ψ = psi grec, résumé
de Ps ychanalyse
et i déologie.
Le NON de ψ [Psi] LE
TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie
qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance
délibérée,
est l’antonyme de la réflexion, de la raison,
de l’intelligence.
ø
© Micheline
Weinstein / Novembre-Décembre 2014-1er Janvier 2015
Cannevas pour un autoportrait
Commentaires de « Résistances à la psychanalyse »
Présentation
[Résumé des travaux, documents, références, passés, publiés
ou/et placés sur notre site depuis 25 ans, et en cours de mise à jour… On peut
y trouver également chaque nom de destinataire, cité ou évoqué ici, dans des
textes et les intitulés « Lettre ouverte
à… », datés]
27 novembre 2014
Reçu
par mail le courrier suivant,
bonjour,
je ne sais pas si vous
êtes toujours en recherche de travaux à relayer sur votre site, je viens de
mettre sur [mon site] un texte sur le déni de réalité auquel j’ai envie de
donner de l’audience. Si cela vous intéressait de le publier, je serais
d’accord. Je le trouve en prise directe avec l’actualité... laquelle ne donne
pas trop envie de rigoler...
Cordialement
Signature
auquel j’ai répondu brièvement, la vélocité
électronique ne se prêtant guère, sauf impondérable, aux échanges épistolaires
de fond. Je le complète aujourd’hui,
Chère ***,
J’ai lu votre texte, qui est un travail de
réflexion sérieux et approfondi, selon votre approche des concepts philosophiques,
ce pourquoi notre site vous a publiée à deux reprises en 2012.
Je dois toutefois vous préciser que, depuis
près de 30 ans, nous ne sommes pas “en recherche de travaux à relayer” :
les textes, les documents, se proposent d’eux-mêmes, nous laissant le loisir de
les relayer.
Or, pour ce qu’il en est des travaux de la
plupart des collègues, celles et ceux dont, dans ce même temps, j’ai suivi le
cheminement, je ne les relaie aujourd’hui que rarement, ces collègues n’ayant
jamais pris, ni la peine, ni la curiosité, de s’intéresser aux nôtres.
C’est ainsi que récemment, je n’ai pas été
davantage surprise que notre petite troupe professionnelle de théâtre, non-juive, ne trouve que peu d’écho chez celles et ceux
d’entre eux qui, dans les médias, dans les institutions publiques et privées,
se sont faits les “spécialistes” de la Vernichtung - anéantissement - des Juifs, celles et ceux
travaillant à divers titres auprès de l’aide à l’enfance, plus généralement
psychanalystes, historiens, philosophes, éducateurs, qui sont parents,
grands-parents, bientôt arrière-grands-parents, journalistes... Une majorité
conséquente de spectateurs, en trois mois de représentations hebdomadaires de
« À la bonne adresse », fut non-juive.
L’infantile ne connaissant guère de limites, et le contenu n’étant
manifestement pas une priorité, à notre proposition, il nous fut préalablement
et élégamment répondu par certaines institutions susceptibles de présenter ce
spectacle dans leurs auditoriums et bibliothèques : “Nous aussi, nous avons
déjà nos propres activités culturelles” ; d’autres, responsables culturels
dans les administrations françaises et étrangères : “Je n’ai pas le
temps.”
Notre troupe de baladins s’est attachée à
offrir un spectacle de qualité artistique saluée par tous des spectateurs, « Pour une pédagogie de la solidarité, à
l’intention des petits, grands, et vieux enfants ».
N. B. Entendre
“vieux enfants”, au cas où ce
n’aurait pas été clair : adultes, seniors, vétérans…, 2 montages, dont l’un adapté aux plus petits âgés de 8 à 12 ans, ayant été
réalisés.
Par contre Le GrandTOU fut consterné par l’absence d’intérêt, l’absence tout court, des non-spectateurs évoqués ci-dessus. Un aperçu de la qualité
de cette Lecture/Spectacle se trouve à https://fr-fr.facebook.com/LeGrandtou
Enfin, chère***, je rédige actuellement un
travail, le plus rigoureux que me le permettent mes moyens, intitulé « Résistances à la psychanalyse »,
locution qui, à mon sens, frôle la tautologie, et dont vous avez eu
connaissance du début par courrier ou par notre site, ce qui exige une “mise en
loge” de la pensée.
Bien à vous,
Micheline Weinstein
1er Décembre 2014
La traduction/interprétation d’extraits de
quelques textes de Freud portant sur les « Résistances à la
psychanalyse » est achevée. Aujourd’hui, par cohérence avec l’[mon] actualité, je commencerai ce canevas par les notes
et commentaires 3 et 4 de ce travail. L’ensemble des notes et commentaires
figure en fin de texte. Les intéressé/e/s éventuels pourront donc s’y reporter
latéralement lors de la lecture des extraits, indépendamment de cet écrit.
[Une courte incise, au sujet de la célébrité évoquée,
aujourd’hui partie visiter l’autre monde. Je l’ai côtoyée pendant plus de
trente ans. Je concevais envers elle et son histoire personnelle, de même
qu’envers chaque être humain rencontré, croisé, soit directement soit dans mes
lectures, le respect et la solidarité dont j’essaie à ma mesure de témoigner.
C’est pourquoi, je n’ai pas tu, étape après étape, ce que je pensais de ses
propos et agissements qu’elle ne manquait pas de disséminer largement en
public. Quand je l’ai écrit, ce fut exclusivement en ce que cela impliquait la
psychanalyse et la déportation (cf. sur notre site). Toutefois - ce n’est un
secret pour personne dans son vaste entourage -, avec le temps, sans que rien
n’altère mon estime, au-delà de ses traits de génie qui me sidéraient, ces
propos, ces agissements, ont fini par user la dilection que je lui portais.
C’est ainsi que je l’ai directement informée que je n’aurais pas aimé être dans
la même baraque qu’elle au camp et plus généralement, puisqu’une génération
entière nous distinguait, être sa fille.]
Or, si je compte encore
parmi les électrices, bien que l’intérêt pour la chose publique commence à
fatiguer, je ne suis pas dans ma 94e année, mais appartient à celle
d’une génération de personnes toujours en activité, dont les plus en vue de
tous horizons.
De temps à autre, des
idées saugrenues me traversent l’esprit. J’en ai collecté tout un chapelet.
Ainsi ce “mariage pour tous”. Tout d’abord, sur cette appellation de “mariage”…
mais laissons de côté la polémique. J’aurais plutôt préconisé le PACS
généralisé pour le monde laïc et ce, dans les mairies où
qu’elles se trouvent, et aurait conservé le substantif “mariage” à l’usage des
croyants dans les lieux de cultes, ce qui eût évité les embrasements… Cependant
et en annexe, oser avancer que la différence des sexes est une évidence, ne
serait-ce que par la morphologie, laquelle joue considérablement sur les
exigences pulsionnelles, expose à être taxée de “puritaine”, c’est-à-dire en
clair, sectaire, prude, pourquoi pas psycho-rigide ?
De “réac” par la gauche, de gauche par la droite, de “has been” pour une femme,
dont l’âge la rend inutilisable par l’intellect, les goûts et éventuelles
aptitudes humaines, puisqu’inutilisable sexuellement… ?
Je préconisais aussi, au
su de mon expérience professionnelle de la fraternité, de remplacer la devise Liberté-Égalité-Fraternité par Liberté-Équité-Solidarité.
J’ai maintes fois
entendu, tout au long de mon existence professionnelle, mais aussi très jeune,
venant de mon analyste lors de mon appel téléphonique pour une première prise
de rendez-vous sur coordonnées transmises par Françoise Dolto, éberluée, cette
interrogation : “Qui êtes-vous ?”, et me fut transféré par de “chers
et estimés collègues” (selon l’expression de Freud) particulièrement celles et
ceux que nous avions publiés, deux cents environ, de même que d’institutions ou
personnalités diverses, ceci : “Connais pas.”
Je bénéficie
semblerait-il, auprès de qui me “connait” encore (?), de la réputation d’avoir
tourné “à droite” : lire « Le Figaro », en diffuser largement,
comme ceux d’autres journaux en général, les articles que j’estime remarquables
(cf. en fin de texte), me vaudrait d’être soumise à une idéologie, autrement
dit de n’être pas susceptible d’une indépendance d’appréciation. Non seulement
je ne lis pas que « Le
Figaro », loin s’en faut et suis abonnée par Internet à une demi-douzaine
de quotidiens, hebdomadaires, mensuels mais, à l’écoute - ou si l’on “regarde”,
comme on dit à la TV -, de la plupart des revues de presse, on conviendra que,
quelles que soient les idéologies de leurs commentateurs, elles s’étayent,
solidement et parfois non sans hypocrisie, du « Le Figaro », dans
lequel par ailleurs il plaît aux politiques et aux intellectuels de tous bords
d’être invités à faire connaître leur personnalité privée, à donner leur avis,
à figurer avec photo.
Longtemps, je fus si fière
des personnes bienveillantes qui m’avaient sauvée bébé, ainsi que celles du monde d’avant-hier, particulières,
professionnelles, institutionnelles, des réseaux de clandestinité, puis après
guerre, en 1954 seulement, grâce aux démarches tenaces durant des années, de Else Schonberg, celles de l’Office National des Anciens
Combattants qui me fit Pupille de la Nation… …, et par dette envers elles, de
m’être accrochée à la vie…
Il y eut, dans les
décades qui suivirent la guerre, de nombreux suicides de déportés revenus, mais
aussi de jeunes que j’ai connus, fils et filles de déportés non revenus, pour
lesquels l’Histoire avaient rendu irréparable la perspective de continuer à
vivre… Le suicide de ces jeunes est resté tabou, aussi bien auprès des “psys”.
Ce monde d’avant-hier, les rencontres décisives ultérieures qui m’ont
façonnée, n’est plus. Les noms, un par un, sont autant d’offrandes gravées dans
ma mémoire comme on dit.
Revenons au saugrenu. La
féminisation des substantifs masculins, auteur-auteure par exemple, le maire-la maire (pourquoi pas, telle la duchesse, la
mairesse ?) laisse dubitative. Incitera-t-elle à la disparition du sexisme
? Ajouter un “e” à auteur fera-t-il, sexués, d’une femme un homme et
inversement ? Pourtant, si l’on en croît les Écritures, elles nous content
qu’Ève fut extraite d’une côte d’Adam d’où, semblerait-il, l’origine ancestrale
d’un vocabulaire issu du “genre”, avec en tête les injures, telles “con”,
“connerie” - de coñil au Moyen-Âge, “petit
lapin” (! cf. également à “chatte”)
-, “putain”, “fils de pute”, “salope”, “pétasse”… … … ?
Qui suis-je ?
Simplement quelqu’une qui, par héritage culturel à jamais insu, demeure coite
devant le mépris délibéré pour le
goût du savoir, ce vestige de la curiosité infantile.
Cela éclairerait-il le
fait qu’une Ministre de la Culture estime secondaire le goût de lire chez
soi ?
Slogans, anathèmes,
sigles, qualificatifs offensants, fusent à l’envi, contre qui ne pense pas
comme soi, n’agit pas comme soi, n’est pas un reflet de soi… médisances contre
Freud, Françoise Dolto, pour n’évoquer que deux noms remarquables, par des
intellectuels, parfois même psychanalystes et affidés, qui n’ont, excepté les
“potins” destructeurs où l’on trouve ce qu’on y cherche avec fougue, tout
simplement pas lu, encore moins étudié les textes, quoique, bravement, ils s’en
défendent.
Récemment, j’ai demandé,
par l’intermédiaire de l’un parmi ses amis, personnalité honnête bien que
médiatique (que j’avais publiée), à rencontrer Michel Onfray,
auquel j’avais écrit. Ni l’un ni l’autre ont daigné me répondre.
Prétendre, avec
suffisance, que l’on a lu tout Freud
quand on était jeune, aux propos de l’auteur qui les profère (et les écrit),
évoque l’adolescent qui aurait grappillé sur Internet un dictionnaire de
philosophie pour y trouver sa voie, n’y aurait retenu que des clabauderies
infâmes - on en trouve, râblées, des antisémites par exemple, chez Kant et
Hegel -, des concepts, sans se soucier de leur signification, isolés de leur
contexte.
