© Jean-Pierre Faye / Avril-Septembre 1991
Peut-on raconter l’événement ?
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[In « Cahier 15-16 » de ψ [Psi] LE TEMPS
DU NON, avril-sept. 1991]
La question la plus simple - peut-on raconter l’événement ? - fait s’ouvrir un abîme : car dans l’événement lui-même, il y a la façon dont il a été, au moment même où il a lieu, déjà raconté entre eux par ses acteurs, ses actants. Une journée décisive, et célèbre - le 9 Thermidor, par exemple - a commencé, dès la veille, par le récit (le Rapport) que son narrateur central, Robespierre, entend faire de la Révolution française tout entière, et de son propre rapport à la situation du jour : ce récit est soudain mis en pièces par des interpellations, qui sont autant de fragments de récits contestants. La nuit qui va suivre élargit cette oscillation des récits à la ville tout entière, jusqu’au moment où le plomb du réel suspend cette grande vibration, en brisant la parole du narrateur robespierriste.
Mais le récit de l’Homme aux rats, noté par Freud, culmine dans ces instants où celui-ci insiste : "il raconte" - er erzählt - et où précisément le patient s’interrompt : "à tous les moments importants du récit", interruption alliée à une expression "d’horreur devant un plaisir dont il n’a pas la moindre conscience". Ces moments sont ceux où le récit se redouble, sur lui-même, pour dire comment le "supplice oriental" a été déjà raconté.
C’est ce palimpseste narratif, cette surimpression agissante qui est en jeu dans l’événement. La narration déjà est en son coeur, et l’enveloppe tout à la fois.
Serait-il raisonnable donc d’avancer qu’on ne peut pas raconter l’événe- ment ? Pour la raison qui pourrait s’énoncer ainsi : il est impossible de raconter l’événement - car il faudrait raconter comment déjà l’événement se raconte, au moment même où il a lieu. Et comment cette narration immédiate agit déjà sur lui. Ainsi il serait nécessaire d’engager, pour le simple événement, une narration à plusieurs degrés, et même à un degré - infini ? Celle des narr / acteurs ? permettez-moi ce lapsus - ou cette Verdichtung,... cette condensation...
La raison de cette impossibilité de raconter l’événement est déjà une façon de raconter ce qui pourrait la rendre possible... Elle est elle-même, si j’ose dire, une raison - narrative ? Mais voyons cela sur l’exemple ou le fait, ou la donne la plus visible. Le 9 Thermidor, tout le monde le sait et chacun peut le raconter, Robespierre est "renversé". Il perd un pouvoir qui est habituellement présenté comme une "dictature". Pourtant il le perd sur le simple prononcé d’un discours. Qui lui-même est un long récit où il a voulu condenser le noyau de ce qu’a été et ce que va être la Révolution française. Mais déjà ce récit raconte que lui, Robespierre, est tout le temps objet de récit, et de récit malveillant :
["ce qui se dit
derrière ce qui
s’entend" (Lacan)]
"On rapportait à mes collègues
et ce que j’avais dit,
et surtout ce que je n’avais pas dit".
C’est par ce procédé du "rapport" narratif (au sens où l’on dit d’un enfant qu’il est "rapporteur") qu’est produit un effet dangereux.
"Quand on eut formé cet orage de haines, de vengeance, de terreur on crut qu’il était temps..." (de l’abattre, lui, Robespierre dictateur "persécuté"...)
A peine a-t-il achevé cette longue narration, préparée avec soin durant les semaines précédentes de juillet 94, de Messidor an II - après un instant de profond silence et d’applaudissements enthousiastes -, un seul ose hasarder une objection narrative .
C’est Cambon, "l’administrateur suprême de nos finances"... que Robespierre a mis en cause, et écorché quelque peu, dans son Rapport. Il se lève en s’exclamant : "Non, je ne me laisserai pas accuser !"
Et il enchaîne en rapportant à son tour :
"Robespierre vient de dire... "
A quoi il oppose :
"Il est temps de dire la vérité... un seul homme paralysait la Convention ; cet homme, c’est Robespierre..."
