Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein • Lettre à une star

Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte

Samuel Beckett • « L'Innommable »

Cité en exergue au « Jargon de l'authenticité » par T. W. Adorno • 1964

Ø

Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Bertha Pappenheim
Micheline Weinstein • 17 juillet 2006
Lettre à une star

Deuxième suite à la réunion de bureau du 24 juin 2006

Paris, le 17 juillet 2006

Chère Star,

Tout d'abord, bon A.[nniversaire], avec un jour de retard, une telle date ne s'oublie pas.
Je ne t'ai pas appelée, mes derniers coups de fils n'étant, à ce qu'il m'a semblé, pas énormément bienvenus.
J'ai eu l'occasion d'apprendre la mobilisation de tes “fans” contre ma “personne”, quand Untel leur a, à eux et à des “non-fans”, présenté mon projet de “colloque” (titre provisoire), alors que je l'avais invité personnellement et lui avais demandé de ne pas faire de “pub” à ce sujet.
Sans doute, avec Unetelle, ont-ils pensé qu'en y participant, ils “m'aideraient” de leur notoriété... sinon je ne vois pas ce qui les a conduits à accepter mon invitation qui, de ma part, était désintéressée, je n'ai jamais rien attendu d'eux - ni, par expérience, de grand-monde. Je m'étais simplement dit qu'un travail sur la “responsabilité intellectuelle dans l'histoire” pourrait peut-être les intéresser.
J'aimerais, si tu as le temps, que tu lises sur notre site, la lettre que j'ai adressée à Untel, en réponse à leur attitude, avec Unetelle, lors de la réunion de bureau de notre association, convoquée pour commencer à mettre ce projet en place.
J'ai donc appris, à cette occasion, que tes “fans” étaient déjà au courant de ce projet, et que certains s'étaient élevés bruyamment contre ma “personne”. Sans doute ont-ils rattaché mon projet à notre réciproque désaccord de fond, et sur la psychanalyse, et sur l'impact éventuel de la Shoah dans l'histoire de ses concepts.
Ce projet, je le couve depuis plus de vingt ans, j'ai été sérieusement empêchée de le réaliser pendant tout ce temps, notamment pour une question financière, car c'est bien connu, avec l'argent les problèmes n'auraient pas existé.
En effet, je ne t'ai pas conviée - quitte à ce que tu m'aies répondu par un refus -, à participer à ce projet. La raison en est que, tout simplement, tu ne m'as jamais demandé de m'associer à tes travaux. Que tu m'en aies même tenue très à l'écart, je ne reviens pas dessus, c'est ton droit.
Ce qui provoque un peu la nausée quand des bruits de chioirs [Flaubert] parviennent jusqu'aux oreilles, c'est que l'“on” s'en prend immanquablement, exclusivement - tels les “Commères de Windsor” ou, style plus commun, les magazines dits “people” -, aux personnes, dans leur être, non à leur travaux, dont “on” dit qu'“on” ne les connaît pas, bien qu'ils soient publics et facilement accessibles. C'est cette posture, parler sans vouloir savoir, qui me fait, dans mes écritures, parler d'injure, d'indiscrétion intentionnelle, de calomnie sur les personnes, de bruits de chioirs.

Pour ce qui est de ma position par rapport à toi, j'avais trouvé qu'il était inutile de s'embrouiller mutuellement, sous prétexte que nous sommes en désaccord de fond sur Lacan, sa théorie, sa pratique, leurs résultats.
J'ai toujours respecté ta position en ce domaine, j'attendais simplement la réciproque. Contre quoi, les amitiés, les amours, les sympathies... sont possibles. Cela ne le fut pas, je l'ai regretté.
Nous ne sommes pas bâties sur le même modèle - la même “structure” - psychique, ça crève les yeux. Dans ces cas de figure, il est difficile de maintenir une relation solide qui ne tombe pas soit dans la perversité, soit dans l'étiolement. Pourtant c'est faisable, rarement.
D'autant que la médiation “psychanalyse / histoire”, extérieure à toute relation de transfert intrapersonnel, était commune, pour faire bref.
La rencontre n'a pas eu lieu, ce fut assez douloureux pour moi, compte-tenu de mon investissement dans cette double médiation.
Voilà, les choses sont toutes simples.
Là-dessus, je te souhaite un bel été, le plein de fruits de mer, d'océan et de parfums et... un peu d'ombre puisque la canicule est de la partie...
Je t'embrasse,

M.

Post-Scriptum de septembre 2006 • Presque 24 ans auront été nécessaires, exactement autant d'années qu'il fallut pour que soit publié le texte au miroir que Françoise Dolto avait rédigé sur ma demande en 1983 et qui s'oppose à Lacan sur ce sujet, pour que je réalise à quel point et avec quelle persévérance tu t'es employée à me nuire, souvent avec succès. Ce qui aurait donné raison à ce répulsif ouvrage négationniste sous-intitulé « Guérir sans Freud » et intitulé « Le livre noir de la psychanalyse », s'il s'était appelé « Le livre noir de psychanalystes ».



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ψ [Psi] LE TEMPS DU NON / 1989-2006
cela ne va pas sans dire