Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Adresses diverses

Micheline Weinstein

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Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte

Samuel Beckett • « L'Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object.
Samuel Beckett
• “The Unspeakable one”
Underlined in « Jargon of the Authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n'a le droit de rester silencieux s'il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l'âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.
Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

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ψ = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON s'adresse à l'idéologie qui, quand elle prend sa source dans l'ignorance délibérée, est l'antonyme de la réflexion, de la raison, de l'intelligence.

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© Micheline Weinstein  / 9 juin 2010

Adresses diverses

 Au journal « Marianne » le 06 juin 2010

Presque chaque semaine, je me dis que je vais me désabonner de Marianne, pourtant chaque semaine j'y trouve néanmoins un ou plusieurs articles excellents (selon l'adjectif de J. F. Kahn) de fond, ce week-end, comme dans Le Figaro de ces derniers jours, le dossier sur la poudrière maritime du Moyen-Orient.

L'article de Benoît Duteurtre sur Mahler est consternant de contre-vérités basiques et relativement incultes, en tous cas sur son évocation de l'unique visite de Mahler à Freud ; le seul ouvrage qu'il trouve à citer comme référence est celui de Françoise Giroud (bravo !) sur Alma Mahler, dont l'antisémitisme et la haine de la psychanalyse, apparentés d'ailleurs à ceux de la sœur de Nietzsche, ne sont plus à prouver, réduisant ainsi, comme toutlemomde, la personnalité et la vie du compositeur à des anecdotes d'ordre sexuel, privé, non vérifiées autrement que par Freud. 

Dans ce fatras, il y a de plus  confusion implicite sur l'homosexualité, dont il n'est pas précisé que, dans le chef-d'œuvre de Visconti, elle effleure, avec élégance, finesse, discrétion, celle dont souffrait, selon son propre dire, Thomas Mann.

En quoi “lepsychanalysteuntel”, “lapsychanalysteunetelle”, invoqués dans vos rubriques, justifient-ils leur intitulé, chacun, de “psychanalyste” ? Par quels commentaires passés au crible linguistique d'une étude du psychisme humain ? En quoi s'expriment-ils autrement que comme des journalistes ?  

Plutôt que de “communiquer” à tout-va, lâchant répétitivement des termes empruntés au vocabulaire de la psychiatrie ou à celui de la psychanalyse repris avec avidité par tous les béotiens de la terre, est-ce que Marianne voudrait bien flanquer la paix aux psychanalystes authentifiés par leurs contrôleurs - ou superviseurs, si l'on préfère l'anglicisme -, en les laissant continuer à travailler paisiblement dans la discrétion obligée de leur fonction ?

M. W..
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Émission de Frédéric Taddeï, « Ce soir (ou jamais !)  Magazine culturel » du 08 juin 2010

Où l'on entendit le très culturel Jean-Michel Ribes, confondant comme toutlemonde, beaucoup de psychanalystes y compris, la pulsion de mort, telle que définie par Freud, avec la pulsion d'agression, insister répétitivement et joyeusement enthousiaste, sur sa découverte sémantique d'une “pulsion de haine”, laquelle est justement nommée par Freud, à partir de l'étude de Sabina Spielrein, pulsion d'agression, pulsion de destruction.

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Post-Scriptum

Pour illustrer ce qu'il en est de la haine, ou encore de l'agression, voici un petit extrait des écrits de

Hilda Doolittle

Pour l'amour de Freud 

Préface de Élisabeth RoudinescoTraduit de l'anglais par Nicole Casanova et par Édith Ochs pour la correspondance entre H. D. et Bryher

« Je vous en prie, jamais - je veux dire jamais, en aucun moment, en aucune circonstance, n'essayez jamais de me défendre, si et quand vous entendez des remarques injurieuses sur moi et mon travail. »

[Feud] explique cela soigneusement. Il pourrait avoir donné ainsi une leçon de géométrie ou avoir démontré le cours inévitable d'une maladie une fois que le virus a pénétré dans l'organisme. Sur ce point, il semblait vouloir dire (comme si la courbe de température d'un patient était épinglée sur le mur devant nous) qu'au moindre signe d'une tentative pour contre-argumenter en ma défense, la colère ou la frustration de l'agresseur deviendraient plus profondes encore. Vous ne ferez pas de bien au détracteur en commettant la faute d'entreprendre une défense logique. Vous approfondirez seulement sa haine ou sa peur ou ses préjugés. Vous ne vous ferez pas de bien à vous-même, car vous exposerez seulement votre propre sentiment. Je considère comme garanti que vous ressentez un profond attachement envers mes découvertes, sinon vous ne seriez pas ici. Vous ne ferez de bien ni à moi ni à mon travail, car l'antagonisme, une fois qu'il a assuré sa prise, ne peut pas être déraciné à partir de la surface. Il se développe, d'une certaine manière, encore plus profondément à force de discussions enflammées et de remarques blessantes. La seule manière d'extraire cette peur ou ces préjugés serait de les attaquer de l'intérieur, d'en bas. Et comme naturellement ce type d'esprit plein de peur ou de préjugés esquiverait toute allusion ou suggestion à un traitement psychanalytique ou même, disons, à toute étude et recherche suivant cette ligne, vous ne pourrez pas atteindre la racine du mal. Chaque mot prononcé pour ma défense, je veux dire adressé à des individus déjà pleins de préjugés, sert à enfoncer plus profondément la racine. Mais si le sujet est contourné, l'agresseur pourra oublier sa colère - ou, plus tard, son inconscient pourrait trouver un autre objet sur lequel appliquer ses tentacules... C'était l'essentiel.

Dans nos conversations ensemble il utilisait rarement ces termes techniques dont on abuse plutôt maintenant, inventés par lui et encore élaborés par le nombre croissant de médecins, psychologues et neurologues qui forment le corps quelque peu redoutable de l'Association internationale de psychanalyse.

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ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
© 1989 / 2010