Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Malheur aux perdants • Micheline Weisntein

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Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte

Samuel Beckett « L'Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down the worshipped object.
Samuel Beckett • « The Unspeakable one »
Underlined in « Jargon of the Authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n'a le droit de rester silencieux s'il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l'âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.
Nobody has the right to remain silent if he knows that something evil is being made somewhere. Neither sex or age, nor religion or political party is an excuse.

Bertha Pappenheim

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ψ = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s'adresse à l'idéologie qui, quand elle prend sa source dans l'ignorance délibérée, est l'antonyme de la réflexion, de la raison, de l'intelligence.

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© Micheline  Weinstein / Fin mars 2010

« Malheur aux perdants ! »  

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Journal de bord de fin mars 2010

À la page 8 de l'hebdomadaire / papier Marianne du 27 mars au 2 avril 2010, sous l'article « Sarkozy contre Sarkozy », un petit encart s'intitule « Pour en finir avec l'affaire Zemmour ».

Pourquoi vouloir “en finir”, pourquoi vouloir se débarrasser d'un trait de plume d'une question de fond, la liberté d'expression, qui a pris des proportions extravagantes, sous prétexte qu'elle est représentée par un auteur que certes, la profession de journaliste, les médias plus généralement estiment, mais qui est indexé en tant qu'homme “de droite”, voire d'“extrême” ?

La liberté d'expression implique la liberté de penser, des auteurs, des auditeurs, des lecteurs... quand “on” pense.

La liberté de penser c'est aussi, et paritairement la liberté d'expression, ne pas apprécier la ligne de conduite intellectuelle fortement orientée d'une radio publique, France-Inter pour la nommer, à laquelle nombre d'auditeurs sont habitués, de même qu'à France-Info, à cause tout simplement de l'absence d'entrecoupements publicitaires qui, pour beaucoup d'entre nous, nous braillent dans les oreilles, ni plus ni moins.

Une maladresse, semblerait-il, du Président Sarkozy fut de vouloir plaire tous azimuts à ceux et celles dont il espérait être “aimé”, d'où qu'ils viennent et quels que soient les moyens employés, que lui permettait le pouvoir dont il est encore investi. Du coup, le crédit dont il bénéficiait en fut entamé et son jouet fut cassé.

Car cette posture produisit d'étranges trajectoires de transvasements par ceux, des hommes en majorité, que j'ai appelés “les débauchés volontaires” de gauche, ex-maos pour la plupart, “allant devenant personnes âgées” (!), avec leurs oukases staliniennes...

Ainsi fut-il d'une radio publique, France-Inter.

L'“affaire Zemmour / Bilger” a pris des proportions juridiques extravagantes, puisque l'avocat général Bilger fut convoqué par un important Procureur, en regard des réactions provoquées par les propos de Frêche, Guillon, et un troisième sur  lequel je reviendrai un peu plus loin. De telle sorte que l'on est incités à se demander si cette convocation de l'avocat Bilger n'avait pas été suggérée par quelqu'un d'influent, décidé à avoir, “pour en finir”, la tête de Zemmour.

• Frêche : dans une émission de Guillaume Durand, Frêche s'est amusé, et nous a amusés, pour étayer sa position langagière délibérée, à tenir un petit discours assez pétillant de langue de bois politique dans un style littéraire digne d'un émoulu de khâgne. Nous étions pliés de rire !

• Guillon, que l'on qualifie, lui aussi, d'“humoriste” (!) et que l'on va même jusqu'à comparer à Desproges, Coluche... ce que tout auditeur et lecteur un peu civilisé trouvera fort abusif : il est tout à fait légitime d'être écœurés par son manque de réflexion, d'intelligence au sens premier de l'entendement grec, qui aboutit à une obscénité d'attaques sur le physique de sa cible, couplées par ses pétarades d'“imitations” sonores à vomir... Il n'est pas pour autant nécessaire de le poursuivre en justice. Laissons tomber, comme ce fut le cas pour Bigard.

• Le troisième, pour ce que j'ai attrapé au vol ces temps-ci, est par exemple un certain  Emmanuel Pierrat, jeune avocat très en vue, très “Café de Flore” conseiller municipal PS du 6e Arrt de Paris, invité le 8 février dernier par Pascale Clark - « Comme on nous parle » (!) -  sur France-Inter à l'occasion de la sortie de son dernier livre. Cet entretien est toujours accessible sur la toile, où l'on entendra ses clameurs enflées, fanfaronnes, sur le “secret professionnel”, le fameux “devoir de réserve”, tandis qu'il déballe publiquement ce qu'il pense de certains de ses clients, n'hésitant pas à faire montre de sa misogynie foncière quand il évoque une femme et d'un mépris irrecevable quand il parle de ceux qu'il juge, à leur attitude physique et à la forme de leur requête, malades mentaux. De plus, naturellement, comme c'est l'usage dans ce monde-là, que l'on appelle “bobo”, il s'offre la légion d'honneur suprême de n'avoir pas besoin de la psychanalyse, puisqu'il est, de par son métier, plus psychanalyste que Freud.

