En ce sens, Albert Camus, à l’image des œuvres de tout autres écrivains de talent, peut nous apprendre beaucoup sur l’Algérie coloniale, sur l’état d’esprit d’une époque, à l’exemple des œuvres de Balzac qui offrent une importante connaissance sur la France des XIXe siècle, de Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline sur les affres de la guerre, de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust sur la décadence de l’aristocratie, de Germinal de Émile Zola sur l’atroce condition ouvrière, etc.

 

Dans Chroniques algériennes, Camus développe un discours humaniste sur la Kabylie, en demandant l’amélioration de la condition des indigènes. Il estime que la France n’a rien à gagner en opprimant les indigènes. Il veut gagner leurs cœurs. Mais son récit est digne des ethnologues qui ont participé à la mission coloniale. Il évoque l’utilité de l’école, la libération de la femme, la différence entre les arabes et les kabyles et implicitement la mission civilisationnelle que pourrait apporter la France. Il n’est jamais question d’une remise en cause du système colonial.

 

Albert Camus, qui refusât la violence des deux côtés, quand il fut question de l’Algérie en sachant que les adversaires n’étaient pas à armes égales, comme dans toute situation coloniale, ne fut pas toujours contre les armes. Il fut pour la résistance armée contre le nazisme et s’engagea avec les républicains lors de la guerre civile espagnole. En évoquant donc l’attachement à la paix par Camus, il faudrait aller jusqu’au bout du raisonnement. Sartre eut au moins le mérite d’avoir été constant.

 

Le voyage en Algérie d’Onfray lui fait rencontrer l’esprit de Camus et le bon Dieu. Athée en France, il semble découvrir les vertus du « christianisme africain ». Syndrome des pionniers lors de la découverte de l’Amérique ! Céline, Balzac, Camus, de grands talents, ont toute leur place dans le champs littéraire algérien ou d’ailleurs. Mais Camus le politique a droit au regard critique et sans concession à la lumière de l’Histoire. Quant à Michel Onfray, qui se veut de gauche en France mais est de droite en Algérie, à l’image de son « capitalisme libertaire », mariage forcé de conceptions irrémédiablement opposées, il devrait nous expliquer, lui le grand savant, comment le peuple aurait pu se libérer sans la lutte.

 

Dans le cadre de « Marseille-Provence 2013, Capitale Européenne de la culture », grandiose événement, l’organisation de l’importante exposition sur Albert Camus, retirée récemment à l’historien Benjamin Stora, est confiée à Michel Onfray et suscite des polémiques. Ce qui donne d’avance une idée de la teneur de cette exposition et de son orientation politique à ne pas déplaire aux nostalgiques de l’Algérie française.

 

Références

 

1 Les vrais libertaires ont été les premiers a défendre la révolution algérienne. A lire l’historien Sylvain Pattieu, Les camarades des frères : Trotskistes et libertaires dans la guerre d’Algérie (Préface de Mohammed Harbi), Ed. Syllepse, 2002.

 

2 Lire l’article du mensuel Le Monde Diplomatique. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2012-01-11-Coup-bas-intellectuel

Revue algérienne: Les Débats <http://www.lesdebats.com/editions/120812/les%20debats.htm> , le 10 août 2012

 

Ahmed Halfaoui

 

Sartre, Edward Saïd, d’autres et le «nietzschéen de gauche» <http://www.lesdebats.com/editions/120812/les%20debats.htm>

 

Michel Onfray, «un nietzschéen de gauche» pour ceux qui peuvent disséquer ce type de profil, a été interviewé dans El Watan Week-end du 10 août, sur les différentes «lectures de l’œuvre camusienne».

 

Le texte aurait pu passer inaperçu, mais il comporte des insultes qui, elles, ne peuvent passer. Onfray commence par mépriser ceux qui s’interrogent sur le traitement fait pas Albert Camus aux Algériens et à leur lutte de libération du colonialisme. Il en fait des «sartriens qui n’aiment pas la liberté de pensée de Camus». Ceci sans rendre justice à Jean-Paul Sartre et aux intellectuels qui ont soutenu le FLN, en n’expliquant pas en quoi cela consiste d’être «sartrien». Et Sartre n’est pas le seul à payer du mépris du «nietzschéen de gauche». Il y a Edward Saïd qui a droit à une ligne et demie pour résumer son explication contre l’écrivain. L’éminent penseur, selon Onfray, «n’était pas au nom dans cet exercice de mauvaise foi militante au mieux de sa forme intellectuelle». Là, encore, on ne saura rien de l’«exercice de mauvaise foi» de Saïd. Etonnamment, Kateb Yacine, qui figure pourtant dans les critiques les plus citées de Camus, échappe aux salves assassines du «philosophe».

 

Après avoir renvoyé à leurs classes Sartre et Saïd, Onfray s’attaque aux «militants de l’Indépendance nationale qui ont souhaité tout s’interdire qui soit du côté de la paix, de la négociation, de la diplomatie, de l’intelligence, de la raison». Sans que son génie ne se donne la peine de montrer en quoi ces militants auraient pu faire autrement et en quoi consistaient «la paix, de la négociation, de la diplomatie, de l’intelligence, de la raison». Surtout que cette conclusion lui permet de nous rappeler «que ce sont les Algériens qui ont choisi la voie de la violence et sont à l’origine du plus grand nombre de morts du côté... algérien !». La répression génocidaire est absoute, bien fait pour vous qui avaient voulu vous libérer ! Ne vous en prenez qu’à vous-mêmes ! C’est cette leçon de choses qui claque dans la phrase, sans vergogne. Nous n’avions pas écouté Camus, quand il écrivait qu’ «A partir du moment où l’opprimé prend les armes au nom de la justice, il met un pas dans le camp de l’injustice». Rappelons, ici, que l’objectif de l’interview était de démontrer que l’écrivain n’avait jamais dit «oui» à l’ordre colonial.

 

On en vient, pour finir, à l’objet principal qui est celui de crucifier les pétitionnaires contre la «caravane Camus». Les concernant, il ne sera pas question de les citer, uniquement de les disqualifier. La méthode est alors expéditive. Elle est puisée dans l’arsenal des arguments locaux. Les signataires, après avoir été des «sartriens», sont devenus de «supposés intellectuels», qui «se prétendent intellectuels». Leur texte est «un tissu de mensonges», ils font partie de la «cour des plumitifs du pouvoir» qui vont «au-devant des désirs et des souhaits du pouvoir pour en obtenir des avantages». Et s’étale toute l’indigence de l’individu qui verse dans l’insulte ou dans ce qu’il croit être une insulte, quand il prouve sa nature de «petit blanc», «nietzschéen» imbu de la «supériorité européenne» et engoncé dans la suffisance qu’on arbore vis-à-vis de ceux qu’on croit être encore des «indigènes».

 

Dommage pour la chute que le journaliste ne lui ait pas demandé si Sartre était aussi un «plumitif» et au service de quel pouvoir et si, lui-même pensait être un «intellectuel» et non le plumitif de quelque pouvoir, pro-colonial.

 

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ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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