Psychanalyse et idéologie

Micheline Weinstein • Fausse sortie

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© Micheline Weinstein / 10 juin 2007

Fausse sortie

Double réponse aux mails du Dr S., intitulés “Tentative d’explication”

Paris, le 7 juin 2007

Chère S.

 

Mais S., ne t’emmêles pas les rayons ni rien de ce genre, il semblerait que tu n’aies pas encore entendu ce que j’essayais de te faire passer, malgré que tu dises avoir lu certains de mes textes... depuis 40 ans !

Tu y aurais trouvé que lire Françoise Dolto, puiser dans le site - qui est fait pour, à condition que l’on cite ses références - n’ont jamais témoigné ni d’une analyse personnelle véritable ni d’une analyse dite didactique. D’ailleurs tu auras peut-être survolé cette vérité dans les écrits de F. Dolto et de quelques analystes authentiques... ou moins, tel Lacan, qui distingue (hélas d’un point de vue “théorique” seulement) très nettement le savoir “universitaire” du savoir issu de l’expérience analytique personnelle.

Tous les médecins, psychiatres ou non, se conduisent pareil et ce, depuis Freud - cf. les interminables débats sur l’analyse par les non-médecins, au mépris du désir, en toutes lettres, de Freud, lequel eut beau écrire : “c’est tout de même moi qui ait inventé la psychanalyse” et... “quand on s’en prend à ma fille (non-médecin), c’est moi (lâchement) que l’on veut atteindre, c’est tellement plus facile” et autres nombreuses déceptions. Ou alors, si l’on n’est pas médecin, pour être “reconnus analystes”, il faut faire allégeance à une secte quelconque, sans craindre de se compromettre, utiliser ses “relations”, se réclamer d’un “Maître”, servir éventuellement d’alibi non médecin auprès d’un médecin, comme chaque xénophobe a son “Black” , son “Beur”, son “Juif”... et alii...

Mais tout cela est archi-connu et figure aussi dans mes textes.

Ton histoire avec l’analyse, prise dans le comportement de certain./e/s psychanalystes, en est une parmi d’autres, et je ne la connais que trop.

Que tu ne m’aies pas fait confiance, je n’y peux absolument rien et cela m’est indifférent. J’en ai simplement pris acte et ai renoncé à essayer de te transmettre quoi que ce soit.

Tu n’as pas à te justifier. L’important pour toi est que tu assumes et tes actes et tes “acting”, même les moins appétissants. Par contre, tu ne peux pas dire, sans risquer de te rendre ridicule, que c’est toi qui a choisi de remplacer ton fils sur le divan de CH., ce serait nier l’existence du transfert en psychanalyse, donc nier la psychanalyse elle-même. Si CH. avait été digne de l’appellation d’analyste, plutôt qu’utiliser sa pratique pour séduire, hypnotiser, aller parfois jusqu’à se faire entretenir par ses analystant/e/s, se faire connaître et tenter de se faire publier par ses analysants/éditeurs après avoir “emprunté”, parfois intégralement, aux textes d’autrui sans mentionner leur provenance, plutôt que de te proposer un marché de dupe, de laisser tes gosses en rade, de te pousser à divorcer, elle aurait fait comme tout un chacun, elle t’aurait adressé à quelqu’un d’autre. C’est en tous cas ainsi que nous procédons et de ce nous parlons régulièrement entre professionnels, plus précisément des effets pervers et destructeurs de l’utilisation du transfert.

Tu as réagi avec moi, comme à peu près tout le monde, dans l’ignorance délibérée (cf. page d’accueil entre autres et projet de colloque), histoire de pouvoir déblatérer tranquille (“Ah ? mais je ne savais pas !”, alors qu’il suffit de lire ou de demander) comme si j’avançais seule, au radar, en béotienne ou néophyte. Or, je n’ai jamais manqué, me semble-t-il, de témoigner de ma reconnaissance envers ceux qui sont pour moi mes référents freudiens.

Dans l’affaire de la rue Asseline, c’est qui tu sais maintenant, qui m’a fait protéger physiquement, ainsi que mes analysant/e/s, par la police, tout le monde, excepté le très peu d’amis fidèles mais non influents, s’étant débiné. Il y en a même une, pour ne pas la nommer, qui m’a dit en face, au moins c’était franc : “Ah Ah, te voilà SDF ! Avec toutes les difficultés que tu as rencontrées dans ta vie, pourquoi ne te suicides-tu pas ?” L’une de ses précédentes sorties, quelques années auparavant, au sujet des pré-“noms du père” réel, était encore plus explicite.

De même qu’en cas de maladie physique grave, dans ces passages-là de la vie, on refait son répertoire, au crayon, pour pouvoir, éventuellement, effacer au fur à mesure...

Là-dessus, comme je l’ai écrit, je suis archi-lasse de (te) répéter toujours la même chose. Ma conception de l’analyse, depuis le premier jour, est qu’elle constitue une dynamique destinée à aider l’analysant/e à se guérir de la répétition névrotique. Nous avons suffisamment de gestes quotidiens à répéter obligatoirement qui attestent notre appartenance à la catégorie des humains (à peine) civilisés, sans devoir s’embarrasser de continuer à jouir d’une consternante répétition névrotique, avec ses effets pervers et mortifères.

