© ψ [Psi] LE TEMPS
DU NON/ Roger Meigney / Mars 2008
Une psychanalyse... Un jour de mai 1978 ou peut être de
juin, j’avais rendez-vous chez une dame un soir à 18 h,
c’était un lundi. Depuis plusieurs semaines, son numéro de
téléphone était inscrit sur mon carnet sans que je ne
l’utilise. Il m’avait été passé par une Amie
que j’avais rencontrée quelques années auparavant. Une
co-location, avec un couple de ses amis d’alors, de week-end et de vacances
dans l’Yonne, à deux heures de Paris, permettait de nous retrouver
dans le cadre agréable d’une ancienne forge. La maison
était assez grande pour que chacun puisse s’y reposer, y
travailler ou plus simplement y vivre, ou encore se promener autour des trois
étangs en chapelet qui constituaient le charme de cette retraite, sans
ressentir la gêne de la présence des autres. Cette situation
géographique était propice pour que de nombreuses
personnes - des amis comme nous avions coutume de dire à cette
époque car nous étions évidemment tous des amis -
viennent le week-end profiter du printemps et enrichir les conversations de
leurs présences singulières. Cet aréopage assez
hétérogène trouvait pourtant son point commun de fixation
autour de la psychanalyse… Depuis quelques années, alors que
je venais de terminer mes études, un mal étrange me rongeait
depuis plusieurs mois, une sorte de mélancolie, accompagnée
d’irruption soudaine, dans n’importe quelle circonstance, de
cloques tumescentes sur tout le corps et les lèvres, qui me défiguraient
et m’obligeaient à des démangeaisons. L’ambiance
familiale n’était pas fameuse à cette époque, tendue
et agressive, et c’est avec une certaine terreur que j'envisageais mon
immersion dans le monde du travail. J'étais tenu de devenir le jeune
futur cadre qui correspondait à l’ambition de mes études.
Quelques années en arrière, j’avais été fier
de parader boulevard St Michel avec mes copains de banlieue, dans un blazer et
pantalon de flanelle doublé aux genoux, et de jouer au tennis tout de
blanc vêtu à la Grenouillère du parc de Sceaux. Cette
dernière année de mes études je me présentais
vêtu d'un vieux parka, la tête sous un bonnet noir surmonté
d’un pompon rouge, et en jean comme tous les jeunes adultes de ma
génération. Un jour de juin, alors que mon Père
m’exhortait de chercher du travail, je lui répondis que je voulais
partir aux États-Unis, et je reçus une baffe. J’ai alors
attendu qu’il soit parti travailler à son usine, ai
téléphoné au professeur de psychosociologie de l’établissement
où je venais de finir mes études. Cette jeune femme
exerçait sur moi un très fort attrait intellectuel, une
séduction contre laquelle je ne songeais même pas à me
défaire, et dont d'ailleurs je n’avais aucune conscience, puisque
je n’avais jamais connu un tel sentiment diffus jusqu’alors. Elle
m'a proposé de venir chez elle si je le désirais. J'ai pris une
valise, ai entassé quelques affaires et suis parti sans que ma
Mère n’essaye ou ne puisse me retenir. C’est ainsi que je
fus brutalement plongé dans une atmosphère et des relations dont
mon éducation, mes études et la banlieue ou je vivais,
m’avaient préservé. Du jour au lendemain mes cloques et
autres démangeaisons avaient disparu. Je respirais enfin, sans avoir
à me gratter avec un peigne ! Quelques semaines plus tard, je me
retrouvais à Dinard comme animateur dans un Centre
d’Échange International, grâce à l'un des amis de mon
hôtesse, que je nommerais aujourd’hui, une jeune marâtre. Je
n’avais jamais rien animé de ma vie, mais pourquoi ne pas essayer.