A ce point de ce récit bref commence un dépeçage de la narration robespierrienne - par des "petits récits". Chacun y va de son petit récit :
Vadier : "J’ai entendu avec douleur Robespierre dire que le rapport concernant..." [telle affaire...]
Panis : "C’est Robespierre qui avait fait..." "qu’il s’explique sur le compte de Fouché ... "
Et ainsi de suite jusqu’à la fin de la séance du 8 Thermidor. Que Robespierre conclut en murmurant tout bas : "Je suis perdu". Car il a déjà perdu l’hégémonie narrative.
Le lendemain, 9 Thermidor, va commencer par un affrontement immédiat et brutal de récits sur la veille.
- Saint Just : ..."Des membres du gouvernement [les adversaires de Robespierre : Billaud et Collot ] ont quitté la route de la sagesse".
A quoi lui sont opposés deux récits :
- Tallien : "Hier un membre du gouvernement [Robespierre] a prononcé un discours en son nom particulier..."
- Billaud : "Hier on a développé... l’intention d’égorger la Convention..."
C’est sur ces mots que commence l’immense tumulte du dépeçage narratif, qui va aboutir, vers cinq heures, à l’arrestation de Robespierre, de Saint-Just, des cinq "robespierristes", hier tout puissants, et soudain isolés.
Toute la journée, et la nuit entière du 9 au 10 Thermidor, vont faire de Paris le théâtre d’une circulation narrative grandissante à partir de deux pôles : les Tuileries, où siège la Convention, qui émet sur Robespierre d’étranges récits, le décrivant comme un complice des rois, un "royaliste " caché et enfin démasqué ; - et l’Hôtel de Ville où siège la Commune, qui émet sur la Convention des récits la présentant comme une assemblée dominée désormais par la "trahison" et "l’étranger". Ce circuit, ce cyclotron où s’accélèrent les messages narratifs les plus fantasmatiques, est interrompu soudain, dans son inflation imaginaire, par le choc du réel : la balle de pistolet qui fracasse la mâchoire du narrateur central, de la cible narrative primordiale, ce narrateur raconté qu’est Robespierre lui- même, désormais privé de parole.
En cet instant, toute la symbolique révolutionnaire bascule. Celui qui était désigné comme "l’Orphée" de la Révolution, est désormais, et pour longtemps, le "tyran" abattu et le destructeur détruit.
J’aimerais seulement ajouter quelques traits empruntés, cette fois, aux notes prises par Freud au cours de son analyse de L’Homme aux rats, Der Rattenmensch.
Chaque fois que ce patient singulier approche du récit qui le hante, la narration de ce supplice oriental décrit dans la fiction d’Octave Mirbeau, Freud note : "er erzählt", il raconte... Et précisément à ce moment, le patient se lève, se tait, interrompt son récit. "Er steht auf, er unterbricht... seinen Erzählung..."
En ce moment, en ce point, survient l’approche de ce qui "constitue le réel en tant qu’il est le domaine qui subsiste hors de la symbolisation". - Ou, dirait Lacan lui même, "le réel, c’est ce qui est strictement impensable,... ça fera un trou dans l’affaire."
["die herrlichste Analph."]
Ce point de césure jalonne et ponctue les séances et l’analyse tout entière. Comme une prosodie, qui marque les instants narratifs où le phantasme anal approche d’une pointe de réel, affleurant soudain dans le langage. Par le cauchemar du Traum - du trauma
...*
• Raconter la vie de l’Homme aux rats,
• ou raconter simplement les séances de l’analyse avec Freud,
exigerait que l’on raconte ces instants où l’auto-récit du patient est suspendu à un récit impossible et latent - ce récit impossible, qui reprendrait le fil brisé et introuvable où s’entr’aperçoit la subversion du sujet.
Cet instant de la césure laisse entrevoir la surimpression narrative qui fait apparaître ce "sujet encorné d’ombre", dont le compte rendu pour ainsi dire exhaustif est l’impossibilité même. D’une transmission.