Et puis ces gens traînent
leur bave… balancent haros et exhalaisons les plus faisandés… amalgament
allègrement la théorie de la libido et le vocabulaire de leurs propres
fantasmes pornos.
Quant à répandre en toute
ignorance délibérée, la délation
contre Dolto, est-il nécessaire de rappeler que, pendant et après guerre,
négligeant sa croyance religieuse, elle passa prendre lors de son repli en zone
libre, pour l’emmener avec elle, la Juive Sophie Morgenstern. Sophie
Morgenstern déclina l’offre et choisit de se suicider à Paris ; c’est
aussi elle, Françoise Dolto, qui mit sa pratique au service des enfants de
déportés juifs, dont je fus, ainsi que Georges Perec et combien de mômes restés
anonymes ; oser qualifier Freud d’“imposteur” et
pour faire bref, selon le calembour, Dolto de “Pétain en jupons”, ressemble à
s’y méprendre à du Faurisson ou, actuellement, à de
l’Aymeric Caron.
Voilà qui est et fait
dommage. Onfray dit des choses fort justes quand il
ne se mêle pas de se prendre pour un penseur universel apte à statuer sur des
sujets qui lui sont totalement étrangers, comme lui sont étrangers les Juifs,
l’itinéraire d’une psychanalyse personnelle dont il s’est gardé de s’engager.
10 décembre 2014
Ce devant quoi l’enfant
cachée devenue adulte, aujourd’hui antidatée, persiste à demeurer sans défenses est très simple : émanations de
personnes se réclamant de la psychanalyse à partir de ragots dont
l’informatique abreuve, la méchanceté, l’avarice ou, si l’on préfère, torsion
de l’économie libidinale fixée dans l’infantile, jalousie, rivalité, certains “ismes”, cynisme, snobisme... … … bref, autant d’une même
pathologie, de maillons d’une seule et même chaîne.
Devant aussi cette manie
qu’ont les intellectuels, pénétrés de lacanisme, d’écrire l’autre avec un grand
A, comme pour attester de leur pieux respect envers autrui. Serait-ce un
contresens, si l’on songe à l’agressivité, aux vœux de destruction, à
l’intrinsèque ambivalence amour-haine inconscients…
masqués par l’hypocrisie des bons sentiments ?
Peut-être ai-je mal
assimilé chez Lacan son concept d’Autre, avec le grand A. Il m’apparaît
néanmoins à l’opposé de la sublimation. Sans doute avais-je compris que
l’Autre, avec son grand A, relève de l’abstrait, de l’ordre symbolique, du lieu
de la parole, par extension de Dieu, des idéologies…
Plus récemment, j’ai
trouvé ridicule la question d’interdire les feux de cheminée dans les
appartements pour cause de pollution : pourquoi ne pas alors interdire les
barbecues à la campagne pendant les week-ends, jours fériés, vacances…?
Plus largement, pourquoi
ne pas interdire, établis sur le calendrier chrétien, les congés civils, les
commémorations, la terminologie, les mœurs, leurs suites logiques ?
Enfin, la consommation
effrénée, entonnées par les “communiquants” sous
prétexte de “répondre à la demande” (de qui ?) me rendent anorexique. Pour
exemples : coffret de 69 CD de Maria Callas, que la publicité, cynique
(l’argent), dédaigneuse des goûts de mélomanes envers les interprètes, chefs
d’orchestres, formations musicales, d’une pédagogie auprès d’auditeurs
potentiels n’ayant pas eu la possibilité culturelle d’y accéder, bombarde en
cette période de fêtes de fin d’année… ; orgies de
boustifaille à vous flanquer la nausée, quand la faim, dont celle de millions
d’enfants - l’avenir des peuples ! -, affiche son déshonneur de monde
civilisé, avec ses mille vaches claquemurées dans une ferme-usine…, etc.
Il était une fois, voici
presque quarante ans, un dialogue avec Françoise Dolto. Nous parlions du
“narcissisme des petites différences”. Le flux aidant, j’évoquai le fait que
nous vivions en France la plus longue période de son histoire sans guerre.
Peut-être serait-ce une bombe à retardement ? “Détrompe-toi”, me
répondit-elle, “la guerre couve partout, sous forme de terrorisme”.
L’infortune de notre
association fut que ses meilleurs auteurs, non estampillés par la chose
publique - donner à croire que l’énonciation de “classes sociales” avec leurs
étanchéités respectives est désuète, quel leurre ! -, avaient plus d’un
quart de siècle d’avance sur leur temps. La majorité des thèmes à la mode
aujourd’hui étaient déjà travaillés et faisaient alors, dès 1986, l’objet d’une
publication papier jusqu’à la mise en place de notre site Internet. Leurs
titres, jusqu’en 2006, figurent à l’adresse suivante,
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/archives/Inventaire.html
Les textes intégraux sont
disponibles sur demande.
Ils sont datés, j’en ai
dit la cause.
Les documents ultérieurs
sont directement publiés sur notre site.
Pour n’évoquer qu’un seul
exemple : Sade, commenté par Lacan en 1963, graphes à l’appui. Comme Saïd Bellakdhar l’avait déjà fait pour le Grand Mufti de
Jérusalem pendant la 2e G. M., pour la Dass…,
accablé par le succès dont jouissait post-mortem (et
jouit encore) ce marquis auprès des lacaniens et leurs disciples littéraires -
Sade, rappelons-le trouva sa liberté et son talent littéraire en prison -, Saïd Bellakdhar, en 1993, écrivit un texte dûment
documenté, qui ne laissait place à aucun doute sur la réalité incontestable,
des crimes de Sade (et de Gilles de Rais).
De mon côté, en 1992, mon
appréciation de Sade par Lacan fut publiée dans « Travaux
1967/1997 ».
Mes interrogations sur
l’enseignement de Lacan, que je suivais en parallèle avec attention, ne
parvinrent pas à trouver réponse. Qu’en était-il en effet d’une transmission de
la psychanalyse qui semblait privilégier le sophisme, la mathématisation de la
psychose et de la névrose, une théorie de la perversion élevée au faîte d’une
éthique, le plagiat - [sic] exemple anodin, Lacan : “Je prends mon bien où
je le trouve”, il ne s’en privait pas, c’est bien connu, depuis sa thèse en
1931 -, l’obscurantisme, l’éloge de la philosophie heidegerrienne,
toutes incitations antagonistes à l’itinéraire de Freud qui aspirait (rêvait
de ?) à ce que la psychanalyse, avec son vocabulaire propre, précis, soit
reconnue en tant que science de l’esprit… … ? En regard de ce que j’avais
perçu de l’épistémologie freudienne, les discours de Lacan laissaient planer un
malaise, une impression d’“unheimlich”, d’étrange
familiarité (traduction de François Perrier), qui commémorerait les temps
infantiles de la nature humaine ? Quelles autorisations délivreraient-ils
alors au déclenchement sauvage des instincts primitifs, à leur mise en
acte ? Où étaient donc passés la prévalence de la parole, l’inconscient
dont Lacan scandait qu’il était “structuré comme un langage”, formulation que
Perrier qualifiait de tautologie (cf. nos éditions, in « Petit glossaire des concepts freudiens appliqués à la clinique
selon François Perrier », la maîtrise
des pulsions en vue d’accéder à des conduites civilisées ?
Alors, quels lendemains
de tels discours sur la pratique analytique quotidienne auprès d’humains en mal
d’être ? Quels lendemains pour la transmission d’un style linguistique
savant, accessible aux seuls initiés, et qui, propagé par des personnages
soucieux de frimer dans des médias, introduit des termes conceptuels auprès
d’utilisateurs mal préparés, non curieux, lesquels les répètent ingénument sans
en avoir vérifier ni le sens ni la teneur sur Internet ? Cela ne
contribue-t-il pas, dans la vie courante, à produire un imbroglio dans lequel permutent alternativement la langue de la sphère privée et
celle de l’exhibition publique ?
Freud et son entour
fidèle étaient intransigeants - était-ce par tradition culturelle
héritée ? -, venant des psychanalystes en tous cas, quant à la retenue
nécessaire pour que ne soient pas livrées leur vie intime et ses dérisoires
foutaises humaines à l’étal public. Autre chose étaient les réunions
professionnelles entre analystes en exercice et candidats au métier d’analyste
(cf. par exemple les « Minutes de la Société psychanalytique de
Vienne »).
Sur la place publique, le
privilège de l’indiscrétion était réservé, selon Freud, aux artistes,
écrivains, aux œuvres de fiction qui pour notre plaisir émaillent le réel,
fruits d’un imaginaire singulier qu’il est stupide de vouloir psychologiser, auxquels seuls incombait la liberté
naturelle d’indiscrétion (ex. Schnitzler).
Autre chose est l’analyse
de l’humain, fût-il artiste.
C’est tout simplement la
raison pour laquelle Freud, puis ses légataires, s’opposaient (en vain) à la
publication de la correspondance privée, nourricière de salacités. Ainsi les
échanges on ne peut plus intimes entre
hommes avec Ferenczi où nous lisons quelques fadaises de Freud sur les
femmes, sans d’ailleurs épargner la sienne.
Quant aux fantaisies de
Freud sur les identités de Shakespeare et de Moïse, je les ai évoquées dans
plusieurs textes pour conclure que, comme le disait Charcot des hystériques,
son Moïse n’empêche pas les Juifs, en tant qu’entité, d’exister (cf. Freud,
« Le roman familial des névrosés »).
C’est pourquoi la musique m’est
indissolublement liée au mélodieux nom de Muses, à l’“art d’harmoniser les sons”, de telle sorte que je suis incapable de désigner par
musique toute espèce de brouhaha, surtout quand son rythme est à deux temps, boum-boum, indéfiniment assené sur la tête et dans les
oreilles sur des instruments hors de prix, des sonos amplifiées de batterie qui
rendent sourds !
Peut-être alors suis-je “réac” (et, en
prime ces dernières années, “sioniste” !) ? Car rétive à ce qui exempte de penser, de se servir de
ses mains autrement que pour tapoter convulsivement sur des ustensiles
informatiques, à l’accélération frénétique qu’ils imposent aux
rythmes biologiques et, malgré leurs bienfaits manifestes, font artificiellement
de nous des dyslexiques, dysorthographiques, maniaques, des sourds, rétive à la
surabondance d’images qui vous éclatent à la figure, vous gavent à profusion de
réel, à en perdre le sens de la métaphore.
Pauvre tête, seul patrimoine auquel je ne
permets à personne, pas même un coiffeur, de toucher… et chaque fois que cela
me revient à l’esprit, c’est avec une pensée solidaire pour la voix d’Antonin
Artaud le décalé en 1947 lors de « Pour en finir avec le jugement de
Dieu » : “Et c’est alors que
j’ai tout fait éclater parce qu’à mon corps on ne touche jamais.”
La photo de mon père, Shlomo (prénom de naissance de Freud) figure
déjà sur notre site.
Si bien que la chaîne des signifiants, via les noms propres, attisa ma
curiosité.
D’après les Renseignements Généraux, n’a
subsisté aucune trace de ma mère, excepté son lieu de naissance, Tiraspol, et
les prénom et nom de mes grands-parents maternels. Grand-mère maternelle :
Bloom (Fleur) Gingins, patronyme qui serait d’origine
germanique. N’apparaît dans mes recherches qu’une seule référence au nom de Gingins et sa généalogie. Gingins une jolie localité située dans le canton de Vaud en Suisse, avec son château et
son église du XIIe siècle (à vendre), son musée romand de la machine
agricole depuis le XVIIIe siècle. La généalogie de la famille Gingins de la Sarraz mentionne une dame Stein ; grand-père
maternel : Simon Fuxman, rien d’autre.
Grands-parents paternels : Génia Kreitchman et Mosché (Moïse) Weinstein. D’après mes recherches en Israël
auprès de personnes qui les avaient connus en Russie au début du XXe siècle, mon grand-père, Moïse donc, aurait été, à Yalta et à Istanbul,
Président du Joint - Joint Distribution Committee,
fondé en 1914 pendant la 1re G. M, et longtemps, seule institution
internationale juive laïque.
