ψ =
psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie.
Le NON
de ψ
[Psi]
LE TEMPS DU NON
s'adresse à l'idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l'ignorance
délibérée,
est l'antonyme de la réflexion, de la raison,
de l'intelligence.
ø
©
Micheline Weinstein / 8 avril 2013
À propos de l'article du docteur
Martine Perez dans Le Figaro
Autisme : les errances coupables de la psychanalyse
À
propos de votre billet intitulé “analyse” dans Le Figaro de début avril 2013,
titré « Les errances coupables de la psychanalyse », qui fait suite à une
succession d'articles répétés en coups de boutoirs contre la psychanalyse dans
ce même quotidien, je souhaiterais vous faire part de quelques remarques.
Tout
d'abord, et principalement, vous vous référez, non à la psychanalyse vouée aux
gémonies, mais à celles et ceux qui se dénomment “psychanalystes freudiens”, ce qui est une formulation
impropre, communément utilisée pour désigner les psychanalystes lacaniens.
Ce
n'est pas parce que Lacan s'est déclaré freudien qu'il le fut, pas plus que je
ne suis, pour résumer, heidegerrienne.
Comment
s'est-il fait qu'au cours de son histoire la psychanalyse en France soit
parvenue, obstinément et sûrement, à être avalée, à la fois par la philosophie,
celle très précisément toujours en activité, obscurantiste, ostraciste, du XIXe siècle, celle dont Freud apparentait le discours à celui du délirant, et
par la psychiatrie, dont Freud appréhendait que sa découverte n'en devînt la
danseuse ou la domestique.
Vous
trouverez, en fin de texte quelques références à ce sujet, ainsi que des
témoignages par des psychanalystes freudiens, sur leur expérience clinique alentour d'enfants autistes.
Alentour
seulement, dans la mesure où, selon Freud, assez ferme au sujet de l'autisme, ainsi
que de ce que l'on désigne génériquement par “psychoses”, de la criminologie,
de la délinquance sexuelle, ne relèvent pas de la psychanalyse. Freud, simplement,
honnêtement, limitait l'application de la psychanalyse aux névroses. Ce qui
n'interdit pas aux psychanalystes d'entendre les enfants autistes avec leur
troisième oreille et de contribuer, en relais avec des psychiatres, des
neurologues, à leur mieux-être, dans une société dont les institutions les ont
durablement négligés.
Hélas,
quand nous persistons à nous référer aux concepts freudiens fondamentaux, à nous soucier de les étudier, de les
discuter, de les mettre sur le chantier de la clinique, d'apporter notre petit
caillou à l'évolution de la psychanalyse, nous sommes toisés avec une hauteur à
la limite d'une mondaine condescendance, et ouvertement qualifiés de
“dépassés”, en anglais, désuet lui aussi, “has been”.
Il
était quasiment impossible jusqu'à très récemment d'obtenir des fonds publics
pour aménager des structures institutionnelles destinées aux enfants autistes.
Françoise Dolto, qu'il faudrait peut-être lire attentivement avant de la
caricaturer en mamy compassionnelle inspirée par des mânes célestes, s'y est en
son temps employée - comme d'ailleurs elle le fit plus tard quand elle a
inventé, pour les tout-petits « La maison verte » -, en vain.
Les
fonds privés, les apports financiers que les parents d'enfants autistes
et leurs proches étaient prêts à donner pour la création de havres professionnels afin,
à long terme, de protéger l'avenir d'enfants et d'adolescents autistes, n'ont
jamais pu, cela va de soi, réunir le volume d'investissement énorme qu'une
telle entreprise aurait exigé.
Les
enfants, les jeunes, avançant en âge, ont tous pâti du même sort, un chemin
inéluctable vers l'hôpital psychiatrique.
De
plus, les psychanalystes ne se montraient pas très enthousiastes, la pratique à
titre privé auprès de ces enfants-là étant longue, ardue, n'offrant d'emblée
aucune garantie de gratification narcissique contre un piètre bénéfice
monétaire. Cela a perduré. Par contre la foison d'écrits théoriques sur l'autisme, les psychoses... par nombre de
psychanalystes lacaniens, procure sans
doute une autosatisfaction confortable.