Rencontre d’une jeune allemande, crise de nerfs de ce fameux
“ami” dont j’appris en même temps qu’il
était homosexuel. Renvoi du Centre avec lui, départ pour le Sud
avec deux jeunes femmes rencontrées dans ce Centre (tout le monde allait
dans le Sud à ce moment là !)... puis retour et trois
chambres de service Bd St Germain en septembre... version Rimbaud et Verlaine
se mettent en ménage. Plus tard, à défaut de pistolet se
sera un couteau. En attendant cette scène pathétique, où
j’étais entre deux jeunes femmes qui m’aimaient et un homme
éconduit et frustré, je découvrais les coulisses du
théâtre… etc. etc. Durant cinq ans j’allais de
scène en scène, soit comme machiniste, soit comme
électricien. Je m’essayais à l’apprentissage du
métier d’acteur, où j’aurais pu réussir si
j’avais su persévérer. Plus tard j'ai vécu avec une
jolie danseuse à Montmartre, tandis que la queue de la comète de
mai 68 finissait ses derniers défilés commémoratifs et
mortuaires dans les rues de Paris. Ma vie n’était ni insouciante
ni romantique, ni de bohême, comme l'auraient voulu les chansons la coutume. Je n’ai
jamais vendu une peinture ou dit des vers pour me payer un repas,
j’allais à l’Opéra de Paris ou à la
Comédie Française, c’était plus simple, il y avait
toujours du travail et je travaillais, enfin j'assurais l'ordinaire… Au
bout de quelques années, j'ai commencé à tourner en rond,
j’étais exténué sans savoir pourquoi, et les
repères, les objectifs, ce qui m’avait maintenu,
s’écroulaient insensiblement... j’inventais toujours un
intérêt pour quelque chose d’autre qui me faisais
dériver vers d’autres objectifs dont j'ignorais qu'ils
étaient illusoires. J’avais quitté ma belle danseuse un
jour de septembre, elle pleurait silencieusement en remplissant les cartons, la
lente folie insidieusement me guettait, une douleur ancienne, une
colère... Un mal dont je ne percevais pas la cause m’avait
transformé en brute. Je me croyais libre, alors que le gouvernail ou la
quille de mon “bateau ivre” était brisés, tandis que
je continuais de flotter au gré des courants, avec le risque de devenir
dangereux pour moi, car je l’étais déjà devenu pour
les autres… Cinq années s’était
écoulées. Jusqu’au jour où la
bienveillance de cette Amie de la maison de l’ancienne forge au trois
étangs dont elle fut l’instigatrice grâce à des
petites annonces me rattrapa par la manche… C’est ainsi que je me suis
trouvé soudainement mêlé à cet aréopage assez
hétérogène dont le point principal de fixation
était la psychanalyse. M. était déjà psychanalyste
tandis que la plupart de nos invités étaient analysants. J’étais
le seul, parfaitement ignorant de cette pratique. C’est ainsi que
j’entendis pour la première fois des noms : École
Freudienne, Institut de Psychanalyse... et ceux des principaux membres qui
animaient ces groupes, J. L., F. D., S. F., F. P... Toutes nos conversations à cette
époque tournaient autour de la psychanalyse. Parfois, l’une parmi
nos amis racontait une anecdote tirée de l'une de ses séances et
racontait un point qui lui semblait important ou cocasse, ou l’admiration
était perceptible, quand son analyste avait levé une
séance de façon qui lui avait semblé inattendue, par une
remarque qui l'entretenait jusqu'à la prochaine séance dans une
sorte de pâmoison visible dans son regard attendri. Témoin de ces
récits je me disais il doit être “sympa” ce J. !
À cette époque j’ignorais tout du concept de
transfert… Un lundi de mai ou juin 1978, j'ai
poussé la lourde porte de l'immeuble de Madame F., avec une
appréhension doublée d’une certaine excitation nerveuse.
J’allais enfin pénétrer dans le mystère dont
j'entendais parler depuis plusieurs mois… Quelques années auparavant, lors
d’une conversation avec un camarade d’adolescence, et dont le sujet
m’échappe aujourd’hui, je ne sais quel méandre de la
pensée me fit lui avouer que j’aimerais bien savoir comment
“Je” pense. Puisque ce n’était pas le “Je est un
Autre” d’A. Rimbaud dont je m’inspirais…
d’où me venait alors cette réflexion ? Et quel
événement de cette époque avait pu la susciter ?
Peut-être était-ce un livre de P. Daco - « Les victoires de
la psychanalyse » ou quelque chose du genre - qui m’était
tombé entre les mains. Mais sa lecture était si compliquée
pour mes aptitudes intellectuelles que je n’en avais lu que quelques
pages, à peine au-delà de l’introduction… Lorsque la porte s’ouvrit je fus
surpris de voir une silhouette puissante dans son encadrement. Avec un sourire aimable et grave,
Madame F. s’effaça de l’embrasure et m’invita à
rentrer. Après… Je ne sais plus rien
de cette première séance tant l’émotion et
l’intimidation avaient été grandes lors de cette rencontre.