Je ne puis raconter l’événement - parce que la narration est cet "objet qui change"... son objet. Cette raison donnée de l’action menée - qui est la déraison même... du Narr. Cette navigation sans fin du Narrenschiff, du Bateau fou, - du Bateau ivre. Cette geste qui transforme ce qu’elle narre, cet acte qui change son action.
Et sans doute le détour freudien est la ruse d’écoute, qui rend possible le contour ou le contournement. De cette impossibilité du narrer.
26 mai 1991
Réponses
1. La tentative d’analogie - et peut-être même, d’homologie - est esquissée sans "insistance", afin qu’il soit possible de la laisser parler et insister d’elle-même. Il m’est arrivé d’intituler Analogues un livre où se rejoignent ainsi trois autres récits antérieurs, pour laisser percevoir comment ils agissaient l’un sur l’autre à distance - ou plutôt, afin d’explorer et de toucher du doigt ce point de réel qui peut survenir, à l’intersection de lignes narratives ou de champs de récit. L’irruption du réel : voici la question - comment son fer vient pointer dans l’étoffe de langage qui nous relie.
Le surgissement du trouble chez l’Homme aux rats - quand il se lève et "interrompt son récit" (que Freud note alors très vite, en abrégé : Erzlg = Erzählung, narration), c’est le fer de l’angoisse obsessionnelle, liée à la vue (mentale) du supplice raconté, dans le récit du "capitaine cruel".
Le coup de feu tiré dans la nuit du 9 au 10 Thermidor, venant interrompre la parole de ce "narrateur central" qu’a été Robespierre, au moins depuis la défaite des Girondins, plus encore après la mort de Danton - ce coup de feu sera raconté par le gendarme (Merda !) comme son exploit réalisé : mais il est le seul témoin narrateur, nous n’avons donc cette blessure - bien réelle - de Robespierre qu’au travers du tissu narratif de ce gendarme cruel... Narration que les récits des historiens s’efforcent d’interpréter et même de contester (en s’interrogeant sur l’hypothèse d’un suicide). C’est dans cette narration que nous saisissons le point de réel, survenant "hors de toute symbolisation".
Là et ici, le dévoilement du réel fait percevoir autrement l’objet raconté - ou intervient brusquement dans un changement d’histoire. C’est le cas d’évoquer cette "conversion des procédés d’exégèse" par quoi "on change le cours de son histoire en modifiant les amarres de son être". Cette notation de Lacan, à propos de la révolution insaisissable mais radicale de Freud, vient conclure ce qui fut prononcé à l’amphithéâtre Descartes de la Sorbonne pour désigner, avec la folie, cet "agent suprême qui en creuse depuis toujours les galeries et le dédale,...la raison". Je voudrais joindre cette "raison" à cette griffe freudienne de l’"Erzlg". C’est ça, pour moi, la raison narrative. Elle creuse son dédale, en Thermidor - et aussi, bien sûr, dans la cure du Rattenmensch...
Votre question ouvre alors une interrogation sans limites :
Quelle différence entre le "réel psychanalyse" et le "réel histoire" ? La différence est en même temps une paroi mitoyenne, ici. Car Robespierre peut aussi, pour nous, devenir la question d’un réel. Sa fragilité psychique, il la décrit souvent lui-même : avant d’avoir le pouvoir que va lui conférer son élection au grand Comité de Salut public, en juillet 93, il se décrit comme "usé par quatre ans de révolution"... Ce n’est pas lui qui fait voter "la terreur à l’ordre du jour", le 5 septembre 93, c’est l’opportuniste Barère, précédé et appuyé paradoxalement par Danton. Et le jardin des Tuileries, qui débouche sur l’étrange machine du Docteur Louis et du député Guillotin, est bel et bien devenu un "jardin des supplices", pour celui qui gouverne au premier étage du Pavillon de Flore.
