Psychanalyse et idéologie

Micheline Weinstein • Au sujet des étables d’Augias

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© Micheline Weinstein / Juin 2007

 

Au sujet des “Étables d’Augias”

 
L’éthique


Nul n’a le droit de rester silencieux, s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. ni le sexe, ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse

 Bertha Pappenheim

Les mythes


Les mythes sont des satisfactions symboliques dans lesquelles le regret de l’inceste s’épanche, ils ne constituent pas la commémoration d’un événement

Freud


L’engagement


Il y a le fait que [...] la logique de l’engagement ne supporte aucune entorse à la vérité

Henri Roth


« L’intelligence humiliée »


Au centre de son texte final, intitulé « L’intelligence humiliée », Heinrich Mann* pose l’alternative qui détermine aujourd’hui encore les débats sur l’exil : « Toute la honte sanglante (...) qui s’est ensuivie pour mon pays était parfaitement évitable, pour peu qu’on eût - du côté des intellectuels, en particulier - sérieusement résisté, au lieu d’obtempérer lâchement et de feindre la compréhension ». Résister ou obtempérer, défendre les droits démocratiques fondamentaux ou assurer son existence matérielle : c’est devant ce dilemme que la majorité des écrivains allemands, « dans la mesure où ils sont restés », a failli. Eux, dont « la tâche imprescriptible est de dénoncer hautement les méfaits des dictateurs », ils « n’étaient pas loin, quand les livres furent brûlés », ils ont appris « ce qui est arrivé à leurs collègues, qui étaient encore peu de temps auparavant les compagnons de leurs travaux et de leurs joies » ; au lieu de protester, la plupart ont pris avec gratitude « la place des disparus ». « On se sent maintenant impliqué dans des crimes qu’on n’a tout de même pas voulus (...) simplement, on évite soigneusement de regarder. On se protège du désespoir par une armure d’ignorance volontaire. » Ces intellectuels ont renoncé - si tant est qu’ils eussent jamais nourri une telle ambition - à être la conscience critique de leur société ; mais ce qui compte, ce n’est pas la reservatio mentalis de chacun, c’est leur silence sur les crimes. La « fausse intelligence (...) s’est laissé rabaisser, jusqu’à ramper à terre ».

 

Albrecht Betz
Exil et engagement • Les intellectuels allemands et la France 1930-1940
Traduit de l’allemand par Pierre Rusch, Paris, Gallimard, 1986

 
* Heinrich Mann • Der Hass [La Haine], Das Neue Tagebuch, novembre 1933, pp. 526 sq.
 

 
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Petit mail à Aix-en-Provence

Le 29 juin 07

Chers amis,

 Il ne s’agit pas d’être “soulagée” ! Il s’agit de l’histoire de la psychanalyse en France et d’abord de (beaucoup mais tout de même pas tous) “psychanalystes” français ainsi que de leurs conduites. J’ai la “mémoire”, comme on dit, de mes aînés à défendre. Si la démarche avait été personnelle, il y a bien longtemps que je n’aurais plus de soucis ! Et, cela va de soi, je n’aurais pas rendu public tout ce déballage.

Ne soyez pas inquiets, je ne suis pas déprimée (en tous cas pas plus que d’habitude) par cette vieille affaire, qui traînait depuis des lustres, je fais mon boulot de “témoin [subjectif] de son temps”, à partir de son expérience propre de la psychanalyse liée à l’histoire de la déportation.

J’espère que l’affaire sera close d’ici à l’hommage que nous rendrons à Dolto, pour le centenaire de sa naissance. J’adore les naissances ! Donc en 2008.

Ci-dessous, les dernières mises au point.

D’ici là, on continue ! Bonne journée, W.

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Mercredi 27 juin 2007  

Cher S.

j’ai bien reçu votre livre. En tous cas, d’emblée, il est très pédagogique et invite aux commentaires, donc au travail universitaire philosophique.

La seule chose qui me soucie un peu, c’est votre dédicace. Non celle à la mémoire de Perrier naturellement, auquel je me suis adressée pour mon contrôle en 1971 (ce qui ne nous rajeunit pas !), et j’y reviendrai plus bas ; mais celle à une F., qui pourrait prêter à confusion avec une F. célèbre, dont vous vous réclamez par ailleurs dans certains de vos textes. J’ai eu le malheur de croiser votre F., non analysée et s’en vantant, vingt ans plus tard, en 1991, et la naïveté de la faire connaître en la publiant à plusieurs reprises. Puis les choses ont fait que j’ai souhaité qu’elle ne soit plus partie prenante dans notre association, pour des motifs que je vous avais d’ailleurs glissés plusieurs fois au passage ces 15 dernières années, notamment qu’elle était d’une indiscrétion gênante.

