© Micheline Weinstein
Extrait de Journal ininterrompu 1967-2017
25 mars 2017
Christine Angot • Le “Tout-sexuel” • De la laïcité • Du silence
En 1999, les éditions Stock publièrent L’Inceste, de Christine Angot, ce qui fut pour le moins surprenant. En effet, cette exhibition épicée nous interrogea sur la créance de sa longue et encore en cours à l’époque psychanalyse personnelle, ainsi que sur l’importance de la parole de son plus récent psychanalyste (ou … et psychanalyste). Avaient-elles été vaines ? Comment n’avait-il pas été possible à son psychanalyste de souffler à Christine Angot, son analysante, que la discrétion sur l’intime de son expérience vécue, selon l’éthique freudienne, trouvait sa limite une fois refermée derrière elle la porte du cabinet de consultation* ?
* Autre chose est, lors de diffusions de documentaires, à qui de renom, dont l’image publique est susceptible de peser avec efficacité sur l’intérêt des spectateurs et sur le soutien auquel s’associer à leurs auteurs, de témoigner avec sobriété, sans étalage indu, de la pédocriminalité lorsqu’on en fut soi-même le jouet.
Aujourd’hui, suite aux propos préparés, lus par Christine Angot, l’“invitée surprise” lors de l’émission réservée à François Fillon par David Pujadas le 23 mars 2017, nous pouvons lire dans la presse que Christine Angot serait une hystérique. C’est bien mal connaître l’hystérique, femme ou homme, souvent au bord de la mélancolie, dont la pudeur sur son mal-être reste inflexible. L’hystérique, en public, même entravée par l’affleurement théâtral de son symptôme s’entrevoit peut-être, cela arrive mais, à moins de s’être sursaoûlée ou des tréfonds de sa solitude d’avoir couru dans son antre réfugier son désespoir, jamais ne le déshabille.
Je dirais plutôt, mais peut-être me trompai-je, que Christine Angot est une authentique perverse, la perversité agie latéralement, hors analyse, par un-e analysant-e, ses manipulations, n’étant guère compatibles avec la psychanalyse, étant destinée par son sujet à la vouer à l’échec.
Cf. sur notre site :
P. Luc de Bellescize 2016 - Saïd Bellakhdar 1993
Point de vue d’un ami prêtre • Le pervers et son image, in « De la pédocriminalité »
http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/pedocrim.html
Sur les éructations de Christine Angot le 23 mars 2017 à l’encontre de François Fillon :
http://www.causeur.fr/elisabeth-levy-et-alain-finkielkraut-reagissent-a-lactualite-de-la-semaine-43426.html?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=983e880c1d-Esprit+de+l+escalier&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-983e880c1d-57323809
Qu’elle fut la nécessité pour la pratique analytique et pour Lacan de nous administrer en 1962 un séminaire, destiné ouvertement à mettre en doute la théorie freudienne de la perversion,intitulé « Kant avec Sade » ?
En voici un passage exemplaire :
« Le tout-sexuel freudien est très contestable » de Monsieur Clavier
In Le Figaro du 13 mars 2017
Autre citation du même en intertitre du même article :
“
Les patients sont préoccupés par bien d’autres dimensions : l’angoisse de mort, par exemple, ou le besoin de savoir comment ils ont été mis au monde.”
En quoi la violence criminelle de jeunes ou moins jeunes, instillée graduellement, au cerveau lavé par des slogans porteurs qui les assourdissent depuis trois générations, dont l’inconscient est asphyxié, la mémoire endiguée parfois déjà in-utero, qui sont happés par le tout-image, ne savent plus se servir de leurs mains si ce n’est pour activer la compulsion de tambouriner sur leurs ustensiles informatiques et pour tuer, qui furent réduits analphabètes jusqu’à la fin du primaire, ne peuvent plus penser, écouter, lire, articuler*, prendre le temps de porter attention à l’autre - ah, la mode du vocable empathie dans un monde sans alternative qui ne leur offre que de s’occuper du chacun-pour-soi et d’argent ! -, et j’en passe, relève-t-elle d’une thérapeutique psychanalytique ?
Cf. Freud “Ce sont pour ces criminels que sont faites les lois pénales”, ce qui exempte nullement les criminologues de prendre en compte l’apport du point de vue de psychanalystes.
Contrairement à ce qu’écrit Monsieur Clavier, force nous est de constater que les enfants depuis les années 70-80 ont été et sont instruits à ce “tout sexuel” qu’il attribue en toute impéritie à Freud.
* Si bien que nombre de comédiens ne savent plus interpréter leurs rôles sans solfier en toute bonne foi l’accent “rap”.
Laïcité
In Le Figaro du 7 mars 2017
La délicate formation des fonctionnaires à la laïcité
Déployés après les attentats de 2015, ces stages ont peu de succès
Quand j’étais jeune, il y a des décennies, tous les matins à l’école primaire, les élèves dès le CP devaient avant de s’asseoir lire au tableau un nouvel aphorisme et absorber le commentaire de l’enseignant-e. Cette obligation était désignée par Instruction civique, dont :
« Le but est de former des citoyennes et des citoyens efficaces et renseignés, des femmes et des hommes intelligents, capables d’agir dans leur temps, associant le sens critique et la lucidité de l’esprit à une attitude courageuse et optimiste en face des tâches difficiles mais exaltantes qui les attendent... » Encyclop. pratique de l’éduc. en France, 1960, p. 682. [CNTRL]
Si bien que fonctionnaires ou non, à l’âge adulte, nous fûmes dispensés du besoin d’être “formés”.
Le silence
Il fut un temps, c’était pendant la 2e Guerre Mondiale, dans la France occupée, où les bébés et les enfants juifs pourchassés et cachés, étaient interdits de pleurer, de jouer, de parler, de se manifester, d’être.
Après guerre, les rarissimes bébés “du miracle” comme on dit, survivants, devenus en six ans scolarisables, ne connurent ni l’école maternelle ni l’apprentissage du langage, pas plus que les identifications infantiles essentielles à l’élaboration d’un Moi, puis d’un Je. Pour accéder à la citoyenneté, il fallut commencer par faire avec, ou sans.