Elle m’invita à revenir le jeudi suivant. Si j’essaie
aujourd’hui de me remémorer mon état lorsque je me suis
retrouvé sur le palier, seul le souvenir de n’avoir pas pris
l’ascenseur me reste. J'ai doucement descendu l’escalier, comme
pour maintenir le goût et la forte impression de cette première
séance, probablement avec un air rêveur, rassuré
d’avoir pu vaincre ce à quoi, quelques mois auparavant, je
n’aurais pas pensé à accéder, car ni mon
éducation ni ma culture d’alors n’étaient
préparées à une telle aventure. Rentré chez moi
encore bouleversé par ce que je croyais être une audace, j'ai
téléphoné à mon Amie, tout fier de lui apprendre que
j’avais franchi la barrière de la première
résistance, et j’entends encore son rire à l’annonce
de cette action qu’elle avait su imminente… Peu de temps après, le groupe que
nous avions constitué autour de la maison des trois étangs s'est
dispersé. J’avais enfin trouvé, grâce à ces
quelques mois, un lieu ou j'allais pouvoir parler de ma difficulté de
parole et d’être. Ma cure commença par une séance,
puis rapidement deux, puis trois fois par semaine, et c’est ainsi que,
durant neuf ans, mes pas me conduisirent dans la salle d’attente où
je venais, d'une humeur soumise, au rythme des événements de ma
vie. Les débuts furent enthousiastes
mais aussi difficiles, car très rapidement mon histoire familiale, les
douleurs connues ou inconnues, furent vite le sujet central de ces
séances. En résumé, je devais remettre de l’ordre
dans une histoire chaotique, incompréhensible, aller voir dans
l’armoire normande familiale lourde de tant de secrets, tant de silences,
de résignations, d’humiliations, peut-être aussi de
rancœurs, qui avaient empoisonné ma vie au point de ne pas savoir
trouver un sens à mon existence erratique, ou d'y renoncer. Durant toute
cette période, où j’étais assujetti à ce
travail, je suis resté stable, car le devoir de subvenir à cette
“servitude volontaire” m’a obligé a des
rentrées d’argent régulières, pour assurer ce qui
avait pris dans ma vie une telle importance et avait gommé toutes mes
prétentions à vouloir devenir je ne sais quoi d’illusoire.
Et cela était bien ainsi. J'ai appris mon métier de technicien de
théâtre, métier que je continue d’exercer, en
même temps que je guérissais d’un mal dont je n’avais
pas imaginé l’existence ni la gravité… Les quelques mois qui ont
précédé ma sortie de cure ont été tout aussi
difficiles à vivre. Je commençais à ressentir une certaine
lassitude de ce travail, de la dépendance et du rythme auquel il
m’avait assujetti. Je comprenais moins la nécessité de
continuer et le désir de retrouver mon “autonomie”
commençait à se manifester dans les séances. Un soir Mme
F. me fit savoir que je n’aurais pas à venir la semaine prochaine.
Je restai quelques instants partagé par la stupéfaction,
l’émotion et le plaisir d’une telle nouvelle. L'aventure
était finie. Avant de nous dire au revoir elle m’invita, si je le
souhaitais, à venir assister au séminaire qu’elle donnait
régulièrement dans le cadre de l’école qu’elle
avait créée et qu'elle dirigeait. J'y suis venu une fois. La
salle était toute en longueur et les derniers rangs étaient
occupés par des personnes que j’avais croisées durant des
années dans la salle d’attente. Comme je n’avais pas
l’intention de devenir psychanalyste, je ne suis pas revenu. J'ai revu
Mme F. une fois, pour lui offrir des pâtes de fruits à
Noël... puis les vœux que je lui présentais
régulièrement me permettaient de lui donner succinctement de mes
nouvelles et j’étais heureux de recevoir une carte en retour
où apparaissaient souvent, délicatement dessinées, des
fleurs. L'été 2004, je fus stupéfait d’apprendre sa
disparition deux ans après. En lisant la lettre qui m’annonçait
sa mort, je me suis remémoré les moments forts du travail et des
événements que j’avais vécus et dont elle fut un
témoin privilégié, attentif et inflexible. Bien entendu, durant toute mon analyse,
j’ai lu des livres sur le sujet, et ma bibliothèque comprend
encore un certain nombre d’ouvrages traitant de la théorie, en
majorité les œuvres de S. Freud, ainsi que les Écrits 1 et 2
et quelques séminaires de J. Lacan. J’ai toujours pensé que
S. Freud était un grand écrivain et dès la première
lecture; j’ai été frappé par sa grande
honnêteté intellectuelle et la clarté de sa pensée.
Quant à J. Lacan, je n’y comprenais rien, mais sa manière
d'écrire me fascinait, et les graphes dont étaient
parsemés les séminaires y ajoutaient quelque chose de mystérieux.
