« Malheur aux perdants ! »
1
Journal de bord de fin mars 2010
À
la page 8 de l'hebdomadaire / papier Marianne du 27 mars au 2 avril 2010, sous l'article «
Sarkozy contre Sarkozy », un petit encart
s'intitule « Pour en finir avec l'affaire
Zemmour ».
Pourquoi
vouloir “en finir”, pourquoi vouloir
se débarrasser d'un trait de plume d'une
question de fond, la liberté d'expression,
qui a pris des proportions extravagantes, sous
prétexte qu'elle est représentée
par un auteur que certes, la profession de journaliste,
les médias plus généralement
estiment, mais qui est indexé en tant qu'homme
“de droite”, voire d'“extrême”
?
La
liberté d'expression implique la liberté
de penser, des auteurs, des auditeurs, des lecteurs...
quand “on” pense.
La
liberté de penser c'est aussi, et paritairement
la liberté d'expression, ne pas apprécier
la ligne de conduite intellectuelle fortement
orientée d'une radio publique, France-Inter
pour la nommer, à laquelle nombre d'auditeurs
sont habitués, de même qu'à
France-Info, à cause tout simplement de
l'absence d'entrecoupements publicitaires qui,
pour beaucoup d'entre nous, nous braillent dans
les oreilles, ni plus ni moins.
Une
maladresse, semblerait-il, du Président
Sarkozy fut de vouloir plaire tous azimuts à
ceux et celles dont il espérait être
“aimé”, d'où qu'ils
viennent et quels que soient les moyens employés,
que lui permettait le pouvoir dont il est encore
investi. Du coup, le crédit dont il bénéficiait
en fut entamé et son jouet fut cassé.
Car
cette posture produisit d'étranges trajectoires
de transvasements par ceux, des hommes en majorité,
que j'ai appelés “les débauchés
volontaires” de gauche, ex-maos pour la
plupart, “allant devenant personnes âgées”
(!), avec leurs oukases staliniennes...
Ainsi
fut-il d'une radio publique, France-Inter.
L'“affaire
Zemmour / Bilger” a pris des proportions
juridiques extravagantes, puisque l'avocat général
Bilger fut convoqué par un important Procureur,
en regard des réactions provoquées
par les propos de Frêche, Guillon, et un
troisième sur lequel je reviendrai un peu plus loin. De telle sorte que l'on
est incités à se demander si cette
convocation de l'avocat Bilger n'avait pas été
suggérée par quelqu'un d'influent,
décidé à avoir, “pour
en finir”, la tête de Zemmour.
•
Frêche : dans une émission de Guillaume
Durand, Frêche s'est amusé, et nous
a amusés, pour étayer sa position
langagière délibérée,
à tenir un petit discours assez pétillant
de langue de bois politique dans un style littéraire
digne d'un émoulu de khâgne. Nous
étions pliés de rire !
•
Guillon, que l'on qualifie, lui aussi, d'“humoriste”
(!) et que l'on va même jusqu'à comparer
à Desproges, Coluche... ce que tout auditeur
et lecteur un peu civilisé trouvera fort
abusif : il est tout à fait légitime
d'être écœurés par son
manque de réflexion, d'intelligence au
sens premier de l'entendement grec, qui aboutit
à une obscénité d'attaques
sur le physique de sa cible, couplées par
ses pétarades d'“imitations”
sonores à vomir... Il n'est pas pour autant
nécessaire de le poursuivre en justice.
Laissons tomber, comme ce fut le cas pour Bigard.
•
Le troisième, pour ce que j'ai attrapé
au vol ces temps-ci, est par exemple un certain Emmanuel Pierrat, jeune avocat très
en vue, très “Café de Flore”
conseiller municipal PS du 6e Arrt de Paris, invité le 8 février dernier
par Pascale Clark - « Comme on nous parle
» (!) - sur France-Inter à l'occasion de
la sortie de son dernier livre. Cet entretien
est toujours accessible sur la toile, où
l'on entendra ses clameurs enflées, fanfaronnes,
sur le “secret professionnel”, le
fameux “devoir de réserve”,
tandis qu'il déballe publiquement ce qu'il
pense de certains de ses clients, n'hésitant
pas à faire montre de sa misogynie foncière
quand il évoque une femme et d'un mépris
irrecevable quand il parle de ceux qu'il juge,
à leur attitude physique et à la
forme de leur requête, malades mentaux.
De plus, naturellement, comme c'est l'usage dans
ce monde-là, que l'on appelle “bobo”,
il s'offre la légion d'honneur suprême
de n'avoir pas besoin de la psychanalyse, puisqu'il
est, de par son métier, plus psychanalyste
que Freud.