Mais ces nobles et rares documents épars
sont beaucoup trop aléatoires pour permettre à une héritière de la déportation
des Juifs de France, qui n’a pas eu le temps de bénéficier d’un imaginaire et
dont le patrimoine mémoriel remonte seulement à 1941, de s’inventer un “roman
familial”.
Je reprends mon pensum biographique. À
l’adolescence, je suis allée de moi-même, directement cette fois, à la
rencontre de Françoise , puis j’ai travaillé à ses côtés (cf. sur notre
site). Elle fut une amie et une préceptrice inaltérables pendant 40 ans,
jusqu’à son départ en 1988. C’est à elle que j’ai demandé un nom d’analyste
pour entreprendre une analyse personnelle. Mon Mémorial figure, avec des
documents originaux et dans plusieurs textes, sur notre site.
Un incident de parcours, qui témoigne du respect dont témoignent réciproquement quelques de nos collègues : sans en être informée, j’eus la surprise de découvrir, lors de la publication en 2005 du deuxième tome de la correspondance de Françoise Dolto chez Gallimard, que sa lettre/texte manuscrite, qui m’était nommément dédiée en 1983 et que, puisqu’elle ne pouvait se déplacer, j’ai lue à Marseille en fin de ma conférence « De l’embryon à l’homme, la conquête du monde » devant les groupes Balint du sud de la France, était, dans une note de la responsable d’édition, qualifiée de “viatique”.
Cette lettre de Françoise Dolto, qui est une critique du “Stade du miroir” de Lacan [F. D. écrit en ouverture qu’“il se trompe”], n’a intéressé personne.
La lettre manuscrite et ma conférence firent d’abord l’objet d’une édition papier en 1983 puis d’une publication sur notre site dès 1989.
Pour mon contrôle, j’ai choisi celui que
je considérais, outre Dolto, comme le meilleur clinicien que la France ait
connu, François Perrier, et ai ainsi encouru la désapprobation verbale
extrêmement, pour rester polie, déplaisante, de mon analyste, assise jusqu’à sa
disgrâce, mais seulement à la gauche, du Maître (Lacan).
Qu’écrit Perrier de François Dolto (in « Petit
glossaire… ») ?
C’est
toujours à elle qu’on s’adresse quand on s’aperçoit que quelque chose du côté
du corps n’a pas été théorisé. Il faudrait retravailler Dolto au-delà du Cas
Dominique, au-delà de tout ça. Enfin, c’est toujours à elle qu’on s’adresse et
on s’adresse en même temps à une femme. Si je voulais caractériser le style de
Dolto dans ses thérapies et analyse d’enfants,
je dirais qu’elle est toujours dans la
métaphore. Ce qui permet en effet aux petits enfants, non pas d’avoir un
corps pour remettre en jeu cette question, mais pour ne pas eus par leur corps.
N. B. En italiques, c’est moi qui souligne.
Née dans l’obligation de sépulcral
silence, exclue de parole par le monde extérieur (“on”), j’étais sidérée à
l’écoute d’interprétations d’analystes consternantes de sottise. Un exemple, la
réponse agacée d’une collègue devant mon affliction après sortie inepte de mon
analyste : “Laisse tomber !” Ce à quoi, quasiment commotionnée,
j’ai répliqué : “Certainement pas, avec le prix - exorbitant - dont sont
honorées ses séances, une analyse me coûte l’achat d’un appartement dans
Paris !”
Il est évident que mon appréciation de
Lacan, depuis 1967 - [en juin, lors de la guerre des six jours en Israël, je
n’avais écrit qu’une phrase, “Qu’on rende leurs territoires aux Palestiniens et
qu’on n’en parle plus”] - à partir de documents et de propos tenus à ses
séminaires, à commencer par ses louanges à Jung et sa proximité avec Heidegger,
dont j’étais alors occupée à établir, terme à terme, une analogie entre son
Discours du Rectorat et quelques passages éclairants du Mein Kampf d’Hitler, n’a guère favorisé l’“empathie” (ah,
l’empathie !) de mon environnement, pas plus que, dans l’une des fameuses
corpos analytiques, l’autorisation d’exister… Je ne suis de loin pas la seule à
avoir eu droit à la trappe. Ex. Une égérie de ce milieu me prévint que si je
n’aimais pas Lacan, elle ferait tout pour me [sic] “descendre”, dont acte…
Hélas, j’avais eu l’imprudence de lui confier que je ne haïssais pas Lacan
puisque je ne l’aimais pas…
Revenons à Freud. Tout savoir de la vie
sexuelle de Freud, de ses espoirs et déceptions, des causes réelles de
dissensions transférentielles dans le mouvement analytique, avec et entre ses
élèves, ses (parfois faux) amis, ses correspondants est parfaitement
accessible… Dans sa volumineuse correspondance publiée, sans son autorisation
ni celle de ses légataires, Freud évoque honnêtement l’évolution de sa
sexualité. Ainsi, nous pouvons y lire les raisons pour lesquelles, par exemple,
les potins jouissifs répandus sur une liaison avec sa belle-sœur ne sont
que médisances d’ignorants délibérés.
Il en est de même, par ailleurs, des potins
destinés à faire plaisir aux mouvements homos, quant à une homosexualité
effective d’Anna Freud, lesquels invalident grossièrement, sans la moindre
critique digne d’être travaillée, la théorie de la bisexualité
biologique originelle du “genre” humain, son évolution anatomique, laquelle différencie le physique de la fille et du garçon avec son incidence réelle sur leur psyché respective. L’humain est “aliéné par son anatomie en tant qu’il est de toutes façons repéré comme tel”, selon Perrier.
Quant aux dissensions et leurs motifs, ils
se trouvent, soigneusement décrits, dans les œuvres complètes de Freud, pour
n’en citer que trois, par Ferenczi, Schur, Bernfeld… De telle sorte qu’aujourd’hui, la SPP et ses antennes, reconnues d’utilité publique, assurant
une formation théorique, technique et clinique - autrement dit thérapeutique -, serait seule habilitée
à authentifier l’intitulé et la fonction du Psychanalyste,
ce qui mettrait fin aux “autorisations de soi-même” prônées par Lacan,
lesquelles permettent à tout un chacun, non professionnel, de s’auto-nommer “psychanalyste”, en même temps que d’utiliser
le nom propre de Psychoanalyse, créé
par Freud l’année de la mort de son père, sans aucune gêne ni considération
pour son auteur. Bien que, comme dans toute société humaine, la SPP ne puisse hélas garantir la pratique et les conduites
de ses anciens élèves, une fois authentifiés par l’institution.
La psychanalyse et sa terminologie, grâce
à l’influence de la multinationale lacanienne (avec son staff de “Cartels”)
auprès des médias, liée au pouvoir de l’argent et des coteries, analogues à
toutes les autres, sont devenues en France un objet qui ne prétend à nul service,
qui ne sert à rien ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa
création n’a pas été dictée par un besoin, c’est-à-dire un gadget (CNRTL) pour qui n’est pas sensible à l’étymologie ou recherche du vrai.
Pourtant,
la base d’une étude approfondie sur ce thème des coteries, intitulée Deux unités artificielles : Église et
Armée, est accessible depuis 1921, dans la « Massenpsychologie und Ich-Analyse » - « Psychologie des
masses et analyse du Moi/Je ».
Un
exemple : après avoir recyclé, épuisé jusqu’à la trame, le terme de
“paranoïa” à tout bout de champ, les médias, pour rendre compte du concept de
clivage, se jettent, en toute ignorance délibérée, sur celui de “schizophrène”.
Or, un système, les personnages qu’il anime, qu’il manipule, relèvent, non du
morcellement dans la schizophrénie, mais du clivage chez le pervers.
Pourquoi, dès 1967, ai-je été stupéfiée du déni de la théorie freudienne, par
les propos tenus, écrits, de Lacan, enrichis
de calembours limites envers la personne de Freud, dont on dirait
aujourd’hui que ses affidés les ont “zappés” (Faire disparaître quelqu’un ou quelque chose de son champ de vision,
cesser de lui accorder le moindre intérêt) ? Les lectrices et lecteurs intéressés en trouveront les motifs sur
notre site. Je n’en reproduirai ici que trois
extraits,
1938
Le sublime hasard du génie n’explique
peut-être pas seul que ce soit à Vienne - alors centre d’un État qui était le
melting-pot des formes familiales les plus diverses, des plus archaïques aux
plus évoluées, des derniers groupements agnatiques des paysans slaves aux
formes les plus réduites du foyer petit-bourgeois et aux formes les plus
décadentes du ménage instable, en passant par les paternalismes féodaux et
mercantiles - qu’un fils du patriarcat juif ait imaginé le complexe d’Œdipe.
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/commentaire.html
[D’autres exemples, raillant Freud et certains concepts
freudiens, notamment celui de la structure œdipienne, figurent dans ce
commentaire de 1998.]
À la
suite d’anthropologues, dont Claude Lévy-Strauss,
l’existence de l’universalité de l’Œdipe selon Freud
dans d’autres civilisations, fut contestée et l’est encore par certains
auteurs, censés “l’avoir tout lu”. Félicitations ! À mon grand âge,
j’estime devoir encore lire, relire et étudier Freud, ne serait-ce que pour
mettre à jour ma faculté de réfléchir et ainsi de faire assez régulièrement le point sur le développement de
mes propres hypothèses…
Freud a établi la structure œdipienne
à partir de la mythologie grecque, plus précisément dans le théâtre de
Sophocle. Or, le mythe selon Freud, ne représente que le support de la fonction
du symbolique :
Les mythes sont des satisfactions
symboliques dans lesquelles le regret de l’inceste s’épanche. Ils ne
constituent pas la commémoration d’un événement.
Freud
L’Œdipe et le
symbolique ne concernent pas la psychose, Freud insiste sur ce point, ils
appartiennent à la seule névrose.
Le sujet vaut d’être approfondi. L’Œdipe,
soit “le désir de l’enfant de coucher avec sa mère” (Diderot), ses substituts
si la mère manque ou si l’évolution de l’enfant est confiée à une tierce
personne, serait-il donc étranger, encore actuellement, dans certaines
populations africaines, chez des enfants dont le sevrage ne s’effectue qu’à
l’âge de 4 ans ? Les conséquences de l’Œdipe sur
la psyché de l’enfant seraient-elles d’un domaine radicalement étranger à
la sexualité ?
Mais revenons à Lacan.
1967
Jacques Lacan
Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de
l’école
[J’ai mis l’essentiel à mon sens en italiques]
Avant d’être un problème à proposer à
quelques cavillations analytiques, ma position de chef d’École est un résultat
d’une relation entre analystes, qui depuis dix-sept ans s’impose à nous comme
un scandale. Je souligne que je n’ai rien fait en produisant l’enseignement qui
m’était confié dans un groupe, ni pour en tirer la lumière à moi, notamment par
aucun appel au public, ni même pour trop souligner les arêtes qui auraient pu
contrarier la rentrée dans la communauté, laquelle restait pendant ces années
le seul souci véritable de ceux à qui m’avait réuni une précédente infortune (soit la sanction donnée par les soins de
Mademoiselle Anna Freud à une sottise de manœuvre, commise elle même sous
la consigne que je n’en sois pas averti). […]
C’est l’avènement, corrélatif de
l’universalisation du sujet procédant de la science, du phénomène fondamental,
dont le camp de concentration a montré l’éruption. Qui ne voit que le nazisme
n’a eu ici que la valeur d’un réactif précurseur. La montée d’un monde organisé
sur toutes les formes de ségrégation, voilà à quoi la psychanalyse s’est
montrée plus sensible encore, en ne
laissant pas un de ses membres reconnus aux camps d’extermination. Or c’est
là le ressort de la ségrégation particulière où elle se soutient elle même, en
tant que l’I.P.A. se présente dans cette
extraterritorialité scientifique que nous avons accentuée, et qui en fait bien
autre chose que les associations analogues en titre d’autres professions,
proprement parlé, une assurance prise de trouver un accueil, une solidarité,
contre la menace des camps s’étendant à l’un de ses secteurs. L’analyse se trouve ainsi protéger ses
tenants, d’une réduction des devoirs impliqués dans le désir de l’analyste.
