© Micheline Weinstein
4 • Suite Journal ininterrompu par intermittence 2020
Ich will
Zeugnis ablegen bis zum letzten
[Je veux
témoigner jusqu’au dernier jour]
Victor
Klemperer • Journal 1933-1947
Quand les choses ne sont plus à comprendre...
24 février
2020
Il n’est pas interdit d’interroger la raison pour
laquelle certains philosophes de renom, influents, éprouvent la nécessité quasi
systématique lors du développement de leurs argumentaires philosophiques, que
ce soit dans les écrits, les propos tenus dans les médias, de spécifier en
passant : “On n’a pas besoin de la psychanalyse pour ça”, ou encore, plus
direct, “Freud n’a rien inventé”, et autres civilités (!) équivalentes.
Peut-être est-ce dû à la remarque de Freud dans
Totem et Tabou, selon laquelle le discours de la philosophie
pouvait incidemment s’apparenter à des constructions paranoïdes…
Pour le moins, s’il l’on n’a pas besoin de la
psychanalyse, alors foutons-lui la paix, plutôt que s’ingénier à en faire sa
domestique.
Freud, à aucun moment n’a omis de citer ses sources
littéraires, le nom des auteurs qui l’ont amené à découvrir les formations de
l’inconscient, à commencer par celui de Breuer, lesquels le conduisirent à
élaborer une « Méthode de traitement des névroses » sans précédent.
Si, au cours de la rédaction d’un écrit, il avait un doute sur l’originalité de
sa pensée, il évoquait alors l’hypothèse d’une cryptomnésie, c’est-à-dire pour
faire bref, d’une mémorisation restée inconsciente.
Pourquoi la France a-t-elle, disons depuis la
fin des années soixante, excepté par des psychanalystes dont la presque totalité n'est
plus, ayant été formés par des fidèles tenants de la théorie freudienne et soucieux
de son évolution, récusé cette méthode, autrement dit abandonné la
clinique psychanalytique à visée thérapeutique [cf. 1938 - Freud, chapitre 7 de l’Abrégé de Psychanalyse - « Un exemple de travail thérapeutique »] ?
[Incise : personnellement,
n’étant pas médecin, j’ai toujours travaillé en trinôme avec un généraliste et
un psychiatre]
Disparues dans la pratique de la psychanalyse l’analyse des
formations de l’inconscient, analyse du rêve, sexualité, lapsus, substitution
de calembours épais aux mots d’esprit, à l’humour, etc., plus
récemment d’hégémonie du « Moi » dont tout le monde sait qu’il est,
selon Pascal, haïssable…, l’Auguste du cirque, ainsi dénommé par Freud. Aurait-on, dans la sphère politique, entendu de De
Gaulle à Nicolas Sarkozy, les serviteurs de l’État entrecouper chacune de leurs
phrases, par un ou plusieurs “Moi, je” ?
Certes, l’exercice de la psychanalyse exige de la
patience, ce qui limite le nombre d’analysants en une journée ouvrable et, s’il
permet au plan matériel de vivre correctement, n’est donc pas, stricto sensu, rentable, en tous cas
n’est pas fait pour produire des rentes.
Freud aurait souhaité que la psychanalyse fût considérée comme une science. Qu’est-ce qu’une science ? Sinon un cheminement comparable à celui d’une psychanalyse personnelle : d’où est-ce que je viens ; exploration approfondie, élément par élément, du matériel recueilli ; qu’est-ce que je fais de ça ; exercice de discernement et de mise en doute, à partir desquels préambule à ses propres réflexions et hypothèses de recherches.
Enfin, selon Freud cité par François Perrier : Quand les choses ne sont plus à
comprendre, lisez les poètes, par exemple Rimbaud :
“Ce n’est qu’au prix d’une ardente patience que nous pourrons conquérir
la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les
hommes. Ainsi la poésie n’aura pas chanté en vain.”
Les lectrices et lecteurs intéressés trouveront
ci-dessous une fiche de cours destinée aux élèves de la classe de philosophie.
Freud : Qu’est-ce
que la psychanalyse ?
Freud
ne prétend nullement faire œuvre de philosophie. Son œuvre est médicale; c’est
par l’extension de ses objets, et la conception générale du phénomène humain
qui la fonde, que la méthode psychanalytique se rapproche de la philosophie.
S’intéressant avant tout aux phénomènes de l’âme, elle ne se contente pas
de les décrire, mais tâche d’en donner une interprétation en termes de conflits
entre des forces fondamentales, dans un but thérapeutique.
A. La thérapie de
l’âme
La
psychanalyse cherche à faire ressurgir des souvenirs pénibles enfouis, dont
l’importance a infléchi le cours d’une vie. Lorsque l’on cherche à les
retrouver, on se heurte soit à l’oubli pur et simple, soit au phénomène du
souvenir-écran, c’est-à-dire une reconstruction déformante du passé. On
n’oublie pas un souvenir parce qu’il est lointain mais parce qu’on le refoule :
alors que le contenu même du souvenir a disparu de la conscience, le
comportement qu’il a engendré persiste. Le souvenir agit sans être présent à la
conscience. Tous les problèmes que le patient rencontre sont des conséquences
de son comportement ; il les croit nouveaux, ils ne sont que répétitions du
passé. […]
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