•
De la même veine, il y en un quatrième,
un écologiste réputé, Yves
Cochet, qui persiste depuis des lunes à
qualifier le Président de la République
de “paranoïaque-obsessionnel”
! D'où sort-il ce diagnostic, de quel mentor
“psy” ?
Il
y a pourtant une différence radicale, entre
ces-gens-là et Éric Zemmour, indépendamment
des accords ou désaccords sur le fond de
sa réflexion. Zemmour est, lui, intelligent,
cultivé, lettré, il pense, observe, subjectivement comme chacune et chacun d'entre nous, et commente,
mais uniquement sur les actes, fussent-ils actes
de parole. Il est, de fait, impossible, impensable,
de relever chez lui manque de respect envers autrui,
moindre vulgarité, pas plus que dénigrement,
injure, sur le physique, le moral, le psychisme...
Pour
s'en assurer, il suffit de se reporter au petit
billet matinal sur RTL, « Z comme Zemmour
», qui a précédé de
peu la “polémique” actuelle, du 19 mars courant. Il n'est
pas précisé sur la toile s'il faut
lui attribuer personnellement le titre «
Simone Veil icône du politiquement correct
», à propos de la réception
d'icelle icône à l'Académie
Française, ou si c'est un intitulé
chapeau, de même que la phrase “Simone
Veil est la bonne conscience des Français”,
puisque ces deux locutions n'apparaissent pas
dans le texte de l'enregistrement. Tout une meute
médiatique lui est tombée dessus,
Judaïques FM en tête, dans des termes
insultants d'ostracisme. Pourtant... que dit Zemmour,
je cite,
[...]
Simone Veil n'est pas Marguerite Yourcenar, qui fut la première
femme à entrer à l'Académie
et un immense écrivain. Pas pour son style
ni pour son éloquence non plus, Simone
Veil n'est pas Bossuet.
[...]
On sait que
si de nombreux génies littéraires
n’entrèrent jamais quai Conti, Simone
Veil ne sera pas la première Immortelle
à ne pas avoir de talent littéraire.
Elle y retrouvera d’ailleurs son ancien
patron, Giscard, qui, lui non plus, n’est
pas vraiment le Maupassant qu’il a rêvé
d’être. Dans le passé déjà,
l’Académie accueillit des politiques
ou des prélats, et même des maréchaux
vainqueurs de la première Guerre Mondiale.
C’est d’ailleurs, avant tout, la survivante
de la Seconde Guerre Mondiale qui est accueillie,
la rescapée des Camps de la Mort nazis
qui se releva pour vivre et avoir la carrière
brillante que l’on sait. La victime de la
folie allemande qui a su pardonner et tendre la
main à l’ancien bourreau pour faire
l’Europe et devenir la première Présidente
du Parlement Européen élue au suffrage
universel. C’est ainsi que l’époque
aime à se raconter l’Histoire de
ces cinquante dernières années,
une vision sulpicienne de l’Histoire et
de l’Europe que Simone Veil incarne parfaitement.
En adoubant Simone Veil, c’est comme si
l’époque s’autocongratulait,
s’admirait elle-même, consacrait la
nouvelle religion des Droits de l’Homme
et de la paix par l’Europe. À la
télévision, depuis plusieurs jours,
c’est toujours la même image qui passe
et repasse sans fin. Simone Veil à la tribune
de l’Assemblée Nationale présentant
son projet de loi sur la légalisation de
l’avortement. Simone Veil la survivante,
Simone Veil l’européenne, Simone
Veil la féministe.
[...]
...en même temps les médias
font de Simone Veil une sorte d’icône
du politiquement correct, pourtant sa personnalité
est bien plus complexe. Ainsi, il y a un an, le
Président Sarkozy lui demanda de présider
un Comité Constitutionnel pour intégrer
le concept de diversité dans la Constitution.
Ce nouveau concept devait légitimer les
politiques de discrimination positive que le Président
Sarkozy envisageait alors. Mais Simone Veil refusa
cette modification de notre texte suprême
pour ne pas remettre en cause le principe sacré
de la république, l’Égalité.
Curieusement, ce haut fait d’armes républicain
n’est guère évoqué
dans son éloge médiatique, on dit
même qu’il fut à l’origine
de la brouille entre elle et le Président.
Le Figaro annonça ces jours-ci que Sarkozy
n’assisterait pas à la Cérémonie
d’Intronisation. Et puis, il se ravisa,
ravala sa rancœur, on ne dit pas non à
Madame Veil.
Zemmour
pense cela - et il n'est pas le seul -, c'est
son droit absolu, qui n'a sans doute pas plu au Figaro dont il est chroniqueur hebdomadaire. Bref, l'hypocrite
barouf fut prestement recouvert par un second,
national cette fois et tonitruant, de meilleure
conscience encore.
à suivre...