Je ne sais pas si, cette fois, tu auras entendu, mais comme je te l’ai écrit aussi, c’est la dernière. En principe, pour les explications, la formation, tout ce qui y ressemble et qui s’y rattache, je reçois des honoraires. Si je t’ai répondu ces jours-ci, c’est au nom d’une très ancienne amitié, qui n’a plus cours depuis ta contribution effective à la “saloperie” de CH., qui est la troisième en 13 ans, complètement à mon insu, et on pourrait s’interroger sur son acharnement. Amitié qui s’est arrêtée net et sans retour possible.

Pourquoi tiens-tu tellement à t’intituler analyste ? Il faudrait peut-être commencer par lire Freud, en même temps que tu te soumets, c’est le verbe qu’emploie Freud,  à ta formation pratique, pour connaître, a-minima le sens des concepts qu’il a introduits. En tous cas, le “contrôleur” éventuel que tu as choisi, bien que nous ne côtoyons pas le même monde, me paraît pertinent, c’est un homme qui travaille sérieusement. Tu peux d’ailleurs lui communiquer ma lettre si tu estimes qu’une mise à jour de cette sale affaire d’analystes est utile. Pour ma part, je me garderais de “prendre en contrôle”, quelqu’un/e n’ayant pas fait d’analyse véritable personnelle.

Peux-tu également communiquer l’adresse, que je t’ai passée hier,

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/finasselinereel.html

  ainsi que la précédente,

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/lettremedecine.html,

au Dr M. pour qu’elle cesse, si elle a la curiosité et le courage de regarder la vérité en face, de se rendre ridicule.

Vale, M. W.

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Paris, le 7 juin 2007

Chère S.,

je pense en effet que cet échange aura servi à dissiper un mal-entendu de ta part. Je n’ai jamais beaucoup apprécié que l’on use sans ma permission de familiarité et la tienne à mon égard me gênait déjà beaucoup autrefois, mais je l’avais portée provisoirement au compte d’une timidité, disons d’une maladresse du jeune âge.

Ton insistance à vouloir me parler d’égale à égale, a fortiori après t’être distinguée par des propos et des écritures “théoriques” d’une indigence exceptionnelle, associés à de peu glorieuses conduites, pour ne pas dire de basses-œuvres, n’est  tout simplement pas acceptable, en tous cas pas par moi. Nous n’avons pas gardé les oies ensemble, fussent-elles des oies analytiques.

D’ailleurs j’ignorais que tu avais aussi les coordonnées de mon téléphone cellulaire.

Encore une fois, tu m’as très mal lue : j’ai toujours considéré, je n’ai cessé de le dire et de l’écrire, que la duplicité dans les comportements, l’un mu par le culte de l’ignorance, de la grossièreté, l’autre, public, professionnel, absolument lisse, étaient incompatibles avec la fonction d’analyste. Duplicité systématiquement installée en place du clivage nécessaire de l’analyste, entre le privé et le public.

Est-ce une différence de génération, de culture, d’histoire ? En effet, nous n’avons pas, nous n’avons jamais eu, la même conception de la notion du respect humain.

Tant mieux, si tu es satisfaite de ton évolution, tu as payé assez cher pour cela.

Tu m’écris que tu voulais me rencontrer pour me parler de tout et de rien, surtout pas d’analyse ? Or, dans le message téléphonique qui a précédé ton mail, tu le souhaitais pour me donner une explication...

Je n’ai hélas plus le temps depuis longtemps, encore moins devant moi aujourd’hui, et tu sais, le temps pour moi est devenu, au choix, d’or... de platine, de diamant ou d’ébène...

Et pour ne rien te cacher je suis vraiment contrariée d’en avoir tant perdu en revenant sur des choses que j’avais réussi à expédier, définitivement pensai-je, dans les lunes d’antan, après beaucoup de travail obligatoire pour savoir à peu près de quoi je parle... écouter le séminaire de Lacan pendant plus de 15 ans par exemple et étudier toute son œuvre... avec l’aide, quand c’était nécessaire, de personnalités du monde scientifique, littéraire, analytique...

Voilà chère S., tu sais tout ce qu’il fallait savoir sur ce trop long chapitre, lequel, se clôt sur une métaphore pas très fameuse. Mais telles que les choses étaient enclenchées, elle ne pouvait pas l’être.

 

Bien à toi, M. W.

 

P. S. Pour le Dr M., dont tu m’écris que tu ne lui passeras pas le message, je l’aurais fait moi-même si j’avais eu son adresse / mail, ainsi qu’auprès de CH, mais ça n’a aucune importance. Si elles veulent prendre meilleure connaissance d’un aperçu de cet épisode, il leur est facile de se reporter au site, dont elles pensaient qu’il était mort et moi avec. Par contre, si elles ne veulent pas savoir, ça ne changera guère de l’habitude, mais c’est ainsi qu’on prend du retard sur les événements... En tous cas, merci quand même, tu m’avais dit que tu “assumais” tes actes. Vale, M. W.



                             
ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
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