Il y
eut quelques exceptions, dont l'École de Bonneuil-sur-Marne, mise en place avec
l'aide active de Françoise Dolto, de ses relations, de son autorité éthique,
par Maud Mannoni et Robert Lefort en 1969. Cet exemple fut suivi par de rares et
modestes lieux-dits, mais exclusivement privés qui, pour la plupart,
s'éteignirent faute de moyens et de candidats habilités à leur administration.
Toutefois,
il est essentiel de rappeler que ces structures étaient, et sont pour celles
qui existent encore, scrupuleusement dirigées sous le patronage de médecins psychiatres,
parfois assistés de collègues. La formation des éducateurs et de l'encadrement,
courageux et de plus très mal payés, était, est, assurée et dûment contrôlée.
Ces professionnels ne s'occupent pas de décrier ce que l'on regroupe
aujourd'hui sous l'appellation de neurosciences, bien au contraire, ils sont
attentifs à toute recherche, qu'ils soumettent volontiers à expérience,
susceptible de les aider dans leur travail auprès des enfants autistes.
Dans
votre article, vous ne manquez pas de vitupérer Bettelheim, dont Nina Sutton,
auteur d'une biographie de B. B. (cf. réf. ci-dessous), analyse finement le
vacarme polémique autour de ses théories, de ses pratiques, de sa personne.
Quelles
que soient les critiques, justifiées ou moins, que l'on peut émettre contre
Bettelheim, de même que contre Paul Federn aux États-Unis (cf. référence
ci-dessous à l'une de ses analysantes, Mira Rothenberg, fondatrice de “Blueberry”)
- son fils Ernst Federn, était codétenu de Bettelheim à Buchenwald -, et leurs
élèves, rappelons tout de même qu'à
l'époque, à la sortie la 2e Guerre Mondiale, ces psychanalystes,
la plupart des éducateurs, de l'encadrement, ainsi que les enfants qui leur
avaient été confiés, leurs familles, avaient tous été gravement touchés,
directement ou indirectement, par l'extermination des Juifs d'Europe.
Mais
il est vrai, Nina Sutton le souligne, qu'au-delà de cette abominable épreuve du
camp, fondatrice de sa théorie et de sa pratique, Bettelheim, qui n'avait
jamais rencontré Freud et était en concurrence dommageable avec Federn, n'avait
pas réussi à surmonter et à neutraliser les propos que son insouciante mère
avait estimé pertinent de lui transmettre, selon lesquels, à sa naissance, elle
avait été horrifiée tant il “était laid”.
Pour en revenir aux psychanalystes lacaniens, non
pas freudiens, un
jeune universitaire admirateur de Lacan, déclara dès 1964, autant dire un
demi-siècle, que “depuis l'avènement de
Lacan, il n'était plus utile de lire Freud”. Passé en mûrissant à la droite
rapprochée de Lacan, il édifia une multinationale mégalomaniaque intitulée «
École de psychanalyse mondiale » (!),
sous le slogan d'adhésion, “Tous
lacaniens !”.
Dont
acte, tout le monde peut s'en faire une idée auprès des adeptes de Lacan, tant dans la théorie que dans les
applications cliniques d'une discipline, ici dévolue à un seul usage
médiatique, égotiste, prospère, sur plus de 2 générations. Les psychanalystes freudiens, eux, continuent d'assurer,
sans aucune illusion, la vitalité de la psychanalyse, en silence.
Références
avec adresses des liens sur notre site
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/preamb.comment.htlm
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/elis.r.autisme.html
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/noteslectroudin.html
Sur l'autisme
Henri Rey-Flaud, LES ENFANTS DE
L'INDICIBLE PEUR • NOUVEAU REGARD SUR L'AUTISME, Aubier, 2010
Nina Sutton, BRUNO BETTELHEIM • UNE
VIE, Stock, 1996
Mira Rothenberg, ENFANTS AUX YEUX
D'ÉMERAUDE • Histoires de mômes prodigieux
Audio • http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/M_Rothenberg_enfants.html
Mira Rothenberg, « BLUEBERRY »
Audio • http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/ITVMiraRothenberg.html
Mira Rothenberg, LES ENFANTS DÉPLACÉS •
UNE INTRODUCTION
Texte • http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/enfantsdeplaces.html
Micheline Weinstein • 2003 • IL Y A 24
ANS...
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/mirarothenberg.html
M. W.