Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein • D’un vocabulaire électoral

Ø

Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down the worshipped object
Samuel Beckett • “The Unspeakable one”
Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

Ø

Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.
Nobody has the right to remain silent if he knows that something evil is being made somewhere. Neither sex or age, nor religion or political party is an excuse.

Bertha Pappenheim

point

© Micheline Weinstein / 8 juin 2009

Petit billet du 8 juin 2009

D’un vocabulaire électoral...

  En effet, la veille de la fin de campagne pour les Européennes fut lamentable, qui nous offrit la foire d’empoigne d’un niveau de basseur inégalé que l’on sait, et qui aboutit à une abstention tout aussi spectaculaire, presque 60 % de l’électorat.

Mais laissons aux professionnels le soin d’analyser le désarroi causé, ajouté au peu d’intérêt pour une élection “commandée” au peuple, que d’aucuns désignent par “L’Europe du capitalisme”.

Et ne revenons pas sur le succès d’“Europe Écologie”, laquelle fut très encouragée en ce qu’elle convenait à tout le monde. En effet sa tête de liste ne pouvant ni ne voulant briguer des présidentielles, ne représente aucune concurrence. Elle fut, de plus, favorisée par ledit désarroi, qui nous a amenés - ceux et celles ayant scrupuleusement observé leur “devoir de citoyennes et de citoyens” - à voter largement, si ce n’est en faveurde la majorité, pour la gauche assez, voire très à gauche.

La fin de campagne nous a consternés, caractérisée par les lancements à tout-va d’invectives, de vulgarités, par un vacarme chaotique d’insultes réciproques à caractère exclusivement personnel.

La suite ne fut guère plus relevée. Car si les candidats d’opposition se sont excusé, ont pondéré leur propos, il n’en fut pas de même pour la triomphante majorité.

Ainsi, après publication des résultats, nous avons entendu son porte-parole, lisant, appliqué, son compliment, qualifier l’opposition diverse d’“hystérique” et d’“obsessionnelle”...

Jusqu’à présent, les invectives “cultivées” aux personnes s’en tenaient à la désignation nosographique de “paranoïaque” qui était tombée bien bas dans le domaine public.

Quel “psy” d’influence a-t-il composé le compliment qui nous a été donné à entendre ? Son porte-parole a-t-il mesuré le sens, la portée, de termes nosographiques, abaissés, aplatis au niveau d’insultes ordinaires, vulgaires, et jetés en pâture aux oreilles publiques ?

Il ne faudra pas en vouloir aux enfants, aux jeunes générations qui reprendront à la suite de leurs aînés ces catégories structurelles pour injurier leurs semblables, de n’avoir aucune idée du respect dû aux “malades” comme on disait autrefois, ces malades de la cruauté et de la bassesse humaine, les vrais malades, ceux privés de la liberté de trouver courage, apaisement et équilibre auprès de la psychanalyse, les souffrances de tous genres et de tous âges, hystériques, obsessionnelles, paranoïaques, oubliées aussi bien dans les geôles, dans la rue, que dans les bas-fonds psychiatriques.

Autre chose. Pour une fois, je citerai Lacan, de mémoire, en guise de métaphore. Le piège le plus meurtrier auquel peut se heurter chaque être humain, est celui du choix pipé de “La bourse ou la vie”, car une fois la bourse saisie, c’est à la vie en tant queL témoin de son forfait que le malfaiteur s’en prend, il l’élimine...

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
© 1989 / 2009