Sur le plan personnel, je ne reviens pas sur l’usage qu’elle a fait, à son grand profit, de ces publications, en se servant abondamment de mon répertoire d’adresses, ni sur ses impayés, il n’ont rien que de très banals dans le milieu, mais ce fut, là aussi, assez dommageable.

Bien sûr, à chacun/e son intérêt...

Côté Perrier, “À la mémoire... ” duquel vous dédicacez également votre livre, je ne l’ai guère retrouvé parmi ces pages. Il est mentionné deux fois, la première portant sur la position du psychanalyste devant la schizophrénie, la seconde au sujet d’un extrait de texte qu’il cite lui-même dans l’un de ses séminaires, tiré d’une Théologie de l’Ancien Testament.

J’ai donc été surprise que ne soient évoqués ni son travail théorique, ni son importance clinique, ni son éthique, ni sa magnifique écriture de psychanalyste. Du reste, le Petit glossaire des concepts freudiens appliqués à la clinique selon François Perrier, que j’ai conçu et publié en 2000, avec votre autorisation puisque vous êtes son exécuteur testamentaire, n’est pas cité non plus.

Pourtant, entre autre héritage, vous lui empruntez, de façon un peu périphérique, la traduction d’un concept fondamental en psychanalyse, celui de Unheimlich, que F. P. traduit par Inquiétante familiarité, que j’aurais souhaité lui voir restitué de droit. Dans ce texte, L’inquiétante familiarité, Freud précise que le Un- de Das Unheimliche - au neutre féminin - est la marque du refoulé. Sans doute en est-il de même de la marque du refoulé pour le concept de Das Unbewubt - au neutre bi-sexué -, L’Inconscient, pour ce qui est refoulé en profondeur, écarté du conscient.

De même, je me souviens du petit mot (il doit encore dormir dans les archives) que vous m’aviez adressé, à propos de la traduction, pour qualifier la Mère Originaire Effarante, de l’Autre, où je vous avais indiqué qu’il portait chez Freud une majuscule, reprise par Lacan. Et aussi, à propos de ce que vous traduisez par “attente croyante”, je vous avais modestement glissé qu’il me semblait plus proche de Freud de traduire le verbe “glauben” allemand par “avoir confiance“, ce qui aurait donné l’expression, “attente confiante” de la part de l’analysant/e. Le verbe croire, compte-tenu de la position de Freud par rapport à la religion, me paraissait inadéquat.

Est-ce que je vous avais transmis nos derniers échanges avec Perrier ? Une nuit, vers les 3 h du matin, après s’être assuré que j’étais quelqu’un de solide, il me parlait au téléphone de ce dont il souffrait réellement. Le tout dernier, c’est lors de l’ultime soirée entre Noël et le Jour de l’An, où je suis venue lui apporter un verre parfaitement “kitsch” jonché de petits cœurs rouges. On m’a dit qu’il l’avait gardé sur sa table de nuit jusqu’à la fin. Cette nuit-là, j’avais discuté pendant des heures avec Irène Roubleff, qui s’était réconciliée avec S. Faladé... Cette nuit-là, j’ai fichu dehors, avec l’aide d’un ami artiste qui m’avait accompagnée, de chez Perrier, une psychanalyste, lacanienne Mata-Hari d’une grossièreté pas ordinaire...

Quant à mon allusion à cette “analyste” férue de yoga, de cinéma et de mondanités, que j’ai évoquée dans l’un de mes derniers textes, laquelle avait produit il y a treize ans déjà, via ses relations et l’utilisation des ses analysant/e/s à des fins bordelaises vomitoires, sous la forme de l’arrivée chez moi d’un “paquet” nauséabond, distribué auprès des analystes dans toute la France, et dont vous vous souvenez très bien, c’est Madame de Merteuil doublée d’une authentique escroc, ce que n’était pas Mme de Merteuil.

Bref je pense, avec tout ça, que je vais publier cette fameuse lettre à Madame la Ministre de la Santé que je vous ai donnée à lire, juste aménagée pour la circonstance, mais j’attends encore un peu... avant de décider...

