Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein • Quand on veut faire piquer son chien...

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte
Samuel Beckett • « L’Innommable »
Cité en exergue au « Jargon de l’authenticité » par T. W. Adorno • 1964
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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Bertha Pappenheim

© Micheline Weinstein / 25 décembre 2006

Quand on veut faire piquer son chien...

En réponse à un déchargement d’injures, dépêché ici, exemplaire et signé.
Ces injures, adressées nominalement, c’est-à-dire, par le mien, au nom de mon père et, avec son trait d’union, au nom de ma mère, s’adressent donc aussi en fait,
• à J. G., qui ne souhaite pas être nommée ici, psychanalyste, m’ayant adressée à Françoise Dolto lorsque j’étais très gamine, encore enfant, à cause, semblerait-il, d’un Q. I. hors normes vers le haut ;
• à Françoise Dolto, psychanalyste ;
• à François Perrier, psychanalyste, au XXe siècle, meilleur autre clinicien et théoricien de la psychanalyse que la France a [mé]connu, écrivain, poète ;
• à Solange Faladé, mon analyste ;
• à chacun des membres de l’association que j’ai créée ;
• à mes élèves ;
• à mes amis de tous horizons ;
• à la déportation avec ses héritiers.
Par cet itinéraire, je ne me sens investie d’aucune mission, j’acquitte simplement ma dette envers la psychanalyse qui est l’œuvre de Freud, dont les analystes référents respectueux du prix inaliénable de la parole ci-dessus nommés se sont fait les messagers en France où je suis née.
Je n’incarne rien du tout, ayant coutume de me répondre, quand je m’interroge sur ce à quoi je ressemble, surtout avec le temps qui passe, que j’ai l’air, l’allure, le langage, de mon histoire... et qu’il faut faire avec. J’écris depuis toujours, je dis ce que je pense de mon vivant.
À propos de la “mode”, qui épand le ragot, lequel va s’élargissant, que Freud “n’en est plus” depuis longtemps, n’en est plus non plus le concept fondamental de névrose, de quoi vient-elle se mêler quand il s’agit des sciences ?
Voici une réponse possible à cette question. Comment Freud définit-il le concept d’Idéologie, à partir de sa brève évolution ?
Pour la philosophie, les arts et lettres, les sciences humaines... Weltanschauung se traduit le plus souvent en français, soit par conception du monde, soit par vision du monde.
Pour le marxisme, le concept de Weltanschauung est traduit par idéologie.

Pour Freud,

« Weltanschauung est, je le crains, un concept spécifiquement allemand, dont la traduction en langues étrangères semble faire difficulté. Si je tente d’en avancer une définition, elle [vous] semblera certainement malhabile. Voici donc mon point de vue : je pense qu’une Weltanschauung est une construction intellectuel [Dasein] le qui résout tous les problèmes de notre existence de façon à les rendre cohérents, à partir d’une hypothèse parfaitement conçue et organisée, selon laquelle aucune question ne saurait rester ouverte, pourvu que l’on assigne une place déterminée à ce qui intéresse chacun. »

Post-Scriptum • Pour les germanophones et germanophiles non-antisémites, rappelons que Wein, en allemand, Vayn, en ydish, est une contraction du verbe Weinen, pleurer. Tous les bébés juifs d’Allemagne, d’Europe Centrale, jusqu’aux confins de l’Est, ont entendu dès leur naissance, bien avant leur accès au langage, dans la langue source, entre deux berceuses, le désespoir de leur mère : Oï Vay ! Oï Vay ! Ô douleur ! Ô douleur ! Cependant, pour adoucir cette immense peine, côté paternel, il est possible aussi que, via l’écriture gothique, la transmission orale dans l’errance, W[V]ein, W[V]ayn, W[V]ajn, W[V]ajzn... ne soient antisémitiquement qu’une distorsion de Fein, fin, subtil...
Bonne année 2007
Micheline Weinstein

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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