2. Voilà donc le philosophe aux prises avec ces "amarres de l’être" qu’explore la raison - de la folie. Depuis l’invention d’un pareil mot par Héraclite, et celle de la philosophia par un Athénien échappé du marché aux esclaves et connu sous le nom de Platon à cause de ses larges épaules, il s’agit bien de "démonter ces amarres". Mais l’avancée dans les dédales a fait quelques pas de plus avec Siegmund de Vienne. Et avec cet ami de Roman Jakobson nommé Jacques Lacan, singulièrement attentif à ce langage qui parle sans se savoir soi-même et qui se nomme, depuis la fin du précédent siècle, l’inconscient. L’investigation dite philosophique passe par là, bien plus que par le magistère doctrinal.
3. Peut-on répéter, de façon "généralisable", le paradoxe du parallèle : entre Thermidor et le Rattenmensch ? Bien sûr, il faudrait chaque fois le faire "autrement". Il ne s’agit pas de proposer une sorte de permanente "psychanalyse de l’Histoire". Mais Hitler dans son bunker final est lui-même un rat métaphorique, terriblement enfoui dans ce que ses horribles médecins avaient osé appeler, pour désigner ses mécanismes de mise à mort, l’"Anus du monde".
4. S’annuler lui-même : vous l’avez dit, c’est exactement ce que Heidegger a effectué, entre l929 et 1935. En l927-l929, il affirme un retour à l’ontologie (Etre et temps), puis à la "métaphysique" (Was ist Metaphysik ?). Deux termes considérés assez largement comme désuets, à cette date. Les nazis vont l’en féliciter en 1933, car tout ce qui a le semblant d’une démarche de régression enchante les nazis. Mais en 1934 la situation se renverse : le recteur K attaque ce qui dans la pensée athénienne est le travail de la raison, à l’oeuvre en quête de ce degré de l’être qui est "en proportion de la vérité", pour chaque "étant" - cela qui, depuis les traductions latines de la "grande Exégèse" d’Averroès, du Tafsîr de 1190, se nomme précisément "métaphysique"... La position du recteur K. culmine dans l’absurdité, lorsqu’il assimile ce travail de la métaphysique du XIIe siècle... au nihilisme russe de 1860-1871, chez Tourgueniev et Dostoievski. Cette position intenable d’un policier inculte, Heidegger l’adopte aussitôt - avec d’autant plus d’empressement que le recteur K. va monter en grade : il sera lieutenant-colonel SS, et "caporal" (Obmann) de la "science nazie.". Voici donc Heidegger s’annulant lui-même, en effet, et avec obstination. Mais cette obstination enveloppe une volte-face : "nihilisme métaphysique" désignait en 1934 les "littérateurs juifs", - et en fin 1945 Heidegger fait passer sa dénonciation du nihilisme pour un combat contre... "le fascisme"...
Lacan a échappé avec élégance à ce piège, il s’est refusé à traduire le paragraphe, dans l’essai de Heidegger sur le Logos, où est affirmée la suprématie de la langue allemande, face à l’abaissement occidental. La méconnaissance heideggerienne omet la grande migration pensive qui, à partir de la côte grecque d’Asie mineure, va traverser les langues hébraïque et arabe, latine et française, en passant par deux filtres cruciaux. Le moment athénien (mais, pour Heidegger, Platon et Aristote sont déjà, parce qu’ils fondent l’éthique, la "ruine" de la pensée... ). Et le moment de Cordoue, averroïste et maïmonidien. Le camouflage de cette méconnaissance, il lui donne un nom en 1955, dans son hommage à Ernst Jünger : c’est l’Abbau - traduite en français par la "déconstruction", c’est-à-dire la dissimulation du sujet (de l’Ics.).