Nous tenons ici à marquer l’horizon complexe, au sens propre du terme, sans
lequel on ne saurait faire la situation de la psychanalyse. La solidarité des
trois fonctions majeures que nous venons de tracer, trouve son point de concours dans l’existence des Juifs. Ce qui n’est
pas pour étonner quand on sait l’importance de leur présence dans tout son
mouvement.
1974
Intervention
de Jacques Lacan au Congrès de Rome
Que la femme soit l’objet “a”
de l’homme à l’occasion, ça ne veut pas dire du tout qu’elle, elle a du goût à
l’être. Mais enfin ça arrive. Ça arrive qu’elle y ressemble naturellement. Il
n’y a rien qui ressemble plus à une chiure
de mouche qu’Anna Freud ! Ça doit lui servir !
3 décembre 2014
J’ai assisté aux
séminaires de Lacan dès l’âge de 23 ans, je l’ai personnellement rencontré à
trois reprises pour lui dire ce que je pensais.
Dans sa pratique - aux
dires de ses analysant/e/s, de ses élèves et de leurs conduites -, une
impression étrange est restée sans réponse depuis, du fait qu’il avait évacué
de la psychanalyse les piliers fondamentaux, c’est-à-dire - a) l’analyse des
rêves et - b) la sexualité, donc à sa suite l’évolution de la libido (cf.
métapsychologie, coexistence de la pulsion sexuelle et de la pulsion du moi - Je, Ich en allemand -, voire leur
opposition). Il est vrai que détricoter, décomposer ces deux phénomènes exige,
de la part de l’analyste, une patience infinie bienveillante, un long
compagnonnage de travail ardu avec l’analysant/e…
Cet abandon, mais c’est
mon seul point de vue, ne fut pas pour rien dans les slogans débridés de 68 et
de son après, qui délivra une sorte d’affidavit à nombre de psychanalystes pour
lesquels la pratique psychanalytique n’avait plus rien de commun avec la
psychanalyse de Freud.
Outre la rédaction de
mes propres travaux, dont des traductions, j’ai écrit réflexions et
commentaires des dires et théories de Lacan sur 30 ans, dans un livre publié
par notre association en 1987, parfaitement dédaigné par mes contemporains
d’hier et d’aujourd’hui, que j’augmente depuis 27 ans. Pour comprendre les
“mathèmes” (?) et autres supports scientifiques de Lacan, j’ai travaillé les
mathématiques, la physique, la cybernétique et tout ce qui plaira, avec
François Le Lionnais. Et aussi les algorithmes, chers
à Lacan, bien utiles aujourd’hui en annexe pour comprendre le nouveau programme
d’enseignement légiféré par la Ministre de l’Éducation nationale ! Des
algorithmes pour analyser l’inconscient ? Par sigles, formules
mathématiques, calculs, sans oublier l’apport original du Maître : les
“nœuds” (j’épargne ici ma remarque plutôt rabelaisienne, non audible par les
enfants et décentes oreilles, à propos d’iceux lors d’un colloque) ?
Côté transmission, la pratique psychanalytique, depuis la mort des
derniers authentiques freudiens, s’est peu souciée de pédagogie, ne s’est guère
attardée sur l’enseignement primaire qui, depuis près d’un demi-siècle, a
privilégié les méthodes globales, c’est-à-dire la captation d’ensembles, les
images, les sigles, habituant les jeunes générations à une mésestime pour la
grammaire, dont la connaissance minimale permet de savoir à qui et à quoi l’on
s’adresse…
Avec l’avènement de
l’informatique et de son usage, par simple dérision devant ce que j’appelle
des “pilleurs de troncs”, je date consciencieusement mes travaux depuis leur
début, en 1967, ainsi que ceux de tous les auteurs de notre site.
L’on voudra bien m’excuser
de ne m’être pas mariée, mon rythme singulier n’ayant pas permis d’administrer
une maisonnée, ni au plan privé, de satisfaire aux besoins réguliers d’un
partenaire. Ce à quoi j’aurai occupé ma vie ne m’en aura pas laissé le temps.
Si bien que je suis littéralement invivable au sein d’un collectif.
Par contre, au cours de
mon exercice professionnel et à mon insu, possiblement par la grâce d’une
troisième oreille, mon contre-transfert échelonné a produit à ce jour 48
nouveau-nés, pour la plus grande part non-juifs. Les
plus anciens sont aujourd’hui parents de jeunes adultes. Sans doute cet insu
désirait-il réparer l’assassinat des enfants, avec ou sans identité, et les déjà ou à venir mères dans les chambres à gaz.
Ce que Freud analyse en
tant que narcissisme des petites
différences témoigne de la pérennité de l’ancrage, dans le collectif, de la
structure œdipienne chez l’humain individuel, de sa nature laquelle, par
définition et quelles que soient les tentatives d’en théoriser une refondation
radicale, ne change pas, à moins de croire en une métempsychose, non plus des
âmes, mais des corps. La base du narcissisme des petites différences, à partir
des pulsions inhérentes, s’inscrit d’abord dans la structure de la
famille : plus on est proche, plus se fantasment, et souvent se
manifestent, voire se mettent en actes et en paroles, jalousies, rivalités,
vœux meurtriers…, fixés dans l’infantile, lesquels
perdurent tout au long de la vie, engendrent les guerres, internes et externes…
Lesquelles familles font alors bloc quand il s’agit de vouer quelqu’un aux gémonies…
Il n’est manifestement pas facile aux humains de renoncer à satisfaire
leur prédisposition à l’agressivité ; ils ne s’en portent pas mieux pour
autant. Il faut se garder de traiter par le mépris [le déni ?] la prédominance de sphères culturelles restreintes,
lesquelles ouvrent la voie à la satisfaction de la pulsion d’agression envers
toute personne qui lui est extérieure. Il est toujours possible d’unir les uns
les autres, par des liens d’amour, une considérable masse de personnes, à la
seule condition qu’il en reste d’autres en dehors d’elle pour recevoir les
coups de boutoir de l’agressivité. Je me suis occupé jadis de ce phénomène,
selon lequel ce sont précisément les communautés adjacentes et même apparentées
qui en décousent et se ridiculisent réciproquement ; par exemple Espagnols et
Portugais, Allemands du Nord et du Sud, Anglais et Écossais, etc. Je l’ai
désigné par « Narcissisme des
petites différences », nom qui ne contribue guère à l’éclairer. Nous
pouvons cependant considérer cela comme une satisfaction pratique et
relativement inoffensive du penchant à l’agression, grâce à laquelle la
cohésion de la communauté est rendue plus facile à ses membres.
[N. B. M. W. Ajoutons, autres
exemples, tels nombre de Sépharades envers les Ashkenases,
de déportées revenues, dont l’une fût-elle psychanalyste, envers les filles de
déportés, des institutions et personnalités entre elles, des enfants de
déportés entre eux.]
Bref, tout le monde se comporte comme il est de coutume dans la
plupart des familles.
Quant à nombre de psychanalystes, en groupes fermés ou
individuellement, ils ne se distinguent guère, qui privilégient leur Moi/Je,
leur place prioritaire dans le social, leur mode de vie personnel, toisent
leurs contemporains, fussent-ils collègues, avec condescendance comme ils le
font envers des présumés malades, sont, identifiés à leur maître à agir et à
ses adeptes, pédants, parangons de la litote, avares pathologiques (par
exemple, un tic, emprunté à Lacan : oublier de se munir de sa carte bleue
ou de son chéquier lors de sorties communes au restaurant)…
Sont-ils analysés ces gens-là, qui n’écoutent qu’eux-mêmes par le
filtre de la voix de leurs maîtres, lesquels font fonction de grand A, pour
lesquels il n’y a pas de petit autre ? Comment peuvent-ils écouter,
transmettre quelque chose d’une éthique à leurs analysantes et analysants,
lesquels à leur tour, un/e par un/e, devenus analystes ou non, pour celles et
ceux ayant simplement réussi à façonner leur vie selon leurs qualités
personnelles, insuffleront à leur entour le désir d’une conduite civilisée, sur laquelle repose l’œuvre
de Freud ?
Y aurait-il un regain de tant de violences, de sauvagerie, dans les
discours et dans les actes, si la dite illusoire “communauté” psychanalytique
s’était souciée d’acquitter sa dette envers Freud pour, au moins, essayer
d’apporter son écot à un projet de civilisation ?
Ah ! Le “devoir de
mémoire” (!) expression baroque, admettons inadéquate, d’un Primo Levi au
retour du camp, encore utopiste. La mémoire, cette qualité exclusivement
individuelle qui ne saurait s’enseigner, participe-t-elle d’un devoir ? Ou
s’entretient, se cultive-t-elle ? Autre est la transmission de l’histoire, en famille, à l’école, dans
les homes d’enfants, qui laisse à chacun/e de montrer ou non ses réactions
émotives. Ainsi, c’est au nom du “devoir de mémoire” plutôt que de l’histoire que l’on érige en dur des
« Mémoriaux », appose des plaques commémoratives, organise des
colloques, produit des films… ; si l’on considère que la mémoire appartient à
la psyché collective… nous assistons alors, navrés, à la vanité de cette
espérance.
Quoique vous disiez,
pensiez, agissiez, tentiez, rien ne sert à rien, “ça” insiste, “ça” persiste.
Prenons pour exemple l’antisémitisme.
L’antisémitisme, au même titre que la jalousie irrépressible et l’avarice, est
à mon sens comparable à une pathologie grave, inguérissable, indéracinable.
Vous dites, même en passant, que vous connaissez bien, d’expérience vécue,
l’antisémitisme : vous êtes grossièrement traitée, surtout si vous êtes
femme, par la vox populi, de
“paranoïaque”, sans d’ailleurs que les locuteurs aient la moindre idée de ce
que signifie, au plan clinique, une paranoïa, excepté nombre de spécialistes de
la psyché, lesquels se joignent sans aucune gêne au vocabulaire de cette vox populi, qu’ils ont eux-mêmes
enseignée en le répandant dans les médias.
Car la vox populi abrite en son sein des “zélites” pensantes, intellectuelles, professionnelles, de
toutes appartenances. Aussi bien juives, celles dont on déplore une “haine de
soi”, autre expression approximative. Plutôt que “haine de soi” je traduis “Judenhass” par “haine de sa ou ses lignée/s”, au su, à
l’éprouvé, au vécu, de plus de 2 000 ans d’histoire des Juifs, par besoin
harassé de se faire accepter, convertir, d’en finir de porter ce poids maudit,
qui les stigmatise.
Freud se reconnaissait
Juif, sans la moindre concession. On attendait qu’un jour, il développe son
assertion. Or, jusqu’en 1939 à Londres, l’on fut déçu. Il n’y a rien à
expliciter, ni par l’historiographie, ni par la sociologie, pas plus que par
une biographie, personnelle ou autorisée, puisque, tout simplement, d’origine, “ça s’est trouvé comme ça”.
8-9 décembre 2014
Cet état second est le contraire du narcissisme car il suppose à la
fois un oubli de soi-même et une très forte concentration, afin d’être réceptif
au moindre détail. Cela suppose aussi une certaine solitude. Elle n’est pas un
repli sur soi-même, mais elle permet d’atteindre à un degré d’attention et
d’hyper lucidité vis-à-vis du monde extérieur pour le transposer dans un roman.
Patrick Modiano, Stockholm, 7 décembre 2014
Que trois des sœurs de
Freud, mentionnées dans des ouvrages d’auteurs français, négationnistes, tièdes
ou de bonne foi, aient été assassinées par les nazis, de même que la
dislocation effroyable d’un monde jusque-là perçu comme civilisé, avec ses conséquences sur la psyché individuelle et
son extension en héritage sur le collectif, ne semblent guère avoir ému la
psychanalyse française “spécialiste” de la déportation des Juifs.
