Psychanalyse et idéologie

Micheline Weinstein • Onfray, point de vue d’historiens

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© Micheline Weinstein

 

8 • Suite Journal ininterrompu par intermittence 2020

 

Extension des post-it en vrac

 

Ich will Zeugnis ablegen bis zum letzten

[Je veux témoigner jusqu’au dernier jour]

Victor Klemperer • Journal 1933-1947

 

 

15 juillet 2020

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Sur les écumeurs et les écumeuses

 

À Madame De L’Histoire

 

En cette veille de l’anniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv, lors de laquelle la police française est venue me chercher bébé, ma mémoire ajoute ceci : en guise de remerciements de votre part, il a fallu que j’insiste pour que vous fassiez mention de ma traduction du livre de Bert Kok, « À la bonne adresse », dans les nouvelles culturelles de votre association. Et, ô surprise, le texte de qqs lignes publié à la va-vite était bâclé, truffé de fautes d’orthographe, de graphisme, de libellé.

 

Quant à la Lecture-Spectacle au théâtre de ce même petit livre, subventionné par La Fondation pour la Mémoire de la Shoah, dont j’ai fait l’adaptation et dont nous vous avions envoyé une invitation pour la première = nada,  paru nulle part dans le champ de vos préoccupations.

 

Non seulement nous sommes nés dans la Terreur, dépossédés de notre existence, de celle de nos proches, mais quand par miracle nous avons survécu - j’en décris les circonstances dans mon Journal… et nombre d’écrits depuis 53 ans, sans manquer de souligner ma reconnaissance aux êtres humains et réseaux remarquables de tous horizons qui ont bravé le danger, se sont mobilisés pour qu’il advienne -, mais en ces temps de piratage passé dans les mœurs publiques, nous sommes dépossédés de la mise en œuvre de notre pensée singulière.

 

Je passe sur les originaux que j’avais confiés au Museum de W., justement grâce à votre élégante attitude, et dont vous vous êtes empressée de lui en demander une copie pour l’utiliser à votre profit sans même me le signaler, je vous avais proposé de le faire, mais alors il aurait fallu mentionner mon nom dans l’expo sur les camps du sud de la France… C’est moche, tout ça, Madame De L’Histoire.

W. 

 

To Madame De L’Histoire

 

On the eve of the anniversary of the Vel’ d’Hiv raid, for which the French police came to get me as a baby, my memory adds this :  By way of thanks from you, I had to insist that you mentioned my translation of Bert Kok’s book, « À la bonne adresse », in the cultural news of your organization. And to my surprise, the few lines of that published text were riddled with spelling mistakes, graphic errors and wording errors.

As for the Reading-Performance at the theatre of this same little book, funded by the Foundation for the Memory of the Shoah, which I adapted and for which we had sent you an invitation for the premiere = nada ! it appeared nowhere in the scope of your concerns.

We were born in Terror, dispossessed of our existence, of that of our beloved. By some miracle some of us survived. I have described the circumstances in my Journal... and many writings over the past 53 years, and keep underlining my gratitude to the remarkable human beings and networks of all walks of life who have braved the danger, mobilized to make it happen. But in these times of piracy past in public mores, we are now robbed of the implementation of our singular though.

I’ll pass over the originals which I had entrusted to the W. Museum, precisely because of your elegant attitude. You hastened to ask for a copy, using them for your own benefit without even notifying me. I had offered that you do so, but you should then have had to mentioned my name in the exhibition on the South French camps... It’s ugly, all that, Madame De L’Histoire.

5 août 2020

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Onfray • Point de vue d’historiens

 

Nous sommes, avec Élisabeth Roudinesco, de caractère différent, bref, pas des clones. Voilà qui est une chance pour nourrir vivant le dialogue. Cependant, des particularités nous sont communes, dont l’essentielle est le respect à la lettre du principe de laïcité, de sa loi de 1905.

Ainsi, nul besoin de dissimuler nos sources de références, recherches, investigations… Nul besoin de hacker.

Tombant vers la mi-juillet au hasard de la lecture d’un quotidien de presse fameux sur, de nouveau, un long entretien entre un journaliste et Michel Onfray, que je nomme depuis 13 ans Monsieur-J’ai-Tout-Lu, quand je disais alors qu’il s’alimentait à toutes les mangeoires, je lui demande en vain d’en apporter les preuves. Qui peut, outre des infatués, se prétendre avoir tout lu ? 

Ainsi persiste-t-il à se plaindre de l’accueil fait à “son” Freud. En un verbiage diffamatoire, Freud aurait dédaigné de lire Nietzsche. Or Freud en possédait l’œuvre complète offerte par Rank, annotée de sa main, selon le témoignage de Silberstein en 1886, suite au mariage de Freud.

C’est alors que me reviennent en mémoire les remarques de Freud au sujet de Nietzsche. Quelques-unes éparses sont reproduites dans plusieurs de mes textes, dont l’une que j’ai intitulée « Diffamation » envers Freud - plus récemment envers Freud et Françoise Dolto -, au moment de la polémique sur le livre d’Onfray, à laquelle Élisabeth Roudinesco avait également répondu point par point ; une ultérieure dans « Psychanalystes en Cour ».