Un mensuel culturel vient de souligner que "ce n’est pas un hasard si la stratégie déconstructionniste a connu, outre-Atlantique, un accueil aussi favorable". En produisant un amalgame de plomb avec la langue opératoire de l’analyse freudienne, elle apporte une entrave redoutable à l’exercice même de celle-ci. Elle fonctionne comme un ornement, inverse mais symétrique, du pragmatisme qui tend à présenter l’analyse freudienne comme une thérapie d’adaptation à la bonne-société telle-qu’-elle-est. En France, elle s’identifie maintenant à une sorte de "noyau dur "de la philosophie scolaire : elle place un écran opaque devant toute tentative pour approcher de cette percée aiguë du réel perpétuellement débordante. La rumination heideggerienne (comme l’appelle justement E. Roudinesco) n’a pas d’issue hors de son propre estomac.
Un semblable amalgame de plomb est celui qui assimilait récemment nazisme et démocratie, totalitarisme et droits de l’homme, comme étant "contaminés" l’un par l’autre, et "complices" l’un de l’autre. Les heideggeriens et post-heideggeriens ne sont pas seuls à amalgamer ainsi. L’"Université d’été" d’un certain front national a réussi, aussitôt après, un coup (un coût ?) pareil. Que de telles propositions aient déjà coûté cher à l’espèce humaine - en prenant ces mots au titre de Robert Antelme - en dira long sur la responsabilité du philosophe, responsabilité certes dont tout le monde se moque, à commencer par ceux là qui distribuent médiatiquement les "réputations mondiales".
Oui, il est vrai que Thermidor, à l’opposé, est un dramatique exercice de "démocratie". Car la plus forte définition de "la démocratie ou la république" - les deux mots pour Robespierre sont synonymes - c’est de celui-ci qu’elle nous vient : la démocratie est "un état où... on est citoyen et membre du souverain". Il y a eu un vote de confiance de la Convention pour Robespierre à l’automne 93 : c’est le premier cas dans l’Histoire, pour une assemblée élue au suffrage universel. Et les 8-9 Thermidor expérimentent la périlleuse mise en question de cette "confiance" : en même temps, ils font entendre une narration, d’abord solennelle, puis brisée, devant une écoute multiple, - une écoute que nous oserons appeler didactique, car cinq années de révolution ont commencé à lui enseigner comment "entendre" l’histoire. Certes, la Convention en juillet 94 n’est pas l’oreille de Siegmund Freud écoutant l’homme aux rats... Cependant l’histoire de ces cinq années se condense dans le cauchemar raconté de Thermidor. Comprenant le pire et le meilleur. Le pire : la loi martiale, prononcée pour rétablir le roi ; les massacres de septembre 92, qui assassinent des fous et des enfants ; la loi martiale à nouveau, prononcée par les Girondins ; la terreur, "mise à l’ordre du jour", le 5 septembre 93 ; la loi du 22 prairial contre "les ennemis du peuple". - Le meilleur : la Déclaration des droits, le 26 août 89 ; et le 9 octobre l’abolition de la torture (qui sévit alors cruellement en Angleterre) ; l’égalité civile pour les communautés juives de France, le 20 septembre 91 ; l’abolition de l’esclavage, le 16 février 94, qui sera effective jusqu’à Bonaparte.
Rarement s’entend mieux la sentence d’Héraclite que commentait Lacan : "ceux qui écoutent, non moi, mais le logos". Écoute où raison entend en elle-même le dédale de folie. Mais précisément la revue du Docteur Goering, Reichsführer de la Psychothérapie en l’an 1933, va reprendre la vieille dénonciation du "logocentrique", empruntée par elle à Ludwig Klages. Ce même Klages dont Walter Benjamin saura indiquer "l’aspect funeste", dans l’idéologie du prénazisme.
Le moment vient enfin d’entendre à notre tour, non plus le délateur de 1933 et ses héritiers involontaires ou volontaires, - mais l’immigré de Paris et le fugitif de l’an 40 : Benjamin, dont les Thèses sur le concept d’histoire se sont placées expressément du côté de "nos ancêtres enchaînés’’.
Ainsi la question lancinante - D’où viennent les parents ? - résonne d’une autre interrogation : D’où viennent nos langages ? D’où s’inscrivent nos tablettes, et nos propositions ?
J-P. F.