Si j’ai dit et redit,
écrit et réécrit, qu’une quantité raisonnable d’intitulés psychanalystes se
réclamant de Lacan n’ont pas été analysés, c’est que je l’ai croisée de
l’intérieur, approchée, écoutée, vue agir, et en ai côtoyé quelques-un/e/s
dans le privé. Plusieurs, sur un ton badin, l’on déclaré ouvertement, ornant
leur propos de cette boutade, fruit de leur expérience : “Les théories lacaniennes sont inapplicables
au plan thérapeutique.”
D’où la question :
qu’en est-il de leur pratique thérapeutique que, contrairement aux potins
d’arrière-boutiques, Freud n’avait cessé de ciseler jusqu’en 1937, deux ans
avant sa mort (cf. ci-joint, « Résistances à la psychanalyse »,
extraits de Constructions dans l’analyse) ?
Nous avons toutes et tous
fait le triste constat, quand la jeunesse et la maturité nous ont lâchés, mais
parfois aussi après un choc émotif d’une grande violence, de l’évanouissement
de ce qui constitue la pérennité du désir, de l’enthousiasme, des illusions
perdues d’avance… et, cela arrive quelquefois, de la mémoire, pour peu que
l’enveloppe charnelle survive trop longtemps grâce aux progrès de la médecine.
L’amenuisement, voire la disparition biologique de la sexualité, dont la
perspective terrifie tant d’hommes (cf. « Au-delà
de cette limite votre ticket n’est plus valable », de Romain Gary),
peut alors laisser place à une partielle ou totale indifférence. Freud, en
témoigne qui, dans les dernières années de sa vie, note sa lassitude pour la
pratique thérapeutique individuelle, ne s’attardant qu’à peine, dans sa
correspondance privée, sur les conséquences physiologiques du cancer qui
l’émiette, sur la douleur physique qui entrave sa pensée, sur la surdité qui
l’isole, sur la déchéance du corps…
Pour en revenir à nos
contemporains lacaniens et à leur pratique, évidée de son noyau à composite
d’origine et dont Freud a patiemment construit le fondement d’un ensemble
structuré de la psyché, nommément le rêve et la sexualité infantile, en 1953
déjà, au cours des furieuses guerres intestines et assassines entre personnes
et institutions, Rudoph Loewenstein en exil définitif aux U.S.A. écrivait à Marie Bonaparte le 22 février 1953,
Ce que vous
me dites de Lacan est navrant. Il a toujours présenté pour moi une source de
conflit, d’une part son manque de qualités de caractère, d’autre part, sa
valeur intellectuelle que j’estime hautement, non sans désaccord violent,
cependant le malheur est que quoi que nous soyons convenus qu’il continuerait
son analyse après son élection, il n’est pas revenu. On ne triche pas sur un
point aussi important impunément (ceci entre nous). J’espère bien que ses
poulains analysés à la va-vite, c’est-à-dire pas analysés du tout ne seront pas
admis.”
Réponse de Marie Bonaparte,
Il me semble [que les scissionnaires]
ne peuvent être agréés par l’Internationale jusqu’à ce qu’on voie quelle
technique de formation des candidats ils emploient. C’est-à-dire que la
question ne devrait se poser que dans deux ans et pas à Londres ; car le
lacanisme risque de s’étendre : loi du
moindre effort (c’est Marie qui souligne). Je trouve fâcheux que Lagache
ait suivi ce fou…
En annexe, il serait intéressant de se
reporter à la lettre assez malveillante pour ses contemporains que Lacan, ne
doutant aucunement de sa célébrité future dans l’histoire de la psychanalyse et
n’ayant aucune idée des appréciations de Loewenstein et Marie Bonaparte, écrivit, en égal, à son “cher Loew”
le 14 juillet 1953.
Trente-deux ans plus tard, en 1985, sur le
même sujet, voici ce qu’écrivait François Perrier dans ses « Voyages
extraordinaires en Translacanie »,
On a vu
errer, dans les milieux analytiques, des gens complètement dévastés, acculés à
se refabriquer un narcissisme d’emprunt, ficelé avec
les concepts lacaniens ; à se faire une vie libidinale d’emprunt, de type
pervers, dans la recherche de l’excitation ou du donjuanisme, et qui se sont
complètement exilés d’eux-mêmes.
[…]
De fait, l’enjeu de [la Passe] se trouvait, du côté
de Lacan, au service de sa formidable volonté de scruter les secrets de
l’analyse et d’aller plus loin que Freud dans l’élaboration de la doctrine.
Dans cette logique, les élèves devaient nourrir la pensée du maître et la
revigorer par leur apport : la Passe permettait de filtrer ce matériel, et
fonctionnait comme une banque de sang pour un laboratoire extrêmement
sophistiqué, indifférent à l’identité des donneurs. [...]
Telle était
l’économie de cette circulation de discours : elle alimentait la passion épistémologique de Lacan mobilisait
la naïve ardeur des disciples, - et aussi la froide ambition des élèves. Par
ailleurs, et réciproquement, il devenait possible de “voir” (sic) comment le discours de Lacan avait
été digéré par ses patients - et par les patients de ses patients - et comment
il était “restitué”. [...]
Certains,
dans leur analyse, soutenaient à leur insu cette jouissance-là, et ils
fournirent à l’examen la “matière la plus louable”, leur propre langue abjurée
en faveur de Sa parole. [...]
Ainsi
l’institution dressée autour de Lacan avait-elle transformé ce travail démesuré
en système de sélection ou de fixation des élèves à des fins politiques, sur
des critères d’orthodoxie et de mimétisme pratique. Il s’agissait de constituer un corps de serviteurs de la doctrine,
et non plus une élite d’audacieux chercheurs. [...]
Les membres
du jury s’en rendaient compte, mais ils n’avaient pas la force de se soustraire
à cette complicité. La jouissance du secret partagé, l’attente du pouvoir, la
peur de contrarier Lacan, la dépossession de toute référence extérieure et le
désespoir dont ils étaient imprégnés leur fournissaient assez d’arguments en
forme de rationalisations pour qu’ils soutinssent le cynisme exigé d’eux. Ils
animaient donc ce scénario tout entier ordonné à des jouissances de voir, de
savoir et de pouvoir, qui procura, au dire de certains des “juges”, la
révélation la moins avouable de toutes parmi les multiples secrets qui
cimentaient ce pouvoir : nombre de candidats démontraient qu’il
n’y avait pas eu d’analyse. Pas plus d’ouverture de l’inconscient que
d’effets psychiques de la cure. Aucune chance de bénéfice thérapeutique, mais
une vocation à l’endoctrinement qu’il suffisait ensuite de théoriser comme
analyse postfreudienne. C’est pourquoi, peut-être, Lacan a parlé d’échec de la
Passe : sa matière n’était pas louable. [...]
Bien sûr,
d’autres vous diraient que cette épreuve leur a fait vivre des moments
privilégiés, qu’elle les a relancés dans l’analyse, qu’elle a fondé des
amitiés. D’autres vont réfléchissant et théorisant sur de futures institutions
où cette Passe garderait son rôle de formation et de sélection. Leur nostalgie
de ce partage indique peut-être la consistance du lien qui les voua au projet
de Lacan. Plus il y avait d’amour et de désir d’être aimé dans cette démarche,
plus un “passeur” risquait de donner sa vie, réellement, à son insu, ou
symboliquement, en renonçant à lui-même, parce que ce scénario permettait
d’aller jusqu’au bout d’une tendance masochiste, dont l’issue était la
destruction de soi en offrande à l’Autre.
20 décembre
2014
Courrier adressé
à la SPP et à faire suivre à l’intéressé non nommé.
Chère A.
Il restait
une coquille (corrigée). A., pouvez-vous imprimer cette lettre à la SPP et l’envoyer par la poste au Dr A. L. de ma part : pas
d’adresse mail sur ses coordonnées.
Je ne l’ai
pas nommé sur le courrier à la SPP, ce n’est pas mon
style, mais tiens à ce qu’il soit tenu au courant.
W.
Objet : FW: À SPP
Date : mercredi 20
décembre 2014 12:25
De : fr <sitassoc@orange.fr>
À : SPP/Copie à l’intéressé
À SPP
J’ai été très surprise qu’une jeune femme, amenée à
consulter, pour la seconde fois, un psychiatre (que je ne connais pas) de son
arrondissement parisien, pour un problème sérieux de harcèlement dans une
entreprise internationale, me communique le résultat des deux entretiens
qu’elle eut avec lui.
Se réclamant de son habilitation de psychanalyste relevant
de la SPP, il se serait permis, non seulement une
légèreté de ton, mais de lui poser des questions plus qu’indiscrètes sur son
analyse et son analyste. Contre quoi, il occupa sa consultation à dénigrer et
démolir le travail et la personne de l’analyste auquel je l’avais adressée, à
vouloir savoir de quelle école il dépendait, à expliquer par le menu à cette
jeune femme ce qu’était une “véritable analyse” - pratique ancienne bien connue
chez des collègues de tous bords pour récupérer des analysants à leurs profits,
au pluriel. Mais ce, s’en tenant exclusivement au dispositif palpable, nombre
de séances hebdomadaires et durée des séances. Quant à ses honoraires, ils sont
d’un psychiatre avec dépassement, peu remboursés si l’on n’a pas les moyens de
bénéficier d’une mutuelle onéreuse.
S’étant fait fermement rabrouer par cette jeune femme qui,
je le répète, consultait un psychiatre et non un psychanalyste, elle est
repartie sans avoir obtenu d’attestation de consultation (bien qu’incident
désagréable, il n’est pas dramatique, je lui ai passé les coordonnées d’un
psychiatre qui a toute ma confiance).
Il n’aurait pas été difficile pour ce docteur A. L., entre
la première et la seconde consultation, de se reporter par Internet aux nom et
travaux du site de son analyste : 40 pages sur Google.
Toutefois,
il semblerait que j’aie surestimé l’éthique de certains professionnels issus de
la SPP, que je ne rends en rien responsable des
agissements de ses membres.
Micheline Weinstein
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/
26
décembre 2014
Les “post-it”
d’apostilles innombrables s’amoncèlent sur mon bureau en un tas dodu, il est
temps que j’en termine. J’entreprendrai dorénavant de revenir sur, améliorer,
mettre à jour, l’ensemble des mes travaux depuis 1967. Oui, je sais, cela
diffuse un petit air de testament, lequel vaudra une guigne avec cet alexandrin
que j’emprunte à Racine, Acte III, Scène dernière d’Esther, dont je remplace le sujet d’un tout autre contexte*. Il me
semble être une épitaphe, simple, superbe, universelle : Elle n’a fait que passer, elle n’était déjà plus.
* Énoncé par une femme du chœur dans le
texte de Racine au sujet d’Aman : “Il n’a fait que passer, il n’était déjà
plus” (d’après le Psaume XXXVII, verset 36, Bible Osti).
Ainsi, je bouclerai
aujourd’hui cette séquence sur ce que j’ai essayé de transmettre des
« Résistances à la psychanalyse ».
Les lectrices et
lecteurs intéressés trouveront en pièce jointe les notes de la
traduction/interprétation d’extraits de Freud.
M. W.
1er janvier 2015
16 janvier 2015
Extrait du compte-rendu de la Lecture / Spectacle
« À la bonne adresse » au Théâtre Essaïon
à
l’intention de la
Fondation pour la Mémoire de la Shoah
[…]
Bilan globalement plus que positif
quant aux retours très chaleureux et encourageants des spectateurs, émus… Cf.
Les nombreux commentaires des spectateurs, dont 6 exemples de lettres, choisies
par le professeur, parmi celles reçues des élèves des 3 classes de 3e du
collège de Bobigny, également ci-joints,
et sur
https://fr-fr.facebook.com/LeGrandtou
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/letteleves.html
Cette Lecture / Spectacle, programmée selon
les disponibilités de l’Essaïon, est hélas tombée au
pire moment, qui perdure, de l’actualité.