À cette époque, je n’entendais parler que de lui, à
tel point qu’un jour, lors d’une séance, alors que je le
citais, Mme F. me fit fermement cette réflexion, selon laquelle je
venais pour parler de moi et non de lui. Cela a immédiatement
calmé cet intérêt et j'ai poursuivi ce travail sans me
préoccuper de ce qui se disait et s’écrivait autour de la
théorie analytique. Dans le fond, cela était très bien
ainsi, car cela me permettait de vivre ce que j’avais à vivre sans
me soucier de qualifier le contenu théorique de mes actes et ainsi
d’en déduire mes propres idées ou interprétations
sur la façon dont évoluait ma cure, et de tirer moi même
les conséquences des événements qui la ponctuaient. Si un
jour il me prenait l'envie d’en savoir plus, il ne tiendrait qu’à
moi de faire la démarche nécessaire. Pour être parfaitement honnête
dans l’exposé de ces souvenirs, je dois dire que mon Amie M. a
toujours été présente, m’a encouragé et a su
m’éclairer lors de certains passages difficiles, dont elle
m'ouvrit le sens de façon à affermir mon désir de
persévérer. À ce propos, il me reste toujours dans
l’esprit ce dont chacun des analysants à sans doute pu faire
l’expérience, ces moment ténus qui, après des jours
et des jours, sont occupés à dire ou à ne pas pouvoir dire
ce qui anime la vie au présent et la rend mal aisée. Cet agacement
de la répétition épuisante tout d’un coup
éclate comme une bulle et se dissout au détour d’une phrase
que l’oreille attentive de l’analyste saisit et renvoie en une
brève ponctuation. Sentiment merveilleux d’avoir accompli un pas
supplémentaire, impression que l’aiguille qui en patinant usait le
sillon du disque de la parole, s’était enfin
déplacée pour donner à entendre la suite au moins
jusqu’à la prochaine étape. Moments exaltants qui me
restent comme un plaisir de la reconstruction et de l’affermissement de
soi. Bien que me tenant à distance,
volontairement, puisque mon désir n’a jamais été de
devenir à mon tour un passeur d'analyse, j’ai participé
dans la mesure de mes moyens à la vie de la revue sur laquelle vous
lisez ce texte. Cette publication m’intéressait, au moins au titre
de l’amitié avec sa fondatrice, mais rapidement, le contenu et
l’intérêt de chacun des numéros, ont
accompagné mon engagement initial. C’est ainsi que ma prise de
conscience et ma compréhension se sont aiguisées sur l'histoire
de la déportation et de la Shoah, de leurs conséquences, histoire
liée à celle de la psychanalyse et des événements
qui l'ont marquée au fer. C'est ainsi que la revue a ouvert ses pages
à près de 200 analystes, dont la plupart ont la mémoire
courte, quand ils n'ont pas simplement perdu la mémoire, ce qui est tout
de même préoccupant pour des professionnels, mais surtout pour
leurs analysants. La revue - qui depuis près de 10
ans maintenant s'est reconvertie en site Internet - a aussi publié mon
texte, « Projet de lettre à un Père », écrit
après une séance chez Mr P. I., que j'avais consulté
pendant un an, bien plus tard, à la suite une déception
amoureuse. Ce texte est né d'une séance où j’avais
évoqué l’antisémitisme paternel. Jamais alors je
n’aurais pensé que ce texte allait figurer encore aujourd'hui sur
le site. Plus tard d’autres
difficultés me firent faire un autre passage chez Mr G. S. Au cours de
ces années, cette revue était une suite de publications/papier.
M. faisait pratiquement tout elle-même, de la réécriture
à la correction, de la mise en page à la reliure,
jusqu’à l’envoi. Il m'est arrivé de venir
l’aider à transporter les rames de papier jusqu’à son
5e étage, resté longtemps sans ascenseur. Ce n’est que très
récemment, à force qu’elle le réécrive
à longueur de temps, que j’ai pris conscience de
l’importance de l’aspect idéologique qu’elle a
toujours combattu, quand il s'apparente - et c'est le cas le plus
fréquent - à un esprit de secte, quelle que soit sa provenance.
Cette prise de conscience s’est encore accrue lorsque j’ai connu
tous les tracas, le manque d'intérêt, l'indifférence,
qu’elle a rencontrés et continue de rencontrer. Je voudrais pour conclure ce texte de
souvenirs témoigner, m’insurger, protester en tant qu’ancien
analysant, et en tant que participant, via le site, aux travaux de
l'association, contre des postures indignes, lâches, d’où
qu’elles viennent ou de qui que ce soit, qui vont, sous couvert de la
psychanalyse, jusqu'à s’afficher de façon obscène
dans les médias quand ce n’est pas, pour certains qui s'y livrent,
oser faire les clowns sur des scènes de théâtre...
J’ai payé durant des années une analyse que j’ai
prise au sérieux et qui m’a aidé à recouvrer la
santé et construire ce que je suis aujourd’hui, alors j'ai le
droit de demander des comptes ceux dont je suis indigné qu'ils ne soient
pas les garants d'une éthique et laissent dans un tel état
d’abandon et de mépris la mine de diamants transmise par S. Freud.
Je garde précieusement, à
jamais, une reconnaissance à Mme F. qui fut mon analyste, ainsi
qu’aux deux autres analystes P. I. et G. S., qui m’ont
brièvement reçu, à M. mon Amie qui m'a amené
à l'analyse, m’a généreusement épaulé pendant
30 ans, mais d'abord à la Psychanalyse et à son fondateur, Freud.
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1989 / 2008
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