Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein

Revue de presse • 6 juillet 2008

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon de l’authenticité » par T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Bertha Pappenheim

point

©  Micheline Weinstein  / 6 juillet 2008

Revue de presse

À la lecture des hebdomadaires et quotidiens de toutes “sensibilités”, et notamment du florilège alphabétique de considérations du Président de la République sur ses contemporains - les lecteurs apprécieront ce que j’appellerais, pour résumer, l’usage de “la dénégation positive” -, il apparaîtrait, sachons nous aussi nous montrer “pipeul”, bien qu’en toute prudence, que la véritable “rupture” se soit produite là où les citoyens et citoyennes “lampda” que nous sommes ne l’attendaient pas.

C’est comme si un Prince charmant des années quatre-vingt avait très fort désiré vingt ans durant déposer dans les pantoufles de vair de sa Belle le trésor du Pouvoir suprême, détenteur potentiel d’un bel avenir pour “son peuple”... Et puis... le conte de fées ayant mal tourné car, personne ne pouvait le savoir, il n’y avait pas de fées dans cette histoire, tout s’est passé comme si le désir du Prince était tombé d’un coup avec le brusque envol de la Belle vers d’autres horizons... D’où un prince déchu, complètement dépossédé de tout intérêt particulier pour la question et le sort de “son peuple”, de “ses gens”, de ses semblables humains, qui n’aurait conservé que le Pouvoir en tant qu’exercice purement technique certes considérable, mais aussi vide de sens qu’un ensemble du même nom... ce qui donne l’impression d’une sorte d’anarchie dans les décisions, assez souvent contradictoires, dans les projets, de lois ou d’autre chose, dans les “réformes”, et par suite, rend sceptique sur la pertinence, pour le bien-être du “peuple”, de leurs éventuelles applications...

N’est hélas pas Louis XIV qui le souhaiterait - pas même François Mitterand, plus en affinité élective avec l’utopie d’un “roi démocrate au service de la révolution” chère à Mirabeau -... Louis XIV, auto-intitulé Roi-Soleil, absolu - “ l’État c’est Moi” - intraitable autocrate, sanguinaire - Révocation de l’Édit de Nantes - cependant avait l’art de bien s’entourer, pérennisant ainsi un règne long d’un demi-siècle, où le Royaume connut le rayonnement économique en même temps que la puissance militaire, le goût et le développement des arts, des sciences et de la pensée, à condition qu’ils soient non-irrévérencieux envers la religion, avec en contrepoint une misère effroyable de la paysannerie, de la roture et de la plèbe. Pénétré qu’il était d’une idée tant élevée de Soi-Même, n’aurait-il vraisemblablement jamais songé s’abaisser à satisfaire, tout en la méprisant, la courtisanerie ordinaire éternelle pourtant bien présente... À la lecture de l’histoire de son règne, il semble qu’il ne s’occupait pas de cet aspect de la gouvernance, qu’il n’en avait nul besoin.

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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