Si bien que la fréquentation certainement due
à un concours de circonstances a été loin de la hauteur de nos espérances - fêtes
juives de la mi-septembre jusqu’à début octobre, rentrée théâtrale, vacances
scolaires, manifestations et mouvements sociaux répétés, et surtout pour notre
tristesse, intérêt plus que réservé des institutions et médias quant aux
contenu et message du spectacle…
Nous remercions la Fondation pour la Mémoire de la Shoah de son soutien financier pour la réalisation des représentations de la Lecture
/ Spectacle « À la bonne adresse » au
Théâtre Essaïon, et, par avance, pour le versement du
solde restant dû.
Veuillez recevoir, Mesdames, Monsieur,
l’assurance de notre entière considération.
[…]
Micheline Weinstein
Vice-P. de l’association Le GrandTOU
Rassemblement du 11 janvier 2015
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/rass_11_01_15.html
18
janvier 2015
Si je
reste, sans restriction, solidaire de Charlie, je ne me suis pas jointe au
rassemblement national du 11 janvier 2015.
S’associer
à une célébration où défilaient au premier rang des chefs d’État les
représentants de la Turquie, du Hamas et autres antisémites, au prétexte
d’antisionisme, n’était pas envisageable. Encore moins aux accolades
chaleureuses à iceux dispensées.
Dès le
lendemain, nous avons pu lire et entendre leurs déclarations antisémites, dont
appels au meurtre des Juifs et assister, via les médias, à leurs actes.
À la
lecture du « Canevas pour un autoportrait
», on aura compris qu’“adhérer”, quels que soient
les cas de figure, m’a été de tous temps incompatible. Ma conception de la
liberté de penser et de dire ce que je pense est in-adhérable, an-adhérente, il me faut réfléchir d’abord.
Ce
rassemblement national traduisait-il le nouvel engouement pour l’usage du
concept d’“empathie” ?
Nous avons déjà perçu que le lien
réciproque entre les individus conglutinés en une masse est de même nature que
l’identification qui prend sa source dans une communauté affective importante,
et nous pouvons présumer que cette communauté réside dans le type de lien qui
rattache au meneur. Un autre indice nous porte à dire que nous sommes bien loin
d’avoir épuisé le problème de l’identification et que nous nous trouvons devant
ce processus appelé “intuition” [“Einfühlung” = identification, intuition, empathie] par
la psychologie, qui occupe la plus grande part de notre perception de ce qu’il
y a d’étranger à notre moi chez l’autre.
Freud
Psychologie
de masse et analyse du moi
m. w.
ø
Résistances à la psychanalyse
privées, publiques, didactiques…
ou
De la dénégation, une autre
« théologie de la substitution »1
[Les lectrices et lecteurs intéressés pourront, s’ils le souhaitent,
trouver ici quelques extraits de ma lecture - à distinguer de traduction -
des Résistances à la psychanalyse, à
partir de trois écrits de Freud en allemand2.
Déconcertée par le sort dévolu à la théorie freudienne et à son
auteur, lequel continue, depuis un demi-siècle, de faire l’objet d’un
ostracisme vulgaire en France3. De mon côté, je l’apparente à un
négationnisme, en ce qu’il a réussi à annuler la discipline en tant que
science, fût-elle humaine - si l’on excepte de nos jours auprès de la SPP4. Il m’est en effet apparu qu’après un siècle écoulé, ces résistances étaient
restées fixées au stade infantile propre au « Complexe d’Œdipe » du monde d’avant-hier.
Les réflexions, commentaires, notes, arguments plus étoffés… figurent
dans une apostille annexe, disjointe de ce travail, laissant à la lectrice ou
au lecteur éventuels la liberté de s’y reporter ou non.]
ø
Freud
Il
est possible que nombre d’entre nous aient du mal à renoncer à la croyance
qu’il existe, inhérente à l’humain, une pulsion de perfectionnement qui a porté
de nos jours son esprit à ce haut niveau de performance et de sublimation
éthique, dont on pourrait espérer que son évolution obtienne qu’il accède au
surhomme. Seulement, je ne crois pas en une telle pulsion intrinsèque et ne
vois aucun moyen de cultiver cette apaisante illusion.
[…]
La pulsion
refoulée ne cesse jamais de chercher à obtenir entière satisfaction, qui ne
serait que la répétition d’une expérience de satisfaction initiale.
Freud • Au-delà du principe de plaisir
ø
Sur
l’histoire du mouvement analytique • 1914
[Plus d’un siècle après la désignation par
Freud du nom propre « Psychoanalyse »5, la copule “et” entre
les termes “résistances” et “psychanalyse” pourrait s’apparenter à une
tautologie6…
Par ailleurs, J.-B. Pontalis, dans sa préface
à « Sur l’histoire du mouvement… » évoque ainsi Ferenczi :]
« Pathologie des
associations » - [Ferenczi] sait, qu’il s’agisse de groupements politiques, sociaux ou
scientifiques, qu’y règne la “mégalomanie puérile, la vanité, le respect des
formules creuses, l’obéissance aveugle et l’intérêt personnel”. Il souligne, sans
mâcher ses mots, l’analogie entre tout groupe humain et la famille : ici
comme là, amour et haine pour le père, qu’on est prêt à évincer, à anéantir, à
enterrer […] ; rivalité et jalousie entre les frères ; tentatives de
tous ordres pour obtenir les faveurs du père. […] Ferenczi pressent même que,
dans les sociétés psychanalytiques, les choses n’iront pas mieux, tout au
contraire : les passions, transferts et identifications aidant, risquent
fort d’y être exacerbées, les conflits plus violents…
[…]
C’est ainsi que, le temps passant, je me
suis délibérément refusé le plaisir sans égal de lire les œuvres de Nietzsche,
ne voulant être entravé d’aucune façon par quelque idée préconçue pour élaborer
ce que la psychanalyse m’avait enseigné. Pour ce faire, je devais être disposé
- et je le suis sans difficulté - à renoncer à toute revendication de priorité
dans les cas fréquents où la laborieuse investigation psychanalytique ne peut
que ratifier les points de vue acquis intuitivement par les philosophes.
La théorie du refoulement est donc le
pilier d’angle sur lequel repose l’édifice de la psychanalyse, autrement dit
son principe fondamental, qui n’est en soi rien d’autre que la formulation
théorique d’une expérience reproductible à volonté, laquelle agit auprès d’un
névrosé sans que l’on ait recours à l’hypnose. C’est alors que se manifeste une
résistance qui s’insurge devant le travail analytique, alléguant, pour lui
faire échec, une perte de mémoire. Et c’est vraisemblablement cette résistance
que camoufle l’usage de l’hypnose ; c’est pourquoi, ce n’est qu’après
l’innovation technique du renoncement à l’hypnose que commence véritablement
l’histoire de la psychanalyse en tant que telle. Reconnaître théoriquement la
spécificité selon laquelle cette résistance coïncide avec une amnésie, mène
alors inéluctablement à l’hypothèse d’une activité psychique inconsciente,
laquelle est spécifique à la psychanalyse et qui, pour le moins, se différencie
nettement des spéculations philosophiques sur l’inconscient. Ainsi, l’on peut
dire de la théorie psychanalytique qu’elle vise à rendre intelligible deux
processus qui se manifestent de façon singulière et inattendue chez un névrosé,
pour faire remonter à leur source les symptômes morbides émanant de son
historique personnel : le fait du transfert et celui de la résistance.
Tout axe de recherche qui reconnaît ces deux faits et les admet comme base de
son travail est en droit de se nommer psychanalyse, même s’il aboutit à
d’autres résultats que les miens. Mais il sera malavisé pour celui qui aborde
le problème par d’autres voies et déroge à ces deux conditions préalables, s’il
persiste après cela à se nommer psychanalyste, de se soustraire au blâme de
détournement de la propriété par “mimicry” [mimétisme].
[…]
Ce que j’avais de sensibilité personnelle
s’émoussa à mon avantage au cours de ces années. Toutefois, si l’amertume me
fut épargnée, ce fut grâce à un contexte qui ne privilégie pas toujours les
promoteurs7 esseulés. Ceux-ci sont généralement taraudés par le besoin d’élucider les
causes de l’indifférence ou du rejet qui émanent de leurs contemporains, et
qu’ils perçoivent comme une lourde résistance à la solidité de leur propre
conviction. Je n’avais pas besoin de cela, puisque la théorie psychanalytique
me permettait de concevoir cette posture de l’environnement comme une
conséquence inévitable des hypothèses fondamentales de l’analyse. S’il était
exact que les interrelations que j’avais découvertes étaient maintenues à
l’écart du conscient chez les névrosés par des résistances affectives internes,
alors ces résistances apparaissaient à l’identique chez les bien portants, dès
que quelqu’un d’extérieur les amenait à prendre connaissance de ce qui était
refoulé.
ø
Les
résistances à la psychanalyse • 19258
Aujourd’hui pas plus
qu’hier, je n’ai l’intention de donner en exemple préséance à ma personne,
surtout pas comme modèle, encore moins comme Vénérable • Freud
[Extrait de sa lettre du 10 mai 1909 à Oskar Pfister, en exergue de
l’introduction de Ilse Grubrich-Simitis à Selbstdarstellung, Sigmund Freud Lebensgeschichte und die
Anfänge der Psychoanalyse]
Quand
le nourrisson dans les bras de sa nurse se détourne en hurlant à la vue d’un
visage étranger, quand le pratiquant célèbre chaque laps de temps par une
prière et salue d’une bénédiction les prémices de l’année, de même, quand le
paysan refuse d’acheter une faux sous prétexte qu’elle ne porte pas la marque
de fabrique habituelle de ses parents, il semble alors logique, devant ces
situations d’une diversité au premier coup d’œil évidente,
d’attribuer à chacune d’entre elles des causes distinctes.
C’est
ainsi que nous avons tort de ne pas prendre en compte ce qu’elles ont de
commun. Dans chaque cas, se manifeste un déplaisir (une aversion ?9)
de même nature : chez l’enfant, il se formule de façon rudimentaire ;
chez le pratiquant, il se manifeste par un apaisement factice ; pour le
paysan, il sert de prétexte à sa décision. Or, la source de cette aversion témoigne
de la dépense d’énergie psychique qu’exige ce qui est nouveau pour la vie de l’esprit, à laquelle s’associe une intranquillité intellectuelle qui développe une attente
chargée d’angoisse. La réaction psychique devant ce qui est nouveau en tant que
tel devrait nous inciter à faire l’analyse de la chose, car dans certains
contextes moins sommaires, l’on peut observer un mode d’être opposé,
c’est-à-dire le désir de se jeter sur tout ce qui est inédit, tout simplement
parce que c’est nouveau.
Dans
le domaine des sciences, il ne devrait y avoir aucune place pour la peur de l’inédit.
La
science, dans son insuffisance et sa perpétuelle incomplétude, exige d’espérer
son salut dans de nouvelles découvertes et une nouvelle herméneutique10.
Afin de n’être pas stupidement déçue, elle a avantage à s’armer de scepticisme
et à n’entériner ce qui se présente comme nouveau qu’après l’avoir d’abord
sérieusement mis à l’épreuve. Il arrive incidemment que ce scepticisme mette en
évidence deux caractéristiques inattendues. Il se dresse violemment contre ce
qui est nouveau, tout en ménageant avec grand respect ce qui est déjà reconnu
et tenu pour vrai, et ainsi se contente, sans la moindre investigation
préalable, de le récuser11. C’est alors que, ce faisant, ce
scepticisme se révèle comme n’étant qu’un prolongement de cette réaction de
défense contre ce qui est nouveau, obscurantiste, primitive, afin de la
maintenir. C’est bien connu : combien de fois, dans l’histoire de la
recherche scientifique, est-il arrivé que la nouveauté se heurte à une
résistance opiniâtre et intense, dont le cours des choses a montré par la suite
qu’elle était sans aucun fondement, alors que cette nouveauté recelait une
valeur de première importance. Ce qui provoquait la résistance était, dans
l’ensemble, dû à certains facteurs propres à la nouveauté en soi, alors que par
ailleurs, des facteurs latéraux essayaient d’agir de concert pour rendre
possible l’ouverture d’une brèche dans la réaction primitive.