Comme je sais que vous lisez mes textes, je n’ai pas à revenir en détail sur les épisodes précédents, vous trouverez ci-dessous le témoignage que je viens de recevoir du père d’un enfant dont je me suis occupée et qui apporte un brin de soleil à toute cette triste mélasse d’histoire d’humains non-analysés amis de psychanalystes, pourvu qu’ils aient une quelconque influence, via la “communication”, de pouvoir, d’argent, de relations, sur les personnes et institutions en tous genres.

*** (vous vous souvenez, elle avait servi de cobaye télévisuel au “Psy-Show” de Leclaire / Breugnot, dont j’ai écrit ce que j’en pensais) était venue me rendre visite, en 2004/2005, et me parler des difficultés qu’elle rencontrait pour faire aboutir ses projets de réalisation d’un documentaire portant sur la déportation et plus précisément sur le Struthof. C’est alors qu’un peu affolée, elle a mentionné cette F. à qui vous dédiez votre dernier livre, qui multipliait les obstacles à cette réalisation - et a réussit à la faire capoter - d’une façon plutôt frauduleuse, me disant, stupéfiée : “Cette F. est partout !”... c’est-à-dire pour ce que j’en connais, ce n’est donc pas exhaustif, auprès de S., T., U., Strasbourg, Paris, l’OSE, le Mémorial... et aussi vous, ce qui m’avait effleurée quand j’ai lu vos articles strasbourgeois juste à cette période. Mais je ne me représentais pas - ou ne voulais pas entrer dans ce marigot - la portée de ces conduites nauséabondes.

J’ai rappelé quelque part dans l’un de mes textes cette lettre très ancienne de Françoise Dolto à Lacan, où elle s’étonnait, qu’entre analystes, bien avant la dissolution de l’EFP, il ne lui parle pas directement, il ne lui parle pas du tout, alors que les ragots menaient déjà bon train (j’ajoute : sous forme élective d’injures à sa personne).

J’ai assez vite compris, lors de “L’affaire de la rue Asseline” que, histoire de se débarrasser de la question, sinon de la personne, le même type de ragots - dont le plus remarquable est “Elle est folle” ou même “C’est une paranoïaque” - circulait à mon sujet, appuyés fortement au plan public et juridique, sans aucune autorisation professionnelle de le faire, par ce triste Avocat - que j’ai intitulé “agent double” lors du Procès Papon. Cependant, dans l’urgence et en deuil - qui, contrairement à la foutaise en cours, ne s’“accomplit” jamais, ce serait d’ailleurs un total manque de respect pour ceux que l’on a aimés et/ou estimés - de mes solides garants psychanalystes français, F. Dolto, F. Perrier, S. Faladé, je n’avais aucun moyen de faire face. C’est d’ailleurs pour cela que je suis partie en Israël, au cas où je n’aurais plus aucun recours en France. Je ne le regrette pas, au moins j’aurai entendu l’information sur ce qui s’y passe, sur place, in situ, et non à travers les divers filtres médiatiques.

Il est inutile je pense de rappeler que je suis née à Paris fin 1941, au début de la déportation des Juifs de France, que toute la lignée, maternelle et paternelle de la Mitteleuropa a été exterminée, ce qui fit que, dès bébé, j’étais complètement seule et le cours de la vie a fait que je le suis restée.

Ce que je suis devenue : mes travaux et ma pratique analytique en témoignent.

Alors, merci pour tout. M. W.

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Mail d’un père

 

Bonsoir Micheline

Voilà… j’ai eu bien raison de me fier à l’assistance que m’ont apporté vos encouragements ainsi que les attestations, toujours écrites avec beaucoup de conviction, que vous avez bien voulu me donner.

Quoi qu’on en dise, j’ai eu raison de me fier à l’équité de la Justice de mon pays. En effet, le tribunal des Prud’hommes par décision en date du 12 juin vient de rendre un jugement en ma faveur. Il me donne satisfaction même si le contentieux de toutes les heures supplémentaires n’a pas été pris en compte.

J’ai tenu par ce petit message à vous présenter mes remerciements pour votre soutien dans cette période difficile.

Recevez le témoignage de ma gratitude.

Je pense ouvrir ma Sté au mois d’octobre, je vous le ferai savoir.

Attention je suis en vacances tout le mois d’août .

Je vous souhaite de bonnes vacances micheline.

Cordialement T.

 

 

                             
ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
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