• De la même veine, il y en un quatrième, un écologiste réputé, Yves Cochet, qui persiste depuis des lunes à qualifier le Président de la République de “paranoïaque-obsessionnel” ! D'où sort-il ce diagnostic, de quel mentor “psy” ?

Il y a pourtant une différence radicale, entre ces-gens-là et Éric Zemmour, indépendamment des accords ou désaccords sur le fond de sa réflexion. Zemmour est, lui, intelligent, cultivé, lettré, il pense, observe, subjectivement comme chacune et chacun d'entre nous, et commente, mais uniquement sur les actes, fussent-ils actes de parole. Il est, de fait, impossible, impensable, de relever chez lui manque de respect envers autrui, moindre vulgarité, pas plus que dénigrement, injure, sur le physique, le moral, le psychisme...

Pour s'en assurer, il suffit de se reporter au petit billet matinal sur RTL, « Z comme Zemmour », qui a précédé de peu la “polémique”  actuelle, du 19 mars courant. Il n'est pas précisé sur la toile s'il faut lui attribuer personnellement le titre « Simone Veil icône du politiquement correct », à propos de la réception d'icelle icône à l'Académie Française, ou si c'est un intitulé chapeau, de même que la phrase “Simone Veil est la bonne conscience des Français”, puisque ces deux locutions n'apparaissent pas dans le texte de l'enregistrement. Tout une meute médiatique lui est tombée dessus, Judaïques FM en tête, dans des termes insultants d'ostracisme. Pourtant... que dit Zemmour, je cite,

[...]

Simone Veil n'est pas Marguerite Yourcenar, qui fut la première femme à entrer à l'Académie et un immense écrivain. Pas pour son style ni pour son éloquence non plus, Simone Veil n'est pas Bossuet.

[...]

On sait que si de nombreux génies littéraires n’entrèrent jamais quai Conti, Simone Veil ne sera pas la première Immortelle à ne pas avoir de talent littéraire. Elle y retrouvera d’ailleurs son ancien patron, Giscard, qui, lui non plus, n’est pas vraiment le Maupassant qu’il a rêvé d’être. Dans le passé déjà, l’Académie accueillit des politiques ou des prélats, et même des maréchaux vainqueurs de la première Guerre Mondiale. C’est d’ailleurs, avant tout, la survivante de la Seconde Guerre Mondiale qui est accueillie, la rescapée des Camps de la Mort nazis qui se releva pour vivre et avoir la carrière brillante que l’on sait. La victime de la folie allemande qui a su pardonner et tendre la main à l’ancien bourreau pour faire l’Europe et devenir la première Présidente du Parlement Européen élue au suffrage universel. C’est ainsi que l’époque aime à se raconter l’Histoire de ces cinquante dernières années, une vision sulpicienne de l’Histoire et de l’Europe que Simone Veil incarne parfaitement. En adoubant Simone Veil, c’est comme si l’époque s’autocongratulait, s’admirait elle-même, consacrait la nouvelle religion des Droits de l’Homme et de la paix par l’Europe. À la télévision, depuis plusieurs jours, c’est toujours la même image qui passe et repasse sans fin. Simone Veil à la tribune de l’Assemblée Nationale présentant son projet de loi sur la légalisation de l’avortement. Simone Veil la survivante, Simone Veil l’européenne, Simone Veil la féministe.

[...]

...en même temps les médias font de Simone Veil une sorte d’icône du politiquement correct, pourtant sa personnalité est bien plus complexe. Ainsi, il y a un an, le Président Sarkozy lui demanda de présider un Comité Constitutionnel pour intégrer le concept de diversité dans la Constitution. Ce nouveau concept devait légitimer les politiques de discrimination positive que le Président Sarkozy envisageait alors. Mais Simone Veil refusa cette modification de notre texte suprême pour ne pas remettre en cause le principe sacré de la république, l’Égalité. Curieusement, ce haut fait d’armes républicain n’est guère évoqué dans son éloge médiatique, on dit même qu’il fut à l’origine de la brouille entre elle et le Président. Le Figaro annonça ces jours-ci que Sarkozy n’assisterait pas à la Cérémonie d’Intronisation. Et puis, il se ravisa, ravala sa rancœur, on ne dit pas non à Madame Veil.

Zemmour pense cela - et il n'est pas le seul -, c'est son droit absolu, qui n'a sans doute pas plu au Figaro dont il est chroniqueur hebdomadaire. Bref, l'hypocrite barouf fut prestement recouvert par un second, national cette fois et tonitruant, de meilleure conscience encore.

à suivre...

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ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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