La psychanalyse, que l’auteur avait entrepris de développer à
partir des découvertes de Joseph Breuer, presque 30 ans auparavant à Vienne,
sur l’origine des symptômes névrotiques, se heurta à un accueil
particulièrement désagréable. On ne peut contester son caractère de nouveauté,
bien qu’elle ait exploité quantité de matériaux déjà largement connus se
référant à l’enseignement du grand neuropathologiste Charcot, ainsi que des indices propres au domaine des phénomènes hypnotiques.
Visant à créer une méthode nouvelle et efficace de traitement des affections
névrotiques, la portée de la psychanalyse fut, à l’origine, exclusivement
thérapeutique. Mais des interactions que l’on n’avait tout d’abord pas décelées
lui permirent de dépasser de loin son objectif initial. Elle put enfin faire
valoir qu’elle avait procuré une base nouvelle à notre conception de la vie
psychique et prendre ainsi une place éminente dans tous les domaines d’un
savoir fondé sur la psychologie. Après avoir été complètement dédaignée toute
une décade, elle devint subitement l’objet d’un intérêt général des mieux
partagés - et déchaîna une tempête de récusations horrifiées.
[…]
Dans
l’immédiat, nous laisserons de côté les formes sous lesquelles la résistance à
la psychanalyse trouva à se manifester.
[…]
Ici,
notre intérêt sera axé uniquement sur ce qui motive la résistance à la
psychanalyse, en tenant particulièrement compte de sa nature composite et des
liaisons possibles entre ses éléments disparates.
[…]
Que
quelqu’un réussisse à isoler et à mettre en évidence la ou les substances
éventuelles relatives aux névroses, serait alors une découverte qui n’aurait pas
à craindre l’opposition de la part des médecins. Jusqu’à présent toutefois, la
voie n’est pas encore ouverte. Pour l’instant, seule la formation des symptômes
est appréhendée qui, par exemple dans le cas de l’hystérie, se présente comme
un combiné de désordres somatiques et psychiques. Or, les expériences de
Charcot, de même que les observations cliniques de Breuer, nous ont appris que
les symptômes somatiques sont psychogènes,
c’est-à-dire qu’ils sont un précipité de processus psychiques parvenus à échéance.
[…]
Les
médecins avaient été formés à ne privilégier exclusivement que les facteurs
anatomiques, somatiques et chimiques. Ils n’étaient pas préparés à prendre en
considération ce qui relève du psychisme, si bien qu’ils ne manifestèrent
devant la psychanalyse qu’indifférence et aversion.
[…]
Les psychiatres eux-mêmes, pourtant
assujettis en permanence à l’examen des phénomènes psychiques les plus
insolites et les plus étranges, ne témoignèrent d’aucune attention à l’analyse
des éléments qui les composaient, pas plus qu’à chercher à déceler leur
cohérence.
[…]
Au
cours de cette époque de matérialisme ou mieux, de mécanisme12,
la médecine réalisa des progrès remarquables, mais témoigna par ailleurs de son
étroitesse de vues devant ce qu’il y a de fondamental et de plus grave dans les
problèmes de la vie.
[…]
Par
contre, on aurait pu s’attendre à ce que la nouvelle théorie ait une chance de
rencontrer l’approbation des philosophes, eux qui étaient rompus à établir des
concepts abstraits - les mauvaises langues diraient : des mots nébuleux -
au faîte de leur explication du monde ; il ne s’avérait donc guère
possible pour eux d’être choqués par la psychanalyse, laquelle frayait une voie
à l’extension du champ de la psychologie. Or là, on se heurta à un obstacle
supplémentaire. Le psychique des philosophes n’était pas celui de la
psychanalyse. Dans leur écrasante majorité, les philosophes désignent le
psychique par ce qui ressort exclusivement d’un phénomène conscient. Pour eux,
le périmètre de la sphère du conscient est en adéquation avec celui du
psychique. Par ailleurs, d’autres données relevant de l’“esprit”
[« Seele »], si difficiles à déceler, sont
ravalées par eux au rang de théories organiques ou de processus parallèles au
psychisme. Ou, strictement parlant, pour eux, l’esprit
n’a d’autre substance que le phénomène du conscient, la science de l’esprit, la
psychologie, n’ayant donc pas d’autre objet. Sur ce point, le non-instruit [Laie, ou inexpérimenté]13 ne
pense pas autrement.
Que
dira alors le philosophe devant une théorie pour laquelle, comme l’affirme au
contraire la psychanalyse, le psychique en soi est inconscient, tandis que la cognition - le conscient - est une
simple qualité qui peut ou ne peut pas compléter un acte psychique isolé, et
qui, si elle fait défaut, ne l’altérera en rien. Cela va de soi, le philosophe
dira que juxtaposer les deux termes, psychique et inconscient, est un non-sens,
une contradictio in adjecto14, et négligera de reconnaître que, par ce
jugement, il ne fait que répéter sa propre définition - peut-être limitée - de
ce qui relève du psychique. Cette conviction est rendue facile aux philosophes,
en tant qu’elle est étrangère au matériel dont l’investigation astreignit les
analystes à tenir pour vrai les actes psychiques inconscients.
[…]
Si,
encore une fois, nous jetons un œil sur les résistances à la psychanalyse
décrites ici, nous pouvons dire que seule une minorité d’entre elles
s’apparente à celles qui s’élèvent habituellement contre la plupart des
innovations scientifiques de la plus haute importance. La majorité d’entre
elles sont dues à ceci, que le contenu de leur théorie choque d’intenses
émotions humaines.
[…]
Seules
également, des difficultés extérieures contribuèrent à renforcer les
résistances à la psychanalyse. Il n’est pas facile d’accéder à un jugement
autonome sur l’analyse, si l’on ne l’a pas expérimentée sur soi-même ou encore
pratiquée auprès de quelqu’un d’autre, ce qui ne peut se faire si l’on n’a pas
acquis au préalable une technique bien définie et très délicate, alors que,
jusqu’à présent, la conjoncture ne favorisait pas l’accès à l’apprentissage de
la psychanalyse et de sa technique.
[…]
Pour
conclure, l’auteur peut, sous toutes réserves, se demander si sa singularité de
Juif, qui n’a jamais songé à dissimuler sa judéité, n’a pas contribué à
l’antipathie de l’environnement envers la psychanalyse. Un tel argument ne fut que
rarement énoncé de vive voix. Nous sommes hélas
devenus si défiants que nous ne pouvons éviter d’envisager que ce facteur soit
totalement resté sans effet. Ce ne fut peut-être pas tout à fait un hasard si
le premier porte-parole de la psychanalyse fut un Juif. Faire reconnaître la
psychanalyse exigeait d’être assurément prêt à accepter la solitude dans
l’adversité, destin qui, plus que tout autre, est familier à un Juif.
ø
Nouvelle série
de conférences pour un accès à la psychanalyse • 1933
[…] la résistance est pour nous l’indice le plus sûr d’un
conflit. Ici, une force tente de traduire quelque chose, tandis qu’une autre,
ne le tolérant pas, se dresse contre ce signal. Ce qui aboutit au rêve
manifeste, lequel peut alors résumer toutes les décisions dans lesquelles ce
combat entre les deux efforts s’est condensé. Or, jusqu’à un certain point,
l’une des deux forces peut être parvenue à faire passer ce qu’elle signifiait,
tandis qu’en un autre point, l’instance intolérante a réussi à effacer
parfaitement le message énoncé ou à lui substituer quelque chose qui n’en
révèle plus la moindre trace. Pour ce qui concerne la formation du rêve, les
cas les plus fréquents et les plus caractéristiques sont ceux dans lesquels le
conflit s’est résolu par un compromis, de telle sorte que l’instance visant à
informer a, certes, pu exprimer ce qu’elle signifiait, mais non pas de la façon
dont elle le voulait - c’est-à-dire seulement acceptable, défigurée, rendue
méconnaissable. Si donc, au cours de notre analyse du rêve, le rêve ne restitue
pas fidèlement le langage15 [ou
texte] du rêve, sans recourir à un nécessaire travail d’analyse pour combler la
faille qui divise les deux forces, c’est alors le succès de l’instance
réfractaire, inhibitrice, restrictive, que nous avons déduite de notre
perception de la résistance. Aussi longtemps que nous avons étudié le rêve
comme un phénomène isolé, indépendant des formations psychiques qui lui sont
apparentées, nous avons nommé cette instance le Censeur du rêve.
Vous savez de longue date que la censure
n’est pas une modalité propre à la vie du rêve. Que le conflit, entre deux
instances psychiques que nous désignons - approximativement - par “conscient”
et par “refoulé inconscient”, domine incontestablement toute notre vie
psychique, et que la résistance à l’analyse du rêve, marqueur de la censure
dans le rêve, n’est rien d’autre que la résistance due au refoulement, qui
écarte l’une de l’autre ces deux instances. Vous savez également que du conflit
entre ces deux instances procèdent, sous certaines conditions, d’autres entités
psychiques qui, comme dans le rêve, résultent de compromis, et vous n’attendrez
pas de moi que je me répète pour vous exposer tout ce que nous savons des
formations de tels compromis, puisque cela figure dans l’Introduction à la théorie des névroses16.
[…]
Vous le savez parfaitement, nous l’avons
souligné dès le tout début, l’être humain tombe malade d’un conflit entre les
exigences de la vie pulsionnelle et la résistance qui, en son for intérieur, se
dresse contre elles.
[…]
En 1921, dans une étude sur la psychologie
de masse, j’ai cherché à développer la distinction entre Moi et Surmoi. J’ai abouti
à une formule telle que : une masse psychologique est formée d’un groupe
d’individus qui ont absorbé la même personne dans leur Surmoi et où, sur le
socle de cette communauté, chacun a identifié son Moi à celui des autres.
[…]
Comme vous le savez, toute la théorie
psychanalytique est à proprement parler construite à partir de l’observation de
la résistance que nous oppose l’analysant dès lors que nous essayons de lui
rendre conscient son inconscient. Le signal évident de la résistance est que ce
qui lui vient à l’esprit tombe en panne ou s’écarte largement du thème abordé.
Il peut arriver qu’il reconnaisse subjectivement la résistance, en ce que,
quand il se rapproche du thème, il l’éprouve comme une sensation pénible. Mais
ce dernier indice peut faire défaut. Nous disons alors au patient que sa façon
d’être laisse supposer qu’il se trouve alors en état de résistance, ce à quoi
il répond qu’il ignore tout de cela, il est simplement conscient que ce qui lui
vient à l’esprit est comme entravé. Ce qui signifie que nous avions vu
juste ; dans ce cas, la résistance était donc, elle aussi, inconsciente,
tout aussi inconsciente que le refoulé que nous avons travaillé à exhumer. La
question aurait dû être soulevée depuis longtemps : de quel sous-ensemble
de la vie psychique émanait-elle ? La réponse sera vite à la portée du
débutant en psychanalyse : il s’agira, bien sûr, de la résistance de
l’inconscient. Réponse ambiguë, inutilisable ! Si avec cela on s’imagine
qu’elle émane de l’inconscient, il nous faut alors dire : certainement
pas ! Au refoulé, nous devons plutôt attribuer une forte impulsion, un
puissant désir de se frayer un passage vers le conscient. La résistance ne peut
être qu’une manifestation du Moi, chez qui le refoulement a, en son temps, été
accompli, et qu’il tient désormais à maintenir. D’ailleurs, de tout temps, nous
l’avons toujours conçu ainsi. Depuis que nous en sommes venus à admettre une
instance spécifique dans le Moi, instance qui est le Surmoi, lequel représente
les exigences restrictives et répulsives, nous pouvons dire que le refoulement
est l’œuvre de ce Surmoi, qui agit de lui-même ou par l’intermédiaire du Moi
inféodé à ses ordres17. Si alors se présente le cas où, dans
l’analyse, la résistance n’affleure pas à la conscience de l’analysant, cela
signifie, soit que le Surmoi et le Moi, dans des situations sévères, peuvent
agir inconsciemment, soit - et ce serait encore plus marquant - que la
quote-part de chacun des deux, le Surmoi et le Moi, est inconsciente. Dans les
deux cas, nous devons reconnaître - réalité peu réjouissante - que (Sur)moi et conscient d’un côté, refoulé et inconscient de
l’autre, sont loin de coïncider.
