Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein

« Qui parlera des camps ? »

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Il est plus facile d'élever un temple que d'y faire descendre l'objet du culte

Samuel Beckett • « L'Innommable »

Cité en exergue au « Jargon Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n'a le droit de rester silencieux s'il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l'âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.  
Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s'adresse à l'idéologie qui, quand elle prend sa source dans l'ignorance délibérée, est l'antonyme de la réflexion, de la raison, de l'intelligence.

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© Micheline Weinstein / 28 janvier 2015

« Qui parlera des camps ? »

Je lis ce matin dans la presse les déclarations émues du Président de la République devant les déportés revenus, présents lors de la commémoration solennelle du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz,

« Je sais ce qui vous tourmente : qui parlera des camps, qui parlera de la Shoah quand vous ne serez plus là ? a-t-il interrogé. Je vous fais cette promesse, qui est un engagement : la République française n'oubliera jamais, et avec les documents, les témoignages que vous nous laissez, (…) les textes, les enregistrements (…), alors, nous n'oublierons jamais. »

Beaucoup d’entre nous, les Juifs, lui sommes très reconnaissants de promettre de ne jamais oublier. Bien que, à l’évidence des derniers attentats meurtriers antisémites en France, ce soit un peu tard pour une première visite à Birkenau…

« Qui parlera des camps » ?

J’entends cette interrogation depuis que l’on commémore. Cependant je regrette qu’il ait oublié, dans la liste des témoignages et documents qu’il cite, les encore [sur]vivants de leurs héritiers directs que nous sommes, plus particulièrement les orphelins, ceux dont les parents, souvent le lignage entier, ont été exterminés.

« Qui parlera des camps » ?

La parole de ces héritiers est-elle inaudible, ne vaut-t-elle qu’indifférence ?

Certes, pour la grande majorité de par le monde, nous ne sommes pas historiens, journalistes, politiques, médiatiques à l’un ou l’autre titre, têtes d’affiches, bref, représentatifs de ceux qu’écoutera la vox populi… nous ne sommes que qui nous sommes devenus, voilà sans doute notre seule non-suffisance…

« Qui parlera des camps » ?

Parmi les institutions juives majeures ou plus modestes, nationales et internationales, parmi celles et ceux qui, tel Lanzmann, depuis 50 ans, se sont donné comme impératif d’occuper leur vie à faire connaître, sous toutes ses formes, orales, écrites, plastiques, artistiques, en relation indéfectible avec l’évolution des idéologies dans l’histoire des humains, ce monstrueux hapax historique, nous ne témoignons que de ça.

M. W.

“Qui parlera des camps ?” Suite...

Les lectrices et lecteurs intéressés trouveront une suite à ce texte, avec bouleversantes photos mémoriales et légendes de Marc Brzustowski à l’adresse suivante,

http://jforum.fr/?p=10032823

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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