Rappelons également que le “ça”, le “sac à pulsions”, via la paternité nominale de Nietzsche que lui reconnaît Groddeck dans son Livre du ça, fut adopté par Freud.

Tout cela figure sur notre site, et ici, sur le PDF joint.

Suite à la lecture la semaine dernière des giries sans cesse ressassées d’Onfray, j’ai demandé à Élisabeth Roudinesco si elle connaissait un-e psychanalyste et/ou un-e philosophe en vue qui accepterait d’écrire, d’insister, sur les sophismes d’Onfray, dire que par définition ils sont erronés serait une tautologie.

Comme souvent, Élisabeth Roudinesco m’avait précédée. Voici le texte de son dialogue avec Guillaume Mazeau, mené par Gilles Gressani le 1er  juillet 2020, dans la revue Le Grand Continent.

https://legrandcontinent.eu/fr/2020/07/01/onfray-fin-de-partie/

 

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Citations de Freud

 

Charge contre Freud d’un Onfray inculte qui affirme, entre autres stupidités, que Freud dédaignait Nietzsche, alors que Nietzsche est évoqué par Freud dans la longue correspondance qu’il entretint entre 1873 et 1938 et dont il isola en 1923, via Groddeck, le concept de “ça” [Es, en allemand], géhenne des pulsions...

 

In « Lettres de jeunesse ». À Eduard Silberstein les 13 et 15 mars 1875

 

“Ainsi vivons-nous, allons-nous heureux”, bien qu’en 1873, à Strasbourg, Fried. Nietzsche, ait reproché cette citation à David Strauss comme un indice de philistinisme.

 

Lettre à Fliess du 1er février 1900

 

Je viens juste d’acquérir Nietzsche, où je m’attends à trouver des éléments de langage en faveur de ce qui me reste assez obscur, mais ne l’ai pas encore ouvert.

 

Sur l’histoire du mouvement analytique 1914

 

Je me suis refusé, de propos délibéré, le très grand plaisir que procure la lecture de Nietzsche, dans le but de n’être entravé par aucune sorte d’influence extérieure, lors du cheminement analytique des impressions reçues. Aussi devais-je être prêt - et le suis volontiers resté - à renoncer à toute espèce de revendication de priorité, dans chaque circonstance où la laborieuse investigation psychanalytique ne pouvait qu’entériner la vérité que le philosophe découvre par sa seule intuition.     

 

Autoportrait 1925

 

Référence à Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique 1914

 

Quant à Nietzsche [...] dont les intuitions et le discernement coïncident fréquemment et de façon étonnante avec les découvertes laborieuses de la psychanalyse, je l’ai longtemps évité en raison, justement, de cela ; j’étais peu concerné par les questions de priorité, ce qui m’importait par contre, c’était de garder mon entière disponibilité d’esprit. 

 

« Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique » 1914

 

La psychanalyse est ma création […] Personne ne peut savoir mieux que moi [...] Chacun a le droit de penser et d’écrire ce qui lui plaît, mais n’a aucun droit de le faire passer pour autre chose que ce qu’il est réellement.

 

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À l’intention de “Mes chers et estimés collègues”, ainsi Freud les intitulait-il

 

Confinée dans ma niaise bulle, j’aurai passé des décades à ne pas prendre en compte le fait que deux générations de non transmission aux futurs enseignants par leurs didacticiens, ne savent pas ce que signifie le néologisme Psycho-analyse, modernisé par Jung en Psychanalyse, forgé par Freud, ne le lisaient pas. En France, grâce à nombre de psychanalystes eux-mêmes, à leur addiction aux médias, sans omettre les professeurs du secondaire, la psychanalyse s’est incarnée en Lacan soi-même. Non qu’ils aient eu “besoin d’un père”, comme le prophétisait Lacan, sans lequel la psychanalyse expirerait, mais bien d’un maestro de secte, que dans ma jeunesse, par analogie, j’associais au trust régenté par la Scientologie. Le terme de “psycho” est à peu près assimilé par tout le monde, voici donc la définition classique de celui d’analyse :

 

Définition de Analyse

 

Analyse • Action d’identifier dans une substance les éléments constituants et d’en déterminer la teneur. Opération par laquelle l’esprit décompose un ensemble constitué pour en déceler l’autonomie des parties, pour en apprécier mieux la congruence ou la finalité, ou simplement pour rendre accessible chacun de ses éléments.

 

C’est ainsi que, me semble-t-il, devant ce qu’il estimait être son reniement par ses dissidents, Freud, résumant la polémique orageuse des années 13-14 et suivantes, au sujet de l’attribution du nom de Psychanalyse, de même qu’à l’intitulé de Psychanalyste s’est adressé à eux en 1925 :

 

Autoportrait 1925

 

Évoquant sa Contribution de 1914 à l’histoire du mouvement psychanalytique 

 

La critique traita Adler et Jung avec une grande clémence ; la seule chose que je pus obtenir fut qu’ils renoncent à nommer leurs théories Psychanalyse.

 

Adler et Jung le firent.

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire

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