Post-scriptum
• 1935
à
Autoportrait
• 1925
[…] Qu’il me
soit permit ici de conclure mes informations autobiographiques. En d’autres
termes, sur ce qui concerne ma vie personnelle, mes luttes, mes déceptions et
mes succès, le public n’a aucun droit d’en apprendre davantage.
ø
Constructions dans l’analyse
• 1937
Un homme de science éminent, que j’ai toujours
tenu en haute estime en ce qu’il a manifesté sont respect pour la psychanalyse
à un moment où la plupart des autres ne s’y sentaient pas obligés, a tout de
même eu une fois des paroles aussi offensantes qu’injustes sur notre technique
analytique. Il prétendait que lorsque nous exposons nos interprétations à un
patient, nous agissons contre lui, selon le principe tristement célèbre : Heads I win, tails you lose18.
[…]
Comme on le sait, l’objectif du travail
analytique est d’amener le patient à débloquer les refoulements, en place dès
son plus jeune âge - refoulement étant entendu dans son sens le plus large19 -, pour leur substituer des réactions
qui correspondraient à un état de maturité psychique. […] Nous savons que ses
symptômes et inhibitions existantes sont les conséquences de tels refoulements,
donc des substituts de ce qui a été oublié.
[…]
Quel est donc le travail de
l’analyste ? Il doit, à partir des indices échappés à l’oubli, deviner ou,
plus précisément, construire.
Comment, quand et dans quels termes l’analyste transmet-il sa construction à
l’analysant, les arguments qui l’accompagnent, c’est cela qui instaure la
jonction entre les deux composantes du travail analytique, entre sa partie et
celle de l’analysant.
[…]
Que, dans les études sur la technique
analytique, nous entendions si peu parler de “constructions”, tient à ce que,
au lieu de construction, on parle d’interprétations et de leur impact. Or, je
pense que construction est de loin l’appellation adéquate. Interprétation
relève de ceci, que l’on ne traite qu’un élément isolé du matériel, une
incidence, un lapsus, etc. Alors qu’une construction consiste à présenter à
l’analysant un fragment oublié de ses antécédents… […]
On a évidemment considérablement exagéré
le danger d’égarer le patient par la suggestion, en lui “bourrant le crâne”
avec des choses auxquelles on croît soi-même, et qu’il ne devrait pas tolérer.
Il faudrait que l’analyste se soit comporté d’une façon franchement incorrecte
pour qu’il ait pu rencontrer un tel accident de parcours ; c’est alors
qu’il devrait, avant toute chose, se sentir coupable de ne pas avoir laissé au
patient la possibilité de parler librement20.
[…]
Il est exact que nous ne souscrivons pas
au “non” de l’analysant, qui ne nous satisfait pas pleinement, de même que nous
considérons aussi peu son “oui” comme plausible ; quel que soit le cas,
nous accuser de transformer son énoncé en le réinterprétant comme une
affirmation est tout à fait immérité. En réalité, les choses ne sont pas aussi
simples et ne nous facilitent guère notre conclusion.
Le “oui” net de l’analysant est équivoque.
Cela peut en effet indiquer qu’il admet le bien-fondé de la construction
entendue, mais peut être aussi bien vide de sens, voire même ce que nous
appellerions “hypocrite”, dans la mesure où cela conforte sa résistance en ce
que, de surcroît, par une telle approbation, cette résistance maintient la
vérité sous silence. Ce “oui” ne vaut que s’il est suivi d’une validation
indirecte, à condition que le patient produise, dans l’instant qui suit son
“oui”, des souvenirs21 originaux, qui étayent et parachèvent la
construction […].
Le “non” de l’analysant est tout aussi
équivoque et, de fait, encore moins exploitable que le “oui”. Il ne témoigne
qu’exceptionnellement d’une récusation justifiée ; la plupart du temps, il
s’agit de la manifestation d’une résistance causée par le contenu de la
construction proposée, mais peut aussi émaner d’un autre facteur inhérent à la
complexité de la situation analytique22.
[…]
Je vais terminer cette communication
succincte par quelques remarques susceptibles d’offrir de plus larges
perspectives. J’ai été frappé, dans plusieurs analyses, par ceci que la
transmission d’une construction indiscutablement exacte suscitait chez les
analysants un phénomène inattendu et au premier abord indéchiffrable. […] La
“poussée” ascendante produite par le refoulé, avivée par la construction
explicite, avait cherché à frayer, à d’importantes traces mnésiques, un chemin
jusqu’au conscient ; une résistance avait réussi, non pas certes à enrayer
le mouvement, mais à le déplacer vers des objets adjacents, subalternes.
[…]
[Les] souvenirs auraient pu être qualifiés
d’hallucinations si la croyance en leur bien-fondé ne s’était ajoutée à leur
limpidité. C’est alors que l’analogie prit tout son sens quand mon attention
fut, dans un autre contexte, lequel n’était assurément pas psychotique, attirée
par l’émergence épisodique de véritables hallucinations. Après réflexion, j’en
vins à penser ceci : le caractère générique de l’hallucination n’a
peut-être pas encore été suffisamment examiné en tant que reflux d’une chose
advenue en un temps reculé, laquelle fut ensuite oubliée - quelque chose que
l’enfant a vu ou entendu alors qu’il ne maîtrisait pas encore le langage, et
qui s’impose alors au conscient, mais défiguré et décalé sous l’effet de forces
qui résistent à ce reflux. Ainsi, en fonction du rapport étroit de
l’hallucination avec certaines formes de psychoses, notre ligne de pensée s’est
alors développée. Il est fort possible que les formations délirantes, où sont
presque toujours enchâssées ces hallucinations, ne soient pas aussi autonomes
que nous voulons communément l’admettre quant à la poussée ascendante qu’opère
l’inconscient et le retour du refoulé. En règle générale, dans le mécanisme
d’une formation délirante, nous ne mettons l’accent que sur deux facteurs,
d’une part celui de fuir le monde réel, avec les causes de cet évitement, et de
l’autre, l’influence qu’exerce, sur le contenu du délire, le vœu qu’un désir se
réalise23.
Mais ce processus dynamique ne serait-il pas plutôt celui selon lequel la fuite
devant la réalité de la poussée du refoulé serait exploitée pour imposer son
contenu au conscient, pendant que les résistances, stimulées par ce processus
et la tendance au vœu de réalisation de désir, se partageraient la
responsabilité de la falsification et du décalage de ce qui est remémoré ?
Il s’agit là du mécanisme, bien connu de nous, identique à celui du rêve que,
dans des temps immémoriaux, l’intuition des Anciens avait déjà assimilé à la
folie.
Je ne considère pas cette conception du
délire comme entièrement nouvelle, toutefois, elle souligne un point de vue qui
n’occupe généralement pas le devant de la scène. Il est essentiel d’affirmer
que la folie, tient non seulement d’une méthode, comme le poète l’a déjà perçu24,
mais qu’elle contient aussi un fragment de vérité
historique25, et il y a tout lieu de supposer que la
croyance compulsive conférée au délire tire précisément sa force d’une telle
source infantile. Je ne dispose aujourd’hui pour établir cette théorie que de
réminiscences, non d’impressions récentes. Cela vaudrait assurément la peine,
sur la base des hypothèses développées ici, de s’employer à étudier les
symptômes de tels cas, pour ensuite mettre en place leur traitement. On
renoncerait à s’empresser inutilement de convaincre le malade de la folie de
son délire et de sa discordance avec la réalité ; au contraire,
reconnaître le noyau de vérité permettrait de trouver un terrain d’entente sur
lequel le travail thérapeutique pourrait se développer. Ce travail consisterait
à libérer le fragment de vérité historique de ses altérations et de ses étais
sur la réalité présente, pour le rediriger sur les traces du passé auquel il
appartient. En général, le déplacement d’un passé très lointain, oublié dans le
présent ou dans l’attente de l’avenir, se produit tout aussi bien chez le
névrosé. Le plus souvent, quand un état d’angoisse lui fait redouter que
survienne quelque chose de terrifiant, il est en fait sous la pression d’un
souvenir refoulé qui cherche à passer dans le conscient, mais ne peut y
parvenir, alors c’est, qu’en effet, une chose terrifiante s’est réellement
produite à l’époque. Je pense qu’une telle approche auprès des psychotiques
serait un enseignement du plus grand intérêt,…26
[…]
Les formations délirantes des malades
m’apparaissent comme équivalentes aux constructions que nous bâtissons dans le
traitement analytique, lesquelles sont des tentatives d’élucidation et de
restauration qui, dans les données de la psychose, ne peuvent toutefois
conduire à rien d’autre qu’à remplacer le fragment de réalité que l’on avait
dénié dans le présent par un autre fragment que l’on avait également dénié dans
un passé ancestral. Il appartiendra à l’examen [clinique] individuel de révéler
les relations intimes entre le substrat du déni actuel et le refoulement
d’origine. De même que notre construction n’agit qu’en ce qu’elle restitue un
fragment de ce qui fut perdu au cours de l’histoire d’une vie, de même le
délire doit sa force de persuasion à la part de vérité historique qu’il
substitue à la réalité déboutée. De telle sorte que le délire relèverait du
principe identique à celui que j’ai autrefois énoncé pour la seule hystérie,
selon lequel les malades souffrent de leurs propres réminiscences. Cette brève
formule ne visait, à l’époque, ni à contester la complexité de ce qui cause27 la maladie, ni à exclure l’impact de tant d’autres facteurs.
ø
Notes des
extraits de « Résistances à la psychanalyse »
Pour
une approche de la substitution en France de la psychanalyse et du nom de Freud
par ceux de Lacan, cf. Conférence à l’assemblée nationale des Amitiés
judéo-chrétiennes de France à Montpellier, 5 juin 2006, par Rivon Krygier.
Il
est loisible de prendre connaissance de la vie sexuelle de Freud, de ses
espoirs et déceptions, des causes réelles de dissensions transférentielles dans
le mouvement analytique, avec et entre ses élèves, ses (parfois faux) amis, ses
correspondants… Pour ce qui l’en est de sa vie intime, Freud les évoque
ouvertement dans sa volumineuse correspondance privée bien que publiée ;
quant aux dissensions, elles sont également éditées dans ses œuvres considérées
comme complètes à ce jour. De telle sorte qu’aujourd’hui, la SPP et ses antennes, reconnues d’utilité publique, assurant
une formation théorique, technique et clinique - autrement dit thérapeutique -, serait seule habilitée
à authentifier l’intitulé et la fonction du Psychanalyste,
ce qui mettrait fin aux “autorisations de soi-même” prônées par Lacan,
lesquelles permettent à tout un chacun, non professionnel, de s’auto-nommer “psychanalyste”, en même temps que d’utiliser
le nom propre de « Psychanalyse », créé par Freud, sans aucune gêne
ni considération pour son auteur. Bien que, comme dans toute société humaine,
la SPP ne puisse hélas garantir la pratique et les
conduites de ses anciens élèves, une fois authentifiés par l’institution.
Devenue en France, grâce à l’énorme influence sur les médias de la
multinationale lacanienne (avec son staff de “Cartels”), un objet qui ne prétend à nul service, qui ne sert à rien
ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa création n’a pas été
dictée par un besoin, c.-à-d. un gadget (CNRTL) à l’usage de tous, pour qui n’est pas
sensible à l’étymologie. [Cf. développé
dans « Commentaires… »]
Tautologie = du grec tauto logos, le fait de dire la même chose. Copule = de copula, lien, union, mot
qui lie deux termes, en particulier le sujet et le prédicat ; son
évolution = accouplement charnel, lien
moral. Prédicat = terme qui dit quelque chose de l’autre.
N. B. Demeure aléatoire
le fait d’insérer la théorie psychanalytique, la biographie de Freud, la
pratique analytique, le cursus de formation des analystes, qui nécessitent une
psychanalyse personnelle préalable, dans les programmes scolaires,
universitaires généraux et médias, où l’inconscient est évacué. Cf. à ce sujet
et à titre d’exemples, Freud, Ferenczi, Bernfeld…
Ce qui détermine = l’étiologie.